Le chant des géants
  • Date de parution 05/10/2023
  • Nombre de pages 416
  • Poids de l’article 204 gr
  • ISBN-13 9782266333245
  • Editeur POCKET
  • Format 179 x 109 mm
  • Edition Livre de poche
Heroic Fantasy Ouvrage de référence de l'auteur

Le chant des géants

3.90 / 5 (288 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Entrez, entrez.Asseyez-vous, n'ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée. Oui. C'est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous?; calez-vous contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables. Voilà…Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées. Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu.Et écoutez-moi.Je vais vous raconter une histoire. Celle de notre île d'Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles. Je vais vous parler de guerres, d'amour et de trahisons?; de cris, de sang et de larmes.Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.Alors, fermez les yeux.Laissez-vous aller.Voilà.Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l'étrange roi Lothar.

En stock

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  • Date de parution 05/10/2023
  • Nombre de pages 416
  • Poids de l’article 204 gr
  • ISBN-13 9782266333245
  • Editeur POCKET
  • Format 179 x 109 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Butin n° 2 de Ouest Hurlant 🙂 Le chant des géants est le nouveau roman de David Bry, paru chez HSN. Un titre que je me suis procuré les yeux fermés, tant j’ai adoré Que passe l’hiver et La princesse au visage de nuit du même auteur. Un très bel objet livre, relié, qui ressemble à un manuscrit bordé de runes. Un chant venu des âges anciens, que l’on entend dès la première page tournée…

De quoi ça parle ?

On suit deux frères, Bran et Ianto, fils du roi Arthus. Les relations sont tendues avec le roi Lothar, depuis longtemps. Alors Arthur envoie ses deux fils en délégation. Une visite de courtoisie, certes un peu déguisée. La rencontre tourne mal, et bientôt, c’est la guerre qui pointe le bout de son nez.

A son issue, Sile, fille du roi Lothar est capturée et promise à Ianto, héritier de la couronne. Débutent alors les rancœurs, complots de cour, luttes éternelles entre royaumes. De plus, un mystérieux brouillard, la Brumenuit, se lève. Il avale tout sur son passage, et rien ne semble pouvoir freiner.

Il y a beaucoup de mythologie dans ce récit. Le monde dans lequel évoluent les personnages serait une création onirique provenant de trois géants, qui façonnent, ponctuent et rythment la vie par leurs rêves. Pour veiller le repos de ces géants, s’assurer que leurs rêves perdurent et continuent de façonner le cycle de la vie, les Immortels font le lien, entre Hommes et Dieux.

Un roman chanté et musical

Renouer avec la tradition orale

Avec Le chant des géants, David Bry nous invite dès le résumé à écouter un récit. Pas à le lire, non : à l’écouter. Ambiance taverne, au son des cervoises qui s’entrechoquent, des rires gras, du brouhaha ambiant et de la bonne humeur générale. Le conteur fait face à son auditoire tout ouï. Il s’improvise acteur sur une scène de théâtre.

On retrouve en lui la figure du barde, de l’aède grec, et plus tard du troubadour, qui connaissent l’art de raconter une histoire. En lui se concentrent toutes les fonctions du narrateur : il rapporte des faits passés, les organise dans un récit qui tient la route, ménage un suspense (en fin de chapitres), bouscule la temporalité du récit avec des analepses et prolepses, et analyse son récit avec le recul de celui qui raconte a posteriori.

De plus, ces personnages avaient un don oratoire. Raconter une histoire, ce n’est pas donné à tout le monde. Il faut y mettre les formes, le bon niveau de langage. Ici, nous retrouvons ce rythme propre à la langue orale, tout en chant, voix et rebondissements. Cris du cœur, ton dramatique, théâtralisation du récit, ménagement du suspense…

Un roman protéiforme

L’écriture donne au Chant des géants un visage protéiforme : on passe de la narration romanesque à la poésie, puis au chant accompagné de musique. Le chant des géants a aussi un aspect très théâtral. En effet, les différents chapitres, correspondant à des lieux différents, font un peu penser à des scènes et actes d’une tragédie.

