Né daucune femme
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
« Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile.
— Et alors, qu’y-a-t-il d’extraordinaire à cela ? demandai-je.
— Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés.
— De quoi parlez-vous ?
— Les cahiers… Ceux de Rose. »
Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin. Franck Bouysse, lauréat de plus de dix prix littéraires, nous offre avec Né d’aucune femme la plus vibrante de ses oeuvres. Ce roman sensible et poignant confirme son immense talent à conter les failles et les grandeurs de l’âme humaine.
Pourquoi j’ai choisi ce livre
Je l’ai vu passer sur les réseaux sociaux, je n’ai jamais rien lu de Franck Bouysse, je ne lis que très rarement polars et thrillers, mais la couverture m’a hypnotisée et ceux qui l’avaient lu étaient enthousiastes. Un passage en libraire et le voilà dans ma pile et très vite sous mes yeux….
Ma lecture
La plus grande des difficultés maintenant c’est de trouver les mots afin de vous donner l’envie de lire ce livre…
J’ai à la fois découvert une terrifiante histoire mais aussi un auteur.
Car il faut lire ce roman si vous aimez les histoires qui vous embarquent dans un univers fou, si vous aimez une écriture poétique même dans les moments les plus sombres, si vous aimez les émotions, si vous aimez les frissons, si vous aimez une histoire comme un jeu de construction où chaque pièce s’emboîte parfaitement, à un moment ou à un autre.
Je ne connaissais pas Franck Bouysse, même pas de nom, il ne fait pas partie de mon univers livresque et je me suis fait faucher, balader, emporter par son écriture et son récit. Cette lecture a été un voyage dont on ne ressort pas indemne, elle va me suivre et me poursuivre, car c’est une plongée dans le noir, le sombre mais le beau…..
Mais :
Il est grand temps que les ombres passent aux aveux. (p10)
Une femme, Rose, est morte dans un asile et Gabriel, le curé du village, se voit confier une bien étrange mission. Récupérer deux cahiers glissés sous la robe de la morte à sa demande. Qui est-elle ? Pourquoi cette dernière volonté ?
A la lecture des deux cahiers, Gabriel va découvrir une terrifiante histoire, qui comporte bien des noirceurs.
Alors, je me résous à laisser aller mon regard sur la première feuille, afin que disparaissent les ombres trompeuses, pour en faire naître de nouvelles, que je me prépare à découvrir, au risque de les assombrir plus encore. Ces ombres en éclats d’obscurité qui n’épargne rien ni personne, sinon dans la plus parfaite des nuits qu’est la mort, avant le grand jugement. (p37)
Je ne peux vous en dire plus sinon qu’il y est question de famille, de pauvreté, de conscience mais aussi du mal, du pouvoir et d’amour. Il faut, comme je l’ai fait, rien en savoir, l’ouvrir et commencer la lecture. L’auteur a construit son récit par la narration à plusieurs voix, toutes ont de l’importance, leur ordre d’apparition également. Se laisser emporter par la beauté des descriptions de personnages, de paysages, d’atmosphère : Franck Bouysse a trouvé les mots, les phrases, le style qui imprègnent, qui collent à cette histoire.
Tout a son importance, chaque élément, chaque détail, chaque personnage. C’est une mécanique extrêmement précise, huilée, implacable, on pense à plusieurs moments comprendre, imaginer la suite mais seul l’auteur la connaît….. Il en est le maître
On n’a pas les mêmes égoïsmes, mais on peut s’en faire un même nœud au cœur (p140)
Franck Bouysse allie brutalité et douceur, horreur et humanité. L’équilibre est parfait, justifié, argumenté. Cela tient debout même dans le pire. Mais où va-t-il chercher tout cela ?
