
Quintette de Los Angeles Tome 3 Les Enchanteurs
Résumé éditeur
livré en 5 jours
l’avis des lecteurs
Je prends en cours de route le troisième tome du Quintette de Los Angeles après Perfidia et Le grand nulle part, heureusement, ils peuvent se lire séparément.
Nous sommes à Hollywwod en 1962, on découvre le corps sans vie de Marilyn Monroe. Dans une interprétation toute personnelle, ( pauvre Marilyne, elle en prend pour son grade) l'auteur s'empare du mystère non résolu du décès par overdose de la célèbre actrice. Alors que Los Angelès surchauffe sous la canicule en ce mois d’août, une autre starlette disparaît. Le LAPD, tenu de main ferme par son chef Bill Parker pousse Freddy Otash ancien flic tombé en disgrâce et reconverti en détective privé à se lancer dans l'enquête. Il apparaît dans une scène d'ouverture d'anthologie en haut de la falaise mais je n'en dis pas plus. Nous rencontrons une galerie de personnages secondaires importante, politiciens, policiers, acteurs sur le retour et jeunes premiers aux dents longues ne manquent pas. Il y a de quoi s'y perdre et j'avoue qu'a un moment donné j’ai laissé mon cerveau faire ses propres connexions, car impossible pour moi de tous les relier. Le style déborde de panache et présente une vision littéraire parfaitement adaptée à son cadre hollywoodien tout en s'inscrivant dans son propre univers noir. On retrouve dans ce roman policier les bases du métier, perquisitions, écoutes téléphoniques surveillance etc. Les révélations et les méthodes d'enquête sont exposées avec un savoir-faire captivant même si certaines répétitions peuvent agacer. Tout cela en suivant un rythme d'enfer pas le temps pour la moindre nuance, on fonce tête baissée. La plume d'Ellroy est toujours aussi énergisante, audacieuse et souvent drôle. Malgré le grand nombre de morts vers la fin, il accomplit un acte de bonté surprenant, laissant planer une impression de rédemption bienvenue. Bonne lecture.
« Los Angeles, 4 août 1962. La ville est en proie à la canicule, Marilyn Monroe vient de succomber à une overdose dans sa villa, et Gwen Perloff, une actrice de série B, est kidnappée dans d’étranges circonstances. Cela suffit à plonger le LAPD dans l’effervescence. Le Chef Bill Parker fait appel à une éminence grise d’Hollywood, l’électron libre Freddy Otash, qui va mener une enquête aux multiples ramifications et rebondissements. »
Tout d’abord, on ne vous fera pas l’affront de vous présenter James Ellroy. On ne vous cachera pas non plus que ses derniers romans nous ont particulièrement gonflés. On a eu beau s’y mettre à plusieurs pour le couvrir, rien n’est sorti sur le blog. Alors Ellroy serait-il devenu pénible à lire ? Evidemment non, mais certainement que les thèmes retenus avaient une portée plus limitée. Peut-être aussi que l’écriture, le style semblaient donner l’impression un peu de se moquer du lecteur perdu dans des énumérations sans fin de personnages ? L’auteur semblait se fiche éperdument de la compréhension du lecteur courageux certes mais pas non plus masochiste et encore moins pigeon. Mais, mais La tempête qui vient annoncée et qu’on avait ratée dans son précédent roman est bien arrivée avec les enchanteurs, brûlot haineux et hypnotique sur Hollywood.
En écrivant une histoire commençant à la mort de Marylin, Ellroy sait déjà au départ qu’il va accrocher le passant sous toutes les latitudes. En insérant un index, certes lapidaire, des personnages, nombreux, à la fin du roman, Ellroy donne également de belles et précieuses clés vers la compréhension de cette intrigue folle. Après le style, la patte Ellroy, c’est à vous de voir. Ellroy n’inspire jamais des sentiments tièdes, il n’aimerait pas non plus. On peut adorer comme on peut logiquement détester pour les mêmes raisons mais jamais l’indifférence ne l’emporte. Ça passe ou ça casse mais quand Ellroy est en forme, difficile de ne pas être emporté par une écriture qui dans son expression, son rythme, sa musique, colle parfaitement à l’intrigue, aux états d’âme des personnages, seuls les grands y parviennent.