D’autre part, le conteur, dont l’identité est dévoilée petit à petit, est également un personnage de son propre récit. Mais il est aussi un personnage d’un roman plus large, englobant à la fois ce récit mais aussi les scènes dans lesquelles ce conteur raconte. On s’en rend compte lorsque ces scènes (qui agissent comme des interludes) sont décrites de l’extérieur par un narrateur omniscient, désignant le conteur par « il » ou « l’homme venu leur dire l’histoire de Sile, de Bran et de Ianto ». On a alors un roman dans le roman, avec une théâtralisation du récit mettant sur le devant de la scène le récit emboîté rapporté par le conteur. L’épilogue confirme cet emboîtement, qui brouille les différents niveaux narratifs et la frontière entre les genres.

Dans l’auberge envahie de silence, chacun attend – souffle retenu – que poursuive l’homme venu dire l’histoire de SIle, de Bran et de Ianto, des guerres de Oestant, du sang et des larmes répandus alors.

Debout près de la cheminée, sa longue cape masquant ses bras comme son visage à la barbe délaissée, celui-ci observe la salle comble. [… ] La nuit est tombée depuis longtemps sur la plaine. Deux ou trois ombres veillent dans l’obscurité, prêtes à avertir du moindre galop, à la moindre silhouette sur la route.

Tous attendent le retour des éclaireurs et les nouvelles qu’ils apportent.

Le conteur aussi.

Il est tôt encore.

Il prend un profonde inspiration,

continue son récit ».

Une ambiance vivante

Une création par les mots

J’ai énormément aimé, encore une fois, la plume de David Bry, qui sait particulièrement bien retranscrire des ambiances, et surtout les rendre sensorielles.

Le roman s’ouvre ici sur le bruit, la vie, les rires. L’ambiance est à la fête. Des cris, des hurlements, des rugissements, des rires… L’on suit des personnages hauts en couleur, notamment Bran, joyeux drille insouciant (le privilège des cadets ^^), collé à sa flûte dont il régale l’assemblée. C’est léger, badin, sonore, et les notes de musique accompagnent ce cadre.

Puis, l’atmosphère change, radicalement. Avec David Bry, on ne rigole jamais bien longtemps. Les moments de liesse sont rares, mais sont alors d’autant plus saillants et vifs. Suite à des événements qui se déroulent assez tôt dans le roman (ce qui correspond à l’arrivée de l’élément perturbateur dans le schéma narratif), le silence s’impose, et avec lui un souffle d’air froid. La musique s’éteint. Bran s’enfonce dans son désespoir et son silence. Le phrasé, auparavant mélodieux, devient saccadé, bref, les phrases brèves, tranchantes. C’est un basculement total, noté par le conteur lui-même : « Quand tout a t-il basculé ? s’interroge le conteur d’une voix lasse ».

L’écriture de l’auteur accompagne à merveille les différentes ambiances. Plus exactement, elle les crée. J’ai apprécié la relecture cette fois presque parfaite, il ne reste quasiment plus de coquilles et c’est très agréable à lire.

Des scènes visuelles et vivantes

On a déjà parlé de théâtralisation du récit mais je trouve que c’est réellement quelque chose de très palpable dans Le chant des géants. Le rythme du récit, le découpage des différentes scènes, le rôle des intermèdes, les cliffhanger en fin de chapitres… concourent à donner un aspect théâtral et vivant aux événements.

On a également un scenario typique des grandes tragédies grecques : triangle amoureux impossible et déchirant, haine fratricide, guerres entre royaumes, complots de cour… Rien de nouveau sous le soleil, mais c’est captivant, et ça marche bien. Je suis très bonne cliente pour ce type d’histoires en fait. (Ca me fait penser à un épisode d’X files que j’ai regardé hier; un personnage disait : « two men, one woman, lot of trouble » –> c’est tout à fait ça !).

Là où l’on quitte le registre classique de la tragédie, c’est lorsque ce récit prend des tonalités baroques. Et là, je m’amuse davantage. D’abord dans la métamorphose des personnages, tout au long du récit. Que ce soit Bran ou Ianto, ces deux personnages muent selon les événements qu’ils vivent. Leur caractère, leur nature profonde évoluent et c’est visible de page en page, toujours accompagné par le rythme et la mélodie musicale en fond.

