Une femme en contre-jour
Résumé éditeur
livré en 5 jours
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l’avis des lecteurs
« Raconter Vivian Maier, c’est raconter la vie d’une invisible, d’une effacée. Une nurse, une bonne d’enfants. Une photographe de génie qui n’a pas vu la plupart de ses propres photos. Une Américaine d’origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d’enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s’ancrer et de trouver une famille. Son œuvre, pleine d’humanité et d’attention envers les démunis, les perdants du rêve américain, a été retrouvée par hasard – une histoire digne des meilleurs romans – dans des cartons oubliés au fond d’un garde-meubles de la banlieue de Chicago. Vivian Maier venait alors de décéder, à quatre-vingt-trois ans, dans le plus grand anonymat. Elle n’aura pas connu la célébrité, ni l’engouement planétaire qui accompagne aujourd’hui son travail d’artiste. Une vie de solitude, de pauvreté, de lourds secrets familiaux et d’épreuves ; une personnalité complexe et parfois déroutante, un destin qui s’écrit entre la France et l’Amérique. L’histoire d’une femme libre, d’une perdante magnifique, qui a choisi de vivre les yeux grands ouverts.
Pourquoi j’ai choisi ce livre
Parce que j’aime Gaëlle Josse : son écriture, son style, la construction de ses romans, sa sensibilité, son imagination et la diversité de ses récits….. Donc un nouveau roman de Gaëlle Josse je dis oui et je le lis…..
Ma lecture
Fixer des mots sur le papier pour reconstituer la vie d’une femme comme on fixe un visage sur la pellicule n’est pas chose facile. A la différence d’un clic-clac, l’écriture demande un long travail de recherches puis d’écriture et quand celle-ci n’a laissé d’elle que des milliers de photos, il faut se glisser dans la peau de cette femme photographe, avoir son regard, imaginer ce que fut sa vie et tenter de comprendre qui elle était afin de comprendre son travail.
Il ne reste de Vivian Maier que des milliers de photos et de pellicules, entassées dans des cartons dans un garde-meubles, vendues aux enchères en 2007 et acquises pour 400 $ par John Maloof, agent immobilier. Elle n’a connu de son vivant que le travail de gouvernante chez de riches américains et profitait de l’anonymat offert par les sorties avec les enfants pour photographier les visages d’ inconnus dans les rues de New York ou Chicago ou son propre visage en reflet comme pour se convaincre de son existence.
Gaëlle Josse aime à partir d’un tableau dont un des personnages la touche, se glisser et imaginer, comme dans L’ombre de nos nuits, Les heures silencieuses, leurs vies, entrer dans leurs pensées et construire une histoire où l’imaginaire et la sensibilité de l’auteure fait merveille. Elle devient leur ombre, une sorte de témoin, confidente de leurs états d’âme, de leur vie.
Les visages. Je suis, comme Vivian Maier, fascinée, obsédée par les visages. Par ce qui s’y lit, ce qui s’y dérobe. Approcher un parcours de vie, un chemin, une histoire. Approcher le grain de peau, le battement du cœur, du sang, le souffle, la sincérité d’une expression, le surgissement d’une émotion, suivre le tracé d’une ride, d’un frémissement des lèvres, d’un battement de paupières. Saisir les conflits intérieurs qui s’y jouent, les passions qui y brûlent, les douleurs qui affleurent, entendre les mots qui ne seront pas dits. Accompagner quelques êtres qui courent vers leur destin et nous interrogent sur le nôtre. (p90)
Gaëlle Josse, comme vous et moi, à la vue d’un tableau, une photo, à l’écoute d’une musique, imagine la vie de ceux qui y figurent, qui l’ont créé.
Je la vois, passant ses journées sur le pont, curieuse de tout, soucieuse de fuir la cabine….. (page 46)
Née à New-York en 1926 mais ayant des racines maternelles dans les Hautes Alpes, Vivian Maier rejoint à 17 ans sa mère à New York puis, après quelques allers-retours entre la France et les Etats-Unis, elle s’installera à Chicago. Comme souvent, une rencontre sera déterminante dans sa vie : celle d’une amie de sa mère Jeanne Bertrand, photographe, qui lui offre son premier appareil.
Cette gouvernante/photographe possède tous les ingrédients pour construire un roman : une enfance sûrement marquée par le divorce de ses parents, son éloignement pendant son enfance puisqu’elle vivait en France et sa mère à New-York, sa séparation avec son frère Charles (Karl), un rapport aux hommes très distant peut-être dû à son père, un américain dévoyé, un sentiment d’insécurité, une vie de femme solitaire, démunie, mettant toute son énergie à fixer ses journées à travers les photos de son quotidien dans les rues des villes américaines sans autre but, semble-t-il, que de photographier, de saisir l’instant.
