La Cité du futur
  • Date de parution 03/01/2019
  • Nombre de pages 464
  • Poids de l’article 238 gr
  • ISBN-13 9782072830471
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Dystopie et Uchronie Steampunk

La Cité du futur

3.68 / 5 (120 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Pour cinq ans seulement, jusqu'en 1877, la cité de Futurity dresse ses immenses tours jumelles au-dessus des grandes plaines de l'Illinois. Depuis Futurity, des hommes du futur viennent visiter le XIXᵉ siècle. Et, contre une fortune en métaux précieux, les autochtones peuvent dormir dans la Tour n° 1, véritable vitrine technologique d'un incompréhensible XXIᵉ siècle. C'est dans cette cité que travaille, comme agent de sécurité, Jesse Cullum, un autochtone. Parce qu'il a sauvé le président Ulysses Grant d'une tentative d'assassinat, Jesse se voit proposer une promotion : assisté d'une femme du XXIᵉ siècle, il va devoir mener l'enquête. Mais que va-t-il réellement découvrir ? Un complot pour tuer le président... ou les inavouables secrets de Futurity ? Après avoir imaginé le futur des réseaux sociaux dans Les Affinités, Robert Charles Wilson revient avec ce roman de voyage dans le temps où les surprises s'enchaînent à un rythme vertigineux.

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  • Date de parution 03/01/2019
  • Nombre de pages 464
  • Poids de l’article 238 gr
  • ISBN-13 9782072830471
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Qui n’a jamais rêvé de vivre l’Ouest américain du temps des pionniers ? Respirer ce parfum d’antan, cet air non pollué encore vierge d’une civilisation oppressante ? Parcourir ces plaines ondoyantes du midwest et peut-être même apercevoir des troupeaux de bisons à l’état sauvage ! Et pour ceux que les joies bucoliques ne tentent pas, arpenter les rues de New York ou de San Francisco bien avant que les gratte-ciels n’en obscurcissent l’horizon de vaines promesses de grandeur, ne serait-ce pas le plus prodigieux des voyages ?

« L’authenticité est essentielle pour les profits. Les gens qui paient pour voir l’Ouest du XIXe siècle ne veulent pas d’un parc à thème où de faux cow-boys se la coulent douce dans un ranch et regardent Netflix en grignotant des Doritos. Ils souhaitent contempler l’Ouest authentique. » (Auguste Kemp)

Si l’aventure vous tente, elle est désormais à votre portée. C’est tout du moins ce que propose le milliardaire Auguste Kemp, sorte de génie à la Elon Musk. Ce dernier possède en effet une technologie fabuleuse appelée communément « le Miroir » qui permet le voyage dans le temps. Nous sommes donc invités, nous résidents du XXIe siècle, à embarquer pour un incroyable périple vers ce glorieux passé où sévissent encore cow-boys et indiens. L’invitation sera cependant de courte durée, puisque le portail temporel se refermera en 1877, soit cinq années après sa mise en service.

A Futurity, la ville bâtie en un temps record dans les plaines de l’Illinois par Kemp pour accueillir les touristes, tout est vrai. On ne se balade donc pas dans une sorte de « Westworld bis » pour ceux qui auraient pressenti l’éventuelle entourloupe. Futurity n’est pas non plus exclusivement peuplée par nos contemporains : afin d’augmenter sa source de business, Kemp a fait construire deux tours qui s’élèvent comme des flèches ardentes vers l’azur, constructions titanesques pour l’époque faisant office d’hôtel de luxe pour les nouveaux arrivants. Si La tour n°1 s’avère effectivement réservée aux touristes du futur, servant de base de départ à leurs pérégrinations, la tour n°2 ouvre ses portes quant à elle aux gens du XIXe afin de leur faire profiter des merveilles technologiques de notre époque. Enfin, de leur donner un aperçu édulcoré, dirons-nous.

C’est là que nous retrouvons Jesse Cullum, garde taciturne autochtone au passé flou et ayant participé à la construction de Futurity suite à des désagréments de voyage (on l’a jeté d’un train et il s’est retrouvé là sans le sou). C’est un grand jour pour la Cité, le général Grant est de visite et Jesse fait le planton dans le cordon de sécurité. Manque de bol, ça tombe sur lui : un homme va dégainer une sorte d’arme pas très catholique et tenter d’assassiner le président. Mais Jesse est rapide, et il en a vu d’autres…

Si l’idée d’une machine à explorer le temps n’est pas nouvelle, depuis H. G. Wells et tant d’autres qui en ont repris la thématique, elle n’en reste pas moins un outil puissant pour tout écrivain avide de plonger son lecteur dans les potentialités d’un monde parallèle. Robert Charles Wilson avait d’ailleurs lui-même déjà brillamment utilisé ce principe dans « les Chronolites » paru chez Gallimard au rayon Folio SF. Au delà du décalage induit et propre au merveilleux, l’idée est de se servir du voyage dans le temps pour soutenir un propos, une thèse, ouvrir une perspective nouvelle et finalement parler de notre présent. Peu importe que cette fameuse machine ait été inventée un bon millier de fois sous toutes ses coutures, ou plutôt sous tous ses boulons devrions-nous dire, l’essentiel est ailleurs.

En l’occurrence ici, la trame rocambolesque et savoureuse de Jesse Cullum nous amènera sur les rives humanistes de la tolérance, chère à l’auteur, envers celui dont on ne comprend pas forcement la culture et les moeurs. L’autochtone, l’indigène, le barbare au comportement impropre et scandaleux, c’est forcement toujours l’autre…

Le racisme, le sexisme et l’homophobie d’une époque feront ainsi face au dédain, à la trivialité et à la suffisance d’une autre. Wilson traite l’incompréhension des contemporains de ces deux époques qui se télescopent comme d’autres parleront d’interférence culturelle et de la difficulté d’accepter cet étranger qui nous regarde comme son égal.

