
Meute
Résumé éditeur
Momentanément indisponible éditeur
l’avis des lecteurs
Au bout d’un moment, je ne sais sincèrement plus trop comment introduire des chroniques comme celles-ci. Parce qu’à force de laisser entrer des œuvres nouvelles dans mon spectre de perception, de découvrir des textes que je n’aurais sans doute même pas considérés comme des possibilités il y a encore de ça quelques années, je me demande vraiment si je peux encore parler de surprises. Parce qu’à force de tester, de laisser leurs chances à des récits censés ne pas être pour moi ou me faire sortir de ma « zone de confort », je me rends compte que cette dernière n’est pas si étroite que je l’aurais cru, finalement. Ou peut-être qu’à force d’affiner ma méthode de lecture, mon goût pour une lecture plus analytique qu’émotionnelle, recherchant par un instinct paradoxal des structures et des intentions cachées avant même de recevoir l’histoire elle-même, dans l’optique systématique de ces chroniques, j’ai changé. J’ai fini par élargir mon champ des possibles et élargissant celui de mes lectures. J’ai certes encore beaucoup de chemin à parcourir, mais je ne peux que me féliciter de celui déjà arpenté.
Parce que pour en revenir à l’objet de la chronique du jour, Meute aurait pu ne vraiment pas partir gagnant avec moi. Les quelques retours discrets glanés çà et là me parlaient d’un roman entièrement rédigé à la deuxième personne, penchant vers la tranche de vie plutôt que vers un découpage, disons, traditionnel, et surtout tournant autour des loups-garous, une figure fantastico-monstrueuse que je trouve sous-exploitée, certes, mais à laquelle surtout je ne suis pas du tout habitué. Des choix audacieux à mon échelle de lecteur, de fait.
Mais croyant très fort à ma Théorie (parce que je croise souvent Karine Rennberg sur Twitter, et qu’elle est cool), à mon envie de toujours tenter des choses au moins un peu nouvelles et aux bons retours, je me suis lancé.
Et ohlala que j’ai eu raison.
Voilà, l’intro est finie, je vais pouvoir expliquer en long en large et en travers pourquoi j’ai absolument adoré Meute.
Nath est un loup-garou solitaire, rattaché un peu par défaut à une meute, par commodité plus que par affinité. Il partage et gagne sa vie entre les missions violentes qu’il mène çà et là pour le compte de gangs, des combats en arène et une vie personnelle forcément compliquée. Son seul réel repère est Val, son équipier humain, qui vit sa vie comme lui, mais à un niveau au dessus, membre du gang des Lames. La vie de Nath se complique encore un peu plus le jour où sa meute adopte Loupiot, un jeune garou brisé par des circonstances inconnues mais qu’on devine terrible ; il se passe quelque chose entre eux deux qui ne s’explique pas. Mais qui va quand même bouleverser leurs vies.
Commençons parce qui a dû être le point de contention majeur pour beaucoup de monde, y compris avant même de commencer la lecture de ce roman, à savoir sa narration. Après Abimagique et La Cinquième Saison, Meute constitue ma troisième expérimentation d’un récit à la deuxième personne ; c’est clairement la meilleure à mes yeux. Et ce pour plusieurs raisons, la première et plus importante étant que cette focalisation, dans ce récit, fait sens ; elle confère à l’ensemble du récit une merveilleuse force d’immersion et de proximité, encore plus renforcée par la tri-polarisation des points de vue. Je savais déjà un peu, en soi, que la deuxième personne était un choix privilégié pour rendre compte de l’intime, malgré son côté un peu casse-gueule, mais Karine Rennberg a pour moi fait un job exemplaire de solidification de son édifice dans ce roman ; parce qu’elle a eu l’intelligence de plonger au plus profond de ses personnages pour rendre compte de leurs pensées de la façon la plus organique possible. À cet égard, si je dois légèrement (légèrement) regretter le manque de différences notables entre les expressions de Val et Nath dans leurs flux de conscience, je dois aussi reconnaître que ce déficit s’est fait plus criant par l’impeccable exigence mobilisée pour rendre compte de celui de Loupiot, qui pour le coup m’a soufflé. C’est avant tout une question de contraste. Je ne peux évidemment pas trop en dire, mais j’ai adoré le travail d’altérité du lexique et du discours de Karine Rennberg s’agissant de ce personnage à la construction si singulière.