Son travail photographique accorde une large place aux femmes âgées. On ne photographie rien par hasard. Un artiste poursuite ce qui le hante, l’obsède, le traverse, le déchire. Rien d’autre. Vivian Maier est avant tout une artiste, même si elle n’en revendique rien. (p68)
Pourquoi telle œuvre plutôt qu’une autre, tel visage plutôt qu’un autre, impossible de le dire, cela se passe entre l’œuvre et vous, mais dans le cas de Vivian Maier, ce visage hermétique, inexpressif, laisse un champ des possibles immense.
Même si j’ai retrouvé avec plaisir l’écriture de Gaëlle Josse, sa sensibilité, je suis restée à distance de ce récit. Est-ce dû au fait qu’il ne reste de Vivian Maier que ses photos et pratiquement aucune information sur sa vie, mais la répétition des interrogations, des questions le plus souvent sans réponse donnait à l’ensemble un goût d’inachevé. J’ai eu le sentiment que l’auteure oscillait entre réalité et suppositions sans vraiment prendre un chemin définitif.
Pourquoi ne pas en faire un roman d’imagination totale, une fiction basée sur le peu de faits connus, sur les photos et imaginer ce que fut sa vie de cette nounou ou bien s’attarder sur une photo et en construire une divagation comme c’est si bien le faire l’auteure, plutôt qu’une énumération des événements connus de sa vie et de suppositions.
Par contre les dernières pages dans lesquelles Gaëlle Josse fait le parallèle entre son travail et celui de la photographe, sont sublimes et j’y retrouve toute la sensibilité de l’auteure :
Les visages. Je suis, comme Vivian Maier, fascinée, obsédée par les visages. Par ce qui s’y lit, ce qui s’y dérobe. Approcher un parcours de vie, un chemin, une histoire. Approcher le grain de peau, le battement du cœur, du sang, le souffle, la sincérité d’une expression, le surgissement d’une émotion, suivre le tracé d’une ride, d’un frémissement des lèvres, d’un battement de paupières. Saisir les conflits intérieurs qui s’y jouent, les passions qui y brûlent, les douleurs qui affleurent, entendre les mots qui ne seront pas dits. Accompagner quelques êtres qui courent vers leur destin et nous interrogent sur le nôtre. (p90)
Avant la sortie du livre, j’avais vu un documentaire sur l’exposition se déroulant jusqu’à la fin du mois de mars 2019 à la galerie Les Douches à Paris, qui m’avait interpellée sur la personnalité de cette femme qui n’avait pas pris, le plus souvent, la peine de développer ses pellicules, une manière peut-être, de vouloir rester dans l’ombre et pour qui comptait seulement l’instant fixé…..
Quatrième de couverture
Raconter Vivian Maier, c’est raconter la vie d’une invisible, d’une effacée. Une nurse, une bonne d’enfants. Une photographe de génie qui n’a pas vu la plupart de ses propres photos. Une Américaine d’origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d’enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s’ancrer et de trouver une famille. Son œuvre, pleine d’humanité et d’attention envers les démunis, les perdants du rêve américain, a été retrouvée par hasard – une histoire digne des meilleurs romans – dans des cartons oubliés au fond d’un garde-meubles de la banlieue de Chicago.
Mon avis
Un œil posé sur la vie
« Chez Vivian Maier, il y a la crasse de la rue, la saleté des vêtements tachés, déchirés, il y a des chaussures trouées et des enfants qui jouent dans le caniveau. Nous sommes dans un réel saisi de face, de front, sans embellissement aucun. »
L’écriture de Gaëlle Josse est une dentelle qui se construit sous nos yeux. Parfois froide et détachée, posant les mots, sans émotion apparente, qui décrivent l’aventure d’une femme hors normes, parfois tendre et délicate, elle donne vie à un destin inoubliable. Elle lace, entremêle les fils pour donner vie à une invisible : Vivian Maier. Ancienne bonne d’enfants, cette femme a connu le succès après son décès lorsque des cartons contenant les milliers de photos qu’elle avait faites ont été remis au jour. Elle reste une énigme car les témoignages sur elle sont parfois divergents mais son talent, lui, fait l’unanimité.
La photographie comme la fixait Vivian Maier sur sa pellicule est un art à part entière. « Capturer l’instant et lui donner vie, à jamais », c’est ce qu’elle faisait. Elle portait un regard attentif sur tous les frôlements, les affleurements, les instantanés du quotidien. Elle aurait pu ne prendre que le « beau » (mais qu’est-ce que le « beau » ?), le lisse, le bien-pensant… mais elle avait choisi de montrer la banalité de tous les jours et de lui donner du sens …. Elle « clichait » « les pauvres, les abandonnés du rêve américain, les travailleurs harassés, les infirmes, les femmes épuisées, les enfants mal débarbouillés, les sans domicile fixe »…. D’ailleurs, Gaëlle Josse souligne : « Un artiste poursuit ce qui la hante, l’obsède, la traverse, la déchire. »
Ce livre est une belle découverte. L’auteur est sortie de sa zone de confort pour changer de registre. Elle a lu, s’est documentée, s’est renseignée avant de donner naissance à un recueil le plus juste possible où elle explique dans les dernières pages sa démarche. De plus, le parallèle qu’elle établit entre la photographe et elle, est plus qu’intéressant, captivant.
