Ceux qui partent
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l’avis des lecteurs
«Émigrer, c’est espérer encore»
En retraçant le parcours de quelques émigrés partis pour New York en 1910, Jeanne Benameur réussit un formidable roman. Par sa force d’évocation, il nous confronte à «nos» migrants. Salutaire!
Un paquebot arrive en vue de New York. À son bord des centaines de personnes qui ont fait le choix de laisser derrière eux leur terre natale pour se construire un avenir meilleur dans ce Nouveau Monde. Parmi eux un père et sa fille venue de Vicence en Italie. Dans ses bagages Emilia a pensé à emporter ses pinceaux tandis que Donato, le comédien, a sauvé quelques costumes de scène, dérisoires témoignages de leur art. Durant la traversée, il a lu et relu L’Eneide dont les vers résonnent très fort au moment d’aborder l’ultime étape de leur périple, au moment de débarquer à Ellis Island, ce «centre de tri» pour tous les émigrés.
À leurs côtés, Esther, rescapée du génocide arménien et Gabor, Marucca et Mazio, un groupe de bohémiens pour qui New York ne devrait être qu’une escale vers l’Argentine. Les femmes vont d’un côté, les hommes de l’autre et l’attente, la longue attente commence avec son lot de tracasseries, d’incertitudes, de rumeurs.
Andrew Jónsson assiste à cet étrange ballet. Il a pris l’habitude de venir photographier ces personnes dont le regard est si riche, riche de leur passé et de leurs rêves.
Et alors que la nuit tombe, la tragédie va se nouer. Le voile noir de la mort s’étend
En retraçant cette page d’histoire, Jeanne Benameur nous confronte à l’actualité la plus brûlante, à cette question lancinante des migrants. Emilia, Donato, Esther et les autres étant autant de miroirs pointés sur ces autres candidats à l’exil qui tentent de gagner jour après jour les côtes européennes. Comment éprouver de l’empathie pour les uns et vouloir rejeter les autres? Comment juger les pratiques américaines de l’époque très dures et juger celles de l’Union européenne comme trop laxistes? Tous Ceux qui partent ne doivent-ils pas être logés à la même enseigne?
Quand Jeanne Benameur raconte les rêves et l’angoisse de toutes ces femmes et de tous ces hommes retenus sur Ellis Island, elle inscrit aussi son histoire à la suite de l’excellent Mur Méditerranée de Louis-Philippe Dalembert et du non moins bon La Mer à l’envers de Marie Darrieussecq. Ce faisant, elle prouve une fois encore la force de la littérature qui, par la fiction, éclaire l’actualité avec la distance nécessaire à la compréhension de ces déplacements de population. En laissant parler les faits et en prenant soin de laisser au lecteur le soin d’imaginer la suite.
1910, Ellis Island.
Le temps d’un jour et une nuit, Jeanne Benameur nous introduit dans les rangs de candidats à l’immigration, qui attendent, aux portes de New York, qu’on veuille bien les leur ouvrir.
Ils répondent à cet éternel mouvement de l’Histoire, qui toujours a poussé les hommes à chercher leur vie ailleurs quand leur territoire ne peut plus rien pour eux. Aventuriers de l’inconnu venus de destinations plus ou moins lointaines, contraints à l’exil ou expatriés volontaires mais tous portés par le désir de vivre mieux, les voici tous logés à la même enseigne, contraints dans une expectative angoissée propice au doute, subissant l’humiliation d’une administration qui les parque, les oblige à piétiner, à faire profil bas en montrant leurs papiers, leurs dents, leurs yeux, à la recherche du prétexte pour les refouler. Après avoir enduré un voyage harassant, il faut encore faire bonne figure, se battre pour offrir le meilleur de soi-même.
Il y a là les fougueux et généreux Donato et sa fille Emilia, qui ont quitté l’Italie non par nécessité mais par envie d’un ailleurs, elle surtout, qui rêve d’appartenir à une nation où les femmes peuvent être libres et ne dépendre de personne, où elle pourra exprimer son talent singulier pour la peinture. Son père s’est facilement laissé convaincre : depuis la mort de sa chère épouse Grazia, il sentait sa vie rétrécir. Comédien, il n’a pas lâché de tout le voyage son exemplaire de l’Enéide, ce grand texte de ceux qui restent et de ceux qui partent justement, dont il connait par cœur de longs passages.
Esther Agakian porte avec elle la douleur des massacres de sa lointaine terre d’Arménie, où elle n’a laissé que des cadavres, mais garde l’espoir d’un nouveau départ, contenu dans le matériel de couture qu’elle a apporté avec elle, imaginant déjà concevoir de nouvelles tenues pour les Américaines.