Parce qu’on en revient toujours à l’altérité, évidemment ; et Meute en est rempli à ras-bord, et toujours de la meilleure des manières. Je considère ce roman comme une leçon de Show Don’t Tell, avec une mention spéciale à l’inventivité ponctuelle de Karine Rennberg pour faire vivre le concept. Je citerais à cet égard le chapitrage calé sur le calendrier lunaire, évidemment important pour des loups-garous, qui fait fi de notre temporalité classique pour faire basculer l’entièreté du récit dans un paradigme qu’on devine autre sans avoir à nous le faire expliquer. J’aime beaucoup l’idée que le monde de Meute n’existe pas en dehors de l’histoire des personnages que nous présente l’autrice, et ne nécessite pas donc plus d’exposition que ce dont on a besoin pour comprendre ses enjeux propres. D’autant que paradoxalement, je trouve que cet univers est d’autant plus organique qu’il ne s’étale pas dans des descriptions à rallonge ; puisque ces personnages le connaissent et n’ont pas besoin d’en dire plus que ce qu’ils pensent et vivent. Demeure qu’à force de détails, de réflexions et d’intrications, on devine à quoi ressemble l’ensemble sans jamais perdre le fil du récit lui-même ; c’est sans doute l’une des formes que je préfère. Rendue ici possible par la multiplication des points de vue et cette focalisation singulière laissant avant tout la place aux émotions et ressentis des personnages, au plus près, sans filtre ou presque.
Et c’est sans doute ça qui fait que ça marche. Les arguments imaginaires sont presque secondaires malgré leur présence au cœur de l’intrigue, au travers de la lupinité de Nath et Loupiot ; parce que ce qui compte ce sont surtout les dynamiques entre les personnages, leurs errements et leurs prises de décision. Je l’ai déjà dit par ailleurs, avec une bonne distribution et un bon traitement, je peux apprécier n’importe quelle histoire, dans n’importe quel contexte : c’est précisément ce qui est arrivé ici. Il aurait pourtant été facile de sombrer dans les bons sentiments à outrance ou dans un récit trop sombre, les ingrédients choisis par Karine Rennberg pouvant la faire basculer d’un côté ou de l’autre très aisément. Comme toujours avec moi, ce que je vais saluer est donc un sacré sens de l’équilibre, une belle, magnifique palette de nuances de gris. Parce que nos personnages ne sont certainement pas des enfants de chœur ; mais l’autrice rend suffisamment bien compte du contexte dans lequel ils évoluent pour nous faire comprendre que les jalons moraux sont déplacés. À paradigme différent, héros différents. Alors certes, ça suggère un peu de s’y faire, mais on comprend assez vite de quoi il retourne, et ça laisse de la place pour de jolies évolutions, littérairement et moralement parlant. Et du coup, bah, je m’y suis attaché, à ces personnages, et pas qu’un peu. Et quand je m’attache, je kiffe, tout simplement. Si j’ai pu vaguement craindre que le roman s’éternise arrivé à sa moitié, il a su au contraire parfaitement gérer son rythme et ses enjeux pour me convaincre tout du long, émotionnellement et analytiquement. C’était une très bonne histoire très bien racontée, avec juste ce qu’il fallait de simplicité dans le déroulé et la narration pour rendre compte de la complexité de l’ensemble, liant assez parfaitement à mon goût l’altérité d’un monde différent et les contraintes d’un quotidien universel.
En bref, j’ai vraiment adoré. Entre un format inhabituel exploité de la meilleure des manières possibles dans mon champ de connaissances, en correspondance totale avec les ambitions de son récit et les contraintes qu’il suggérait et un casting au poil (*wink wink*), je me suis régalé sur tous les tableaux. Alors forcément, je conçois que mon goût pour l’analyse et l’audace littéraire bien calibrée ait rendu cette lecture particulièrement aisée et agréable pour moi ; j’ai vu un double intérêt à la narration à la deuxième personne – inévitable, de fait – et j’avais donc autant de raisons de me réjouir, ce qui ne sera probablement pas le cas pour tout le monde. Il faut avoir le goût, aussi, de changer soi-même son angle de perception, pour apprécier pleinement ces récits, accepter de s’y immerger formellement à plein. Mais demeure qu’au delà de ça, des personnages organiques, des dialogues à l’avenant, beaucoup d’inclusivité et de diversité, un rythme maîtrisé et des enjeux délicieusement humains, j’ai très vite été conquis. Des fois, c’est pas plus compliqué que ça.
Je ne peux espérer que vous saisirez l’occasion de vous laisser séduire, vous aussi.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉
Critique
Deuxième pépite de l’imaginaire 2022
Après L’Enterrement des étoiles aux éditions Mnémos, voici la pépite de l’imaginaire 2022 des éditions ActuSF : Meute de Karine Rennberg. Deux romans très différents, mais je pense m’être autant régalée avec l’un qu’avec l’autre. Pas de coup de cœur à l’horizon, cependant.
Un grand merci aux éditions ActuSF pour l’envoi !
Team vampires ou team loups-garous ?
