
Opexx
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Fin mai, les éditions Le Bélial’ proposait la traditionnelle opération spéciale Une Heure Lumière avec la parution du Hors série 2022, et pour l’occasion la sortie de 2 nouveaux opus dans la collection : Un an dans la Ville-Rue de Paul Di Filippo et Opexx de Laurent Genefort. L’auteur français fait avec ce court roman de SF militaire son entrée dans la collection après plusieurs autres livres publiés par l’éditeur.
Dans un futur lointain, la confédération extraterrestre de tout l’univers, appelée Le Blend, a pris contact avec la Terre, gouvernée par les Nations Unies, dans un but de coopération. Le Blend aidera l’humanité à se développer grâce à de nouvelles technologies, et en échange il demande à la planète bleue des soldats pour faire la guerre. Ces soldats expérimentés seront la force Opexx. L’histoire suit un de ses soldats, narrateur anonyme à la première personne, dans ses différentes expéditions militaires sur des mondes aliens en guerre. Ce personnage est un peu particulier car il est atteint du syndrome de Restorff, qui fait qu’il a un grand déficit empathique. Cependant, il a une autre particularité. Après chaque mission, les soldats subissent un effacement de leur mémoire pour des raisons à la fois mentales et militaires. Pourtant, lui conserve quelques souvenirs de ses interventions, gardant en lui une fascination pour tous ces mondes qu’il a visité.
A travers l’histoire de cet homme, Laurent Genefort propose un vaste catalogue de mondes tous différents et crédibles avec un bestiaire extraterrestre varié. Le worldbuilding est de grande qualité, comme toujours avec l’auteur. Ces soldats sont entrainés dans des guerres qui ne sont pas les leurs, pour des missions plus ou moins courtes avec des armements de grande qualité. Son personnage principal se dévoile peu à peu, montrant plusieurs facettes dues à son caractère si particulier. Il se trouve obligé de mentir à tous, autant à sa famille que à sa hiérarchie sur ses souvenirs, sur ce qu’il ressent, sous peine de devoir être obligé de rester sur Terre et ne plus découvrir tous ces mondes.
Avec Opexx, Laurent Genefort propose ainsi une SF militaire différente de celle que l’on a pu voir. L’univers proposé est d’une grande qualité, presque trop par rapport à la brièveté du roman, tant on aurait aimé en savoir plus sur certains mondes. Néanmoins, le roman n’est pas exempt de réflexions sur la guerre, la violence et la vie militaire.
Pour bien vous mettre dans l’ambiance adéquate, imaginez que je pousse un court mais ferme soupir désabusé en guise d’introduction à cette chronique. Pas déçu ni agacé, encore moins triste, juste un peu blasé, lassé peut-être ; par le constat toujours aussi simple mais désagréable que certains bouquins tombent simplement au mauvais moment. La mauvaise configuration d’esprit, et un texte passe à l’as, ou au travers d’un prisme de perceptions défavorables. Et Opexx a sans doute aujourd’hui fait les frais de cette ponctuelle malchance. Même si je pense qu’au delà de circonstances un peu malheureuses qui me font surtout voir ses défauts plutôt que ses évidentes qualités, cet ouvrage souffre de déséquilibres qui n’avaient pas besoin de mes biais pour exister.
Voyons ça.
Commençons par une observation éminemment personnelle, qui participe tout à la fois de mon appréciation et de ma peine. Le héros d’Opexx et son syndrome de Restorff me parlent terriblement. Et comme à chaque lecture me présentant un personnage auquel je m’identifie un tant soit peu, j’ai un peu souffert ; parce que j’ai le cerveau un peu tordu comme ça. L’introspection doit s’effectuer selon mes conditions, pas par surprise : j’aime pas ça, encore moins quand le personnage semble partager certaines de mes angoisses. Sauf qu’il faut aussi reconnaître que Laurent Genefort a super bien écrit ces angoisses, et qu’elles ont créé quelques moments un peu suspendus dans la narration, des bulles d’une beauté littéraire singulière et indéniable. Je ne saurais dire si c’est un sentiment que beaucoup de gens connaissent, mais quand je me reconnais particulièrement dans certains instants de lecture, ça fait du mal et du bien tout en même temps, ça induit chez moi une sorte de mélancolie, douloureuse et anesthésiante à la fois, c’est assez inexplicable. Et frustrant, de fait.