Surtout, les scènes de baston sont époustouflantes. La première guerre est une superbe hypotypose étirée sur plusieurs pages : en cela, le narrateur nous la donne à voir. Elle se déroule sous nos yeux, seconde par seconde, comme si nous assistions en tant que spectateur à son déroulé. La narration au présent, l’accumulation de phrases courtes juxtaposées, l’appel aux sens, les descriptions très réalistes et l’intérêt pour le détail animent cette scène ainsi hyper expressive. Le passage avant la baston ci-dessous est magnifique : le calme avant la tempête, mimant le souffle qui grossit peu à peu, avant de laisser éclater l’orage qui est alors d’autant plus vif :


Son destrier passe la crête de la colline.

Bran l’arrête brusquement.

De l’autre côté, sur la plaine, aussi loin que poste sa vue, des milliers d’hommes.

La bête au pelage humide de transpiration renâcle et souffle.

Caem le rejoint, cabre sa propre monture qui hennit.

Des centaines d’hommes et de chevaux. De bannières claquant dans le vent.

Et l’odeur.

Caem reste sans voix.

Bran resserre les rênes dans sa main,

L’odeur de la peur. De l’excitation. De la sueur, du vin.

caresse la crinière de son étalon.

Et le silence.

L’incroyable, l’indicible silence d’avant les batailles.

Bran frissonne, observe les myriades de boucliers, de lances, d’épées, de cavaliers, d’oriflammes et d’étendards, à la recherche de celui de son frère.

Un cor mugit quelque part. Des centaines de voix y répondent et tonnent.

Là-bas : A l’avant-garde ! Le dragon du Lonan ! Ianto !

L’armée s’ébranle.

Sans même un regard pour son lige, Bran rugit et éperonne son cheval.


Les chevaux galopent des deux côtés. Les flèches s’abattent, partout, pennées de noir, de blanc ou de brun. La terre tremble, frappée d’innombrables sabots; l’air vibre des hurlements des guerriers qui se ruent vers la gloire ou la mort […] »

C’est ton destin

Derrière Le chant des géants, il y a une question sous-jacente qui nous taraude, et qui titille aussi les personnages. En effet, si tout est un rêve, si tout est décidé par des Dieux qui inventent le monde et les événements par leur rêve, tout n’est-il pas déjà écrit ? Les hommes ne sont-ils alors que des pantins ? Alors, à quoi bon ?

David Bry apporte une réponse intéressante à cette question dans le roman, et le final est particulièrement surprenant. J’ai beaucoup aimé cette idée, que je ne dévoilerai pas bien entendu. En revanche, ce que je peux en dire c’est que ça interroge la nature même du récit, réhabilite le pouvoir de l’imaginaire et des mythes, et l’intérêt de raconter. De se créer un stock d’histoires fondatrices.

Il y a aussi un joli manifeste sur ce qui fait la force d’une histoire, ce qui fait qu’elle reste dans les mémoires : son aspect tragique, son unicité, le fait qu’on ne comprenne pas les raisons des événements et qu’il subsiste suffisamment de doutes et de trous pour susciter l’imagination et amener différentes interprétations. Une manière de faire vivre et perdurer les histoires.

Le chant des géants est un superbe roman de fantasy épique, qui m’a énormément plu sur le plan formel. J’ai trouvé le tout franchement génial. Sur le fond, l’histoire un peu plus classique m’a semblé malgré tout fort bien menée, dans différents registres et se clôturant sur un retournement particulièrement déroutant et ingénieux. Je regrette presque d’avoir fini ma lecture un peu vite, pourtant je ne l’ai pas lu en 4ème vitesse… Mais Le chant des géants se savoure rapidement, ce n’est pas un roman pavé. C’est la ma seule petite réserve : un goût de trop peu. Mais tout bonne histoire a une fin, et il ne tient qu’au lecteur de la faire perdurer encore un peu…

Le mois de mai sur le superbe blog Book en stock est consacré à David Bry. Et ça tombe bien puisque le 5 mai vient de paraitre le nouveau roman de l’auteur, aux aux éditions de l’Homme sans Nom : Le chant des géants. Le livre qui bénéficie, comme souvent chez l’éditeur, d’une très belle qualité sous forme de grimoire gravé de runes, est un roman de fantasy épique.

