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Axiomatique
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l’avis des lecteurs
Les éditions Le Bélial’ ont décidé de rééditer le recueil de nouvelles Axiomatique de Greg Egan, qui était épuisé. Cette nouvelle édition est sortie le 10 mars avec une bibliographie mise à jour et avec une nouvelle couverture, signée Nicolas Fructus avec rendu soft touch et vernis sélectif. Le principe de cette couverture est voué à être décliné avec changement de couleur et de motif pour les rééditions futures de l’ensemble des recueils de l’auteur dans la collection « Quarante-Deux ». Axiomatique regroupe dix-huit nouvelles de hard-SF dont les traductions sont signées Sylvie Denis, Francis Lustman, Francis Valéry et Quarante-Deux.
Je n’avais pas prévu de lire Axiomatique, pensant que Greg Egan était un auteur trop ardu pour moi. Pourtant, j’ai déjà lu l’écrivain australien par le passé et j’avais beaucoup apprécié. Heureusement, les éditions Le Bélial’ ont eu du flair et m’ont envoyé le livre. Et là, je peux dire que j’ai véritablement été scotchée, au point que je relirais certainement ces textes à nouveau.
Greg Egan est un auteur au cerveau en ébullition qui questionne l’humain sous le regard sans concession de la science. Chacune de ses nouvelles pourrait faire l’objet d’un roman tellement les univers développés sont cohérents, riches et passionnants. Dans la science-fiction de Greg Egan, il ne s’agit pas de vaisseaux spatiaux ni d’aliens, il veut comprendre ce qui fait notre humanité au travers de divers points comme l’identité, la technologie. La plupart des nouvelles sont liées à des découvertes d’avancées scientifiques sur lesquelles l’auteur tire toutes les conséquences par une histoire précise autour d’un personnage. Greg Egan utilise un langage technique, des faits scientifiques rigoureux. Pourtant, ces nouvelles sont loin d’être dénuées d’émotion, bien au contraire, et certaines feraient presque monter la larme à l’œil tellement on peut se retrouver dans les questionnements de ses personnages. Le niveau de difficulté des récits varie d’un texte à l’autre, mais cela reste vraiment accessible et toujours juste et passionnant.
Les nouvelles plus en détail:
L’assassin infini: une première nouvelle un peu difficile à comprendre mais vraiment hallucinante au niveau de la créativité et du monde mis en place. Une entrée en matière détonante avec un narrateur assassin professionnel qui travaille pour la Firme. Il doit éliminer les utilisateurs réguliers de la drogue S, qui permet de vivre dans n’importe quel univers parallèle. Au bout de plusieurs années, les utilisateurs deviennent des mutants, ils sont capables de se déplacer physiquement d’un univers à l’autre ce qui peut causer de graves dégâts dans la réalité. En deux mots brillant et étourdissant.
Lumière des évènements: une découverte permet de connaitre à l’avance son futur par un principe où la personne qu’on sera dans le futur décrit sa journée, ou du moins une partie, par un enregistrement. Se pose ainsi la question de ce que l’on ferait si on connaissait une partie de son avenir et surtout de savoir si ces connaissances sont complètes et vraies. Le thème est assez classique mais la base scientifique est vraiment intéressante.
Eugène : un couple très riche désire avoir un enfant et consulte un spécialiste qui leur promet en enfant parfait grâce à la maitrise du génome humain. Un texte génial qui nous met à la place de ces parents et on se pose ces mêmes questions sur les manipulations génétiques.
La caresse :une nouvelle mêlant enquête, art, et science. Un policier fait une étrange découverte dans une maison où un crime a été commis: une chimère, un léopard à tête de femme rappelant un tableau appelé La Caresse. Les différents cocktails de drogues et autres augmentations des policiers l’aideront à mener l’enquête. Un texte sombre et un peu glauque parfois mais très immersif.