Dans Les enchanteurs, Ellroy empoigne une kalash pour flinguer autant qu’il peut Hollywood. Vérités mais aussi rumeurs et faits totalement inventés sont balancés, assénés pour souiller stars, producteurs, réalisateurs, flics, politiques. Il cogne… dégueulasse tout, crée une intrigue de premier plan de tueur en série mais s’épanouit réellement dans le flingage systématique des plus grands mythes américains. Si vous avez ou tenez à garder une image un temps soit peu glamour de Marylin Monroe, malheureux, n’ouvrez jamais ce roman.
Etrange microcosme que ce Hollywood du début des années 60 où chacun tente de tenir son voisin, son adversaire par les couilles avec des dossiers « secrets ». Dans ce monde où on aime tant fouiner dans les poubelles du voisin ou de l’Histoire, Ellroy nous offre en guide le pire des fouille-merdes de la Cité des Anges, Freddy Otash. Une pourriture, une vraie saloperie et un simple passage sur sa fiche Wikipedia pourtant déjà éloquente ne permet pas de cerner dans sa réelle envergure l’éventail de ses activités criminelles. Ellroy aime beaucoup Otash déjà mis en lumière plusieurs fois par le passé. Le rythme du roman, un brin ralenti par une multitude de rapports de police, est génialement soutenu, l’intrigue pue l’urgence, on sent la folie de Olash, on perçoit la fièvre de Ellroy, ou le contraire.
Le Dog mord encore et c’est Marylin Monroe qui morfle. Du grand Ellroy!
Les tendances avec James Ellroy, c'est de se prendre en photo en sa compagnie et de s'afficher ainsi fièrement sur les réseaux sociaux ou d'adopter la posture du critique blasé en expliquant à quel point le romancier a vieilli sans être capable de se renouveler tout en fustigeant son comportement, son arrogance ainsi que son attitude conservatrice que l'on conspuera allègrement. Alors, sans jouer les fans transis, on rappellera que James Ellroy a tout de même contribué à donner ses lettres de noblesse à la littérature noire avec des romans d'envergure comme la trilogie Llyod Hopkins dont Lune Sanglante (Rivages/Noir 1987) qui nous a ravagé le cerveau tout comme Le Quatuor de Los Angeles comprenant l'emblématique Dahlia Noir (Rivages/Noir 1988). On peut continuer en évoquant Un Tueur Sur La Route (Rivages/Noir 1989) ainsi que Ma Part D’Ombre (Rivages 1997), bouleversante autobiographie de l'auteur évoquant l'assassinat de sa mère. Et comme si cela ne suffisait pas, il faut également penser à la trilogie Underwold USA qui demeure l'un des monuments de cette carrière littéraire d'une densité incroyable. Mais les esprits chagrins prétendront que le nouveau quintette de Los Angeles qu'il a entamé avec Perfidia (Rivages/Noir 2015) et La Tempête Qui Vient (Rivages/Noir 2019) n'est pas à la hauteur des attentes avec des intrigues échevelées se déroulant durant la période chaotique de la Seconde guerre mondiale dont il restitue pourtant l'atmosphère délétère avec une effarante précision. Alors bien sûr qu'au sein d'une œuvre comprenant plus d'une vingtaine d'ouvrages, dont un certain nombre de romans marquants, trouvera-t-on quelques récits suscitant un enthousiasme moindre à l'instar d'Extorsion ou de Panique Générale, mettant tout deux en scène le détective privé Freddy Otash confessant, une fois arrivé dans l'au-delà, les frasques des stars hollywoodiennes dont il a été témoin et qu'il rapportait notamment pour le compte du tabloïd Confidential. Il faut préciser que cet ancien officier de police du LAPD n'a rien de fictif et qu'il a notamment inspiré le personnage de Jake Gittes dans le film Chinatown avant qu'Ellroy ne le fasse apparaître dans American Dead Trip (Rivages/Noir 2001) et Underworld USA (Rivages/Noir 2009). Pour le dire franchement, à l'annonce d'un troisième ouvrage mettant en scène cet enquêteur sulfureux, on pouvait craindre qu'il ne s'inscrive dans la même veine iconoclaste des deux opus précédents. Néanmoins, de manière assez curieuse, Les Enchanteurs fait partie du quintette de Los Angeles en opérant un saut dans le temps conséquent, puisqu'après les deux premiers récits se déroulant durant les années quarante, on passe sans transition (tout de même comblée par Le Quatuor de Los Angeles se déroulant durant les années cinquante) à cette date fatidique du 4 août 1962 où l'on découvre le corps sans vie de Marilyn Monroe.
