Cycle Tokyo
  • Date de parution 16/03/2022
  • Nombre de pages 432
  • Poids de l’article 498 gr
  • ISBN-13 9782743655754
  • Editeur RIVAGES
  • Format 225 x 156 mm
  • Edition Grand format
Policier historique

Cycle Tokyo Tome 3 Tokyo revisitée

3.52 / 5 (32 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

1949. Shimoyama, le président des chemins de fer japonais a disparu. Son corps ne tarde pas à être retrouvé, démembré, sur les voies. Shimoyama venait de procéder au licenciement de 30 000 travailleurs du rail, il était donc devenu une cible potentielle. Harry Sweeney, flic désabusé du Montana, se retrouve chargé d'enquêter, sans conclusion définitive. L'affaire rebondit en 1964 lorsqu'un auteur qui devait écrire sur l'affaire Shimoyama disparaît. Cette fois, c'est un privé, Murota Hideki, qui tente de remonter la piste. L'affaire rebondira une dernière fois en 1989, alors que l'empereur Hirohito est mourant. Donald Reichenbach, un ancien agent de la CIA devenu un brillant traducteur, semble rattrapé par son passé...

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  • Date de parution 16/03/2022
  • Nombre de pages 432
  • Poids de l’article 498 gr
  • ISBN-13 9782743655754
  • Editeur RIVAGES
  • Format 225 x 156 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Même s'il nous a fait patienter avec Rouge Ou Mort (Rivages/Noir 2014), une ode à la gloire de Bill Shankly, l'entraîneur mythique du Liverpool Football Club, il aura fallu attendre dix ans afin que s'achève la trilogie japonaise que David Peace avait entamée en 2008 avec Tokyo Année Zéro (Rivages/Noir 2008) suivie de Tokyo Ville Occupée (Rivages/Noir 2012) et qui se conclut donc avec Tokyo Revisitée représentant l'achèvement d'un cycle dantesque tournant autour de trois faits divers emblématiques reflétant les caractéristiques de la société japonaise contemporaine. Que ce soit avec son Quatuor du Yorkshire (Rivages/Noir 2017), ou son anthologique GB 84 (Rivages/Noir 2004) David Peace nous livre des œuvres d'une rare intensité avec cette particularité d'une prose scandée qui soumet le lecteur à l'épreuve d'un texte à la fois hallucinant et déroutant, sublimant ainsi une intrigue bouleversante et une atmosphère cauchemardesque. De l'audace, parfois même de la folie, c'est ce qui caractérise l'œuvre de cet auteur mythique de la littérature noire qui revient donc sur le devant de la scène avec ce très attendu Tokyo Revisitée demeurant probablement le plus abordable parmi tous ses romans, ceci sans sacrifier à l'excellence d'un récit qui conclut de manière magistrale cette trilogie japonaise dont l'intrigue se focalise sur la mort de Sadanori Shimoyama, président des chemins de fer japonais, qui reste, aujourd'hui encore, l'un des faits divers les plus marquants du pays.

5 juillet 1949 à Tokyo, les services de police sont sur les dents, depuis l'annonce de la disparition de Sadanori Shimoyama, le président des chemins de fers japonais, dont le corps démembré est finalement découvert le lendemain sur une voie ferrée à proximité d'un lieu-dit que les cheminots surnomment le Carrefour Maudit. Suicide, meurtre ou accident ? La question demeure pour cet éminent personnage sous pression qui devait licencier plusieurs milliers d'employés, ceci sur instance des forces alliées occupant le pays. Originaire du Montana, flic tourmenté, Harry Sweeney est chargé de l'enquête en collaborant avec les forces de police japonaise tandis que ses supérieurs affirment qu'il s'agit d'un meurtre fomenté par les syndicats communistes des chemins de fer. Au gré d'investigation hasardeuses, l'affaire se révèle peu concluante. Elle rebondit pourtant en 1964, lorsque le détective privé Murota Hideki est chargé de retrouver un auteur de roman policier détenant tous les tenants et aboutissants de l'affaire mais qui aurait subitement disparu. Puis l'on se retrouve en 1988 à suivre les pérégrinations de Donald Reichenbach, un individu étrange, travaillant comme traducteur, qui nous révélera peut-être le fin mot d'une affaire touchant de près les services secrets américains de l'époque.

