La Moisson rouge
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Le pitch
Personville (ou Poisonville d’après ses habitants) est une petite cité minière du Montana, corrompue jusqu’à la moelle. Le privé de Hammett (héros anonyme, appelé Continental Op) y voit son client assassiné avant même de le rencontrer. Il décide alors de nettoyer la ville, montant les gangs les uns contre les autres. Un carnage. Un roman absolument culte pour les amateurs du roman noir. Dès 15 ans.
Pourquoi je vous le conseille ?
Pour sa vision noire et sans concession, de l’intérieur, contemporaine, d’une Amérique urbaine gangrenée par la violence et la corruption. Une société qui, aidée par la crise et la Prohibition, ouvrira grandes ses portes aux gangsters et mafias en tous genres. Pour Hammett enfin, un maître, une inspiration, un pilier du roman noir. Foncez sans hésiter.
LE PREMIER ROMAN CRIMINEL SUR LE THÈME DE LA VILLE POURRIE. Sorti en 1929, alors que les cours de la Bourse de New-York s’effondrent, La Moisson Rouge dénonce la collusion entre politiciens et mafieux. La ville y est élevée au rang de personnage à part entière, noire, dysfonctionnelle, fascinante. Gangrenée par des flics corrompus, des politiciens véreux et sinistrée par un capitalisme sauvage.
PAR UN DES FONDATEURS DU ROMAN HARD BOILED – DUR À CUIRE. « Hammett a sorti le roman policier du vase vénitien pour le jeter dans la rue ». Dixit Chandler, ni plus ni moins. On retrouve dans ce roman fondateur tous les ingrédients du style Hammett, unique et précurseur : cadre urbain, enquêteur viril (véreux sur les bords mais fort de certaines valeurs morales), une intrigue secondaire par rapport au contexte social et politique. Et une fin pas toujours rose. Sans oublier une écriture qui favorise un rythme unique où le lecteur reste dans l’action, ici et maintenant, cette immédiateté suscitant un engagement total du lecteur.
UN SUMMUM DE TRICHERIE ET DE MANIPULATION. Dès avant l’apparition de Sam Spade dans Le Faucon Maltais (1930), le continental op de Hammett est un homme plutôt armé de bons principes, avec un sens de l’honneur certain. Mais la tricherie, le mensonge et les coups bas peuvent être utilisés pour atteindre un objectif qui reste la priorité absolue.
UN STYLE SOBRE, TENDU. Pour Hammett, le langage est aussi important que l’histoire. Jamais un mot de trop. Stéphane Michaka dans la revue 813 : « Instinctivement, Hammett perçoit que le véritable ciment de l’Amérique se trouve là, dans cette langue directe qui réduit les antagonismes de classe, dans ces mots qui circulent aussi vite que l’argent, mais restent, eux, à portée de tous : parole désinhibée, à l’énergie concrète et positive et qui empêche la société de se fissurer tout à fait. »
Écrit à la fin des années 20, « La moisson rouge » est considéré comme LE roman précurseur du roman noir. Son auteur, quant à lui, qui fut détective privé durant 6 ans (expérience qui inspira son oeuvre), s’est vu attribuer le qualificatif de fondateur de la « hard-boiled school », soit « école des durs à cuire », en référence aux personnages violents et apparemment dépourvus de sensibilité qui peuplent ses livres.
De ce genre de personnages, « La moisson rouge » fourmille : édiles corrompus, vamp sulfureuse et vénale, mafieux, briseurs de grèves… qui s’intègrent parfaitement au contexte dans lequel ils évoluent, celui de la prohibition, des revendications sociales écrasées dans le sang… Et vous savez quoi ? En lisant ce roman à l’écriture efficace, factuelle, j’avais l’impression d’être plongée dans un vieux film de gangsters en noir et blanc, et c’est tout juste si je n’entendais pas en arrière plan la voix off du narrateur… Ce dernier, détective anonyme dont le lecteur ne connaîtra que le nom de la compagnie qui l’emploie et le sérieux penchant pour la boisson, fait preuve d’une assurance effrontée et d’une incroyable intuition qui font parfois sourire, mais qui donnent aussi à ce roman son charme un peu désuet, au même titre que l’argot utilisé par l’auteur (« Il eut beau tomber sur un bec en voulant appliquer le troisième degré à Whisper, il n’en fut pas défrisé » ou encore « J’opérai en conséquence, (…) fouillant l’ombre des quinquets, des feuilles et du blair ») (1).
