Le chant des géants
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l’avis des lecteurs
Un très bon roman, une édition grand format d’une qualité exceptionnelle
En 1985, Denis Gerfaud publie le Jeu de rôle Rêve de dragon, dans lequel le monde est issu du songe des mythiques reptiles. En 2022, ce rôliste chevronné qu’est David Bry crée Oestant, une île qui, à quelques touches nordiques près, doit tout à la (Grande-) Bretagne du Haut Moyen Âge, et est issue des rêves de trois géants. Vu que certaines analogies sont transparentes (on retrouve un roi Arthus, un Lancelin, un Caradec, un Bohort, etc.), que le personnage de Morfessa évoque très fortement Merlin (prophéties, capacité à faire franchir à des armées des centaines de kilomètres en un temps surnaturellement court, comme l’a fait l’Enchanteur avec celle se rendant à Bedegraine), et qu’il y a plus que de vagues analogies avec l’histoire de Tristan et Iseut (particulièrement la version écrite en 1226 par le Frère Robert, comprenant elle-même des éléments de mythologie scandinave en plus de celle des Celtes), il serait tentant de ne voir dans Le Chant des Géants qu’un roman inspiré par la Matière de Bretagne. Ce serait toutefois négliger le fait que l’Iliade est une grille de lecture au moins aussi valable (Sile équivalant alors à Hélène, Bran à Pâris et Ianto à Ménélas), d’autant plus que le récit a la dimension d’une épopée, à la puissante dramaturgie digne d’une tragédie grecque, jusqu’à l’utilisation habile, sur la fin, de la péripétie, ou « twist » comme on le dit aujourd’hui.
À ces inspirations ou ces convergences issues de la littérature classique, il faut en ajouter d’autres venant de la Fantasy moderne : le récit est fait par un mystérieux conteur dans une auberge, ainsi que par un flûtiste sur une colline, et leurs interventions forment le fil rouge du roman, le rapprochant du Nom du vent de Patrick Rothfuss ; l’atmosphère est certes dramatique et épique, mais elle a aussi une puissante dimension mélancolique, voire onirique, rappelant l’Ursula Le Guin de Terremer, référence revendiquée par Bry, tout comme Marion Zimmer Bradley, dont le cycle d’ Avalon a peut-être inspiré ses très beaux personnages féminins ; l’économie de mots de Le Guin, et sa capacité à créer, malgré tout, une puissante atmosphère, se retrouvent aussi chez David Gemmell, et l’écriture ciselée de Bry, où le gras est quasiment absent des os, tout comme la dimension guerrière et l’empathie ressentie pour des protagonistes très humains, semble venir tout droit de chez le britannique (le côté nerveux en moins).
Avec de telles inspirations et le talent de Bry, on est bien proche du chef-d’œuvre, même si quelques éléments peuvent tempérer l’enthousiasme : cette histoire de deux princes se disputant une femme et le pouvoir, l’un par amour et sens de l’Honneur, l’autre rongé par un complexe d’infériorité et des passions (comme on disait dans le Jeu de rôle Pendragon) dévorantes, est tout de même bien (trop) classique ; l’immersion dans les sentiments de Bran en fait certes un personnage attachant et de ce roman une lecture vivante, prenante, mais son histoire d’amour (proche de celle de Tristan, donc ne relevant pas du fin’amor) est parfois horripilante quand il s’interdit d’y céder, et un poil guimauve quand il finit par le faire, sans compter sa foi mal placée en son frère ; l’auteur adopte pour certaines scènes un staccato de phrases courtes avec retour à la ligne à la James Ellroy (écrivain avec lequel il a aussi en commun la thématique de la rédemption) en rupture avec le reste du style du livre, qui oblige à une gymnastique mentale d’autant plus agaçante que la description des combats est assez répétitive ; certains lecteurs seront frustrés par la place modeste (bien que capitale) prise par les Géants ; la fin, si elle est très réussie, tranche tout de même avec la couleur émotionnelle générale du texte ; enfin, Bry ne se renouvelle guère, ce nouvel opus étant tout de même bien proche de certains des précédents.