Comme tous les ouvrages de David Peace, il importe de saisir la dimension politique de l'époque et plus particulièrement celle concernant Tokyo Revisitée où en 1949, la Chine se tourne définitivement vers le communisme tandis que la Corée du Nord sous influence de l'URSS a des velléités d'annexer le Sud qui est sous influence américaine. A partir de ce contexte, on comprend l'inquiétude des Alliés occupant le Japon et qui voient d'un très mauvais œil la montée en puissance des syndicats communistes et plus particulièrement de celui des chemins de fer japonais qui s'oppose aux licenciements massifs orchestrés par le président Sadanori Shimoyama qui fait l'objet de nombreuses menaces de mort. C'est autour de cette situation géopolitique en lien avec le décès de cet homme et de l'émotion que cette tragédie a suscité au sein de la population, que David Peace orchestre ainsi son récit qui se déroule sur trois époques différentes nous permettant de saisir les dimensions sociales d'une ville de Tokyo prenant l'allure d'une entité labyrinthique cauchemardesque dans laquelle se perdent les trois personnages tourmentés que sont le policier Harry Sweeney, au comportement suicidaire, le détective privé Murota Hideki au caractère instable qui frise la folie et le traducteur Donald Reichenbach peinant à assumer son homosexualité tandis qu'il se remémore les événements de 1949 dans lesquels il a été impliqué. On observe ainsi l'évolution d'une ville qui se reconstruit sur un magma de ruines et de morts avec un aspect onirique où certains protagonistes doivent composer avec des fantômes omniprésents qui ne cessent de les hanter. C'est notamment sur cet aspect que l'écriture de David Peace prend tout son sens avec cette scansion caractéristique restituant l'atmosphère oppressante de l'époque et le désarroi d'individus perdant pied peu à peu, ceci à mesure de l'emprise obsédante que prend cette affaire et dont David Peace s'empare avec le talent habituel et la somme de documentation hallucinante qu'il restitue dans l'ensemble d'un texte d'une richesse sans commune mesure qui se mérite et se savoure en même temps au gré d'une lecture éprouvante marquant, comme toujours, le lecteur qui s'aventure dans un univers à nul autre pareil. Un grand moment de littérature.

Dernier volet du triptyque tokyoïte de David Peace, cet opus, comme les deux précédents, s’inspire d’un réel fait divers : la mort, restée à ce jour mystérieuse, de Shimoyama, président de la société nationale des chemins de fer, dont les morceaux du cadavre sont retrouvés éparpillés sur les rails. Bien que les circonstances en marquent durablement l’opinion, l’événement ne surprend pas vraiment. Placé à la tête de l’entreprise pour en réduire le déficit, Shimoyama avait pour mission de dégraisser fortement les effectifs. L’annonce des 100 000 licenciements prévus avait fait fleurir des menaces de mort à son encontre sur les murs de la ville. On savait par ailleurs l’homme fortement tourmenté par cette situation où il avait été impliqué à son corps défendant.

Le récit se découpe en trois volets, respectivement focalisés sur une brève période et sur un personnage, qui vont peu à peu préciser l’affaire sans jamais vraiment la résoudre. 

Dans la première, qui se déroule en juillet 1949, on suit Harry Sweeney, inspecteur de police travaillant pour les autorités américaines qui occupent alors le Japon. Son succès lié au démantèlement de gangs locaux a incité ses supérieurs à lui confier l’enquête sur la mort de Shimoyama. Flic doué mais torturé, poursuivi par des fantômes et pétri de remords dont on ne connaitra jamais la cause, il paie ses fréquentes gueules de bois d’une allure négligée et d’un désespoir latent qui à l’occasion génère des pensées suicidaires. 

L’enquête piétine, soumise à des intérêts contradictoires, les autorités locales penchant pour un suicide, quand celles de l’Occupation, déjà animées par les tensions haineuses de la guerre froide naissante, s’acharnent à vouloir mettre le crime sur le dos des syndicats communistes. Sweeney doit composer avec le nid de vipères que forment toutes les forces en présence, représentatives de celles qui constituent les hautes instances de ce Japon occupé -officiers et civils américains, bureaucrates, politiciens, hommes d’affaires et yakuzas… Lui-même n’est pas exempt de sombres paradoxes, porteur d’une violence qu’il ne maîtrise pas toujours et entretenant des liens suspects avec le chef du banditisme tokyoïte. Son humeur sinistre fait comme écho à l’atmosphère de la ville vaincue, ravagée par le marché noir, la prostitution et la pauvreté, que plombent par ailleurs une chaleur et une humidité permanente qui la rendent suintante et nauséabonde...

