Un abri de fortune

Je ne connaissais Agnès Ledig que de nom et j’ai été attirée par la magnifique couverture de ce roman. Sa douceur illustre parfaitement ce beau livre feel good plein de tendresse qui m’a fait passer un excellent moment en compagnie de personnes qu’on aimerait rencontrer dans la vraie vie.

Capucine et Adrien sont de jeunes agriculteurs des Vosges, ils désirent devenir autosuffisants et cultiver de manière durable. Mais surtout ils désirent réparer les personnes en souffrance. Eux-mêmes ont connu un parcours difficile et décident d’ouvrir leur exploitation à d’autres. C’est ainsi que Karine, Clémence et Rémy vont se retrouver chez eux pour se reconstruire après un accident de la vie. Karine est une enseignante en dépression d’une quarantaine d’années, Rémy sort de prison et Clémence une adolescente anorexique. Ils vont tisser des liens, reprendre confiance en eux et dans les autres en s’impliquant dans les travaux agricoles et domestiques. Un jour, en défrichant un bois, ils tombent sur un escalier enterré. Dans leurs moments libres, ils enquêtent sur leur trouvaille.

Ce roman m’a beaucoup touchée, on y suit l’évolution des personnages qui renaissent à la vie. Capucine et Adrien sont plein de bienveillance mais savent aussi cadrer leurs pensionnaires. Ils apprennent à se faire confiance, Rémy ose se dévoiler et les autres l’acceptent. Certaines tâches exigent que tous se donnent à fond, comme les foins qu’il faut finir et rentrer avant la pluie. J’ai trouvé ces descriptions agricoles très convaincantes. La communauté se renforce par ces activités parfois difficiles. La réalité n’est pas édulcorée, l’agriculture biologique est exigeante, avec de grosses déceptions parfois comme la maladie qui ravage les ruches de Capucine et qui décimera ses colonies.

L’enquête sur le mystère caché au fond des bois est très prenante, elle aboutira à un beau portrait de femme. Le voisin, Jean, n’est pas un simple spectateur et son histoire m’a beaucoup touchée, tout comme celle de Madeleine, je pense que de nombreuses jeunes filles ont connu pareil sort autrefois (ici dans les années 1930/40). Ces tragédies aident aussi Karine et Clémence à aller de l’avant en les reliant à d’autres victimes.

J’ai beaucoup aimé la lecture de François Eric Gendron, même si j’ai trouvé étonnant de choisir un homme pour un roman feel good. Il sait donner vie à tous ces personnages et transmettre leurs émotions. J’ai beaucoup aimé l’écriture fluide et dynamique d’Agnès Ledig, j’ai envie de découvrir d’autres de ses livres. Je n’ai toutefois pas compris le sens du prologue, qui n’a rien à voir avec cette histoire. En y réfléchissant, il pourrait s’agir du père de Madeleine ou de celui de Clémence, les seuls personnages négatifs de ce roman. La jeune fille prendra d’ailleurs de grands risques pour se venger.

Ce roman plein de tendresse qui parle de résilience, de la nature et de la confiance retrouvée est un coup de coeur. Un grand merci à Netgalley et Audiolib.