Sœurs de sang : une narratrice pour la première fois, ce qui est assez rare dans le recueil. Deux sœurs jumelles étaient très proches dans leur enfance puis se sont peu à peu éloignées. Quand une des deux développe une leucémie à cause d’un virus mortel lié à une arme biologique, elle prévient sa jumelle qui va avoir la même maladie. L’industrie pharmaceutique est remise en cause dans cette histoire poignante autour de deux sœurs.
Axiomatique : des implants ont vu le jour permettant d’apprendre plus vite une langue étrangère au départ, puis leur usage s’est vite diversifié englobant tout et n’importe quoi. Le narrateur est un homme brisé suite au décès de sa compagne lors d’un braquage. La technologie des implants peut l’aider à se venger sans ressentir de remord. Une nouvelle calibrée au mot près, avec une histoire accessible où on peut facilement se demander comment on agirait dans une telle situation.
Le coffre-fort :un des textes que j’ai préféré et qui m’a profondément émue ( comme quoi c’est compatible avec la hard SF). Depuis son enfance, un homme change régulièrement de corps et d’identité se retrouvant à chaque fois dans l’esprit d’homme du même âge que lui et vivant dans la même ville. Parfois il reste plusieurs jours parfois beaucoup moins, parfois certains hôtes le sont plusieurs fois. On découvre les faits en même temps que lui, la narration est brillante. Une nouvelle surprenante, émouvante et parfaite. Un véritable bijou.
Le point de vue du plafond: un texte assez étrange où un homme d’affaire a reçu une balle dans la tête, et suite à l’opération développe une perception comme s’il se trouvait au plafond. Le texte est court et se lit bien mais est largement en dessous des autres.
L’enlèvement :un homme reçoit une demande de rançon pour sa femme, mais celle-ci n’a pas été enlevée. Il pense à une mauvaise blague. Pourtant tout est loin d’être aussi simple (sinon ça ne serait pas de la hard sf). En effet dans ce monde, il est possible de se faire scanner afin de se faire ressusciter dans une simulation informatique après sa mort physique. Le texte amène de grands questionnements proches de la philosophie et à nouveau très réussi.
En apprenant à être moi : l’identité est de nouveau le thème central de ce texte, qui développe un monde où chaque enfant a dans le crâne un petit cristal sombre qui enregistre ses pensées, ses émotions. Dans le but que plus tard, quand le cerveau déclinera, le cristal puisse prendre le relai. Tout le monde bascule à un moment ou un autre de sa vie, mais le narrateur lui se pose des tas de questions liées à la perte de son identité une fois le basculement effectué. C’est complexe mais très bien fait.
Les douves : on change de thématique avec la question des réfugiés climatiques et du rejet dont ils sont victimes en toile de fond. Tout cela en suivant l’histoire d’un couple dont la femme médecin fait une découverte bien étrange. C’est assez glaçant avec de nouvelles réflexions.
La marche : deux hommes marchent dans la forêt mais pas pour une promenade de loisirs, l’un s’apprête à tuer l’autre. La tension monte mais la nouvelle est un peu redondante avec ce qui a été vu précédemment puisqu’il est à nouveau question d ‘implants pouvant modifier l’humain.
Le pti mignon :un homme désire à tout prix devenir père mais sa compagne vient de le quitter. Puisque c’est comme ça il décide de faire un enfant tout seul étant donné que la technologie le permet. Sauf que la seule possibilité qui s’offre à lui est un bébé dont la durée de vie est prévue à l’avance tout comme son évolution. Greg Egan arrive à ne pas sombrer dans le sentimentalisme ni dans le ridicule. C’est une nouvelle fois glaçant.
Vers les ténèbres : une nouvelle où je ne suis pas certaine d’avoir vraiment tout compris mais que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire tant elle contient de possibilités. Des trous de ver apparaissent sur Terre mais ils sont dangereux car ils apparaissent aléatoirement. Des sauveteurs ont pour mission de sauver les personnes coincées dans ces trous de ver. Le narrateur est un de ses sauveteurs.
