Quatuor du Yorkshire Tome 3 1980
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Angleterre, décembre 1980...
Margaret Thatcher a débuté un an et demi auparavant ce qui deviendra le plus long mandat de premier ministre au Royaume-Uni.
Depuis octobre, des républicains irlandais emprisonnés ont entamé une grève de la faim.
Le 8, John Lennon est assassiné à Liverpool.
Dans le Yorkshire, le redoutable Eventreur court toujours.
L'assassinat de Laureen Bell porte à treize le nombre de victimes qui lui sont attribuées depuis le début de sa macabre croisade contre les prostituées en 1975.
La police de Leeds piétine.
Peter Hunter, directeur adjoint de la police de Manchester, est mandaté pour prendre la tête d'une "super brigade", chargée d'une part de pointer les dysfonctionnements liés à l'enquête sur l'Eventreur et, accessoirement, d'arrêter ce dernier. Autant dire que son arrivée à Leeds n'est pas perçue d'un très bon œil... Mais Peter n'en n'a cure, il est là pour accomplir une mission, et compte bien tout mettre en oeuvre pour la mener à bien, quitte à se faire quelques ennemis.
C'est d'ailleurs principalement la personnalité du personnage principal -et narrateur- de "1980" qui différencie ce troisième opus de la tétralogie du Yorkshire de David Peace des deux précédents.
Edward Dunford, dans "1974", tout comme Bob Fraser et Jack Whitehead dans "1977", dévorés par leurs démons, à la fois cyniques et désespérés, semblaient se fondre dans leur environnement corrompu et violent, quand Peter Hunter paraît en comparaison plutôt équilibré. Il faut en tout cas lui reconnaître un sens certain du devoir, et la volonté de faire preuve d'intégrité et de droiture.
Et c'est sans doute parce qu'on se sent plus proche d'un personnage comme celui-là que d'un Dunford ou d'un Fraser, et que l'on aimerait le voir réussir, que l'on a d'autant plus de mal à encaisser sa chute, même si elle est prévisible, et ce dès le départ... parce que le lecteur qui aura d’abord lu les deux précédents volumes le sait d'emblée : il est impossible de sortir indemne de ce cloaque de malveillance, de corruption et de violence qu’est le monde vu à travers le regard à la fois lucide et désillusionné de David Peace. A partir du moment où Peter Hunter met les pieds dans ce nid de guêpes que représentent les services de police du Yorkshire, il ne peut qu'en sortir broyé, détruit.
Le ton est toujours incisif sans jamais tomber dans la caricature. La trame policière du récit est traitée ici de façon plus conventionnelle que dans "1974" et "1977", ce qui permet sans doute de mettre encore davantage l'accent sur la chute du personnage qui passe du statut d'enquêteur plus ou moins ordinaire à celui d'un paria qui sombre peu à peu dans le désespoir.
David Peace semble en tout cas y atteindre une plus grande maîtrise, un peu comme s'il était parvenu à se débarrasser des fioritures superflues de sa partition pour la jouer avec plus de justesse.
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