Le roman est le récit d’un conteur par une nuit froide dans une auberge embrumée remplie de fermiers, de jeunes femmes, et d’enfants qui sont suspendus à la voix de l’homme. Un homme qui leur conte une histoire de trahisons, d’amours, de guerres, de rêves brisés, une histoire tragique. Nous sommes sur l’île d’Oestant. Celle-ci existe grâce aux rêves de trois géants: Baile, qui régit ce qui a trait à la mort et à la musique, Leborcham qui est la mère du brouillard, des collines et des plaines et Fraech qui rêve de gloire et de batailles. Ces géants sont les dieux et sont révérés dans tous les royaumes d’Oestant. Il existe également une caste d’hommes très particuliers, appelés les immortels. Ils sont les seuls à pouvoir accéder au territoire des géants, et ainsi à veiller sur leur sommeil pour que tout se passe pour le mieux. Il semble que Fraech ne soit pas en grande forme, car les bataille se font rares dans l’île depuis pas mal de temps.

Les frères Bran et Ianto, princes de Lonan, un des royaumes d’Oestant, se rendent à Riveste, le royaume voisin, celui du roi Lothar et de sa fille Sile. Malheureusement, les choses se passent mal et une guerre se déclare entre les 2 royaumes. Parallèlement, une étrange brume noire se lève à l’horizon, engloutissant peu à peu les terres. Comme si tout cela ne suffisait pas, Bran va être missionné pour trouver la source de la brumenuit, tomber amoureux de Sile, et s’éloigner inexorablement de son frère Ianto dont le comportement devient étrange et belliqueux.

L’univers du roman est très riche, intégrant les légendes arthuriennes tout en les modernisant et en introduisant un concept original et intrigant avec ces trois géants. Le fait que tout soit issus de leurs rêves pose la question de la destinée et du libre arbitre des personnages. Ces derniers sont incapables de vraiment comprendre les géants ni leurs intentions. Les questions de pouvoir sont aussi au centre du récit, avec de possibles manipulations des réels désirs des géants et avec le rôle joué par les mystérieux immortels. Ces derniers agissent souvent dans l’ombre, les hommes ignorant leurs véritables desseins.

Les personnages sont également très réussis et deviennent attachants à mesure que progresse le récit. J’avoue avoir du mal avec l’histoire d’amour impossible, qui me semblait trop convenue et déjà vue. Puis, peu à peu, tous les éléments se mettent en place et j’ai été happée par le tragique de l’histoire, du monde en lui-même et par la plume de David Bry. La narration où s’entremêlent des interludes dans l’auberge et le récit de Bran et Sile donne toute son ampleur à l’histoire, la faisant entrer dans la légende. David Bry a opté pour un récit très vivant, visuel et musical. La musique par la flûte en os de Bran a une importance dans le récit, dans la manière dont on s’imagine les scènes également, qu’elles soient joyeuses ou tragiques. Il arrive ainsi à nous emporter dans ces rêves de géants qui font et défont les vies en un instant.

Le chant des géants est sans conteste une grande réussite. David Bry nous conte une très belle histoire. Le roman a une véritable dimension tragique, de celle qui font les sagas, les histoires que l’on raconte au coin du feu et qui prend tout son sens une fois la dernière ligne lue.