L’écriture est à la fois sèche mais aussi enflammée, une plongée dans les sentiments humains, les plus sombres comme les plus beaux :
Trois filles arrachées au néant, au motif qu’un homme et une femme se doivent de fabriquer un peu plus qu’eux-mêmes pour échapper au temps, sans penser ni même imaginer un seul instant les malheurs à venir et le cadeau empoisonné que peut devenir une vie. Un cadeau pouvant se révéler bien pire que le néant préalable, qui n’est rien d’autre qu’une absence jamais considérée par les hommes, et pas plus par un dieu. Parce que sortir un petit être du néant d’avant pour lui offrir celui d’après est une immense responsabilité et en sortir quatre, une pure folie. (p201)
Il y a par moment l’écrivain qui se glisse dans ses personnages, il utilise pour chacun un langue propre à sa condition, à ce qu’il est :
Les mots passent de ma tête à ma main avec une facilité que j’aurais jamais crue possible, même ceux que je pensais pas posséder, des mots que j’ai sûrement appris aux Landes, ou bien lus dans le journal du maître, et d’autres que j’invente. Je peux pas m’arrêter quand je suis enfermée dans cette chambre. Ils représentent la seule liberté à laquelle j’ai droit, une liberté qu’on peut pas me retirer, puisque personne, à part Génie, sait qu’ils existent. J’ai plus besoin de travailler. J’ai aussi quelqu’un à qui parler de temps en temps, et des mots à jeter sur du papier. Qu’est-ce que je pourrais demander de plus aujourd’hui. (p233)
c’est un roman de contrastes, comme la couverture le montre : la force et la douceur, le rude et le doux, comme un décalage, comme une vie saccagée mais où l’espoir et l’amour peuvent tenir dans les bras et le regard de cette femme pour l’enfant.
C’est une histoire de folie, celle dont il est question, celle de la folie de certains êtres mais aussi c’est une histoire de la folie livresque qui nous saisit par la qualité de l’écriture qui évite de tomber dans le glauque même si les faits sont parfois terrifiants.
Ici, c’est pas la folie des autres qui me fait peur, c’est de pas pouvoir m’y réfugier moi. (p234)
Franck Bouysse ne se contente pas de raconter une tragique histoire, il nous embarque dans le tréfonds des âmes humaines, dans ce qu’elles ont de plus noir mais aussi de plus beau. Il y est question de paysages, d’ambiance, de lieux, d’animaux, de conscience : chacun tient sa place, chacun joue son rôle et c’est tout à fait le genre de livre dont on se souvient longtemps après, qui laisse une empreinte indélébile dans notre mémoire.
La couleur de Rose est le noir
Avec son nouveau roman, Franck Bouysse confirme sa place parmi les grands explorateurs de l’âme humaine. Le destin de Rose, vendue, violentée, engrossée va vous hanter pendant longtemps. «Né d’aucune femme» est un très grand livre!
Ce qu’il y a de bien avec les romans de Franck Bouysse, c’est qu’ils sont inclassables. Ou plutôt qu’ils ravissent à la fois les amateurs de romans noirs que ceux qui se passionnent pour les histoires de terroir, ceux qui sondent les profondeurs psychologiques comme ceux qui s’intéressent à l’exploration sociologique. Sans oublier les tenants d’un style très travaillé, sensuel mais sans fioritures, classique autant que minéral. Depuis Grossir le ciel en 2014, il n’a cessé d’élargir son cercle de fans. Après Plateau et Glaise voici donc Né d’aucune femme dans lequel la corrézien réussit à se mettre dans la peau de Rose, une enfant à la destinée tragique.
Le roman s’ouvre sur les tractations de son père avec un châtelain. En échange d’une bourse, il s’empare de la fillette de quatorze ans et la met à son service sous la surveillance de sa mère, sorte de Folcoche hallucinée dont l’occupation principale consistera à ne se satisfaire d’aucune tâche accomplie par Rose. Dans une pièce inaccessible du château l’épouse du châtelain est soignée d’une grave maladie.
L’enfant souffre, mais trouve en Edmond un soutien. Après l’avoir mise en garde, il va essayer de la distraire en la faisant grimper sur le cheval dont il s’occupe. Un moment de grâce auquel assiste Onésime, son père venu la reprendre. Après s’être mépris sur les sentiments de son enfant, il sera brutalement éconduit. Sachant toutefois qu’il ne peut rentrer chez lui sans Rose, il va effectuer une nouvelle tentative qui lui sera fatale.
