
Les gens des collines
Résumé éditeur
livré en 5 jours
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l’avis des lecteurs
Ce nouveau roman de Chris Offutt prend vie en quelques minutes, un cadavre de femme adossé à une souche aux premières pages, immédiatement suivi de la rencontre avec Linda Hardin et son frère Mick. Elle est la première femme sheriff de son coin du Kentucky, lui est enquêteur militaire en déshérence. Elle lui demande un coup de main et il prend en même temps les rênes du roman.
On va suivre Mick dans les rudes collines sombres et touffues avec des familles enracinées depuis plusieurs générations. Tout le monde se connaît, s’épie et se soutient. Tous taiseux et méfiants, bien rugueux comme la nature autour, cet autre personnage du roman : toute cette végétation augmente la noirceur du livre, des arbres de toutes sortes, des lianes, des broussailles et des feuilles à la tonne, des écureuils, des serpents, des grottes et de la boue, partout, tout le temps.
Pendant que Linda doit se coltiner un bleu du FBI sorti de la poche de l’industriel local, Mick parcourt les vallées, tentant d’apprivoiser les familles recluses qui pourraient avoir un lien avec le meurtre. On le voit déchiffrer, décoder le peu de mots et surtout les non-dits de ces gens engoncés dans un antique code de l’honneur où la vengeance et le qu’en-dira-t-on tiennent fermement leurs places.
— Est-ce que Nonnie fréquentait quelqu’un ? Je veux dire, est-ce qu’elle avait un soupirant ou quelque chose comme ça ?
La femme tira sur sa manche, tapota l’accoudoir de son fauteuil et regarda le sol.
— Non, dit-elle d’une voix ferme. Personne.
Les voix dans le fond s’élevèrent de nouveau, se chevauchant comme dans une dispute ou un débat. Mick but une gorgée de café, aspirant de l’air pour le refoirdir. Le regard de la femme passa de lui au portrait de Jésus, et Mick se dit qu’elle avait des années d’entraînement au silence.
Comme si le tableau n’était pas assez noir dans « Les gens des collines », la drogue est également de la partie, elle tue et fait tuer. L’occasion pour Chris Offutt de nous balancer toute la violence de ces comtés oubliés avec un style d’écriture tant visuel que percutant.
Le meurtre de Nonnie Johnson passe presque au second plan ; pour Mick la recherche de la vérité se métamorphose en défi, en quête. Comment débusquer un meurtrier dans cet enchevêtrement de vallées claustrophobiques, de hameaux dépeuplés, de clans familiaux où le silence est la vertu cardinale. Comment écarter la vengeance, et éviter la multiplication des cadavres ?
Une fois terminé Les gens des collines tout n’est pas si noir puisque ce roman est le premier volume d’une trilogie. Le deuxième devrait paraître dans quelques semaines aux USA, et le troisième est bien avancé. Retrouver Mick et Linda dans leurs collines bleues est la promesse de bonnes pages à venir.
Chacun s'est approprié un territoire qu'il représente au gré de ses écrits avec ce que l'on appelle communément le "Country Noir" désignant ces romans noirs ou ces polars ayant pour cadre des régions reculées de l'Amérique profonde et que Daniel Woodrell a initié avec son roman Faites-Nous La Bise (Rivages/Noir 1998) où figure ladite mention sur la couverture, dans sa version originale. Pour ce qui concerne le Kentucky et plus particulièrement la région minière des Appalaches, c'est sans conteste Chris Offutt qui s'est approprié cet Etat d'où il est originaire, en ayant vécu non loin des fameuses collines où il situe la majeure partie de ses intrigues à l'instar des recueils de nouvelles Kentucky Straight (Gallmeister 2018) et Sortis Du Bois (Gallmeister 2021) ou des romans comme Le Bon Frère (Gallmeister 2018) et Nuits Appalaches (Gallmeister 2020), un ouvrage qui a contribué à sa renommée dans nos régions francophones et dont le titre original, Country Dark, reprend donc l'expression utilisée par Daniel Woodrell. Dernier roman en date, Les Gens Des Collines bénéficie d'un beau concept graphique original où les cercles concentriques illustrent les cercles familiaux composant la communauté de la petite bourgade de Morehead et de ses collines avoisinantes se situant non loin de Haldeman, localité où a grandi Chris Offutt.