Un très bon roman, une édition grand format d’une qualité exceptionnelle

En 1985, Denis Gerfaud publie le Jeu de rôle Rêve de dragon, dans lequel le monde est issu du songe des mythiques reptiles. En 2022, ce rôliste chevronné qu’est David Bry crée Oestant, une île qui, à quelques touches nordiques près, doit tout à la (Grande-) Bretagne du Haut Moyen Âge, et est issue des rêves de trois géants. Vu que certaines analogies sont transparentes (on retrouve un roi Arthus, un Lancelin, un Caradec, un Bohort, etc.), que le personnage de Morfessa évoque très fortement Merlin (prophéties, capacité à faire franchir à des armées des centaines de kilomètres en un temps surnaturellement court, comme l’a fait l’Enchanteur avec celle se rendant à Bedegraine), et qu’il y a plus que de vagues analogies avec l’histoire de Tristan et Iseut (particulièrement la version écrite en 1226 par le Frère Robert, comprenant elle-même des éléments de mythologie scandinave en plus de celle des Celtes), il serait tentant de ne voir dans Le Chant des Géants qu’un roman inspiré par la Matière de Bretagne. Ce serait toutefois négliger le fait que l’Iliade est une grille de lecture au moins aussi valable (Sile équivalant alors à Hélène, Bran à Pâris et Ianto à Ménélas), d’autant plus que le récit a la dimension d’une épopée, à la puissante dramaturgie digne d’une tragédie grecque, jusqu’à l’utilisation habile, sur la fin, de la péripétie, ou « twist » comme on le dit aujourd’hui.

À ces inspirations ou ces convergences issues de la littérature classique, il faut en ajouter d’autres venant de la Fantasy moderne : le récit est fait par un mystérieux conteur dans une auberge, ainsi que par un flûtiste sur une colline, et leurs interventions forment le fil rouge du roman, le rapprochant du Nom du vent de Patrick Rothfuss ; l’atmosphère est certes dramatique et épique, mais elle a aussi une puissante dimension mélancolique, voire onirique, rappelant l’Ursula Le Guin de Terremer, référence revendiquée par Bry, tout comme Marion Zimmer Bradley, dont le cycle d’ Avalon a peut-être inspiré ses très beaux personnages féminins ; l’économie de mots de Le Guin, et sa capacité à créer, malgré tout, une puissante atmosphère, se retrouvent aussi chez David Gemmell, et l’écriture ciselée de Bry, où le gras est quasiment absent des os, tout comme la dimension guerrière et l’empathie ressentie pour des protagonistes très humains, semble venir tout droit de chez le britannique (le côté nerveux en moins).

Avec de telles inspirations et le talent de Bry, on est bien proche du chef-d’œuvre, même si quelques éléments peuvent tempérer l’enthousiasme : cette histoire de deux princes se disputant une femme et le pouvoir, l’un par amour et sens de l’Honneur, l’autre rongé par un complexe d’infériorité et des passions (comme on disait dans le Jeu de rôle Pendragon) dévorantes, est tout de même bien (trop) classique ; l’immersion dans les sentiments de Bran en fait certes un personnage attachant et de ce roman une lecture vivante, prenante, mais son histoire d’amour (proche de celle de Tristan, donc ne relevant pas du fin’amor) est parfois horripilante quand il s’interdit d’y céder, et un poil guimauve quand il finit par le faire, sans compter sa foi mal placée en son frère ; l’auteur adopte pour certaines scènes un staccato de phrases courtes avec retour à la ligne à la James Ellroy (écrivain avec lequel il a aussi en commun la thématique de la rédemption) en rupture avec le reste du style du livre, qui oblige à une gymnastique mentale d’autant plus agaçante que la description des combats est assez répétitive ; certains lecteurs seront frustrés par la place modeste (bien que capitale) prise par les Géants ; la fin, si elle est très réussie, tranche tout de même avec la couleur émotionnelle générale du texte ; enfin, Bry ne se renouvelle guère, ce nouvel opus étant tout de même bien proche de certains des précédents.

Mais en fin de compte, Le Chant des Géants est indubitablement un très bon roman, surtout pour qui aime ses sources d’inspiration, et d’autant plus recommandable que le contenu est sublimé par une édition grand format d’une qualité exceptionnelle pour son prix assez modeste (signalons aussi que la version poche est sortie il y a quelques semaines


Critique

Un roman très attendu

Même si je vous livre mon avis avec un peu de retard, j’ai eu le privilège de recevoir Le Chant des Géants en avant-première grâce à mon partenariat avec les éditions de L’homme sans nom. Et quel ouvrage ! Grâce à une superbe version reliée, il est aussi beau à l’intérieur qu’à l’extérieur…


Je remercie donc la maison d’édition pour cette lecture qui fut à la hauteur de mes attentes !