Vivian Maier loin des clichés
En exhumant la vie de la photographe Vivian Maier, Gaëlle Josse réussit non seulement à retracer un parcours hors du commun, entre la France et l’Amérique, mais nous offre aussi une réflexion sur l’émigration et le rêve américain.
«La femme qu’on emmène dans un hurlement de sirène s’appelle Vivian Maier, elle aura quatre-vingt-trois ans le 1er février. Personne, ici, ne sait qui elle est. Une silhouette familière du quartier, une de celles qui semblent faire partie d’un lieu, comme un élément du décor, et un jour elles ne sont plus là. On se fait la remarque, on s’interroge un instant, et on oublie. Une vieille dame solitaire qui perd un peu la tête par moments. Qui se montre encore drôle, parfois, et sacrément têtue.
Les seuls qui pourraient en dire quelque chose, ce sont John, Matthew et Lane Gensburg, les trois frères que cette femme âgée a élevés pendant dix-sept ans. Aujourd’hui, ce sont eux qui paient son loyer; ils lui ont trouvé ce logement lorsqu’ils l’ont découverte, quelques années plus tôt, dans l’indigence absolue, dans la détresse. Oui, leur ancienne nurse faisait les poubelles.
À sa sortie de l’hôpital, ils l’installeront dans une maison de repos pour qu’elle guérisse sans avoir à se soucier de rien. La chute, le choc à la tête, les médecins ont prévenu, vous savez, à cet âge-là, on ne peut rien dire. Nous ferons tout ce que nous pourrons. Pendant quatre mois, Vivian va errer, entre conscience et inconscience, dans cet état cotonneux, assourdi, où se dénoue doucement l’écheveau d’une vie et qui préfigure le grand sommeil. Puis ce 26 avril 2009. Elle ne verra pas ce printemps, cette reverdie qui s’épanouit derrière les fenêtres. La photo se brouille, devient floue. Illisible. C’est fini.»
C’est avec la fin de Vivian Meier que Gaëlle Josse a choisi d’ouvrir son roman, à la fois parce que cette scène forte raconte le destin de la femme sur laquelle elle va se pencher et parce que le hasard veut qu’au moment où les frères John, Matthew et Lane Gensburg dispersent les cendres de leur «seconde maman», un homme fait l’acquisition de quelques milliers de clichés réalisés par la défunte et qui dormaient dans un garde-meubles.
L’acquéreur, à la recherche de photos d’un quartier de Chicago pour un livre, est déçu de son achat. Mais en fait John Maloof a entre les mains un trésor. Si les prises montrent surtout les immigrés, les afro-américains, les gens de rien, ils racontent aussi l’Amérique, comme les spécialistes ne tardent pas à s’en rendre compte. Des clichés superbes qui vont assurer une gloire posthume à celle dont le nom griffonné au dos d’un cliché mérite une place dans le panthéon des plus grands photographes.
Par l’intermédiaire de généalogistes engagés pour la circonstance, John Maloof va essayer de démêler le vrai du faux et refaire le parcours de Vivian et de ses parents et grands-parents depuis la France jusqu’aux États-Unis. «Il remonte aux sources. Il va retrouver des témoins, d’anciens employeurs et des enfants naguère élevés par Vivian, il part sur la piste de ses séjours en France, dans le Champsaur, ce territoire des Hautes-Alpes, le berceau familial de sa mère, où il rencontre des cousins de Vivian et offre au village une série de clichés qu’elle a pris là-bas.»
Une quête passionnante qui permet de découvrir une personne tout sauf lisse. Certains témoins la voient comme une femme désagréable et sévère, d’autres en font un portrait d’une mère de substitution, attentionnée et soucieuse de leur bien-être et de leur éducation. Ses rapports familiaux et avec la France sont de même nature. Ses allers et ces retours ne permettent pas une lecture claire de ses desseins. Reste un grand mystère: elle n’a jamais indiqué ce que l’on devait faire de ses milliers de clichés, de cette œuvre magistrale.
Gaëlle Josse semble elle-même fascinée par l’artiste et dubitative sur la femme, même si la création, l’art doit sans doute toujours l’emporter. Son livre souligne à la fois le côté romanesque de la vie de Vivian Maier et remet en lumière une œuvre que je vous invite à découvrir sans plus attendre sur vivianmaier.com
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