Un bond de quinze ans en avant nous emmène en juin 1964, où nous faisons la connaissance de Murota Hideki, ex-flic devenu détective et qui, s’il est japonais, présente pas mal de points communs avec l’américain Sweeney, notamment une tendance à boire plus que de raison et à se laisser porter à des accès de violence. Vivotant dans un logement insalubre, lui-même offrant une apparence crasseuse, il est aussi en proie aux réminiscences d’un passé que l’on devine douloureux. Une maison d’éditions le sollicite pour retrouver la trace de l’écrivain Roman Kuroda, à qui elle a versé une avance substantielle pour l’écriture d’un ouvrage sur le meurtre de Shimoyama, qui obsède le romancier. La disparition de ce dernier est entourée de rumeurs louches et confuses, entre autres celle d’un internement en hôpital psychiatrique. 

Dans une ville de Tokyo s’apprêtant à accueillir les Jeux Olympiques, là encore balayée par une pluie persistante, Murota Hideki entame, sur la base d’un carnet d’adresses appartenant à Roman Kuroda, une quête labyrinthique et de plus en plus hallucinée.

La troisième partie du roman le clôt sur l’année 1988, au moment de l’agonie, dont les médias suivent chaque étape, de l’Empereur Hirohito, au pouvoir depuis 1945. L’américain Donald Reichenbach est resté vivre au Japon depuis qu’il y a été envoyé pour le compte de la CIA au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Une rencontre aussi inattendue que contrariante ravive ses souvenirs d’alors.

Si les différents points de vue que nous font aborder ces trois parties lancent des pistes plus ou moins tangibles sur le meurtre de Shimoyama, ce dernier conserve une grande part de nébulosité dont l’auteur tire profit pour nous livrer une de ces intrigues complexes et ténébreuses dont il a le secret, parsemée d’ellipses et d’omissions volontaires, plongeant le lecteur dans un univers oppressant qui par moments confine au cauchemar. 

J’ai souvent pensé à Doudoumatous au cours de cette lecture que nous avons faite en commun, curieuse de savoir ce qu’elle allait penser non seulement de cette étrange atmosphère, mais aussi et surtout du style particulier de l’auteur. Un style auquel j’adhère habituellement sans réserve, âpre et lancinant, qui rend ses textes aussi puissants qu'éprouvants. Or, j’ai eu l’impression qu’ici, David Peace avait voulu nuancer la sécheresse de son écriture tout en conservant sa dimension hypnotique. Le texte alterne ainsi entre une relative linéarité et des successions de phrases brèves et répétitives, décomposant minutieusement et avec insistance actions ou états d’âme. Cela s’est amélioré au fil du récit mais j’ai trouvé ces passages au départ plutôt pénibles, donnant l’impression que l’auteur échouait à trouver l’équilibre entre technique narrative et fluidité du texte. Je me suis alors posé la question de la traduction, et de la probable difficulté à retranscrire la musicalité recherchée par l’auteur. J’ai d’ailleurs eu l’occasion d’assister lors de la sortie de ce titre à une rencontre avec David Peace, le romancier Hervé Le Corre y faisant office d’interprète. Ce dernier a lu des passages du roman en version originale afin d’illustrer l’oralité rendue par le style itératif, évoquant sa sombre et entêtante poésie. Certes. Mais l’ayant personnellement lu en français, je crains de n’avoir pas pu apprécier pleinement la portée formelle du texte, notamment dans sa première partie.


TTT - Très Bien "Avec Tokyo revisitée, le romancier britannique David Peace met fin à sa trilogie japonaise, qui se déroule pendant l’occupation militaire américaine. Après Tokyo année zéro (2008), où sévissait un tueur en série dans un décor de fin du monde, en l’année 1945, puis Tokyo ville occupée (2010), centrée sur un fait divers situé deux ans plus tard, Tokyo revisitée a pour point de départ la mort mystérieuse de Shimoyama Sadanori, président des chemins de fer japonais. Son corps est retrouvé sur une voie ferrée au nord de la capitale, fauché par un train. S’agit-il d’un suicide ou d’un meurtre ? La veille, Shimoyama annonçait le licenciement massif de dizaines de milliers de cheminots, sur décision des forces d’occupation américaines. David Peace s’appuie, comme chaque fois, sur une documentation imposante, mais construit avec un talent époustouflant une fiction à plusieurs niveaux et trois époques. Telle une trilogie dans la trilogie."