Si le récit s’annonce par ailleurs alerte et léger, drôle et porté par un souffle épique propre au roman d’aventure – parfois violent comme tout bon western qui se respecte – il s’avérera également nimbé par moment d’une aura plus grave, état d’âme qui s’exprimera dans de nombreuses thématiques sous-jacentes parsemant le récit comme autant de zones plus sombres. On pense ici au drame du 11 septembre (l’image des deux tours n’est sans doute pas anodine) ou à celui du stress post-traumatique vécu par ces soldats rescapés des champs de batailles.

Ce qui nous amène au point névralgique de cette chronique : la grande force de Robert Charles Wilson, c’est son humanité ainsi que la justesse avec laquelle il dépeint ses personnages et la qualité des relations qu’ils tissent les uns les autres au cours de l’aventure. Tout sonne juste, on est à mille lieux des stéréotypes fastidieux servant la soupe à un récit bancal. Il y a des moments de grâce chez Wilson, des petits moments de magie où les personnages prennent vie au delà de la trame principale pour notre plus grand bonheur.

L’auteur canadien signe ici une nouvelle grande fresque dans l’épopée spatio-temporelle, cinglante et haletante comme un bon vieux western, mais aussi touchante et vibrante d’une humanité qui colmate ses failles comme elle peut.

Lors du challenge « Robert je t’aime » organisé par Le chien critique, j’ai lu pas mal de roman de Robert Charles Wilson prenant goût à son style fluide et entraînant, et sa capacité à créer des personnages ordinaires et attachants. Son dernier roman en date est La cité du futur paru chez Denoël dans la collection Lunes d’encre en 2017. Le sujet de ce roman m’intéressait et si il a objectivement de grandes qualités, il est loin de figurer parmi les meilleurs de l’auteur et j’avoue m’y être ennuyée dans sa deuxième partie.

Quand le futur rencontre le Far West

Comme son titre l’indique, le roman parle du voyage dans le temps, mais en adoptant l’angle du voyage, de la rencontre entre deux mondes et pas celui des paradoxes temporels. Le récit se situe en 1876 au Far West et met en scène Jesse Cullum, employé dans la Cité du futur. Cette cité est une ville, en fait deux tours, comme on peut le voir sur la très belle couverture signée Aurélien Police. Elle a été construite par des hommes du XXI ème siècle sous la direction du milliardaire d’August Kemp (qui m’a fait penser à Daniel Clamp dans Gremlins 2 qui vit aussi dans un grand building…). La cité est une sorte de parc d’attractions où les habitants du futur peuvent venir découvrir le Far West et inversement en évitant de trop en dire sur le futur. La question des paradoxes temporels est réglée par la notion d’univers parallèles, le futur des gens de 1876 ne sera pas forcément celui qu’ils voient. La trame temporelle est multiple. Ça tient la route si on ne se pose pas trop de questions, mais dans le feu de la lecture, c’est cohérent. Comment les hommes du futur sont ils venus en 1876? Grace à une technologie mystérieuse dont on aurait aimé franchement en savoir plus : le Miroir qui permet de faire passer objets et humains.

Dans cette cité cosmopolite où chaque époque vit dans sa tour, nous suivons tout d’abord Jesse Cullum qui a réussi à empêcher une tentative d’assassinat visant le président Ulysse Grant. Une enquête va lui être confiée pour démasquer un trafic d’armes illégales venant du futur. Pour cela, on lui adjoint Elisabeth De Paul une ex-militaire du XXI ème siècle comme partenaire. L’enquête menée par les deux personnages leur permet de mieux se connaitre et au lecteur d’apprendre à mieux appréhender le fonctionnement des deux tours et des déplacements temporels.

Deux parties trop distinctes

En mettant en scène la Cité, Robert Charles Wilson montre également à quel point les mœurs ont évolué entre les deux époques autant au niveau des droits des femmes que dans les manières de vivre. Les innovations technologiques sont également à l’honneur. Toute la première partie du roman est très intéressante. L’auteur parle de différences, de temporalité, de voyages, de l’impact des grandes entreprises sur ce nouveau voyage.

Puis, vers le milieu du roman, Robert Charles Wilson choisit de faire prendre la route du thriller à son roman, et tout ce qui a été abordé dans la première partie semble loin, très loin derrière. On se demande bien à quoi toute cette mise en place a pu servir si c’est pour l’abandonner en cours de route et se concentrer sur une recherche de personnes, ni vraiment intéressante ni vraiment originale et surtout sans grand rapport avec le reste. Les péripéties sont certes nombreuses mais linéaires et du coup on s’y ennuie. Heureusement, l’intérêt porté aux personnages relève un peu mais pas suffisamment par moments. Le problème vient surtout du fait qu’on aurait aimé en savoir plus sur les différents éléments introduits dans la première partie qui ne sont qu’effleurés et que le récit prend une autre direction qui n’apporte rien au reste. La toute fin du roman relève un peu cette seconde partie mais trop superficiellement malheureusement pour enlever cette impression déroutante.

La cité du futur est un roman agréable à lire, où la plume de l’auteur fait à nouveau mouche. Cependant, il laisse une impression de roman inachevé, presque de gâchis, tant il aurait pu être beaucoup plus intéressant. L’auteur semble hésiter entre 2 genres, 2 directions à prendre dans son récit et pour moi ne choisit pas la bonne dans la seconde partie du roman.


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