Rien ne va plus dans le petit microcosme hollywoodien de Los Angeles avec l'annonce de la mort de Marilyn Monroe, victime d'une overdose de médicaments tandis que l'actrice de seconde zone Gwen Perloff fait l'objet, au même moment, d'une tentative d'enlèvement se soldant par la mort d'un des ravisseurs exécuté par Freddy Otash, détective privé sulfureux, accompagné du Hat Squad dépêché par Bill Parker, responsable du LAPD désormais dans la tourmente. Expert dans la surveillance des stars du showbiz, voyeur invétéré spécialisé dans les intrusions discrètes et la pose de micros pour alimenter les ragots qu'il fournit notamment pour la presse à scandale, Freddy Otash se voit confier par les frères Kennedy une mission visant à discréditer l'image de Marilyn Monroe, au lendemain de sa mort, afin de couper court aux rumeurs de liaison clandestine avec le président des Etats-Unis nouvellement réélu. A l'occasion de cette enquête le détective privé réintègre le LAPD avec le grade de lieutenant afin que le procureur fédéral Bob Kennedy puisse avoir plus d'ascendant sur cet électron libre sous la menace d'une inculpation pour meurtre notamment. Ainsi, au gré de ses investigations Freddy Otash va mettre à jour les agissements d'un prédateur que l'on désigne comme Le Satyre qui s'en prend aux femmes seules dont il met les maisons à sac. Et puis, il y a les studios de la Fox recourant à d'étranges expédients pour pallier au gouffre financier que représente le tournage de Cléopâtre ainsi que cet obscène "Catalogue de Filles" que l'acteur Peter Lawford a partagé avec son beau-frère Jack Kennedy. Comment Freddy Otash va-t-il se dépêtrer d'un tel chaos secouant les notables d'une ville de Los Angeles complètement dévoyée ?
Pour celles et ceux qui n'apprécieraient pas le style Ellroy, il vaut mieux passer son chemin car le vieux briscard du polar est de retour avec une écriture encore plus affirmée, n'en déplaise aux détracteurs qui y trouveraient une certaine redondance. Néanmoins, à l'heure où la standarisation de l'écriture devient un enjeu commercial, il faut se poser la question de savoir qui écrit comme Ellroy, hormis quelques auteurs s'inspirant de son style avec plus ou moins de bonheur ? Qui est encore capable, au gré de plus de 600 pages, de nous assener ce rythme dantesque qui s'inscrit tant dans la trame narrative que dans la musicalité d'un texte survolant le marasme de ces romans convenus que l'on nous inflige à longueur d’année ? Ainsi, Les Enchanteurs nous apparaît comme une salutaire bouffée d'oxygène littéraire se déclinant au gré d'une intrigue resserrée qui s'articule autour de la personnalité de Marilyn Monroe, icône mythique de Hollywood que James Ellroy s'emploie à déconstruire avec une hargne démoniaque. Pour y parvenir, le romancier se concentre donc autour du point de vue unique de Freddy Otash qui apparaît comme une véritable crapule bouffant à tous les râteliers pour s’extirper des mauvaises passes dans lesquelles il peut s’engouffrer pour faire de l’argent en travaillant tantôt pour Jimmy Hoffa pour salir la réputation des Kennedy, tantôt pour Bill Parker pour redorer le blason d’un LAPD controversé ou même pour la famille Kennedy afin d’empêcher que les rumeurs n’entachent leur réputation. Et c’est bien de cela qu’il s’agit dans Les Enchanteurs où James Ellroy, dans un mélange dantesque de rumeurs et de faits historiques, décline sa propre vérité d’une ville de Los Angeles qu’il s’emploie toujours à démystifier avec un acharnement obsessionnel qui vous secoue les neurones. Parce que, comme à l’accoutumée, il faudra s’accrocher pour saisir les différentes intrigues qui jalonnent le récit oscillant entre des faits d’actualités véridiques et une fiction vertigineuse et foisonnante mettant en scène plus d’une trentaine de