Notre château
  • Date de parution 04/05/2017
  • Nombre de pages 123
  • Poids de l’article 130 gr
  • ISBN-13 9782370551269
  • Editeur LE TRIPODE
  • Format 177 x 126 mm
  • Edition Grand format

Notre château

3.36 / 5 (116 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Un frère et une sour vivent reclus depuis des années dans leur grande demeure familiale, qu'ils ont baptisée Notre Château. Seule la visite hebdomadaire du garçon à la librairie du centre ville fait exception à leur isolement volontaire. C'est au cours de l'une de ces sorties rituelles qu'il aperçoit un jour, stupéfait, sa sour dans un bus de la ligne 39. C'est inexplicable. Le cocon protecteur dans lequel ils se sont enfermés depuis vingt ans vacille. On pourrait penser au Shining de Kubrick. À The Others d'Amenábar. Ou encore à La Maison des feuilles de Danielewski. En reprenant à son compte l'héritage de la littérature gothique, Emmanuel Régniez écrit un roman précis et étrange, obsédant, qu'aucun lecteur ne peut oublier. " Je soigne ma mélancolie en me racontant des histoires qui pourraient me faire peur ". Emmanuel Régniez

En stock

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  • Date de parution 04/05/2017
  • Nombre de pages 123
  • Poids de l’article 130 gr
  • ISBN-13 9782370551269
  • Editeur LE TRIPODE
  • Format 177 x 126 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Où?

Le roman se déroule principalement dans le Château situé dans une ville qui n’est pas nommée.

Quand?

L’action se situe de nos jours.

Ce que j’en pense

***

Pour ses débuts en littérature, Emmanuel Régniez s’est souvenu des contes de son enfance. Quand, entouré de ses parents, il rêvait sa vie plutôt qu’il ne la vivait. Entouré de ses sœurs, il aimait de raconter des histoires, accompagner son père dans des parties de chasse mémorables. « Nous étions si heureux au sein de notre château, au milieu des bois, sur la pente d’une colline. »

Cependant Octave n’est pas dupe. «En réalité je n’allais pas à la chasse mais j’accompagnais mon père au marché et l’aidais à vider le coffre de la voiture. Ma mère souvent râlait car mon père n’avait pas acheté ce qu’elle voulait.» On ajoutera que le château n’existait pas davantage. Du moins jusqu’au jour où un notaire annonça que la famille héritait d’une grande et belle maison, en ajoutant qu’une clause dudit testament interdisait au père d’y habiter. Cette bizarrerie a-t-elle provoqué l’accident de voiture mortel sur la route du retour ? Personne ne le saura jamais. Toujours est-il que les orphelins purent dès lors prendre possession du château.

Octave, le narrateur, et Véra vont y aménager une grande bibliothèque et y vivre quasiment reclus. « Notre monde est contenu dans Notre Bibliothèque. Notre monde est notre bibliothèque. »

Octave s’autorise une sortie par semaine, à la librairie du centre-ville, afin d’acheter quelques ouvrages supplémentaires. C’est à ce moment, très précisément le jeudi 31 mars à 14h 32, que leur existence si paisiblement réglée, va basculer.

Octave voit Véra, qui ne sort jamais et à fortiori jamais dans un bus, « dans le bus n°39 qui va de la Gare à la Cité des 3 Fontaines, en passant par l’Hôtel de ville. »

Un incident somme toute banal, mais qui mettre à mal toutes les certitudes, entrainer toute une série d’autres phénomènes étranges.

Qui a tort ? Qui a raison ? Où se situe la frontière entre l’étrange, le fortuit et l’irréel ? En choisissant de répéter certaines phrases, comme pour les marteler, l’auteur réussit à installer une atmosphère très prenante, qui nous fait douter de nos certitudes. Véra a-t-elle raison de reprocher son entêtement à Octave ? «Coupable comme tu sais l’être, tu es prêt à inventer n’importe quelle histoire».

Voilà le lecteur pris au piège, incapable de trancher. Ce couple énigmatique dans cette demeure mystérieuse a quelque chose d’hypnotique. À l’image du cahier photo de Thomas Eakins rassemblé en fin de volume. Seul petit bémol, la couverture qui est à mon sens totalement manquée et ne poussera sans doute pas à l’achat spontané en librairie. Du coup, les blogueurs sont là…

Octave et Véra vivent depuis vingt ans dans une vaste demeure sans photos ni miroirs, dont ils ont hérité à la mort accidentelle de leurs parents. "Notre Château", comme ils l'appellent, est la bulle qui les coupe du monde, le cocon entourant le couple misanthrope formé par le frère et la sœur, dont la relation fusionnelle exhale de troubles relents.


Leur isolement est volontaire, en accord avec leur décision de consacrer leur temps à lire, occupation à laquelle ils s'adonnent dans l'écrin que constitue "Leur Bibliothèque", et à l'origine de la seule sortie que s'autorise Octave, le narrateur. Tous les jeudis, il se rend en ville afin de reconstituer leur stock de livres.


Un fait insolite, survenu à l'occasion d'une de ces escapades livresques, est le préambule à une série d'événements étranges et déstabilisants qui vont fissurer la quiétude de la routine immuable dans laquelle est figée l'existence des deux habitants du château.


Octave n'oubliera jamais ce jeudi 31 mars au cours duquel il a vu, à 14h32, sa sœur dans le bus 39, qui relie la gare à la cité des trois fontaines, le quartier de leur enfance. Car Véra a une horreur quasi viscérale du bus. D'ailleurs, quand son frère annonce l'avoir aperçue en ville, elle prétend ne pas avoir mis les pieds hors de la maison...


"Notre château" est un texte intrigant, qui emprunte au genre gothique, composé de courts paragraphes dont la succession confère sa vivacité à ce texte original.


J'ai un peu craint au départ de subir un laborieux exercice de style, l'auteur usant de répétitions censées singulariser la parole de son narrateur -Octave-, qui au final alourdissent le style. Heureusement, cela ne dure pas, et l'on se retrouve rapidement envoûté par l'ambiance surnaturelle et de plus en plus angoissante qui plane sur ce singulier château, dont on se demande s'il est réel, ou un fantasme né de l'imagination du héros. Peu à peu la folie affleure, le mystère laisse subtilement la place à une horreur d'autant plus glaçante qu'elle est surtout suggérée...


Un plaisir de lecture prolongé par la découverte, en fin d'ouvrage, de photos publiées à la demande de l'auteur, prises par le peintre anglais Thomas Eakin (1844-1916), dont le caractère à la fois mystérieux et nostalgique, parfois austère, voire lugubre, colle parfaitement à l'atmosphère du roman d'Emmanuel Régniez...


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