Replay

Loïs est journaliste scientifique, elle a une mauvaise relation avec sa mère et cherche le grand amour sur les applications de rencontre. D’ailleurs elle est totalement accro à divers sites qui lui permettent de gérer sa vie, sa santé et son alimentation. Elle rencontre Tristan un concepteur de jeux vidéo, c’est le coup de foudre réciproque et immédiat. Après un mois de discussions passionnées, il l’invite pour le week end dans sa maison de Normandie. Il veut lui faire découvrir son nouveau jeu qui permet une expérience de sexe virtuel, mais elle le vit mal et Tristan ne l’écoute pas quand elle lui demande d’arrêter. Ce qui dégénèrera en bagarre et finira au tribunal. Comme souvent dans ces cas, leur version diverge, Loïs n’arrive pas à sortir de la dépression suite à ce qu’elle a vécu comme une agression sexuelle, même si elle n’était que virtuelle alors que Tristan compte bien la reconquérir. Pour cela il conçoit un jeu, Replay, qui permet de revivre son passé qu’il s’agisse de situations heureuses ou malheureuses, en les modifiant ou non ou en les transposant dans des scénario fantaisistes comme devenir un super héros etc. Le jeu remporte un franc succès, Tristan en envoie un exemplaire à Loïs et lui propose cent mille euros de dédommagement pour la remercier d’être à l’origine du jeu. Malgré les mises en garde de ses amis, Loïs accepte et s’envole pour la Californie, toutefois elle repousse Tristan toujours amoureux et désormais bien décidé à se venger de cette humiliation.

L’intrigue principale porte sur les nouvelles technologies et leur impact sur nos vies, sur les risques de manipulations de nos données. Elle est vraiment très flippante, pas tant à cause de l’histoire elle-même, mais de l’avenir qu’elle fait entrevoir. Est-ce d’ailleurs encore de la science fiction vu le développement fulgurant de l’I.A. ? La réalité virtuelle et le monde des applications jouent déjà un rôle important dans nos vies, même si on n’est pas spécialement accro aux jeux en ligne. Le roman souligne les risques de dérives quand ce monde prend trop de place, mais on ne peut nier les bienfaits apportés par ce domaine, il n’y a qu’à voir les innombrables blogs en tous genres qui nous permettent de vivre nos passions. Il faut trouver un juste milieu, tout n’est pas à jeter.

Heureusement, même si le développement du jeu est important dans le livre, on n’est pas noyé sous des termes techniques incompréhensibles. Il y aussi une réflexion sur les conséquences éthiques de la réalité virtuelle, par exemple le viol ou le meurtre d’un avatar est-il un délit ? Oui pour Loïs, non pour Tristan, vu qu’il ne l’a pas touchée en vrai, du moins avant leur bagarre. Une psychiatre s’associe à Tristan pour utiliser le jeu en thérapie, là aussi il y a une réflexion sur les limites de cette pratique. En l’occurrence ce médecin est surtout attirée par l’appât du gain comme on le comprend à la fin, mais ces technologies peuvent permettre d’apporter des soins. Je sais par exemple que la réalité augmentée est utilisée par les physiothérapeutes (terme suisse pour kinésithérapeute) à la pointe du progrès, par exemple pour traiter les vertiges rebelles aux médicaments, et c’est très efficace. Ce n’est pas, comme souvent, la technique qui pose problème, mais ce qu’on en fait.

Le roman soulève d’autres problématiques de notre société comme l’appât du gain, l’attrait de l’argent facile, le cancer et la fin de vie. Il est vraiment très addictif et assez flippant. La lecture faite par Céline Melloul est très réussie pour donner vie aux différents personnages, par contre je n’ai aimé les plages de musique électroniques entre les chapitres, simplement parce que je n’apprécie pas ce genre. Un grand merci à Audiolib et Netgalley pour ce thriller psychologique et un peu futuriste que je recommande chaleureusement.