À l’origine, je suis plutôt team vampires. Toutefois, j’ai rapidement délaissé les dents longues avec l’arrivée en masse de la bit-lit, genre qui ne me correspond pas du tout. J’ai tout de même eu le temps de découvrir quelques romans de loups-garous, mais la seule saga qui me revient, c’est Frisson de Maggie Stiefvater. Je l’ai lue quand j’étais ado, j’avais adoré !
Pourquoi est-ce que je vous parle de ça ? En vérité, c’est surtout pour rassurer les lecteurs qui auraient peur des clichés du genre, car Meute s’en éloigne grandement. Certes, Karine Rennberg ne réinvente pas le mythe du loup-garou – oui, des hommes se transforment en loups à la pleine lune – mais la romance est tout à fait secondaire et il n’y a pas d’héroïne badass un brin désinvolte qui ne craint jamais la mort. Quoique… Val pourrait prétendre à ce titre, néanmoins il est loin d’être conventionnel !
L’histoire imbriquée de trois personnages
Comme le dit si bien le synopsis, Meute est un roman tranche de vie qui décrit une période particulière de la vie de Nath, le héros principal. Il n’y a donc pas de quête à proprement parler, mais des existences chamboulées.
L’auteure propose trois points de vue : Nath la violence contenue, Val la force tranquille et Calame le traumatisme dans son plus simple appareil. Les deux premiers sont frères de cœur depuis l’enfance, le troisième vient bouleverser leur vie par l’intensité de ses peurs et l’innocence de son âme.
Peut-être ai-je trouvé Nath et Val un peu trop dévoués l’un envers l’autre parfois, mais cela n’enlève rien au travail de Karine Rennberg pour creuser leur personnalité, approfondir leur psychologie. Ce sont des héros attachants, j’ai d’ailleurs craint pour leur vie à plusieurs reprises. Il faut dire qu’ils ne vivent pas dans un monde facile…
Un univers soft-apocalyptique
Même si, pour l’auteure, l’univers est plus un décor qu’une finalité, j’ai apprécié cette sombre réalité. Ce monde n’est pas celui que nous connaissons, il est régi par la violence qui oppose les gangs rivaux. Raids et combats d’arène sont monnaie courante, Nath et Val y participent même, mais pas toujours de son plein gré pour ce dernier.
Karine Rennberg se sert de ce monde difficile pour dresser des obstacles sur la route de ses personnages et aborder des thématiques aussi actuelles que sensibles : les violences de toutes sortes, la différence, l’orientation sexuelle, le racisme, etc. Les liens de meute permettent au lecteur de percevoir ces thématiques d’une autre manière, plus instinctive, plus crue aussi. Et c’est là un aspect de l’histoire que j’ai particulièrement apprécié ; on sent que l’auteure s’est renseignée afin d’être au plus près de la réalité des loups.
C’est donc un roman rempli d’épreuves qui renforcent les personnages plutôt que de les détruire, qui les rapprochent plutôt que de les éloigner. Bref, un roman sombre, mais rempli d’espoir !
Une touche d’originalité
J’aurais peut-être dû commencer par là, car c’est ce qui choque dès les premières lignes : Karine Rennberg a écrit Meute à la deuxième personne du singulier, comme si les héros s’adressaient à eux-mêmes. Un moyen efficace pour agripper son lecteur. Certes, c’est déroutant au début, mais on s’y fait. Mieux, on prend plaisir à cette écriture différente qui est davantage dans l’émotion que dans l’action.
Pépite de l'Imaginaire des éditions ActuSF, Meute est le second roman de Karine Rennberg. Après une poignée de nouvelles et un premier roman, Spirites, imprégné de magie, l'autrice change de registre en s'intéressant, cette fois-ci, au mythe du loup-garou.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.
Devenu lycantrophe par la force, Nathanaël est rappelé par son ancienne meute afin de garder un œil sur un jeune loup pendant l'absence des autres membres. Touché par la grande détresse de ce loupiot, tout grand dur qu'il est, Nathanaël pourrait bien se laisser déstabiliser par la situation. Or, le moment est plutôt mal choisi avec la menace des chasseurs qui rôdent, d'autant que des loups-garous ont mystérieusement disparu. Heureusement pour lui, son ami Val veille. Mais est-ce que cela empêchera la situation de déraper ?
Glamorisé par la littérature et le cinéma de ces dernières années, la figure du loup-garou s'est éloignée du mythe originel. Or, avec Meute, Karine Rennberg casse l'image véhiculée par les séries littéraires comme Anita Blake de Laurell Kaye Hamilton ou Mercy Thompson de Patricia Briggs pour nous en brosser un portrait plus crédible. En effet, elle nous immerge ici au sein d'une meute et nous y explique son fonctionnement, les liens qui unissent ses membres les uns avec les autres, tout en s'intéressant à la relation intime que l'humain noue avec son loup intérieur. Un postulat qui confère au récit un ton volontairement intimiste, renforcé par la narration à la deuxième personne du singulier qui crée une vraie proximité avec le lecteur. Passé la surprise pour ce choix inhabituel, ce dernier s'attache d'emblée aux protagonistes de cette histoire en partageant notamment avec eux leurs émotions, leurs questionnements et leurs sentiments.
