
Les salauds gentilshommes Tome 1 Les mensonges de Locke Lamora
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l’avis des lecteurs
Les salauds gentilshommes est une série de fantasy comptant trois tomes parus pour le moment en France. Le premier tome s’intitule Les mensonges de Locke Lamora. C’est le premier roman de Scott Lynch. Il a été publié en 2006 et traduit en français en 2007 chez Bragelonne. Une réédition du roman a eu lieu en septembre 2019.
Parfois, on se demande comment on a pu passer à côté d’un roman, surtout quand il a une aussi bonne réputation que celui-ci. Alors pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu, ne faites pas comme moi et n’attendez plus pour le lire. Ce roman vaut vraiment le détour.
Certes, c’est un beau pavé de 600 pages mais vraiment il se lit très bien et est très immersif. Le rythme est intensif, on ne s’ennuie pas une minute. Les intrigues sont multiples, prenantes.
Certes, il fait partie d’un cycle dont 7 tomes sont prévus pour le moment. Mais ce premier tome peut se lire indépendamment, il a une vraie fin, sans cliffhanguer de folie qui fait rager. De plus, deux autres tomes sont d’ores et déjà disponibles en français.
Certes, c’est de la fantasy qui peut apparaitre classique au premier abord. Mais avec un univers très travaillé et riche. Tout se passe dans la ville de Camorr qui ressemble beaucoup par certains aspects à Venise à l’époque de la Renaissance. Il y a de la magie mais pas tant que ça, il y a surtout de l’alchimie qui fait fonctionner tout un tas de choses et permet d’obtenir des objets assez funs. Il y a des guildes, de la mafia, des voleurs, des nobles. Tous les ingrédients d’un excellent univers sont là.
Certes, les héros sont des voleurs. Mais alors quels personnages fabuleux! On ne peut que tomber en amour devant la bande des salauds gentilshommes et devant Locke. Ce ne sont pas des voleurs de type « pickpocket » mais des experts en escroquerie, baratins, déguisements opérant surtout auprès de la noblesse. Ils volent pour l’amour d’escroquer et pas vraiment pour l’argent en lui-même. Locke et sa bande ont été recueillis alors qu’ils étaient orphelins par Chains, un faux-prêtre et véritable escroc. Celui-ci va tout leur apprendre durant de longues années pour en faire des bandits de haut vol. Mais ce n’est pas tout, l’entente entre les 5 membres de la bande est formidable, ils sont tous attachants, ont chacun leur spécialité. Locke est clairement le plus développé de tous mais les autres ont aussi leur importance. Que dire de Locke? Il faut le découvrir à tout prix, quelle psychologie, quel caractère et quel humour! Bref rien que pour lui, le roman vaut le coup.
Certes, la narration surprend au départ. En effet, les chapitres alternent entre l’histoire présente et le passé des personnages en Interlude. Les interludes sont moins intéressants que la trame principale, on ne peut pas le nier. Cependant, ils apportent profondeur aux personnages et à l’univers. On apprend comment ils se sont rencontrés, les faits importants de leur passé. Et puis, quelle plume! On rit, on tremble, on a peur. L’auteur a un style fluide, imagé et vivant. C’est drôle parfois, triste aussi. L’auteur adore prendre son lecteur à contre-pied et le surprendre.
Au final, Les mensonges de Locke Lamora est un fabuleux roman qui apporte un plaisir de lecture indéniable. Ne faites pas comme moi pendant de longues années et ne passez pas à côté pour ceux qui ne l’ont pas encore lu. Le succès public et les prix remportés sont amplement mérités.
Un brin de pression pour celle là, honnêtement. C’est pas tant parce qu’encore une fois je m’attaque à un bouquin doté d’une certaine réputation, c’est plutôt parce que je sais que précisément, pour celui-ci, je suis attendu au tournant. Et du coup, je sais que je vais forcément tomber dans un piège que je me suis partiellement tendu à moi-même ; quoi que je dise, sur un bouquin qui a déjà été tant lus par d’autres yeux que les miens, je risque de choir lamentablement dans les écueils de l’évidence ou de la redite. J’aurais beau faire de mon mieux, à l’issue de cette chronique, il est fort probable que je considère cette dernière insuffisante. C’est pas dramatique, hein, mais j’avoue que j’aime bien avoir le sentiment de raconter des choses un minimum neuves ou intéressantes sur ce que je lis et chronique : que ce que j’écris vous donnent au moins un peu le sentiment d’une valeur ajoutée.
