L'Enfant réparé

Ce livre est lu par l’auteur et non un comédien, ce qui est sans doute mieux pour un texte si intime. Je l’ai choisi sans lire le résumé, attirée par la célèbre couverture jaune et le fait que j’aime particulièrement découvrir en audio des auteurs ou livres que je ne connais pas, mais ce fut plutôt une mauvaise surprise. Je n’avais jamais rien lu de cet auteur auparavant, même si j’en ai un qui fait pal restante donc je l’ai écouté sans à priori et sans me douter de son sujet surtout, ce qui explique peut-être mon ressenti.

L’auteur revient sur son enfance et particulièrement sur un évènement qu’il a oublié pour survivre alors qu’il avait cinq ans : l’inceste. Ensuite la famille a été brisée par les non-dits, le père s’est absenté, à évité autant que possible le contact avec l’enfant, la mère l’a éloigné en installant sa chambre dans le grenier, puis l’envoyant en pension à dix ans et en colonie à chaque vacances contrairement aux deux cadets. Grégoire a cru que sa mère le détestait et préférait les petits, il en a beaucoup souffert, grandissant mal entre une mère triste et un père distant, il n’a compris son amour que bien plus tard, lors d’une psychanalyse. C’est à ce moment qu’il s’est souvenu de ce qui s’était passé avec son père, qui a ensuite abandonné sa famille pour refaire sa vie avec une secrétaire, comme beaucoup d’hommes de sa génération.

L’auteur s’est marié jeune avec une jeune fille rencontrée lors de son année d’études de droit à Grenoble, puis il est devenu publicitaire, car il fallait bien nourrir sa famille de quatre enfants, mais il se sent inapte au bonheur et mal à l’aise dans les relations. Leur couple est magnifique en public, mais beaucoup moins en privé. Il se lancera sur le tard dans une carrière d’écrivain pour peler sa détresse couche par couche comme un oignon, ce livre étant la conclusion et le bouquet final.

L’auteur parle de réparation et non de résilience, et refuse de pardonner, car c’est pour lui une violence supplémentaire faite à la victime. Son père est mort avant le début de la rédaction de cet ouvrage et il est allé le voir plusieurs fois alors qu’il était malade, sachant qu’il cachait quelque chose sans savoir de quoi il s’agissait, mais le père n’a pas parlé comme à son habitude, il n’a même pas eu envie d’aplanir leur relation à l’heure de sa fin. L’auteur a compris tardivement l’amour de sa mère qui l’a éloigné pour le protéger et ce livre lui rend un bel hommage.

J’ai beaucoup aimé l’entretien avec l’auteur qui termine l’enregistrement de ce livre. Pourtant globalement je n’ai pas du tout aimé ce livre. Au début j’ai eu de la peine à y entrer, je n’ai pas apprécié son écriture qui me paraissait froide et brutale, dénuée de poésie si on peut dire. Ce qui m’a le plus dérangé c’est le côté auto centré du récit, les explications innombrables de ses autres livres que je n’ai pas lus et qu’il ne m’a pas donné envie de lire, mais surtout le côté auto apitoiement. Cette remarque peut paraître dure vu son passé, mais j’avoue que les gens de ma génération qui en sont encore à se plaindre de leur enfance me sortent par les oreilles. J’en connais beaucoup trop qui ne sont jamais responsables de rien dans leur vie d’adulte car ils ont vécu des choses difficiles dans leur enfance, comme si ce n’était pas une généralité et le sort commun. Actuellement on idéalise l’enfance et comme notre vie réelle n’y correspondait pas, on se décrète malheureux à vie, je trouve cela insupportable, un moment donné il faut passer à autre chose et arrêter de se regarder le nombril. Le sujet de l’inceste, devenu tellement à la mode me dérange aussi, surtout s’il est évoqué des décennies plus tard. Je sais que ce livre plaira à une majorité de lecteurs, mais personnellement je ne l’ai pas aimé. Je serais toutefois curieuse de savoir ce que sera le prochain livre de l’auteur, s’il y en a un, vu qu’il semble avoir pelé toutes les couches de l’oignon.

Merci à Netgalley et Audiolib pour leur confiance. Même les rares fois qu’un livre audio me déplait, je ne regrette jamais de l’avoir découvert, car c’est souvent des ouvrages, en dehors des polars, que je ne lirais pas autrement.