Mike Hardin est de retour dans son Kentucky natal à l'occasion d'une permission accordée par l'armée qui lui donne l'occasion de constater que son mariage est moribond. Se réfugiant dans la cabane de son grand-père, nichée au coeur des collines qu'il affectionne, Mike noie son chagrin dans le bourbon qu'il a stocké en grande quantité. C'est sa soeur Linda, femme de caractère devenue première shérif du comté, qui va le tirer de sa léthargie afin qu’il puisse apporter son aide dans une sordide affaire de meurtre. On a découvert dans les bois, le cadavre d'une jeune veuve, ce qui suscite l'émoi au sein d'une région où la population est prompte à régler ses comptes elle-même. Linda voit en Mike, un vétéran respecté qui possède de solides compétences en tant qu'enquêteur au CID tout en connaissant parfaitement chaque membre de la communauté qui sera plus à même de se confier auprès de lui. Mais parviendront-ils à découvrir rapidement la vérité afin d'apaiser la colère aveugle qui gronde dans les collines ?
S'orientant autour d'une enquête policière, on retrouve avec Les Gens Des Collines le style à la fois âpre et sobre de Chris Offutt qui nous offre, une fois encore, la possibilité de nous immerger au sein de cette communauté du Kentucky et plus particulièrement de ces individus qui vivent dans les collines environnantes avec ce sentiment d'appartenance omniprésent que l'on perçoit dans le contexte des investigations que mênent Mike Hardin et sa soeur Linda, deux personnages emblématiques, aux caractères forts et auxquels on s'attache rapidement. C'est l'autre caractéristique de Chris Offutt que de nous proposer, ce type de protagonistes dont on découvre une épaisseur qui dépasse le cadre de l'intrigue avec les rapports qu'entretient Mike Hardin avec sa soeur, mais également avec son épouse et dont le mariage déclinant nourrit le récit dans le contexte des rapports familiaux entre les différents membres de cette communauté que l'auteur dépeint avec un belle justesse. Comme un guide nous permettant de percevoir cette mentalité chargée d'une certaine violence sous-jacente qui prévaut dans le comté de Rowan avec une population soudée et solidaire, on suit les pérégrinations de Mike Hardin menant une enquête sur un mode assez classique où son statut de vétéran fait de lui une personnalité respectée au sein d'une communauté qui se montre défiante vis à vis de l'autorité. C'est l'occasion de découvrir ainsi toute une galerie de personnages secondaires hauts en couleur et parfois attachants à l'instar du shérif adjoint Johnny Boy Tolliver, du vieux Tucker, cueilleur de ginseng octogénaire, ou du directeur de funérarium Marquis Sledge III officiant également comme coroner. Autour du crime de Veronica Johnson, le suspense ne réside pas tant dans l'identité du coupable mais de ce désir de vengeance qui émane de la famille et que Mike et Laura doivent tenter de contenir. Et puis il y a cette atmosphère électrique émanant de cette petite ville caractéristique du Kentucky et de sa nature environnante que Chris Offutt décline par petites touches subtiles pour nous livrer un tableau flamboyant dans lequel on apprécie de déambuler en compagnie de cette collectivité aux contours rugueux mais qui se montre plus avenante qu'il n'y paraît.
TTT - Très BIen "Chris Offutt connaît par cœur les collines du Kentucky, les habitants silencieux et modestes qui s’y retranchent, entre berceau et lit mortuaire. La rivière est en crue, le sol est humide de rosée, on voit passer un vieux pick-up poussiéreux transmis de père en fils. Le soir, « les gens des collines » s’installent sur des vérandas où trônent encore des fauteuils en osier avec des trous dans le dossier. Les hommes sentent le whisky, les femmes ont les mains rêches et tout le monde se tait en attendant la tombée du jour, quand les chiens se mettent à hurler."