Tout cela fait que, malgré la violence et le pessimisme qui se dégagent de cette « moisson rouge », j’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture !
La couleur rouge du titre ? Vous ne l’avez pas deviné ? C’est celle du sang, bien sûr, celui des brigands que « ramasse » le héros (d’où la « moisson »), qui se rend compte qu’il finit lui-même par prendre goût à ce sang, tant le meurtre est devenu pour lui banal et quotidien… tiens, du coup je me rends compte que je ne vous ai même pas résumé l’histoire de ce roman. Vous n’avez qu’à le lire !
(1) Gallimard a publié cet été une nouvelle traduction de ce roman (à l'occasion de ses 80 ans), qui serait plus fidèle et plus proche du texte original, utilisant de façon moins systématique ce que certains qualifient de "scories argotiques" qui parasitaient la première version (avec des termes tels que "zigue", "tubard", "pèze").
« J’ai d’abord entendu Personville prononcé Poisonville au bar du Big Ship à Butte. » C’est ainsi que commence l’un des romans fondateurs (si ce n’est Le roman fondateur) du roman noir. Il s’agit, bien entendu, de la première phrase de Moisson rouge, de Dashiell Hammett.
Le narrateur n’a pas de nom, juste une fonction : détective privé à la Continental Detective Agency de San Francisco. Il est à Poisonville pour rencontrer Donald Willsson qui est abattu avant d’avoir pu lui parler. Il décide alors d’aller voir son père, le vieux Elihu Willsson, maître de la ville. Quelques années auparavant, ce dernier avait fait appel à la pègre pour casser les grèves qui agitaient cette ville minière. Une fois le mouvement réprimé, les truands sont restés et se sont emparés de la ville. Elihu a alors tenté de se servir de son fils, bombardé patron de la presse locale, pour les déloger, avec le résultat que l’on sait. Le privé décide alors de nettoyer Poisonville, par tous les moyens.
Le lecteur de 2009 qui lit ce roman qui a tout juste 80 ans peut, dans un tout premier temps, se dire qu’il y a là un petit air de déjà vu (ou déjà lu). Il n’a d’ailleurs pas tord. Si Moisson Rouge ressemble, par un aspect ou un autre, à tel ou tel autre roman qui l’a marqué, c’est qu’il en est le modèle !
Description sans fard des liens entre le pouvoir économique, le pouvoir politique et le crime organisé. Héros totalement neutre, pour qui la fin justifie les moyens, et qui, à aucun moment, ne fait appel à une quelconque justification morale. Ecriture sèche, sans un mot de trop, uniquement centrée sur les faits … On a bien sûr revu tout ça par la suite. Mais le modèle est là.
Je n’ai plus de souvenirs de ma première lecture, bien vieille. Je serais bien incapable de juger de l’apport de cette nouvelle traduction. Mais si j’en crois Claude Mesplède, elle était plus qu’indispensable !
Toujours est-il que le texte que publie aujourd’hui la série noire est impeccable, et implacable. Impossible de ne pas être admiratif devant cette écriture « à plat », neutre (si cet adjectif a un sens) au plus près. Impossible d’en retirer un mot sans en changer le sens. Impossible de ne pas rester admiratif devant la limpidité de l’analyse des rapports entre le pouvoir politique et économique (entre les mains des même personnes), et de la pègre ; les deux associés pour casser le mouvement social, dans une guerre sans pitié, illustration parfaite de … la guerre des classes (ben oui, il faut bien appeler les choses par leur nom). Limpidité et lucidité, également, de l’analyse du pouvoir de la presse, mais aussi de sa manipulation par … le pouvoir en place. Et on pourrait continuer comme ça longtemps.
Le tout, sans un seul jugement de valeur, sans une ligne d’exposé économico-sociologique. Par la seule force du récit, et su style.
Donc, lecture obligatoire cet été, interro écrite à la rentrée.
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