Eux n’ont rien laissé puisqu’ils n’ont rien, et ne connaissent pas la tristesse des départs car ils ne s’ancrent jamais nulle part. Une troupe de bohémiens espère trouver dans ce nouveau monde des gens moins méfiants que ceux de la vieille Europe, où ils subissent un rejet croissant. Parmi eux Gabor le violoniste, qui compte sur l’Amérique pour le libérer de la triste histoire d’une enfance marquée par l’abandon de ses parents. Le temps d’un morceau de violon, qui fait danser Emilia, il s’enflamme de désir pour cette belle inconnue, soudain prêt à se poser si c’est avec elle.
Il n’est pas le seul à être séduit par l’italienne.
Andrew Jónsson est né à New York, et il est fasciné par ces exilés dont il ne sait rien, cherchant dans les bribes de destins qu’il imagine, dans les attitudes, la clé de sa propre histoire familiale. Son père est arrivé d’Islande à dix ans, avec le traumatisme d’une petite sœur défunte qui a recouvert le passé d’une chape de silence. Quant à sa mère, américaine depuis plus longtemps, elle a occulté sa lignée d’avant l’Amérique, apprécie le confort et le statut social que lui confère la réussite de son époux, et se trouve dorénavant assez légitime pour estimer qu’il faudrait réguler ce flux de migrants quelque peu envahissants. Andrew, passionné de photographie, arpente régulièrement Ellis Island pour enrichir sa collection de clichés. Les Scarpa force son admiration par leur bravoure, d’avoir osé partir avant que la vie ne s’étiole, et il n’est pas insensible au charme piquant de la belle Emilia.
Je découvre Jeanne Benameur, dont j’entends souvent dire beaucoup de bien, avec ce titre. Peut-être n’était-ce pas le bon ?
Si j’ai apprécié la sensibilité de son écriture subtilement poétique, j’ai régulièrement été gênée par une volonté manifeste de magnifier les personnages et certaines situations qui crée une dissonance avec le contexte et amoindrit à mon avis la véracité de l’intrigue. L’accumulation de petits miracles –comme la fraîche odeur des cheveux d’Esther après des semaines de voyage dont on imagine la rudesse des conditions-, l’osmose immédiate entre des individus qui ne se connaissaient pas une seconde auparavant et qui semblent se reconnaître parmi cette foule harassée mais étrangement parée d’une sorte de beauté presque éthérée, non, décidemment, je n’y ai pas cru…
C’est un magnifique roman qui traite de l’exil. Andrew, jeune photographe américain monte à bord d’un navire plein d’émigrés qui accostent à Ellis Island. Il immortalise Donato et sa fille Emilia, des Italiens lettrés différents de leurs compagnons de voyage. Ils sont aisés et ont loué un appartement dans le quartier italien, ils ne fuient pas la misère, mais un deuil. La mère d’Emilia est morte quelques années plus tôt et le père ne s’en remet pas, de plus la jeune femme aspire à une liberté impossible pour les Italiennes du début du vingtième siècle, elle ne veut pas devenir une mama mais un peintre. Elle convainc donc son père de partir en Amérique. Andrew sent tout de suite que ce couple est exceptionnel et il tombe sous le charme de la jeune fille.
Les émigrés débarquent enfin à Ellis Island et une longue attente d’un jour et d’une nuit commence, ils sont entassés à plusieurs milliers. Emilia fait la connaissance d’Esther, une Arménienne qui a survécu aux massacres, tandis que Gabor, jeune tzigane joue du violon pour Emilia pour qui il éprouve un coup de foudre. Andrew les retrouve dans la foule et promet qu’il reviendra les chercher le lendemain pour les aider. Il est lui-même le fils d’un émigré islandais et d’une américaine descendante des colons du Mayflower qui en est très fière. Son père a fait fortune à force de travail, mais a renié ses origines. Andrew recherche ses racines et veut devenir photographe, tandis que ses parents souhaitent le voir prendre la suite de son père et lui présentent une jeune fille de son rang comme future fiancée.
Ellis Island est un sas entre le passé et l’avenir, un moment hors du temps. La nuit sera longue pour tous les personnages, elle leur permettra d’aller à la rencontre d’une nouvelle liberté, de rompre avec leur passé, que ce soit pour les émigrés fraîchement débarqués et qui ne savent pas encore s’ils pourront entrer en Amérique ou seront refoulés ou pour Andrew et sa famille qu’il va enfin oser confronter.
Le texte est très beau et très poétique, les mots sont très justes et puissants. On ressent les émotions des personnages et leur questionnement. Toutefois la fin du livre n’est pas aussi réussie que le reste. Je n’ai pas aimé la longue description des ébats entre Gabor et Emilia, ou entre les parents d’Andrew – c’est trop érotique à mon goût – ni le happy end final où l’on prend des nouvelles de chacun, ça enlève de la force à ce texte par ailleurs très beau.
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