personnages dont la plupart ont réellement existé. Et pour en revenir à Freddy Otash on saluera l’évolution d’un individu véritablement abject qui peut, malgré tout, se comporter avec une certaine élégance, plus particulièrement à l’égard des femmes marquantes qu’il côtoie à l’instar de Loïs Nettleton dont il est éperdument amoureux, tout comme de Patricia Kennedy Lawford et de Gwen Perlof, cette actrice de série B qui le fascine. Et si l’on veut rester sur le registre des personnages féminins manquants on appréciera la présence de Natasha Lytess qui fut la coach de Marilyn Monroe ainsi que celle de Georgia Lowell Farr, jeune artiste en devenir qui va se brûler les ailes en côtoyant la star de Hollywood. Ainsi, au-delà du mépris qu’il affiche pour Marilyn Monroe, apparaît de manière sous-jacente, la violence des dirigeants des studios vis-à-vis des stars mais également du staff composant cette usine à rêve qui prend la forme d’un véritable cauchemar extrêmement cruel. Tout cela se met en place sur le rythme effréné d’une enquête policière d’une violence inouïe, mais également d’un réalisme impressionnant se traduisant par un enchainement de fausses pistes foireuses, d’interrogatoires abusifs, de fastidieuses consultations de fichiers nous entrainant dans une cavalcade effrénée à travers les rues de Los Angeles que l’on parcourt à toute blinde, enivrés que nous sommes par un texte plein de fureur nous rappelant les enquêtes déjantées du sergent Lloyd Hopkins, plus particulièrement dans A Cause De La Nuit (Rivages/Noir 1987) où le fameux "Voyageur de la Nuit" nous renvoie aux manipulations des psychiatres côtoyant Marilyn Monroe, ainsi que les investigations inquiétantes de l’agent du FBI Kemper Boyd dans American Tabloïd (Rivages/Thriller 1995) où planait déjà l’ombre des Kennedy. Voyeurisme pervers, manipulations perfides, confrontations aussi brutales que sanglantes, Les Enchanteurs prend l’allure d’un roman endiablé aux entournures sordides qui vous dépouilleront de vos dernières illusions sur le mythe du rêve américain et de son corollaire hollywoodien.
Rythmé par les allitérations et les anaphores, bourré d'argot, de personnages à moitié timbrés, de mauvais sentiments et de sales manières, ce roman-monde à la narration hypnotique est l'histoire d'une obsession. Celle d'un narrateur qui retourne sans cesse sur les mêmes lieux, avec toujours les mêmes questions, jamais de réponse. « J'ai cogité sur tout ça. Les guerres de cancan étaient mon job. Les bonnes crasses, ça me connaissait. » Plus qu'une vie imaginaire de Freddy Otash ou qu'une chronique de la magnétique année 1962, Les Enchanteurs s'impose comme un art poétique — non pas tant l'écriture d'une histoire que l'histoire de l'écriture — où il est nécessaire que les êtres meurent et qu'un monde s'achève pour que s'accomplisse enfin leur résurrection poétique.
TTT - Très Bien "Le monde imaginaire embusqué dans les ténèbres prend une ampleur démente. Hollywood s’effondre dans une cascade de drames, de sarcasmes, de meurtres et de coucheries drôles et pittoresques. Avec les années et les milliers de pages alignées, James Ellroy a conquis la plus absolue des libertés. Ses romans ignorent toutes les limites. Peu importent le vrai et le faux, il croit dur comme fer à ses fantasmes et leur donne une intensité qui précipite le lecteur derrière un miroir sans tain où la comédie humaine est aussi grotesque qu’effrayante. Et l’innocence, toujours, massacrée."
Livraison soignée
Nos colis sont emballés avec soin pour des livres en excellent état
Conseil de libraires
et des sélections personnalisées pour les lecteurs du monde entier
1 millions de livres
romans, livres pour enfants, essais, BD, mangas, guides de voyages...
Paiement sécurisé
Les paiements sur notre site sont 100% sécurisés