Et le cœur du problème, à cet égard, c’est que ces Mensonges de Locke Lamora, si vous les avez lus, vous n’avez évidemment pas besoin de moi pour savoir que c’est très bien. Sauf si vous n’avez pas aimé, ce que je peux tout à fait concevoir aussi, quoiqu’avec un peu plus de défiance. Disons que si je peux tout à fait appréhender l’idée que ce roman ne soit pas la came de tout le monde, il me semblerait malvenu – voire malhonnête – de considérer que c’est de la mauvaise ouvrage.
En bref, ce premier tome des Salauds Gentilhommes m’a tout a fait convaincu et séduit, j’ai envie de lire la suite – sans me presser, on se sait – et je m’en vais vous expliquer à quoi tout cela tient.
*Sobre mais élégante révérence*
La Cité-État de Camorr tient sur un équilibre secret mais solide. La Paix Secrète y assure que sa pègre puisse y prospérer sans trop d’embêtements de la part des autorités locales, tant qu’elle ne s’attaque pas aux mauvaises cibles ; les plus puissantes et les plus influentes. Les Salauds Gentilhommes, menés par Locke Lamora, en ont parfaitement conscience ; et c’est en toute connaissance de cause et en suivant les enseignements précieux du Père Chains qu’ils y contreviennent, de façon aussi subtile que spectaculaire. Mais comme l’a dit tous ceux qui ont croisé le chemin de Locke Lamora et ont tenté de le rendre plus raisonnable, son goût pour les plans risqués va finir par le mener au devant de très grosses déconvenues.
Commençons, si vous le voulez bien, par un hommage appuyé et indispensable à Karim Chergui, discret mais brillant traducteur du présent ouvrage. Discret parce que je me dis que si rien dans ce roman n’a pu jamais me sembler particulièrement ardu à traduire en tant que tel, toutes ses parties isolées les unes des autres ; je présume aussi qu’il aura fallu à l’auteur de cette traduction suer sang et eau pour arriver à un résultat aussi clair, fluide, et surtout constant. Les Mensonges de Locke Lamora est un long roman. Un roman dense en informations, en dialogues riches et en registres de langue extrêmement compliqués et variés à tenir sur la durée de façon cohérente ; il aura donc fallu, j’en suis sûr, un boulot monstre à celui à qui je rends ici hommage, pour rendre aussi parfaitement l’essence de ce qui fait le principal charme de ce texte somme toute singulier. Puisque je m’efforce de le faire à chaque fois que je m’en fais la réflexion à un moment où à un autre de ma lecture, et comme je me suis fait cette réflexion très régulièrement au cours de celle-ci, mes remerciements s’imposent. Voilà qui est fait.
Et rebondissons ensuite, si vous le voulez bien, sur ce mot de charme, qui me saute à la figure alors que je l’utilise sans y penser. C’est sans doute le mot-clé quand il s’agit de mon ressenti à propos des Salauds Gentilhommes, cet improbable et pourtant évident mélange entre Arsène Lupin et la Compagnie Noire, cette bande de sales gosses à la fois malhonnêtes et débordants de sincérité, aussi roués que merveilleusement naïfs, à leur manière unique. C’est là la force de Scott Lynch, je crois : réussir à tenir une équation de crapule-fantasy pourtant vieille comme le monde avec une fraîcheur et une générosité exemplaires. Je n’ai rien lu de conceptuellement renversant, dans ce roman. Je pourrais même avancer que je n’y ai rien lu de particulièrement neuf, que ce soit dans son world-building, dans la mobilisation de ses archétypes ou même dans sa construction narrative. Tout ce que je pourrais vous décrire, une fois extrait de son contexte narratif, serait très facilement à mettre en lien avec un élément classique ou même réel ; ne serait-ce que Camorr, claire évocation d’une Cité-État italienne de la Renaissance, langue à l’appui, idées de Machiavel – ou même de Havelock Vétérini, soyons fous – dans les souterrains. Une liste de mauvaise foi et de pire esprit serait aisée à compulser ; mais elle serait à la fois dans l’erreur et innoportune. Le secret de Scott Lynch est précisément, à mes yeux, d’assumer à fonds toutes ces filiations, de les écraser les unes contre les autres, et d’en extraire un suc auquel il adjoint ses ingrédients secrets, pour en faire un liant qui change toutes leurs saveurs.