David Bry, un auteur à suivre

J’ai découvert David Bry avec son premier roman aux éditions de L’homme sans nom, Que Passe l’hiver. Et quand j’ai tourné la dernière page, j’ai su que je lirai ses prochaines parutions. Pourtant, ce n’était pas un coup de cœur – j’ai bon espoir que cela arrive un jour ! -, seulement une très bonne lecture. 


Alors, pourquoi ? Eh bien, parce qu’il y a peu d’auteurs dont la plume est capable de m’emporter à ce point. Rassurez-vous, j’apprécie également son imaginaire, mais son style… Il est à la fois poignant et poétique, sans fioritures et plein d’émotions. Un véritable atout !


De la fantasy épique… en un seul volume !

Je l’admets sans détour, ce n’est plus un genre que j’affectionne particulièrement. Avec le temps, je me suis lassée de ses codes, de ses classiques même. Par chance, cela ne m’a pas empêchée de dévorer Le Chant des Géants !


Par je ne sais quel tour de force, David Bry a délaissé les mauvais côtés du genre pour n’en conserver que les meilleurs ! Des complots dans les hautes sphères du pouvoir, des héros de sang royal et, surtout, de grandes batailles : les enjeux sont grands et chaque décision apporte son lot de morts.


La romance est certes un peu rapide, mais elle est à l’image de l’histoire : dynamique ! L’auteur emploie peu de personnages et n’hésite pas à recourir à des ellipses temporelles, notamment entre les chapitres. Cela m’a un peu effrayée au début, mais quelle erreur ! La profondeur de l’intrigue est bien réelle, toutefois celle-ci est débarrassée des lenteurs et des lourdeurs habituelles. Du pur génie !


De l’ingéniosité dans la construction de l’univers

Bien qu’il soit médiéval, il se distingue des grands classiques, certes pas dans ses fondements, mais par petites touches qui font toute la différence !


Dans ce one-shot, le monde est rêvé par trois Géants dont les songes sont plus précieux que l’or. C’est l’essence même de la vie ! Alors, que faire lorsque le sommeil de l’un d’entre eux est perturbé ? Vous le découvrirez par vous-même, cependant sachez que j’ai adoré cet aspect de l’histoire. La magie n’est pas bien complexe, mais elle suffit amplement. Quant aux Immortels, ils apportent juste ce qu’il faut de mystère !


Une histoire riche en émotions

Comme toutes celles qu’a écrites David Bry ! Alors non, je ne suis pas étonnée, mais je suis malgré tout conquise. Le Chant des Géants, c’est avant tout l’histoire de deux frères que l’amour d’une femme et l’attrait du pouvoir vont progressivement séparer. Jalousie, colère et enfin haine : les sentiments les plus humains qui soient se cachent entre les pages de ce livre. Heureusement, vous y trouverez également courage, solidarité et même pardon.


Je m’égare, mais c’est avec brio que David Bry a construit ses personnages. Un peu clichés dans les premiers chapitres, ils s’avèrent finalement pleins de contradictions sans que cela n’affecte leur crédibilité.


Pas de coup de cœur ?!

Plus le temps passe, plus je deviens exigeante. Mais j’ai accepté cette règle du jeu. Après tout, lorsque l’on est passionné, on cherche toujours à trouver mieux que le roman précédent. Bref, je place la barre très haut !


Je tiens donc à évoquer deux bémols. Enfin, surtout un, même s’il se révèlera sûrement insignifiant pour vous : nombre de chevaux tombent sous les coups des hommes, et c’était trop pour moi.


Enfin, j’ai deviné certains aspects de l’intrigue, ainsi que la révélation finale. Ce ne sont pas des défauts à proprement parler, cependant j’aurais apprécié être davantage surprise.

Auteur de fantasy, d'anticipation et d'uchronie, David Bry est une plume de l'imaginaire que l'on aime beaucoup sur Fantasy à la Carte.

Envoûtée par Que Passe L'hiverLe Garçon ou la ville qui ne souriait plus ou encore La Princesse au Visage de Nuitces trois textes m'ont déjà permis d'apprécier pleinement toutes les nuances de cette belle écriture.

Pour son dernier roman, Le Chant des Géants, les éditions de L'homme Sans Nom ont mis les petits plats dans les grands en éditant un très bel hardback aux en-tête de chapitres illustrés et agrémenté d'un signet.  

