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Les guerres de mon père
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Résumé
« Quand j’évoque mon père devant ses proches, bientôt trente ans après sa mort, ils sourient toujours, un sourire reconnaissant pour sa générosité. Il répétait, il ne faut laisser que des bons souvenirs. Il disait aussi, on ne parle pas des choses qui fâchent. À le voir vivre, on ne pouvait rien deviner des guerres qu’il avait traversées. J’ai découvert ce qu’il cachait, la violence, l’exil, les destructions et la honte, j’ai compris que sa manière d’être était un état de survie et de résistance.
Quand je regarde cette photo en couverture de ce livre, moi à l’âge de deux ans sur les épaules de mon père, je vois l’arrogance de mon regard d’enfant, son amour était immortel. Sa mort à la sortie de l’adolescence m’a laissée dans un état
de grande solitude. En écrivant, en enquêtant dans les archives, pour comprendre
ce que mon père fuyait, je me suis avouée, pour la première fois, que nous n’étions pas coupables de nos errances en tout genre et que, peut-être, je pouvais accepter d’être aimée. »
Ma lecture
Qui est-on, quand on apprend dès l’enfance que rien ne reste ? Qu’il faut toujours être prêt à tout perdre, même sa langue maternelle ? (p27)
Oui qui est-on lorsque l’on cherche ses racines, lorsqu’on essaie de comprendre qui était ce père, décédé bien trop tôt, sans jamais avoir parlé de lui, de son enfance, de sa famille. Comment peut-on se construire ?
Colombe part dans une quête des origines à travers les archives, les rencontres de survivants ayant connu son père enfant, adulte. Gilbert, parti quand elle n’avait que 13 ans. Trop tôt. N’a-t-elle pas idéalisé cet homme toujours joyeux, profiteur de la vie et de ses plaisirs.
La France sera une terre d’accueil pour sa famille aux origines roumaines et hongroises, qui a connu les pogroms et à trouver dans notre pays une terre d’accueil.
Le monde imaginaire est le seul moyen de remplir les vides laissés par les absents. (p66)
Mais l’arrivée de la deuxième guerre mondiale va les obliger à fuir à nouveau, à se protéger car quand on est juifs, il est souvent nécessaire de se cacher, d’oublier son nom, ses origines. Gilbert n’avait que 8 ans quand il doit quitter Strasbourg pour la Dordogne, nouveau refuge. Son père Max sera l’homme invisible : apparaissant, disparaissant, homme à femmes également, joueur, à plusieurs visages et identités.
Au fur et à mesure de ses recherches, l’auteure découvre ceux qui aidaient, dissimulaient, dénonçaient ses familles traquées. Un récit glaçant parfois sur les monstruosités en temps de guerre, les actions de bons « fonctionnaires de Vichy » mais aussi les actes héroïques de certains, souvent inconnus et discrets.
Colombe Schneck en tire une leçon mais « n’est pas certaine de supporter de faire consciemment du mal, même si cela m’est arrivé, sûrement. Torturer, battre, tuer, il me semble que j’en suis incapable. J’aurais bien trop peur de ne plus pouvoir vivre avec ». Mais comme beaucoup constate : qu’aurait-on fait. Aurions nous eu assez ce courage :
Non, puisque je ne le fais pas aujourd’hui pour les réfugiés syriens et afghans. (p122)
Les années passent mais elle retrouve parfois dans le présent certaines situations, certains regards et pose régulièrement la question : qu’aurions-nous fait en pareille situation, bourreaux ou victimes et aujourd’hui que faisons-nous ?
On fait des listes, c’est si facile de déshumaniser une personne. Un dentiste syrien devient un migrant, un adolescent tzigane, un petit voleur. (p81)
Gilbert ne parlait pas de son passé, il profitait de la vie, de chaque instant, il aimait la vie, il aimait les femmes, ne s’en cachait pas, assumait, comme s’il sentait que la vie lui était comptée. Il a été victime à une époque, pendant la guerre d’Algérie il a vu, il était dans l’autre camp, il rendait présentable les torturés de l’armée française et fermait les yeux, on a parfois pas le choix. Avait-il conscience que l’on pouvait passer la limite, même s’il n’était que le dissimulateur des actions des autres.
Une seule consigne pour lui :
Il faut vous créer de bons souvenirs. (p148)
et peut-être ne retenir que ceux-là, pour les moments difficiles, se dire qu’il y a de belles choses.
Il y a toujours et partout des pommes confisquées et des gens méprisés, c’est pourquoi je ne suis pas un ancien combattant. Je suis un combattant. (p119)
Roman, oui bien sûr mais surtout témoignage historique, chronique des recherches entreprises pour mieux également se connaître. Les explications arrivent au compte goutte : Pierre l’oncle aimé et bienveillant, Paulette, la mère discrète, éternelle amoureuse d’un père volage. Hugo, le résistant arraché à son amoureuse en pleine jeunesse et idole d’un petit garçon et tant d’autres.
Reste-t-il des traces dans nos gènes, dans nos esprits de tous ces événements ?
Les survivants sont rarement mélancoliques.(p 125)
Merci aux Editions Stock et à Net Galley pour la lecture de ce roman.
La gloire de mon père
Colombe Schneck est partie sur la trace d’un père qui avait pris soin d’occulter son passé. Pour lui rendre hommage et pour l’Histoire.