Un amour approprié : une nouvelle narratrice féminine pour ce texte au titre parfait. Son mari a eu un grave accident. Il survivra, mais il lui faudra un autre corps cloné à partir du sien. Mais se pose la question de son cerveau, et surtout du coût pour le conserver. La solution la moins onéreuse, celle de garder le cerveau en vie, est que sa femme le garde au chaud dans son utérus pendant 2 ans. Une nouvelle qui pose des questions d’éthique et de morale. C’est assez étrange mais à nouveau on ne peut s’empêcher de se mettre à la place de son héroïne.
La Morale et le Virologue: un texte assez difficile à lire alors qu’on est en pleine pandémie depuis 2 ans. Un scientifique fanatique décide de créer un virus pour châtier les vils pêcheurs. Le sujet est assez difficile, c’est assez terrifiant.
Plus près de toi: le texte se déroule dans le même univers que En apprenant à être moi avec toujours des questionnements autour de l’identité. Un couple cherche à comprendre ce qu’on ressent en étant à la place de l’autre et les progrès technologiques leur permettent de tester plein de possibilités. Les questionnements sont pertinents mais c’est parfois un peu long.
Orbites instables dans la sphère des illusions : un texte un peu opaque qui parle à nouveau d’identité et de croyances. Tout le monde s’est mis à absorber les croyances des autres engendrant un véritable chaos. La nouvelle aborde la question du libre arbitre dans une telle société.
Axiomatique est ainsi un livre passionnant de bout en bout, qui offre tellement de champs des possibles que cela en est presque hallucinant. Les nouvelles marquent durablement l’esprit autant par les avancées technologiques, les univers, que les questionnements posés. Greg Egan est un novelliste exceptionnel avec une grande maitrise narrative et une imagination débordante. Un cocktail explosif qui porte le cerveau du lecteur à ébullition mais on en redemande. En trois mots: Lisez Greg Egan! Vous ne le regretterez pas.
L’inconvénient principal de la littérature, quand on en est passionné.e autant que curieux.se, c’est bien qu’on en finit jamais. Un conseil, un coup d’œil à une couverture, ou simplement une prise de risque aveugle, sont autant de chances de voir nos horizons s’élargir sous nos yeux, sans rien d’autre qu’un renoncement désabusé mais souriant.
J’ai rencontré Greg Egan à travers sa novella Cérès & Vesta, publiée dans la collection Une-Heure-Lumière, qui m’avait alors fait un sacré effet. Comme à mon habitude à l’époque, je m’en étais ouvert sur Twitter, où l’éditeur lui même m’expliqua succinctement à quel point Greg Egan était un auteur massif dans le paysage de la science-fiction moderne. Dont je n’en avais jamais entendu parler avant. Un nouveau manque à combler donc. Soit. Et sur les bons conseils reçus, je me commandai dans la foulée Axiomatique, pour approfondir ma connaissance de l’auteur et savoir si je devais m’attendre à devoir allonger ma PàL avec ses ouvrages, en plus de tous les autres déjà présents.
Comme pour tous les recueils de nouvelles chroniqués ici, je ne rentrerai pas dans le détail, d’autant qu’après un certain temps écoulé tout de même depuis ma lecture, je confesse que certains souvenirs sont flous. Mais le sentiment global et mon avis sur l’ouvrage demeurent, aux côtés de quelques souvenirs solides. Et oui, j’ai très vite compris pourquoi Greg Egan est un représentant important de la science-fiction moderne. Ne serait-ce que parce que son talent pour la conceptualisation ne connait que peu d’égaux dans mon horizon de connaissances. Je pourrais même dire sans trop prendre de risque qu’il m’a donné certains de mes plus gros vertiges intellectuels. Impossible aujourd’hui de ne pas faire un parallèle avec Ted Chiang et sa Tour de Babylone, dont je pense pouvoir affirmer qu’ils partagent certaines ambitions communes, dans la création d’idées scientifiques comme dans l’étude de leurs potentielles ramifications. Mais j’ai largement préféré le travail d’Egan, notamment pour son goût de la vulgarisation, et son envie d’ancrer ses concepts dans des mécaniques et des raisonnements un peu plus humains et moins cliniques. Je n’aime pas trop parler de livres par comparaisons, mais pour demeurer cohérent dans la démarche, j’y suis un peu obligé ici, je le crains. Si Ted Chiang me donnait l’impression de à se servir de ses personnages comme des outils d’exploration de ses concepts, Greg Egan me donne le sentiment plus plaisant d’avoir des idées, des concepts, et de s’en servir comme outils d’exploration de ses personnages. Certaines nouvelles tombent dans le même travers, et se contentent surtout de faire la présentation d’une idée scientifique novatrice et perdent donc beaucoup de temps à expliquer plutôt qu’à raconter, ce qui à le dont de me frustrer, mais la majorité essaie surtout de poser des questions à travers les interrogations des personnages, ce dont je suis bien plus friand.