Qu’importent ces inspirations, dès lors qu’elles participent à un ensemble encore plus glorieux et flamboyant, où les petits ajustements sont légions, créant une ambiance et un monde à la fois familier et complètement étranger, qu’on a tout à la fois plaisir à parcourir et à découvrir.
Parce que j’ai beau faire dans le prétexte analytique – on ne se refait pas – le fond de l’affaire est on ne peut plus simple : j’ai été immédiatement embarqué et je n’ai que très peu lâché ma lecture pour faire d’autres choses autrement moins intéressantes, pendant cette petite semaine que je lui ai consacrée. Je me suis régalé des dialogues insolents et de l’esprit de famille complice des Salauds Gentilhommes, autant que des plans aussi tordus que géniaux de Locke Lamora, à peine plus que du nombre d’éléments culturels ahurissants fournis par la plume espiègle de Scott Lynch : c’est passé tout seul. Et si je pourrais regretter, à titre personnel, quelques séquences et paragraphes laissant un peu trop la part belle à des descriptions me laissant un peu froid et diluant parfois un peu trop l’intrigue d’un moment plus enlevé à un autre ; je dois à l’inverse saluer la construction extrêmement maline de l’auteur, alternant les scènes intimistes et autres analepses avec les séquences plus enlevées et « présentes » du roman. Déjà pour des pures raisons de rythme et de construction psychologique des personnages – ça fait toujours plaisir quand c’est aussi bien fait – mais surtout pour le côté plus technique de la chose. C’est comme un très bon tour de magie ; on a parfois beau savoir comment c’est fait, ça ne gâche le tour en rien, ça le rend encore plus impressionnant. Je savais très bien, en lisant certaines séquences, que Scott Lynch ne faisait rien d’autre que préparer le terrain pour une révélation intervenant plus tard, ou pour justifier une astuce de ses personnages – en terme de timing, c’était même parfois un peu abusé – mais c’était d’autant plus plaisant que c’était toujours fait à la manière de ses personnages, avec un clin d’œil et un sourire insolent auxquels je ne pouvais rien faire d’autre que répondre avec le même enthousiasme.
Parce que je vois bien ce qu’il fait, quand il m’écrit une scène d’arnaque comme on mettrait en scène la même chose au cinéma ; en me narrant et en mettant en parallèle deux événements qui n’ont au départ rien à voir, mais qui s’illustrent et se répondent l’un l’autre. De la même manière que je vois très bien à quel point cette même scène m’aura été utile bien plus tard dans le roman pour comprendre les implications d’un troisième événement qui n’a lui non plus rien à voir avec, mais qui pourtant lui emprunte une bonne part de ses mécanismes basiques, réarrangés dans un nouvel ordre.
Parce que comme toujours avec moi, quand bien même je subodore que tout ce roman a dû être accouché de l’imagination de son auteur aux forceps, avec du sang des larmes et de la sueur, il n’empêche que ça transpire le fun de partout. Pour arriver à un tel niveau de cisèlement narratif, il a fallu beaucoup de travail, mais j’ai l’impression que Scott Lynch s’est amusé tout du long. Je sais qu’une fois parvenu à aligner certains des rouages les plus délicats de son intrigue à coup d’innombrables setup/patoffs, il s’est fendu d’un sourire carnassier. Et je lui en veux même pas : c’était vraiment très cool de me faire avoir.