D’autant plus frustrant qu’en dehors de ces moments absolument humains que je me dois de profondément respecter au delà des mes propres biais et inconstances sentimentales, le reste de la novella m’a laissé terriblement froid. Dès lors qu’on sortait des pures perspectives intérieures de notre protagoniste, j’avais l’impression de lire un guide touristique incomplet et de fait inutile, qui n’appuyait pas assez le concept principal ouvrant le récit pour lui donner assez de densité, me rappelant fort à propos ma première lecture de l’auteur, d’ailleurs. Et là aussi, force est de constater ma frustration, puisque j’ai d’abord trouvé le concept bancal en lui-même, espérant qu’à un moment il allait trouver sa complète justification au sein de la narration. Or, en dehors d’un dialogue abordant le problème comme pour dire « allez, on fait comme si », je n’ai pas trouvé de quoi être convaincu. Toute la novella me semble reposer sur un joker un peu trop généreux, qui ne serait alors qu’un prétexte à l’exposition de l’histoire de notre protagoniste.
Nous faisant encore une fois retomber sur un reproche que j’avoue être moi-même un peu fatigué de formuler ; mais j’ai eu le sentiment que dans cette novella, Laurent Genefort n’a pas su faire un véritable choix. Il aurait pu se servir de son personnage froid mais observateur pour explorer son monde de space opera assez prometteur, ou se servir de son monde de space opera pour explorer son personnage à la psyché complexe. Et il s’est contenté d’un trop timide entre-deux, me laissant avec un goût de trop peu pour les deux aspects ; la cruelle impression d’une excellente idée et de très bons concepts sous-exploités. D’une novella correcte qui a su ponctuellement me parler, on serait sans doute passé à un roman bien plus ambitieux et sans doute très original ; d’autant plus en considérant que le récit se termine avec la promesse d’une aventure fascinante.
Alors voilà. Quelques bons, voire excellents moments, et d’indubitables bonnes idées disséminées tout le long, mais une impression globale de flottement ; la triste impression qu’il manque quelque chose à l’ensemble pour exister à plein, exprimer quelque chose d’entier. Du liant, un fil directeur plus affirmé ou des choix narratifs plus concrets, je ne saurais dire précisément ; mais je pense que le texte a échappé de peu à la correctionnelle à mes yeux, s’il n’y avait eu dedans ce personnage et son syndrome et ces quelques idées salvatrices.
Pas mon UHL préféré, donc, et une preuve, peut-être, que Laurent Genefort et moi ne sommes pas faits pour nous entendre littérairement. C’est possible, et ce n’est pas grave. Dommage, plutôt. Mais on verra, si une autre occasion se présente. Chez Le Bélial’ ou ailleurs.
Dans un futur indéterminé, le Blend a contacté les Terriens : cette organisation regroupant des millions d’espèces extraterrestres est intéressée par l’art de la guerre — et surtout du combat — qui a été oublié par les autres civilisations. Des soldats humains partent régulièrement en courtes missions de maintien de la paix (rappelant les Opex — opérations extérieures — de l’armée française), en échange le Blend offre quelques technologies à la Terre.
Le narrateur est un de ses soldats, qui présente une particularité : un déficit d’empathie à cause d’un syndrome. À chaque mission, Le Blend fournit l’équipement, les armes, et l’Imprégnation qui donne aux soldats les rudiments de connaissances nécessaires — y compris le langage — pour se battre sur la planète choisie. Au retour sur Terre, la Déprogrammation efface les souvenirs… Mais le narrateur se souvient de tout, peut-être à cause de son syndrome. Il le cache, car il veut continuer à être envoyé en mission. Ce personnage, qui pourrait être peu attachant à cause de son manque d’empathie, saura nous toucher par sa quête si particulière, l’obligeant à masquer ses désirs et ses pensées à son entourage.
Avec cette novella, l’auteur exprime surtout son inventivité dans la création de mondes extraterrestres. En quelques phrases, tout un monde s’offre au lecteur, avant que la mission prenne fin et que le narrateur revienne chez lui. Le sens of wonder prend ici tout son sens, avec des planètes et des formes de vie étranges et fascinantes.
Cela n’empêche pas une pensée critique à travers le héros de l’histoire, qui analyse le système du Blend et son impact sur ses camarades. Son syndrome le pousse visiblement à prendre plus de recul et l’amènera à un choix majeur.
Une novella qui vaut beaucoup par l’univers esquissé et qui laisse entrevoir bien d’autres mondes à découvrir.
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