Bristol
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Le réalisateur, le cadavre et la starlette
Une mort suspecte, un film qui fait un flop, une fuite qui soulève bien des questions et Jean Echenoz au meilleur de sa forme ! Un roman allègrement mené, qui emprunte les codes du polar, et réjouira tous ceux qui le liront.
Laissons à Jean Echenoz le soin de présenter son personnage principal, Robert Bristol. « Allons-y donc : après avoir tourné quatre ou cinq courts métrages restés confidentiels, il a réalisé une douzaine de films de fiction dans des genres divers – policier, fantastique, espionnage, guerre –, accueillis par des succès d’estime quoique sans jamais toucher un grand public même si, parmi ceux qui ont tenu plus de trois semaines en salles, on peut quand même citer Personne suivante, Les Nénuphars et Priez pour elle qui a remporté un Clap de bronze – c’est l’objet qu’on a vu tout à l’heure, posé sur la cheminée – aux Journées cinématographiques de Panazol, puis fait l’objet d’une controverse remarquée pendant les Rencontres de Gap, à l’occasion d’une rétrospective Robert Bristol au cours de laquelle avaient été projetés trois de ses documentaires, consacrés à un peintre (François-Marie Firmin-Girard), une chanteuse (Germaine Veillé) et un philosophe (Louis-Claude de Saint-Martin), parfois rediffusés sur une chaîne culturelle, leur auteur ayant également conçu une série de spots publicitaires pour la boisson gazeuse énergisante Bulloz, production marginale mais lucrative pour ce cinéaste qui a été marié puis divorcé deux fois mais vit à présent seul, surveille son hyperglycémie et mesure un mètre soixante-seize : voilà qui est fait. »
Quand s’ouvre le roman, il se rend à un rendez-vous avec l’actrice qui doit tenir le premier rôle dans sa prochaine réalisation, l’adaptation d’un best-seller de Marjorie des Marais intitulé Nos cœurs au purgatoire. Il en peaufine les derniers détails avant de s’envoler dans le Sud-Est africain où il entend situer ce long-métrage. Mais il faut pour cela que « les Sofica, banques et télévisions et autres guichets de financement confirment leur soutien, que le Conseil général des Pays de la Loire maintienne son aide – trois scènes n’étant prévues à Nantes qu’afin de la décrocher –, que Jacky Pasternac soit toujours partant pour le rôle de Jean-Claude, que les contrôleurs de gestion avalisent le tournage en décors naturels, que Marjorie des Marais donne son accord sur les nouveaux dialogues. »
Sans doute absorbé par son projet et distrait par le bruit ambiant, il ne réalise pas qu’en sortant de chez lui un homme s’écrase à quelques mètres de lui, après avoir chuté du cinquième étage de son immeuble. Ce n’est qu’après avoir entendu un cri d’horreur et vu les personnes présentes se précipiter qu’il prendra conscience du drame et constatera que la victime lui est inconnue.
Comme dans tout bon polar, il faudra attendre la fin pour connaître le fin mot de ce fait divers. Entre-temps nous aurons fait la connaissance d’une romancière à la Barbara Cartland, vivant dans un somptueux domaine et dont le succès lui permet de coproduire le film tiré de l’un de ses best-sellers, dont voici sommairement l’argument : « Chloé vient d’épouser Franck, jeune ingénieur des Mines promis à une belle carrière. Tous deux quittent la France pour l’Afrique où les attend une confortable existence postcoloniale. Mais bientôt ce rêve se transforme en cauchemar : Franck se met à boire, trompe Chloé avec des prostituées locales, se compromet sous l’emprise d’hommes politiques véreux, se corrompt à leur contact, devient brutal et prend du poids : Chloé vit alors un calvaire. Elle tente d’oublier son malheur en se portant au secours, en pleine brousse, des populations les plus déshéritées dont s’occupe une organisation non gouvernementale. Franck a beau s’opposer à cette initiative, Chloé s’obstine dans sa mission. C’est alors que survient, tombé des cieux, un jeune homme athlétique prénommé Jean-Claude, bien sous tous rapports, pauvre mais honnête et en quête d’aventure : Chloé vit alors une passion. Fou de jalousie, Franck tente d’attenter aux jours de Jean-Claude qui, après s’être confronté à l’ingénieur, s’enfuit avec Chloé au cœur du continent africain. »
En contrepartie de son engagement financier, Marjorie des Marais va imposer l’actrice principale, au grand dam du réalisateur qui envisageait plutôt une actrice de renom pour ce rôle.
Mais faisant mauvaise fortune, bon cœur toute l’équipe part pour l’Afrique où, comme cela était prévisible, tout ne se passe pas comme prévu. Mais au terme de nombreuses péripéties le film est tout de même bouclé. Mais il ne fera pas la fortune de Robert Bristol, ni de ses associés. C’est peu dire que cette œuvre est accueillie froidement. Un flop qui aura des conséquences en rafale et qui régaleront le lecteur. Car l’humour ravageur de Jean Echenoz fait à nouveau merveille. Après Vie de Gérard Fulmard et Baobab, il nous en donne ici une époustouflante illustration.
T T T T : Cadrages, focales, plongées et contre-plongées, travelling, plan-séquence, effet de zoom, montage… : chapitre après chapitre, scène après scène, Jean Echenoz emprunte ostensiblement, et de façon virtuose, à la grammaire du cinéma pour conduire et construire ce Bristol renversant, elliptique, parfois jusqu’au vertige.
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