« Il m’a fallu vingt-cinq ans pour être capable d’affronter ce qu’il cachait. Il avait honte et nous avions honte, il était coupable et nous étions coupables, il manquait quelque chose, je ne savais pas quoi, ma seule certitude d’enfance était que son amour était aussi indéfectible qu’irremplaçable.
J’ai cherché de manière absurde, partout, son amour et son passé.
Conversations oubliées, notes perdues, dossiers administratifs, archives publiques. »
La confession qui ouvre le nouveau livre de Colombe Schneck nous livre aussi le mode d’emploi de la romancière. Ce n’est en effet pas uniquement avec ses souvenirs et les témoignages de la famille et des proches, mais aussi en généalogiste et en archiviste qu’elle est partie à la recherche du véritable visage d’un homme qui offrait à sa progéniture « un amour sans limites. Seules semblaient compter pour lui la beauté et la bonté. Il était prêt à nous laisser sans armes, dans l’illusion. Il suffisait de fermer les yeux. Nous étions des exilés sans mémoire s’accrochant aux joies du présent. » À l’image de cette photo de vacances sur le bandeau de couverture où Colombe trône sur ses épaules. Une joie de vivre et une insouciance qui ne sont pas feintes, mais qui sont nées d’un passé qu’il cherchait à oublier, à occulter.
La vérité, c’est qu’il « avait survécu aux destructions et aux rafles, aux morts injustes et à la torture, aux terreurs, à l’humiliation et à la peur, à la honte, à l’exil, à la perte encore; il avait été confronté, enfant, adolescent, jeune homme, à la violence et l’inhumanité. Face aux guerres, il avait construit un état de résistance, refusant l’amertume et la désolation, la plainte et la tristesse, la nostalgie. Il venait de pays qui ont disparu et dont il subsiste si peu de traces. Il était facile de nous faire croire qu’ »avant n’existe pas »».
Voilà donc la généalogiste remontant l’arbre généalogique – qu’elle a eu la bonne idée de reproduire au début du livre – pour essayer de mieux comprendre qui sont les personnages rencontrés au fil de cette enquête.
À la première génération, celle de ses parents, on imagine ce que le romanesque d’une histoire proche du Jules et Jim de Henri-Pierre Roché a pu être accompagné de frustrations et de non-dits, même si l’arrangement entre les deux amis se partageant la même femme semblait avoir eu l’assentiment de la grand-mère parternelle et de son second mari. Voici donc Pierre présentant son épouse Hélène à son ami Gilbert. Ce dernier, le père de Colombe, tombe immédiatement amoureux d’elle et finira par l’épouser. Le couple aura trois enfants, Antoine, Colombe et Marine.
Avant de revenir à Gilbert, qui est le personnage central de ce livre, remontant une génération de plus,celle des grands-parents. Cette fois, on se rapproche du Romain Gary de La Promesse de l’aube avec Majer, L’increvable Monsieur Schneck, et Paula: « Paula Hercovitz, la mère de Gilbert, ma grand-mère paternelle, est née à Bistriţa le 14 juillet 1909, une petite ville de la Transylvanie hongroise. Le père de Paula, comme 138 juifs de Bistriţa, s’engage en 1914 dans l’armée hongroise, il est tué en 1915. À sept ans, Paula est orpheline de père. Par le traité du Trianon, la Transylvanie devient roumaine. À l’âge de dix ans, Paula la petite Hongroise change de nationalité, de langue. Elle parle allemand, yiddish et hongrois, elle doit apprendre le roumain et une nouvelle forme d’antisémitisme, le modèle hongrois est plus feutré, presque invisible, l’antisémitisme roumain est lui violent, visible, physique. En 1922, la famille Hercovitz fuit vers la France. Qui est-on, quand on apprend dès l’enfance que rien ne reste? Qu’il faut toujours être prêt à tout perdre, même sa langue maternelle? Rien, même les murs d’une maison, une liste de camarades de classe, des habitudes, des goûts, rien ne tient. À Strasbourg, Paula devenue Paulette a suivi un cours de secrétariat ainsi qu’une école ménagère tandis que Majer, devenu Max devient voyageur de commerce pour un grossiste en porcelaine et cristal.
C’est dans cette France qui n’a pas encore pris la juste mesure des périls qui montent que naît Gilbert. Le petit garçon va très vite comprendre que le principe d’incertitude est durablement ancré dans la famille et, lié à ce dernier, le besoin de fuir, de chercher un abri ailleurs. Un atavisme qui lui suivra du reste jusqu’en Algérie.
C’est alors à l’archiviste de prendre le relais, de rechercher dans les administrations les documents et les noms des acteurs qui sont alors intervenus pour aider ou au contraire pour nuire à la famille. Si certains lecteurs seront rebutés par la transcription brute de ces dossiers, lettres et fichiers, on sent combien le devoir de mémoire l’emporte ici sur le souci d’écriture. Et ce qu’elle trouve est édifiant, met quelquefois du baume au cœur sur des blessures encore vives ou ravive le chagrin et la colère. Faisons ici le choix de citer les Justes, ces personnes qui ont rendu possible la survie de Gilbert et, par voie de conséquence, rendu possible la naissance de l’auteur. Merci à Charles Schmitt, directeur de l’école communale de Nontron, merci à Marguerite Eberentz, du réseau de Résistance de la préfecture de Périgueux et merci aux anonymes habitants de Trélissac.
Grâce à eux, Colombe peut rendre hommage à son père et, se faisant, ajouter à son travail d’archiviste et de généalogiste, celui d’historienne.
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