La maison
  • Date de parution 19/08/2020
  • Nombre de pages 448
  • Poids de l’article 238 gr
  • ISBN-13 9782290227169
  • Editeur J'AI LU
  • Format 176 x 109 mm
  • Edition Livre de poche
Biographies, Mémoires

La maison

3.43 / 5 (779 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

J'ai toujours cru que j'écrivais sur les hommes. Je ne peux relire mes livres sans m'apercevoir que je n'ai jamais écrit que sur les femmes. Sur le fait d'en être une, et sur les milliers de formes que cela prend. [...] Écrire sur les putes, qui sont une telle caricature de femmes, la nudité schématique de cet état, être une femme et rien que ça, être payée pour ça, c'est comme examiner mon sexe sous un microscope. Et j'en éprouve la même fascination qu'un laborantin regardant des cellules essentielles à toute forme de vie se multiplier entre deux lamelles de verre.

livré en 5 jours

livré en 5 jours

  • Date de parution 19/08/2020
  • Nombre de pages 448
  • Poids de l’article 238 gr
  • ISBN-13 9782290227169
  • Editeur J'AI LU
  • Format 176 x 109 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Emma Becker concrétise avec ce texte son projet d’écrire sur les putes (j’utilise son propre terme, qui sous sa plume n’a rien de péjoratif ni de condescendant, bien au contraire), pour lesquelles elle éprouve une sorte de fascination. Elle choisit Berlin, ou la prostitution est légale et où les bordels ont pignon sur rue, et échoue à la Maison. Elle a une approche d’abord fondée sur l’observation, mais réalise rapidement que cette distance l’empêchera de comprendre l’expérience intime et profonde que représente la prostitution, et décide d’être elle aussi, l’une des filles de la Maison. Au fil du récit, l’écriture devient ainsi plus intense, la relation de ce qu’elle vit en tant que pute enterrant la démarche journalistique.

Sans doute faut-il d’emblée bien préciser le contexte particulier qu’est celui de cet établissement, placé sous le signe de la liberté : les filles y ont le droit de dire non et de choisir leurs clients, peuvent disparaître du jour au lendemain et y revenir de même sans subir aucun reproche…

Le texte s’élabore par touches, de manière assez foutraque, entremêle relation d’épisodes vécus, réflexions d’ordre général et questionnements plus personnels.

On y côtoie pendant plusieurs mois les employées mais aussi leurs clients de la Maison, l’auteure nous familiarisant avec ses odeurs un peu vulgaires de relents corporels et de désodorisant bon marché, son atmosphère désuète et sensuelle. Elle nous introduit jusque dans le secret des chambres où elle officie. 

La langue est crue mais jamais vulgaire, le ton est décomplexé, et l’humour omniprésent. Il y a paradoxalement une véritable fraîcheur dans la sincère curiosité avec laquelle Emma Becker décrit ces femmes, brutales ou fragiles, douces ou exubérantes, auxquelles elle rend leur singularité. Parmi elles, on s’étonne d’apprendre que certaines sont infirmières, que d’autres ont des familles, qu’elles sont là pour arrondir leurs fins de mois. Leur capacité à déplacer la notion d’affect accrochée au sexe et de s’en moquer leur permet de considérer la prostitution comme un métier aussi honorable qu’un autre, et même plus drôle et plus passionnant que beaucoup, malgré ses réalités parfois dures et déprimantes.

On est loin ici d’une vision binaire, manichéenne, qui réduirait la pute à la victime d’un exploiteur masculin régi par ses seules pulsions.

Les clients, qui viennent pour beaucoup assouvir autant un besoin physique qu’un besoin d’écoute, trouvent leur place dans le récit non pas en tant que tels mais bien en tant qu’hommes, l’auteure ramenant tout ce petit monde à hauteur d’une humanité complexe, avec ses aspects pathétiques et violents, mais aussi ses côtés touchants, ses générosités. Et il faut bien chez les filles un certain savoir-faire et surtout une grande intelligence émotionnelle, pour se retenir d’exprimer, tout en s’attachant à ne jamais bâcler le travail, les haines et les dégoûts mais aussi les compassions et les affections que suscite forcément cet échantillon de la gent masculine.

Si Emma Becker interroge avec ce récit l’image de la pute dans une société moralement corsetée par une religion millénaire ou sur ce que la prostitution révèle des mécanismes de domination patriarcale -voire dans quelle mesure elle est le reflet de "paramètres essentiels de l’humanité"-, elle le répète : son but principal est d’écrire sur les femmes, et notamment sur les formes multiples que revêt le fait d’en être une, à partir de la "nudité schématique" que représente celle de la pute. 

Une large place est également faite au désir féminin, autre sujet qui la fascine ; le pouvoir du corps à susciter le désir chez l’autre l’émerveille, et semble être l’une des grandes questions de sa vie. Précisant qu’observer les filles de la Maison a été "comme examiner son propre sexe au microscope", elle assume la dimension narcissique induite par la démarche d’écrivaine qui a rapidement supplanté celle de la journaliste. Son récit, prétend-elle, répond ainsi à une obsession pour sa propre sensualité, et à la quête d’une vérité la concernant. Mais si La Maison n’était que ça, je n’aurais pas pris tant de plaisir à le lire : il y a chez Emma Becker une générosité et un amour de ses semblables qui lui font systématiquement dépasser tout autocentrisme pour tendre vers l’altérité.


AUTRES LIVRES DE Emma Becker
Chronique blogger
Le mal joli

Le mal joli

Odile l'été

Odile l'été

L'inconduite

L'inconduite

Mr

Mr

DOLPO RECOMMANDE
Le Guerrier pacifique

Le Guerrier pacifique

Le Fanal bleu

Le Fanal bleu

L'expérience des fantômes

L'expérience des fantômes

La Maison indigène

La Maison indigène

Livraison soignée

Nos colis sont emballés avec soin pour des livres en excellent état

Conseil de libraires

et des sélections personnalisées pour les lecteurs du monde entier

1 millions de livres

romans, livres pour enfants, essais, BD, mangas, guides de voyages...

Paiement sécurisé

Les paiements sur notre site sont 100% sécurisés