Mais en fin de compte, Le Chant des Géants est indubitablement un très bon roman, surtout pour qui aime ses sources d’inspiration, et d’autant plus recommandable que le contenu est sublimé par une édition grand format d’une qualité exceptionnelle pour son prix assez modeste (signalons aussi que la version poche est sortie il y a quelques semaines
Critique
Un roman très attendu
Même si je vous livre mon avis avec un peu de retard, j’ai eu le privilège de recevoir Le Chant des Géants en avant-première grâce à mon partenariat avec les éditions de L’homme sans nom. Et quel ouvrage ! Grâce à une superbe version reliée, il est aussi beau à l’intérieur qu’à l’extérieur…
Je remercie donc la maison d’édition pour cette lecture qui fut à la hauteur de mes attentes !
David Bry, un auteur à suivre
J’ai découvert David Bry avec son premier roman aux éditions de L’homme sans nom, Que Passe l’hiver. Et quand j’ai tourné la dernière page, j’ai su que je lirai ses prochaines parutions. Pourtant, ce n’était pas un coup de cœur – j’ai bon espoir que cela arrive un jour ! -, seulement une très bonne lecture.
Alors, pourquoi ? Eh bien, parce qu’il y a peu d’auteurs dont la plume est capable de m’emporter à ce point. Rassurez-vous, j’apprécie également son imaginaire, mais son style… Il est à la fois poignant et poétique, sans fioritures et plein d’émotions. Un véritable atout !
De la fantasy épique… en un seul volume !
Je l’admets sans détour, ce n’est plus un genre que j’affectionne particulièrement. Avec le temps, je me suis lassée de ses codes, de ses classiques même. Par chance, cela ne m’a pas empêchée de dévorer Le Chant des Géants !
Par je ne sais quel tour de force, David Bry a délaissé les mauvais côtés du genre pour n’en conserver que les meilleurs ! Des complots dans les hautes sphères du pouvoir, des héros de sang royal et, surtout, de grandes batailles : les enjeux sont grands et chaque décision apporte son lot de morts.
La romance est certes un peu rapide, mais elle est à l’image de l’histoire : dynamique ! L’auteur emploie peu de personnages et n’hésite pas à recourir à des ellipses temporelles, notamment entre les chapitres. Cela m’a un peu effrayée au début, mais quelle erreur ! La profondeur de l’intrigue est bien réelle, toutefois celle-ci est débarrassée des lenteurs et des lourdeurs habituelles. Du pur génie !
De l’ingéniosité dans la construction de l’univers
Bien qu’il soit médiéval, il se distingue des grands classiques, certes pas dans ses fondements, mais par petites touches qui font toute la différence !
Dans ce one-shot, le monde est rêvé par trois Géants dont les songes sont plus précieux que l’or. C’est l’essence même de la vie ! Alors, que faire lorsque le sommeil de l’un d’entre eux est perturbé ? Vous le découvrirez par vous-même, cependant sachez que j’ai adoré cet aspect de l’histoire. La magie n’est pas bien complexe, mais elle suffit amplement. Quant aux Immortels, ils apportent juste ce qu’il faut de mystère !
Une histoire riche en émotions
Comme toutes celles qu’a écrites David Bry ! Alors non, je ne suis pas étonnée, mais je suis malgré tout conquise. Le Chant des Géants, c’est avant tout l’histoire de deux frères que l’amour d’une femme et l’attrait du pouvoir vont progressivement séparer. Jalousie, colère et enfin haine : les sentiments les plus humains qui soient se cachent entre les pages de ce livre. Heureusement, vous y trouverez également courage, solidarité et même pardon.