Résumé :

L'île d'Oestant est en paix. Depuis longtemps, l'entente règne entre les clans mais tout change le jour où Ianto manque de se faire empoisonner au château de Ler du roi Lothar. Ce crime ne pouvant pas rester impuni, un nouveau conflit armé éclate faisant beaucoup de victimes dont Arthus, le père de Ianto et de Bran. Après une ultime bataille sanglante, Lothar est défait et fait prisonnier. Comme il est l'aîné, Ianto prend la place de son père et souhaite entériner la paix en épousant Sile, la fille de Lothar et ce, malgré l'intérêt que son frère pouvait porter à cette dernière. A Oestant, une nouvelle ère s'ouvre, déjà imprégnée par le sang et les larmes. Grisé par le pouvoir, Ianto change sous les yeux d'un Bran de plus en plus impuissant, alors pourra-t-il réellement y changer quelque chose ? 

Mon avis :

Le Chant des Géants nous plonge dans une fantasy épique marquée par le complot et la trahison.

Bercé par les légendes celtiques et nordiques, ce texte s'en est clairement inspiré. 

L'histoire prend cadre sur une île où se sont établis plusieurs seigneurs et leur peuple. David Bry a d'ailleurs emprunté quelques éléments de la société féodale comme l'hommage lige, l’allégeance ou la vassalité pour parfaire l'ambiance historique de son livre. Il nous entraîne au cœur des rivalités entre clans, et même au sein d'une famille pour nourrir son texte de péripéties aussi inattendues que dramatiques. 

De plus, en nous transmettant cette histoire par le biais d'un conteur, David Bry la sacralise en la faisant rentrer dans le domaine de la légende et du mythe. 

Un caractère sacré qui est renforcé ici par l'omniprésence des Géants veillant sur l'île d'Oestant avec Baile, Leborcham et Fraech dont l'antre est jalousement gardé par les immortels. Ils sont dépositaires d'une magie dont on sait que peu de choses. Ils semblent avoir une influence sur l'espace-temps et la destinée des hommes et des femmes qu'ils modèlent à leur guise. Ce sont des êtres insaisissables qui apparaissent et disparaissent au gré de leurs envies. Leur présence dans ce texte lui donne sa dimension onirique. La magie dispensée par David Bry dans ses romans est toujours éthérée, et s'exprime par touches discrètes en apportant juste ce qu'il faut pour émerveiller le lecteur. 

Avec Le Chant des Géants, il signe encore un texte bouleversant car empreint d'émotions fortes. 

Il nous y conte le destin de deux frères qui, à la suite d'une succession d'événements, vont se déchirer lentement jusqu'au point de rupture. Ici, David Bry s'intéresse beaucoup au relationnel qu'entretiennent ses personnages, et met notamment l'accent sur la relation fraternelle lorsqu'elle est soumise à la jalousie et à la frustration la faisant basculer de l'amour à la haine. 

Comme à son habitude, le romancier a bien travaillé la psychologie de ses personnages en explorant avec beaucoup d'habileté leurs forces et leurs failles au point de rendre la séparation encore plus difficile lorsque ces derniers nous quittent. 

D'ailleurs, David Bry a misé sur une galerie de protagonistes conséquente dont on peut retenir l'humanité de Bran, le courage de Sile ou l'ambiguïté de Ianto. Chacun d'entre eux apporte quelque chose de particulier au récit contribuant ainsi à lui conférer une certaine saveur. En opposant les deux frère, David Bry confronte l'ombre à la lumière puisque Bran est un être plutôt solaire qui ne rêve que de paix et d'équilibre, contrairement à Ianto qui, lui, est davantage ombrageux préférant se noyer dans les secrets et la suspicion. 

Le Chant des Géants nous parle d'amour, d'amitié et de fidélité. C'est un récit puissant qui nous arrache quelques larmes en nous touchant en plein cœur. 

En conclusion :

Avec ce roman, l'auteur a mis une nouvelle fois sa plume et son imagination débordante au service de ses lecteurs pour leur proposer un texte terriblement prenant dont on reste longtemps hanté par la grandeur d'âme de ses héros. 


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