Mohican
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«Que faire pour le bonheur des champs»
En suivant une famille de paysans jurassiens, Éric Fottorino raconte les mutations de l’agriculture française depuis les années cinquante. Un roman qui fait suite à J’ai vu la fin des paysans, récit-reportage publié en 2015 avec Raymond Depardon.
Brun Danthôme a 76 ans. Il aura passé toute sa vie dans sa ferme du Jura. «Il n’avait de rapport au monde qu’à travers ses terres, minces terres caillouteuses des hauteurs, fortes terres argileuses de la plaine. Sa raison de vivre était tout enfouie dans ces étendues fécondées qui portaient l’épi comme un destin vertical. Plus il se penchait sur ses sillons, plus il se sentait grand, utile, et somme toute heureux. (…) Labourer, semer, récolter, et recommencer, respirer le grand air, c’était sa vie, il n’en connaissait pas de meilleure.»
Seulement voilà, Brun vient d’apprendre de la bouche de son médecin qu’il était condamné, qu’une leucémie allait l’emporter, sans doute victime des produits chimiques qu’il épandait depuis des années, lui l’«apôtre de l’agriculture». Il va pouvoir rejoindre tous les morts de la famille, à commencer par son épouse Suzanne, morte très jeune après avoir toutefois «eu le temps de lui transmettre ce qu’elle aimait, ce qu’elle était, même si le temps fut trop court comme le sont toutes les vies quand on brûle de la passion de vivre.» Il laissera son domaine à son fils Maurice, dit Mo, qui a choisi pour sa part une autre agriculture. Une agriculture qu’il ne comprend pas, une agriculture qui ne se donne «plus la peine de remuer la terre, de casser les mottes, de déchaumer. C’était les nouvelles idées écologiques. Du travail de sagouin. Il en avait mal au ventre.»
Alors, peut-être plus par provocation que par conviction, il va accepter l’offre qui lui est faite d’installer des éoliennes sur son domaine. Mo n’aura qu’à se débrouiller avec cette énergie verte et encaisser la somme rondelette qui lui est promise, même si bientôt plus personne ne reconnaitra les Soulaillans: «Mon père ne veut pas se l’avouer, pense Mo, mais nous sommes déjà morts, et lui un peu plus que les autres. Les éoliennes, c’est la dernière arme qu’ils ont trouvés pour nous éliminer, nous les paysans. Quand le béton aura éventré nos terres, quand nos paysages seront devenus des usines en mouvement, nous aurons disparu à jamais.»
On l’aura compris, cette histoire de succession permet à Éric Fottorino de retracer l’histoire de nos campagnes. De ces paysans qui, au sortir de la Seconde Guerre mondiale et à l’aide du plan Marshall, ont cru à leur mission de nourrir la planète et de produire toujours plus, quitte à utiliser des tonnes de produits chimiques, fongicides, herbicides, insecticides et autres pesticides. De ces paysans qui vont voir au fil des ans leurs revenus se réduire comme peau de chagrin et les politiques agricoles successives leur enjoindre de changer de modèle, de produire moins mais mieux, de faire plus écolo. De se transformer en producteurs d’énergie soi-disant verte.
Construit en quatre parties, déluge, désert, destruction et délivrance, le roman dresse un constat sans concession de la vie dans les campagnes. Un sujet que le romancier et directeur de presse connaît fort bien, puisqu’il a commencé sa carrière de journaliste comme spécialiste des matières premières et publié un essai remarqué en 1988 intitulé Le Festin de la Terre. Mais c’est après avoir parcouru la France avec le photographe Raymond Depardon en 2015 que l’idée du roman a germé. Pour présenter J’ai vu la fin des paysans, Éric Fottorino rappelle que l’agriculture fut la première grande rubrique qu’on lui confia au Monde au milieu des années 1980. «J’y ai appris la France vue du sol, avec ses traditions et ses élans de modernité, ses gestes ancestraux et ses révolutions silencieuses, ses bouleversements profonds alliant l’exode rural à une productivité si performante qu’elle fit craindre pour l’environnement.»
Après Nature humaine de Serge Joncour, couronné l’an passé par le Prix Femina, le sujet a trouvé en cette rentrée littéraire deux autres beaux ambassadeurs, Corinne Royer avec Pleine terre et Matthieu Falcone qui publie
Campagne. Tous donnent raison à Gogol, qui proclamait dans Les âmes mortes qu’«il est démontré par l’expérience des siècles que, dans la condition d’agriculteur, l’homme conserve une âme plus simple, plus pure, plus belle et plus noble.»
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