Pour Rose, la descente aux enfers ne fait que commencer. Le plan diabolique conçu par le châtelain et sa mère consiste à l’engrosser pour offrir une descendance. Elle n’a pas quinze ans quand elle subit son premier viol. Après une tentative de fuite, elle va vivre quasiment recluse, à la merci des assauts du «maître». Quand le docteur – complice muet de ce scénario diabolique – confirme qu’elle est enceinte, l’objectif est alors de préserver l’enfant.
Parmi les nombreuses trouvailles de Franck Bouysse, il y a celle de confier cette histoire à Gabriel, un prêtre. Dans un asile, il va trouver les carnets de Rose et nous offrir cette histoire, accompagnés des tourments de son âme. Avec lui, nous allons mener l’enquête et essayer de savoir ce qu’est devenue la recluse.
Nous allons entendre autres voix, celles des témoins qui, pour la plupart, assistent sidérés au drame qui se joue et qui détiennent une part de vérité. Qu’est devenue Rose? Qu’est-il advenu de son enfant?
Le puzzle se reconstitue pièce par pièce, avec une tension dramatique qui jamais ne s’étiole, avec des rebondissements et un final à la hauteur de cette splendide quête.
Avec Né d’aucune femme, Franck Bouysse nous offre le plus puissant, le plus noir et le plus abouti des romans de cette rentrée. Je prends le pari que si vous décidez de le lire, vous aurez une peine extrême à le lâcher. Et qu’il vous accompagnera longtemps après l’avoir fini.
Le prêtre Gabriel livre le secret qui le hante depuis maintenant bien longtemps. Le secret d’une histoire terrible, découverte dans les cahiers dissimulés sous les jupes d’un cadavre à bénir, celui d’une jeune femme décédée à l’asile, coupable d’infanticide.
Cette histoire, c’est celle de Rose, 14 ans, l’aînée de quatre filles, "la ruine d’une maison", comme le répète, sempiternellement, leur père. On est dans le monde rural d’avant les machines et les autos, de paysans frustes qui "passent sur terre en l’effleurant à peine", un monde où "sortir quatre êtres du néant, ce n’est plus de la responsabilité, c’est la folie pure". La parole y tient peu de place, on n’a ni le temps ni les moyens pour l’amour, qui finit toujours par des bouches supplémentaires à nourrir.
La vie est laborieuse, miséreuse, au point qu’Onésime, le chef de famille, commet l’impensable en vendant sa fille.
Pour Rose, c’est le début de l’enfer. Elle échoue dans un manoir isolé où une vieille femme tyrannique et sournoise règne sur un fils aux allures d’ogre et une belle-fille malade dont l’accès à la chambre constamment verrouillée est interdit. Cette sinistre compagnie est complétée d’Edmond, le jardinier, qui d’emblée intime à Rose de fuir. La jeune fille ignore son conseil et reste ; elle disparait du reste du monde, engloutie dans ce sordide microcosme où elle subit une ignominie croissante…
Le roman alterne entre les points de vue de Rose, par l’intermédiaire des cahiers retravaillés par Gabriel -stratagème tout de même un peu boiteux pour justifier l’éloquence de la jeune paysanne-, d’Onésime, père pathétique et impardonnable travaillé par le remords, et du mystérieux Edmond, torturé par un sombre secret et par la hantise de se laisser gagner par le mal qui l’environne.
Malgré le bémol exprimé ci-dessus, je dois dire que j’ai été convaincue, emportée, même, par le roman de Franck Bouysse, dont j’ai tendance à craindre les débordements lyriques, mais vers lequel je ne peux m’empêcher de revenir… alors oui, lyrisme il y a, la parole de Rose oscillant entre tournures parlées, familières, qui donnent de la spontanéité à son témoignage, et des envolées poétiques, certes de toute beauté, mais susceptibles d’en altérer la crédibilité. Cela ne m’a pas gênée : l’auteur m’a rapidement décidée à jeter aux orties tout besoin de vraisemblance. "Né d’aucune femme" m’a plongée dans un conte glauque et macabre, aux accents gothiques, où se rejouent des mécanismes de domination évoquant une lointaine époque féodale, les accents lyriques du texte s’installant comme une musique de fond pour exhausser la dimension tragique de l’intrigue.
J’ai beaucoup, beaucoup aimé.