Parce que oui, en dépit de mon côté un peu blasé du mec qui en a tellement vu qu’il n’a plus l’impression de vraiment pouvoir se faire avoir ; je me suis fait avoir, et plus d’une fois. Mais, et c’est là tout le sel de ma satisfaction : pas de la manière à laquelle je m’attendais à me faire avoir. On pourrait dire que je me suis fait meta-avoir. On en revient à ce que je disais plus haut ; Scott Lynch a emprunté à beaucoup des codes les plus établis du genre auquel il s’attaque. Mais comme tout bon·ne auteurice, il le fait avec, je pense, une connaissance approfondie et passionnée de son sujet ; il sait dans quels écueils il peut se permettre de tomber et ceux qu’il doit éviter pour que son récit soi aussi efficace et frappant que possible. Et je pense que c’est en jouant aussi avec ces codes qu’il a réussi à m’attraper et à me surprendre. Pendant une grosse partie du bouquin, j’ai eu l’impression d’un récit extrêmement maîtrisé, mais avec la promesse tacite du respect espiègle de certains clichés, appelant régulièrement à une forme de complicité de ma part. Et j’étais ok avec ça, ça n’a jamais été un problème dès lors que l’emballage compense le manque de bouleversements de mes attentes : on s’amuse ensemble, c’est de bonne guerre. Mais – spoiler mineur – Scott Lynch, à un moment, a eu l’extrême intelligence de me sortir de ce sentiment de fausse sécurité dans laquelle il m’avait baigné jusqu’alors, ce salaud. Et dès lors, ç’a été une succession d’excellentes surprises. Qui pour beaucoup d’entre elles, tenaient à des détails dans le flux de la narration, mais ordonnés d’une manière si subtile et si érudite, qu’elles s’exprimaient d’autant plus efficacement. D’une certaine façon, on peut dire qu’il a construit son bouquin exactement comme son héros aurait bâti une de ses arnaques. Sauf qu’à la fin, on est content de s’être fait avoir. Ce que je trouve, d’une certaine manière, assez poétique. Et extrêmement plaisant.
Bah oui, c’est pas pour rien que c’est culte, évidemment. Je comprends et partage cet engouement. En dépit de ses 740 pages, auxquelles, personnellement, j’aurais enlevé quelques petits pourcents pour parfaire la densité de l’ouvrage, ça se lit vraiment tout seul et sans aucune peine. Des personnages au rythme en passant par l’intrigue et le world-building, force est de constater que ça approche assez scandaleusement du sans-faute. Très honnêtement, je ne saurais pas dire ce qui manque à ce roman pour que je le considère comme culte moi-même ; je pense qu’il arrive juste trop tard dans mon parcours, assez injustement. Mais n’empêche que je vais désormais faire partie de la cohorte de cielles qui en attendront les tomes futurs avec impatience, en dépit de la très bonne tenue de ce premier tome en stand-alone à mes yeux : j’ai envie de voir où tout ça peut aller, et de comment cette petite bande peut évoluer.
Woopdidoo.
Je continue les récréations. J’avais besoin d’un machin addictif qui se lise facilement. Et de faire une petite pause polar. J’ai essayé Scott Lynch et Les salauds gentilshommes, le tome 1 : Les mensonges de Locke Lamora. Juste ce que je recherchais.
Dans la belle ville de Camorr, comme dans beaucoup d’autres endroits, mieux vaut être riche et puissant que pauvre et orphelin. Locke Lamora est pauvre et orphelin. Et très malin. Et dépourvu de pas mal de scrupules. Sous la houlette d’un faux prêtre, il va grandir et devenir encore plus malin. Et former la toute petite bande des Salauds gentilshommes, spécialisés dans les arnaques les plus flamboyantes.
Faisant fi de l’entente entre la noblesse et la pègre organisée, sans que personne ne les soupçonne, ils vont plumer les plus riches, sans rien donner, ou presque, au parrain local. Jusqu’à l’arrivée d’un mystérieux Roi Gris, et jusqu’à l’arnaque de trop.
Je ne vais pas vous dire que c’est le chef d’œuvre de l’année (ou d’une autre année), mais j’avais besoin d’un roman qui emballe le lecteur, un roman pas trop exigeant mais pas indigent, qui donne envie de se coller dans son canapé au coin du feu, même après une soirée difficile et une nuit courte. Et c’est bien ça que j’ai eu.
Une jolie construction, un décor original et parfaitement décrit, du soin dans les détails du cadre et dans la construction des personnages, et une intrigue qui ne faiblit pas au long de plus de six cent pages, avec ce qu’il faut de surprises, de coups de théâtres, de bagarres et d’arnaques.
Je ne lirais pas que ça, mais, le tome deux viendra sans doute sur mes étagères, à côtés de quelques bonnes séries B avec ce qu’il faut de baston pas bête pour les jours de coups de mou. Car je me suis bien amusé au coin du feu, ce qui est déjà beaucoup. Et ça doit aussi marcher à la plage pour l’été.
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