Je m’égare, mais c’est avec brio que David Bry a construit ses personnages. Un peu clichés dans les premiers chapitres, ils s’avèrent finalement pleins de contradictions sans que cela n’affecte leur crédibilité.
Pas de coup de cœur ?!
Plus le temps passe, plus je deviens exigeante. Mais j’ai accepté cette règle du jeu. Après tout, lorsque l’on est passionné, on cherche toujours à trouver mieux que le roman précédent. Bref, je place la barre très haut !
Je tiens donc à évoquer deux bémols. Enfin, surtout un, même s’il se révèlera sûrement insignifiant pour vous : nombre de chevaux tombent sous les coups des hommes, et c’était trop pour moi.
Enfin, j’ai deviné certains aspects de l’intrigue, ainsi que la révélation finale. Ce ne sont pas des défauts à proprement parler, cependant j’aurais apprécié être davantage surprise.
Auteur de fantasy, d'anticipation et d'uchronie, David Bry est une plume de l'imaginaire que l'on aime beaucoup sur Fantasy à la Carte.
Envoûtée par Que Passe L'hiver, Le Garçon ou la ville qui ne souriait plus ou encore La Princesse au Visage de Nuit, ces trois textes m'ont déjà permis d'apprécier pleinement toutes les nuances de cette belle écriture.
Pour son dernier roman, Le Chant des Géants, les éditions de L'homme Sans Nom ont mis les petits plats dans les grands en éditant un très bel hardback aux en-tête de chapitres illustrés et agrémenté d'un signet.
Résumé :
L'île d'Oestant est en paix. Depuis longtemps, l'entente règne entre les clans mais tout change le jour où Ianto manque de se faire empoisonner au château de Ler du roi Lothar. Ce crime ne pouvant pas rester impuni, un nouveau conflit armé éclate faisant beaucoup de victimes dont Arthus, le père de Ianto et de Bran. Après une ultime bataille sanglante, Lothar est défait et fait prisonnier. Comme il est l'aîné, Ianto prend la place de son père et souhaite entériner la paix en épousant Sile, la fille de Lothar et ce, malgré l'intérêt que son frère pouvait porter à cette dernière. A Oestant, une nouvelle ère s'ouvre, déjà imprégnée par le sang et les larmes. Grisé par le pouvoir, Ianto change sous les yeux d'un Bran de plus en plus impuissant, alors pourra-t-il réellement y changer quelque chose ?
Mon avis :
Le Chant des Géants nous plonge dans une fantasy épique marquée par le complot et la trahison.
Bercé par les légendes celtiques et nordiques, ce texte s'en est clairement inspiré.
L'histoire prend cadre sur une île où se sont établis plusieurs seigneurs et leur peuple. David Bry a d'ailleurs emprunté quelques éléments de la société féodale comme l'hommage lige, l’allégeance ou la vassalité pour parfaire l'ambiance historique de son livre. Il nous entraîne au cœur des rivalités entre clans, et même au sein d'une famille pour nourrir son texte de péripéties aussi inattendues que dramatiques.
De plus, en nous transmettant cette histoire par le biais d'un conteur, David Bry la sacralise en la faisant rentrer dans le domaine de la légende et du mythe.
Un caractère sacré qui est renforcé ici par l'omniprésence des Géants veillant sur l'île d'Oestant avec Baile, Leborcham et Fraech dont l'antre est jalousement gardé par les immortels. Ils sont dépositaires d'une magie dont on sait que peu de choses. Ils semblent avoir une influence sur l'espace-temps et la destinée des hommes et des femmes qu'ils modèlent à leur guise. Ce sont des êtres insaisissables qui apparaissent et disparaissent au gré de leurs envies. Leur présence dans ce texte lui donne sa dimension onirique. La magie dispensée par David Bry dans ses romans est toujours éthérée, et s'exprime par touches discrètes en apportant juste ce qu'il faut pour émerveiller le lecteur.
