Le voyant
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l’avis des lecteurs
Le but de Jérôme Garcin, à la lecture de son titre "Le voyant" paraît évident... il est de rendre hommage à ce héros méconnu, cet homme hors du commun qu'était Jacques Lusseyran, pour qui l'auteur nourrit une admiration qu'exsude chaque page de son roman.
Jacques Lusseyran nait à Paris en 1924, au sein d'un foyer paisible, fondé par des parents aimants, industrieux et rigoureux, ayant tous deux suivi des études supérieures. Un accident le rend aveugle à l'âge de huit ans. Cette cécité, plutôt que de faire de Jacques un infirme, devient un atout, dans le sens où elle lui permet de développer de manière exceptionnelle tant ses aptitudes intellectuelles que sa force de caractère.
Lui-même expliquera n'avoir jamais ressenti son handicap comme tel, ou comme un amoindrissement. Pour lui, la lumière se voit avec "les yeux de l'âme" ; le fait d'être aveugle rend d'autant plus lucide, et d'autant plus sensible, puisqu'il permet de percevoir au-delà des apparences. Stimulé et accompagné par sa mère, qui refusa de le marginaliser, il suivit une scolarité "normale", faisant l'admiration de ses professeurs et de ses camarades par sa finesse d'esprit, son intuition hors du commun, et sa mémoire éléphantesque. Passionné d'histoire et de littérature, avide de savoir en général, Jacques est de plus d'un inépuisable optimisme. Son enthousiasme, sa vitalité, en font un garçon apprécié, charismatique.
La guerre éclate alors qu'il est au lycée. Très vite, il fait le choix de la résistance, créant avec ses amis un réseau d'adolescents, qu'il dirige. "Les volontaires de la liberté" finira par compter 600 membres, sa principale activité étant la diffusion d'un bulletin antinazi. Jacques intègre ensuite le mouvement plus organisé "Défense de la France", qui publie un journal imprimé clandestin du même nom.
Arrêté en 1943 par la Gestapo, il est déporté à Buchenwald, où il passera un an et demi au bloc des infirmes. Il en est l'un des rares survivants, et aura perdu à l'issue du conflit de nombreux amis, morts en camps de concentration.
Son courage et son engagement ne seront pas récompensés... Jacques Lusseyran est de ces héros qui gênent, parce qu'ils n'ont jamais fait de compromis. Resté fidèle à ses convictions, il a lutté, malgré son horreur de la guerre, pour défendre ses valeurs. Il n'y a rien gagné, ni reconnaissance, ni de ces avantages dont ont pu se prévaloir de nombreux résistants de la dernière heure. Il sera même empêché d'exercer en France son métier de professeur, par une loi inique et rétrograde qui exclut les handicapés de l'enseignement.
Malgré sa personnalité à la fois rayonnante et grave, malgré cette foi inébranlable en la vie et en l'amour qui lui fera dire de son expérience concentrationnaire qu'elle l'a fait mûrir, en lui apprenant à "vivre davantage", son existence a laissé peu de traces. Écrivain, ses œuvres sont de plus méconnues en France.
"Le voyant" est un appel à la réhabilitation, une épitaphe pour sortir de l'oubli cet homme clairvoyant, dont la droiture et l'énergie forcent le respect.
J'ai eu du mal à dépasser cette dimension "utilitaire", ce texte ne présentant pas à mes yeux de réel intérêt d'un point de vue littéraire. L'auteur a tendance à verser dans l'emphase, émaillant son récit d'envolées lyriques inappropriées. La personnalité et le parcours de Jacques Lusseyran n'avaient pas besoin d'effets de style, ou de cette redondance avec laquelle Jérôme Garcin exprime son admiration, pour convaincre le lecteur, qui peut finir par en être agacé, aux dépens d'un sujet pourtant passionnant...
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