Fièvre japonaise

Le pitch

Tokyo, 1949. Comme point de départ, l’une des affaires les plus retentissantes du Japon moderne, digne de l’assassinat de Kennedy selon Peace : la mort mystérieuse de Shimoyama Sadanori, le président des chemins de fer japonais. Suicide ou meurtre ? L’homme, qui devait assumer le licenciement de 30 000 salariés du rail, était en danger, menacé. Construit avec un talent époustouflant, cette fiction ultra documentée se lit à plusieurs niveaux et trois époques. Telle une trilogie dans la trilogie. Écrit dans le style « David Peace », toujours aussi âpre, fiévreux et inimitable. Un immense roman noir.

N.B. Avec Tokyo Revisitée, David Peace boucle sa trilogie japonaise qui se déroule pendant l’occupation militaire américaine, entamée en 2007 avec Tokyo année zéro, puis poursuivie avec Tokyo, ville occupée en 2009. Chaque roman peut aussi être lu les uns indépendamment des autres.


Pourquoi je vous le conseille ?

Pour mieux comprendre le Japon contemporain à travers certains faits-divers qui nous ont totalement échappés. Car « le crime est une clé de lecture formidable d’une époque. » Dixit David Peace, qui réussit à tisser finement l’histoire et la fiction, les personnages réels et des héros inventés. Parce que l’auteur s’appuie sur une immense documentation, lui qui est Tokyoïte depuis 1994. Car ses personnages sont complexes, obsessionnels. Pour le style, incontestablement. L’incantation, la poésie, le rythme. Car cette écriture habitée procure une expérience de lecture hors du commun. Et je pèse mes mots.

L’ECRITURE, LE STYLE INIMITABLE. Le « style David Peace », est fait de pur romanesque, de poésie, de fragments répétitifs, d’apparitions fantomatiques, de rêves, d’ellipses incessantes. Des passages entiers rythmés comme des incantations. Des sonorités qui valent sensations. L’auteur multiplie les registres, variant les voix, du rapport de police aux rêves prémonitoires, des descriptions criminelles aux chants funèbres. Une succession de phrases, de mots ou d’interjections scandés, répétés, martelés. Des flux de conscience où cohabitent fantasmes et hallucinations. Un style qui réclame l’attention. Il faut parfois faire des pauses, s’arrêter pour retrouver son souffle. Un rythme fiévreux qui porte les personnages aux limites de la santé mentale. « Ils sont venus, vêtus de noir et de blanc, par centaines, par milliers formant une longue file, une queue immense qui s’étire tout le long de la rue jusqu’à l’orée du parc. Vêtus de noir et de blanc, par centaines, par milliers, une longue file, une queue immense qui avance, lentement, lentement, pas à pas, des heures durant, sous le soleil, le soleil de l’après-midi, vers la porte, vers le temple. Vêtus de noir et de blanc, par centaines, par milliers, une longue file, une queue immense qui avance, lentement, lentement, pas à pas, pendant des heures, sous le soleil, le soleil de l’après-midi, pour aller s’incliner devant le défunt en signe de deuil, pour honorer Sadanori Shimoyama… ».

DES PERSONNAGES HABITÉS. Portés par leur obsession de la vérité, ils avancent avec l’angoisse du détail chevillée au corps. Ils répètent les mêmes gestes, recommencent les mêmes parcours, encore et encore, dans un monde cauchemardesque. Trois personnages qui se répondent sur trois temporalités. Une trilogie dans la trilogie. Harry Sweeney, un flic du Montana, totalement décalé dans le Tokyo de 1949, inspiré d’un personnage réel comme tout droit sorti d’un roman de Dashiell Hammett. Murota Hideki, le détective privé japonais de 1964, était déjà un personnage de Tokyo année zéro. Donald Reichenbach enfin, qui apparait à la fin des années 80, ex-agent de la CIA devenu traducteur, digne héritier des héros de roman d’espionnage à la John le Carré ou Norman Mailer, éternel apatrideDans une atmosphère moite, pluvieuse, ces hommes au passé incertain, aux secrets pesants, sombrent peu à peu, l’alcool aidant. Pris au piège de leurs obsessions. Un grand roman noir aussi éprouvant que passionnant.