Avec Le Chant des Géants, il signe encore un texte bouleversant car empreint d'émotions fortes.
Il nous y conte le destin de deux frères qui, à la suite d'une succession d'événements, vont se déchirer lentement jusqu'au point de rupture. Ici, David Bry s'intéresse beaucoup au relationnel qu'entretiennent ses personnages, et met notamment l'accent sur la relation fraternelle lorsqu'elle est soumise à la jalousie et à la frustration la faisant basculer de l'amour à la haine.
Comme à son habitude, le romancier a bien travaillé la psychologie de ses personnages en explorant avec beaucoup d'habileté leurs forces et leurs failles au point de rendre la séparation encore plus difficile lorsque ces derniers nous quittent.
D'ailleurs, David Bry a misé sur une galerie de protagonistes conséquente dont on peut retenir l'humanité de Bran, le courage de Sile ou l'ambiguïté de Ianto. Chacun d'entre eux apporte quelque chose de particulier au récit contribuant ainsi à lui conférer une certaine saveur. En opposant les deux frère, David Bry confronte l'ombre à la lumière puisque Bran est un être plutôt solaire qui ne rêve que de paix et d'équilibre, contrairement à Ianto qui, lui, est davantage ombrageux préférant se noyer dans les secrets et la suspicion.
Le Chant des Géants nous parle d'amour, d'amitié et de fidélité. C'est un récit puissant qui nous arrache quelques larmes en nous touchant en plein cœur.
En conclusion :
Avec ce roman, l'auteur a mis une nouvelle fois sa plume et son imagination débordante au service de ses lecteurs pour leur proposer un texte terriblement prenant dont on reste longtemps hanté par la grandeur d'âme de ses héros.
Entrez, entrez. Asseyez-vous, n’ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.
Oui. C’est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous?; calez-vous contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables. Voilà… Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées. Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu. Et écoutez-moi. Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d’Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles. Je vais vous parler de guerres, d’amour et de trahisons?; de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux. Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l’étrange roi Lothar.
Le Chant des géants est un roman pour lequel j’ai craqué et je ne m’y attendais pas du tout. L’histoire et la plume de David Bry m’ont emportée tout au long d’une histoire riche et envoûtante.
Avant de vous parler de l’intrigue, j’aimerais vous dire deux mots du style de l’auteur. Je l’ai trouvé très poétique, parfois onirique. Il n’hésite pas non plus à user de la violence des mots lorsqu’il raconte les batailles et les trahisons. Entre conte médiéval et épopée fantastique, David Bry manie le Verbe avec grâce.
L’intrigue développée n’est pas très originale et pourtant elle a bien fonctionné. Le chant des géants, c’est l’histoire d’un Prince qui à la mort de son père veut s’emparer du pouvoir et étendre ses Terres. Il va donc déclarer la guerre à ses concurrents mais dans l’ombre, il y a son frère cadet, rival politique et amoureux qu’il faut éliminer. Vous n’en saurez pas plus. Ce roman parle de guerre, d’amour, de rivalité et de fraternité trahie.
L’auteur nous plonge dans un monde médiéval où les légendes et le folklore ont cours. David Bry a su saupoudré son récit d’un soupçon de fantasy à travers les Immortels et cette brume étrange qui semble dévorer les terres et les hommes. Il donne à son récit une allure de conte, de légende arthurienne et de mythe grec.
J’ai particulièrement aimé le personnage de Bran mais aussi celui de Caem, son homme lige. Les deux hommes sont liés à jamais par une amitié indéfectible. C’est la relation que j’ai préférée dans le roman car elle prend une tournure surprenante et finalement logique. La fin du récit m’a laissé un petit goût de regret. Je n’avais pas envie de quitter ce monde tantôt magique tantôt violent.
« Le chant des géants » est une belle découverte. J’ai adoré la plume de David Bry et j’ai été envoûtée par cette histoire tragique.
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