Est-il encore nécessaire de présenter Franck Bouysse aux amateurs de polars ? Non. Il revient avec un nouveau roman bouleversant, une fois de plus : Né d’aucune femme.
Quelque part, vers le centre de la France, un jour, au XIX° siècle, dans un pays où le temps semble figé. Gabriel, curé, entend une femme dans son confessionnal. Mais ce n’est pas une confession, elle lui demande seulement de sortir en cachette deux cahiers, qu’elle a cachés sous les jupes d’une femme morte, dans l’asile d’aliénés voisin.
Gabriel accepte, et c’est ainsi qu’il commence à lire l’histoire éprouvante de Rose, vendue à 14 ans par son père au maître des forges voisines.
Franck Bouysse, une fois de plus, donne chair à des personnages et des lieux à sa façon unique. Avec beaucoup d’émotion mais sans sensiblerie, avec une grande violence mais sans voyeurisme. Il a réussi cette fois à entrer dans la peau de Rose, à parler avec sa voix de jeune fille puis de jeune femme martyrisée, fragilisée mais capable de s’appuyer sur une volonté et une envie de vivre dures et pures comme le diamant. Une jeune femme qui apporte dans certaines pages une lumière chaude et bouleversante dans ce monde peuplé de personnages atroces, violents et immoraux, ou simplement lâches.
Une fois de plus il n’a pas son pareil pour écrire les silences de personnages peu habitués à la parole, mais qui s’expriment d’un geste, d’un regard.
Et si vous croyez au début entrer dans une histoire sans surprise, tant malheureusement ce qui va arriver à Rose semble inéluctable, l’auteur sait faire courir un fil ténu de mystère autour de quelques questions qui restent sans réponses jusqu’aux révélations finales. Un suspense très fin mais très présent qui vient ajouter une tension et un mince espoir dans ce tableau très sombre d’un château de Barbe Bleue tout puissant, maître sans pitié et sans scrupules d’un monde qui est en train de disparaître.
Un nouveau très beau roman de Franck Bouysse qui, une fois de plus, va vous tordre le cœur.
« Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile ». – Et alors, qu’y-a-t-il d’extraordinaire à cela ? Demandais-je. – Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés. – De quoi parlez-vous ? – Les cahiers… Ceux de Rose. Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquelles elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin.
Comme souvent, j’arrive après la bataille mais que voulez-vous, j’attends que l’engouement retombe autour d’un livre pour m’en faire ma propre opinion! Quel roman que celui-ci! Franck Bouysse nous livre ici une histoire d’amour et de mort. J’ai frissonné, suffoqué aux côtés de Rose. Quelle puissance d’évocation!
Les premiers chapitres du roman nous mettent en présence du Père Gabriel. Lors d’une confession, une femme lui demande d’aller bénir au plus vite le corps d’une femme à l’asile. Rien d’extraordinaire à cela si ce n’est qu’il doit récupérer au passage des cahiers, ceux d’une certaine Rose, cachée sous la robe de la défunte. Gabriel va alors découvrir l’histoire de Rose jusqu’à la terrible vérité.
Franck Bouysse réussit à nous faire lire un roman tel qu’on en voit peu. Il m’a été impossible pour moi de lâcher ce roman d’une rudesse implacable. On voit le piège se refermer autour de Rose, on l’accompagne dans ce manoir aux allures de château de conte de fée, le maître a en tout cas l’aspect d’un ogre, d’un Barbe-bleue terrifiant. En lisant ce livre, je ressentais l’atmosphère pesante, le regard de « la vieille » sur Rose, la violence prête à exploser à tout moment. J’étais oppressée et fascinée par cette chute à laquelle Rose ne peut échapper, telle une souris prise au piège.
La prose de Franck Bouysse est d’une beauté infinie. Il convoque parfois des images solaires qui mettent en avant l’amour d’un père pour une fille, celui d’une mère qui n’a pas su protéger ses enfants ou encore celui d’un homme, brisé, qui ne saisit pas l’opportunité de ne plus être lâche. Il y a de la beauté dans la misère et la crasse. Ses mots remue jusqu’au fond de l’âme.
« Né d’aucune femme » est un roman époustouflant qui restera longtemps gravé en moi.
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