Une vraie diversité dans les traitements donc, au fil des nouvelles, abordant beaucoup de thèmes différents ou parfois faisant lien entre elle autour d’un concept commun. Les tons varient, le pivot de la réflexion se constitue autour des possibilités offertes par la science et la technologie, mais surtout ce qu’en font les humains. Ceci confère à l’ensemble un sous-texte politique et critique qui n’est absolument pas pour me déplaire, car profondément humain, même par certains de ses aspects les moins agréables. Et si Greg Egan semble parfois un peu se disperser dans les concepts qu’il construit, même dans les nouvelles qui m’ont le moins séduites, il sait faire l’effort de déployer des réflexions et des questions pertinentes. Si j’ai pu en effet, à quelques reprises, lever un sourcil dubitatif ou me gratter le crâne en n’étant pas sûr exactement du lièvre qu’il voulait soulever ; il y avait toujours un élément en arrière plan, une petite phrase, ou parfois, avouons le, les simples forces du concept et de son développement, pour me faire me dire que je n’avais pas pour autant perdu mon temps.
Ce qui transparaît, à mes yeux, au fil de ces pages, c’est l’esprit brillant d’un homme dont les idées volent bien plus haut que les miennes ou celles du commun des mortel.le.s, et qui cherche à en faire un usage aussi utile que beau. Cela donne un recueil très dense, par rares moments à la limite de l’indigeste, mais dont les bonnes intentions font bloc. D’autant que certaines nouvelles, pour le coup, font complètement abstraction de quelconques explications et prennent leur concept comme un simple point de départ, comptant sur notre suspension consentie de l’incrédulité pour mieux raconter une histoire avant toute chose, et parfois même insister sur les émotions. Et bien que ce ne soit pas le point fort de Greg Egan, bien meilleur à mon avis dans l’analyse et la déconstruction, lorsqu’il se pousse lui-même dans ses derniers retranchements, il parvient à faire très fort ; une nouvelle en particulier reste pour moi une merveille de délicatesse, aussi puissante, sans doute parce qu’elle détonne avec le reste du recueil.
Et ainsi, le nom de Greg Egan s’ajouta à la longue liste des auteurs et autrices dont il me faudrait à l’avenir creuser la bibliographie avec diligence et attention. Et si, en effet, son goût pour la science-fiction plus technique et les explorations en profondeurs de concepts à la fois perchés et/ou documentés m’ont parfois laissé dubitatifs, son talent n’est à aucun cas à remettre en cause. Pour finir par là où j’ai commencé, il constituerait à mes yeux un pont intéressant entre le travail de Ted Chiang et celui de Ken Liu, en ce qui concerne les nouvelles en tout cas. Un point quasi équidistant entre le goût du premier pour les problèmes plutôt que les gens qui y sont confrontés et la délicatesse du second et son talent inégalé pour raconter sans trop expliquer et toucher l’essence des choses. Ma part du travail, désormais, ce sera donc d’en savoir plus de Greg Egan pour pouvoir mieux le définir par lui même plutôt que par les ouvrages d’autres autrices et auteurs. Tant mieux, il m’en a donné l’envie.
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