UN PASSÉ QUI ÉCLAIRE LE PRÉSENT. David Peace est un gaijin, un étranger (anglais en l’occurrence) vivant au Japon depuis 1994. « J’ai écrit la trilogie de Tokyo pour comprendre la ville actuelle. (…) Il y a eu beaucoup de crimes pendant l’occupation américaine et j’en ai sélectionné quelques-uns qui ont une pertinence par rapport au présent. » L’auteur, ici comme dans le reste de son œuvre, unit l’histoire d’un pays et la fiction policière, le passé et le présent. En l’espèce, il part du constat que “L’occupation américaine au Japon est une période brève mais importante pour la formation de la société japonaise contemporaine. On ressent encore cette grande tension aujourd’hui. En fait, si j’ai voulu traiter cette période, c’est parce qu’elle est importante dans la vie sociale du pays, et qu’il faut s’imprégner du passé pour comprendre le présent. ”


Je n’avais pas arrêté de lire, j’avais juste attaqué un monument qui demande du temps et de la concentration. Mais la lecture de Tokyo revisitée de David Peace rend au centuple les efforts consentis.

1949, dans une ville sous occupation américaine, Sadanori Shimoyama, nouveau président des chemins de fer japonais est assassiné. Dans un pays en proie à la misère, à la lutte contre le parti communiste, à la haine des étrangers, nombreux étaient ceux qui voulaient la peau du trop honnête Shimoyama. A commencer par les 100 000 cheminots que les autorités américaines, soutenues par les grands patrons japonais l’obligent à licencier.

Entre 1949, 1964 à la veille des JO, et 1988 année de la mort de l’empereur, trois hommes vont enquêter sur ce meurtre : Harry Sweeney, flic américain originaire du Montana, Murota Hideki, privé chargé de retrouver un écrivain fasciné par l’affaire Shimoyama, et finalement Donald Reichenbach, traducteur, en poste à Tokyo pour le compte de l’espionnage américain depuis 1948.

La lecture de Tokyo revisitée demande donc du temps, et même du temps de cerveau disponible car il faut un minimum de concentration. Non que l’histoire ou l’écriture soient compliquées. Mais le style, hypnotique, incantatoire donne envie de s’arrêter souvent, et presque de lire à haute voix pour vérifier comment le rythme que l’on sent, qui transporte, fonctionne à l’oral. A ce sujet deux remarques. La première, chapeau monsieur Jean-Paul Gratias. Garder en changeant de langue cette qualité rythmique plus proche de la poésie que de la prose, respect et admiration. La deuxième, j’ai raté la rencontre avec David Peace à Toulouse, mais il parait que le voir et l’entendre lire son texte est une expérience marquante.

Je suppose que l’on peut être immédiatement expulsé du bouquin si on n’est pas emporté par le flot. Et d’ailleurs habituellement je préfère les styles qui font dans la simplicité et la fausse impression d’évidence que ceux que l’on pourrait qualifier de plus « littéraire » (parce que c’est aussi très littéraire de faire simple). J’adhère la plupart du temps à la maxime d’Elmore Leonard, « si ça ressemble à de l’écrit, alors je réécris ». Mais là, exceptionnellement, j’ai été emporté et fasciné.

Il est d’ailleurs rarissime que je parle plus de style que d’intrigue, de fond ou de personnages. Ce qui ne veut pas dire que le fond n’est pas intéressant, bien au contraire. C’est pour moi une découverte, comme chaque roman japonais de l’auteur. La misère juste après la guerre, la guerre américaine contre le communisme exportée au Japon, le racisme envers les immigrés coréens, le paysage d’une ville puante, ravagée, le choix parfait de trois moments clés du récit … Tout est au diapason de l’écriture magistrale.

Alors si vous vous sentez d’attaque, si vous êtes prêts à vous plonger pendant quelques jours dans une lecture exigeante mais ô combien gratifiante, n’hésitez pas, Tokyo Revisitée est sans conteste un des grands romans de cette année.

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