Je n’ai pas perdu de temps pour retrouver Chris Offut après la belle découverte que m’a valu "Nuits Appalaches". On retrouve dans "Les gens des collines" celles de ce Kentucky rural et perdu, dans les bois desquelles poussent en abondance pommes de mai et vergerette. Les plus aguerris y trouveront même du ginseng. En voilà d’ailleurs un, d’aguerri… c’est Tucker, héros de "Nuits Appalaches", dorénavant octogénaire mais toujours alerte, qui parcourt les bois une arme à la ceinture, et démontre qu’il n’a pas perdu son sens pratique : il vient de tomber sur un cadavre mais avant de prévenir les secours, il protège les jeunes pousses de ginseng trouvées alentour, afin qu’elles ne soient pas piétinées par ceux qui viendront enlever le corps…
Mais Tucker n’est ici qu’un personnage secondaire, puisque c’est sur Mick Hardin que se concentre l’attention de l’auteur. Le jeune homme sert depuis quatorze ans sous les armes, d’abord comme parachutiste puis au sein de la division des enquêtes criminelles de l’armée, spécialité homicides. Un poste qui le tient souvent éloigné de chez lui et de son épouse, actuellement enceinte, aux dépens d’un mariage qui bat sérieusement de l’aile. Il faut dire qu’à ses longues absences s’ajoute une acuité surnaturelle qui, si elle se révèle très utile pour son métier, mène la vie dure à son entourage, qui se sent constamment mis à nu. Pris entre le regret d’être rentré d’Allemagne et celui d’avoir un jour quitté le Kentucky, Mick noie dans l’alcool de vieilles ruminations et la perte de son estime de soi.
Sa sœur Linda, qui a grandi en ville avec leur mère au décès de leur père (pendant que Mick passait son enfance chez son grand-père dans une cabane perdue au milieu des bois, y héritant d’un savoir de la débrouille et de l’auto-suffisance remontant à la Grande Dépression), est quant à elle devenue shérif de Morehead, leur bourgade natale. Se montrant aussi rustre que les hommes brutaux parmi lesquels elle évolue, elle a su se faire une place et forcer le respect.
Chargée de l’enquête autour du meurtre de la femme dont le corps a été retrouvé dans les bois, on lui impose l’assistance d’un agent du FBI. Ne faisant aucun effort pour dissimuler l’agacement que suscite cette association forcée, elle sollicite l’aide de son frère, qui investigue de manière officieuse.
Un prétexte à l’auteur pour nous immerger dans l’univers de ces gens des collines, ce Kentucky qui a la triste particularité d’être la seule région d’Amérique où l’espérance de vie diminue, et que Mick connait comme sa poche. Imprégnés d’une culture qui élève la famille de sang au-dessus de tout -les traits d’un individu suffisant à savoir à laquelle il appartient-, ils peuvent entretenir les rancunes opposant un clan à l’autre de génération en génération, perpétuant des vengeances sur des décennies. Un simple désaccord ou une discussion banale peuvent dégénérer en bagarres ou en fusillades, les différends se réglant hors de toute intervention des autorités.
Etonnamment, il semblerait cette fois que la mort de la victime, à laquelle on ne connaissait ni ennemi ni mauvaises fréquentations, ne soit liée ni à un conflit entre voisins, ni à une affaire de drogue.
Méfiants, abrupts, les gens des collines prennent très tôt l’habitude ne pas montrer à quel point ils sont futés. Mais si les témoins qu’il interroge en savent long mais disent peu, Mick n’est pas dupe et il est surtout lui aussi très malin. Il n’extorque aucune confession mais déduit, parvenant indirectement à ses fins, sans que les gens aient l’impression d’avoir été forcés.
Si on retrouve dans ce titre l’association d’humour, de tendresse et de noirceur qui m’a tant plu dans "Nuits Appalaches", je dois avouer avoir été moins emballée que par ma précédente lecture. Mick et Linda sont certes des héros à la personnalité attachante, mais on ne prend pas suffisamment le temps de les côtoyer, les bifurcations confuses de l’enquête ayant par ailleurs tendance à nous faire perdre le fil du récit.