En outre, Meute prend cadre dans un univers post-apocalyptique même si Karine Rennberg s'attarde peu sur la question en se contentant de donner quelques éléments indicatifs comme la mention de la rareté et la cherté de certaines denrées ou encore la généralisation de panneaux solaires et le rationnement de l'énergie produite pour les castes les plus pauvres. Les héros de cette histoire évoluent dans un monde âpre les contraignant à vendre leurs services aux gangs locaux, voire à les intégrer pleinement. Sous la plume de Karine Rennberg, certains de ses personnages participent à des combats dans des arènes afin de tirer profit de leurs prestations, au risque d'en ressortir gravement blessés, voire morts.
De fait, Meute dégage une atmosphère pesante portée par le danger permanent qui tourne autour de ces derniers. Dans ce monde sans pitié, les destins s'écrivent dans le sang et la violence. Malmenés par la vie, que ce soit Nathanaël, Val ou Calame, tous ont un passé lourd et déchirant. Narrateurs de cette histoire, ces cabossés de la vie nous en font voir des vertes et des pas mûres. Néanmoins, sous des dehors de durs à cuir, au moins pour Val et Nath, se cachent des hommes de cœur car ils ont un certain code d'honneur et se tiennent à une ligne de conduite précise.
Maintenant, arrêtons-nous un instant sur chacun d'eux. Nathanaël, dit Nath est un loup-garou qui s'est désolidarisé de sa meute car il n'a jamais réussi à y prendre réellement ses marques. Tête brûlée, colérique et bagarreur, il passe volontiers ses humeurs sur les autres, quitte à se prendre quelques coups au passage. Nathanaël est un frondeur qui agit avant de réfléchir.
Son meilleur ami, Val est tout son opposé. Réfléchi, il prend toujours le temps de raisonner avant d'agir. Mais, il n'en demeure pas moins un homme à la carrure impressionnante qui s'avère un adversaire coriace au combat. Muet après avoir reçu un mauvais coup de couteau à la gorge, il a fait de son handicap une force en se conférant une aura de colosse invincible, renforcée par ses nombreuses cicatrices. Pourtant cette épaisse carapace dissimule un homme passionné de littératures qui se laisse même attendrir par le minois d'un chaton. Homme de valeur, il voue à Nath une indéfectible amitié le rendant finalement plus altruiste à nos yeux.
Enfin, Calame est l'être le plus fragile du trio. Profondément traumatisé, il a refoulé sa nature au plus profond de lui au point de s'autodétruire. D'une grande empathie, il perçoit les émotions des autres par l'expression des couleurs qui entourent leur âme. Lui-même a perdu l'usage de la parole et n’interagit avec le monde que grâce à la peinture et au dessin. Tel un autiste, il s'est retranché à l'intérieur de son être pour échapper à l'horreur que les autres lui ont fait subir. Calame est un personnage particulièrement touchant au point de décider le plus rustre des loups-garous à le prendre sous son aile.
A eux trois, ils forment une meute improbable, déstabilisante mais terriblement attachante.
Bien que des menaces planent autour des personnages, à travers la disparition inquiétante de loups-garous, Meute n'est pas spécialement un récit où l'action est menée tambour battant. Au contraire, Karine Rennberg a resserré son intrigue autour de son trio de héros pour proposer un texte qui tire davantage vers l'affectif plutôt que vers le sensationnel. Meute relève donc plus de l'aventure intérieure explorant les sensations de ce que c'est que d'être un loup-garou. A travers cette filiation induite par la lycanthropie, elle questionne cette notion du relationnel presque charnel entre les membres d'une même meute. En s'appuyant sur des personnages tourmentés, l'autrice met l'accent sur la complexité de liens que les uns et les autres désirent nouer en fonction de leurs besoins. Clairement, avec Meute, Karine Rennberg a tissé une histoire forte nourrie d'émotions, de traumatismes et d'attendrissements.
Bouleversant et étonnant, Meute est le genre de roman inattendu qui fait son petit effet sur son lectorat en lui faisant emprunter un ascenseur émotionnel.
Livraison soignée
Nos colis sont emballés avec soin pour des livres en excellent état
Conseil de libraires
et des sélections personnalisées pour les lecteurs du monde entier
1 millions de livres
romans, livres pour enfants, essais, BD, mangas, guides de voyages...
Paiement sécurisé
Les paiements sur notre site sont 100% sécurisés