La loi du talion
Le pitch
Depuis quatorze ans dans l’armée, où il est devenu enquêteur, Mick Hardin revient pour une permission dans ses collines natales du Kentucky où tout le monde est cousin, où la norme consiste à avoir un flingue, un chien et un pick-up, pour constater que son mariage a du plomb dans l’aile. C’est alors que sa sœur Linda, première femme shérif du comté, vient solliciter son aide sur une affaire de meurtre. Il accepte son rôle d’adjoint officieux pour éviter un déchaînement de violence entre gens des collines qui ont tendance à rendre justice eux-mêmes.
Un magnifique roman noir sur les us et coutumes de ces habitants silencieux et modestes, âpres et violents, sujets aux vendettas sanguinaires, retranchés dans les collines du Kentucky du berceau à la tombe. Une remarquable déambulation dans une ruralité brute. Le premier volet d’une trilogie avec Mick Hardin. Voilà une belle occasion de se réjouir.
Pourquoi je vous le conseille ?
Car Chris Offutt connaît par cœur les collines du Kentucky dont il est originaire, et arrive à nous rendre séduisants ses habitants taiseux, durs-à-cuire et complexes. Car il les regarde avec lucidité et tendresse. Parce que sous couvert d’une intrigue policière, c’est la vieille culture des collines, ses codes d’un autre âge, ses communautés recluses, qui sont au cœur du roman. Pour Mick Hardin, vétéran, apatride, un héros franc et complexe tel qu’on les aime. Pour la qualité littéraire du texte qui n’en fait jamais trop, où la violence côtoie une poésie certaine. Car Chris Offutt, avec l’immense talent qui est le sien, creuse le sillon de cette obsession qui est la matière de son œuvre entière : dire la manière dont on appartient à des lieux plus qu’ils nous appartiennent, dont on est l’élément d’une communauté qui nous façonne, nous protège et nous contraint. C’est tragiquement beau.
LA FAMILLE AVANT TOUT. Revenu en permission pour voir sa femme, Mick va se retrouver à donner un coup de main à sa sœur, shérif du comté, pour résoudre un meurtre. La victime appartient à l’une des plus anciennes familles qui habitent les collines. Et l’honneur veut que chaque crime soit vengé personnellement par ceux qui ont subi l’affront. Les histoires de famille sont une constante dans les romans de Chris Offutt comme le prouve ce nouvel opus, premier d’une trilogie à venir. Dans les collines, certaines fratries s’entraident. D’autres s’entretuent et se vengent. Toutes forment des clans qui se soutiennent mais aussi se surveillent. Des gens taiseux, repliés sur leur territoire, leurs maisons isolées les unes des autres. Des gens rudes, méfiants à l’égard des étrangers. Des gens attachés (ligotés ?) à la lignée dont ils font partie.
POUR MICK. Le vétéran, l’honnête homme au cœur blessé qui n’est plus chez lui nulle part. Ni dans sa maison, ni dans la vieille cabane de son enfance, ni en Europe où il est basé. On va le suivre dans son combat contre des lois communautaires ancestrales de vengeance familiale qui dépassent la loi et l’ordre, mais qu’il connaît parfaitement puisqu’il appartient à cette communauté qu’il a quittée pour mieux y revenir. Avec une formidable économie de moyens, chaque mot pesé avec soin, l’auteur fait sentir le désarroi de cet homme en crise. Terriblement attachant.
POUR LE STYLE, ÉCONOME ET POÉTIQUE. Les Gens des Collines est d’une qualité littéraire indéniable où les contraires se mêlent de manière bouleversante. La noirceur et la lumière, la rudesse et la tendresse, le sordide et la poésie. Il rend aussi bien la beauté de la nature que la violence du monde comme en témoigne la scène d’ouverture où la tragédie se mêle à une forme de beauté quand un vieil homme parti chercher du ginseng dans un vallon isolé trouve le cadavre d’une femme : « Le ginseng se repiquait mal, mais ça valait mieux que de le laisser se faire piétiner par tous les gens qui allaient venir enlever le corps. C’était un joli coin pour mourir. » C’est que l’écriture de Chris Offutt est une merveille d’épure. Le romancier et nouvelliste pèse ses mots avec économie pour ne dire que l’essentiel dans un style à la fois discret, subtil et évocateur. Sans excès et pourtant charnel. S’ajoute un art du trait, du portrait en quelques lignes, qui placent décidément Chris Offutt dans la cour des grands.
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