Le Lambeau
  • Date de parution 01/01/2020
  • Nombre de pages 512
  • Poids de l’article 250 gr
  • ISBN-13 9782072873706
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 107 mm
  • Edition Livre de poche
Biographies, Mémoires

Le Lambeau

4.07 / 5 (2694 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Je me souviens qu'elle fut la première personne vivante, intacte, que j'aie vue apparaître, la première qui m'ait fait sentir à quel point ceux qui approchaient de moi, désormais, venaient d'une autre planète - la planète où la vie continue." Le 7 janvier 2015, Philippe Lançon était dans les locaux de Charlie Hebdo. Les balles des tueurs l'ont gravement blessé. Sans chercher à expliquer l'attentat, il décrit une existence qui bascule et livre le récit bouleversant d'une reconstruction, lente et lumineuse. En opposant à la barbarie son humanité humble, Le lambeau nous questionne sur l'irruption de la violence guerrière dans un pays qu'on croyait en paix.

livré en 4 jours

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  • Date de parution 01/01/2020
  • Nombre de pages 512
  • Poids de l’article 250 gr
  • ISBN-13 9782072873706
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 107 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

C’est avec quelque appréhension que j’ai entamé ce texte, échaudée par mon expérience avec "Le livre que je ne voulais pas écrire", qui m’avait laissé dubitative. Mais alors qu’Erwan Larher associait le drame qu’il a vécu (il était parmi le public du Bataclan le funeste soir du 13 novembre 2015) à une quête littéraire formelle, tout en cherchant à témoigner en tant que représentant d’une collectivité assaillie -avec l’intérêt et les limites que cela suppose-, Philippe Lançon est dans une démarche inverse, consistant à traduire par l’écriture une épreuve profondément intime, à "chercher à circonscrire la nature de l’événement pour découvrir comment il a modifié la sienne".


Journaliste à Charlie Hebdo, il compte parmi les victimes de l’attentat du 7 janvier 2015. Il y survit, mais est grièvement blessé, notamment à la mâchoire, dont la partie inférieure a été dévastée par un tir de kalachnikov. C’est le début d’un long et douloureux parcours de reconstruction à la fois physique et psychologique. Il reste neuf mois à l’hôpital, et subit dix-sept opérations exigeant une discipline drastique qui rythme son quotidien.


Il nous livre a posteriori une description minutieuse de son état de patient, de la routine hospitalière, des attentes, de la souffrance "quasi-permanente, diffuse et surprenante". La manière dont les sondes, les tuyaux, les piqûres, deviennent comme des parties intégrantes, bien qu’intrusives, de lui-même. Le sentiment de n’être plus réduit qu’à ses sensations, de n’être plus qu’un corps puisque c’est lui qui gouverne, échappant à toute volonté, imposant le jaillissement de ses flux, le pourrissement de ses humeurs… Il nous immerge dans une réalité dure et pragmatique, bien loin de celle que retranscrivent les journaux. Car malgré le caractère public de l’événement à l’origine de ce parcours (et que l’on perd de vue, pris dans l’immédiateté qu’impose la prédominance de l’état physique), ce que vit Philippe Lançon est aussi une expérience de retrait du monde. 


D’une part, concentré sur sa lutte quotidienne pour se reconstruire mais aussi pour ne pas devenir fou, ne pas laisser gagner la cruelle absurdité et le pouvoir d’annihilation de l’attentat, il ne veut rien entendre, rien subir qui ne soit directement lié à sa propre expérience. Il se coupe des médias et de toute distraction issue d’un dehors devenu improbable, étranger. Il ne veut pas de rencontres inutiles, aspire au seul accompagnement de l’équipe soignante, de sa famille, de quelques amis, de quelques et de musique. Même les frères K., comme il les désigne, et les suites de l’attentat, sont relégués loin de son présent de patient. Éprouver de la haine ou quelque velléité de vengeance sont à des années-lumière de ses nouveaux impératifs. 


D’autre part, l’attentat, en annihilant ses rêves, ses regrets, ses projets, en faisant de lui un autre, a comme détruit le pont entre lui et les autres, comme s’ils habitaient dorénavant deux mondes parallèles, d’où ils peuvent se voir mais pas se toucher, créant l’impossibilité de rejoindre l’autre dans une zone faite d’habitudes, d’improvisations, de continuité. Il a ainsi tissé un cocon où n’ont pénétré que ceux qui l’ont accompagné au cours de sa reconstruction, "tisserands qui l’ont aidé à refaire la tapisserie déchirée", à réduire la fracture que l’événement a créé entre l’hier et l’aujourd’hui en expédiant ailleurs, très loin, ce qu’il avait vécu jusqu’à la veille. C’est d’ailleurs aussi pour cela qu’il écrit : se souvenir d’un avant qu’il a failli oublier et qu’il a, pense-t-il, définitivement perdu.


Et en même temps, c’est sans doute aussi sa curiosité pour ce monde qui en partie le sauve et le soutient. Non pas le monde de l’actualité, dans sa frivole et ostentatoire instantanéité, mais celui d’une humanité intemporelle qu’il retrouve en lisant Proust ou Kafka, en écoutant Bach, en s’intéressant à l’histoire des bâtiments qui abritent l’hôpital des Invalides où il termine son séjour. Il observe et écoute ceux qui l’entourent, personnel soignant auquel il rend un très bel hommage, agents du service d’ordre chargés de sa protection, sans juger, sa conscience accueillant ce qui se passe ou ce qu’on lui raconte sans morale ni sans résistance.


Cela aurait pu être fastidieux, ce journal de bord "a posteriori" d’une routine médicale de douleurs et de protocoles, mais non. C’est passionnant, et intensément touchant. En nourrissant son récit de ses souvenirs et/ou de leur disparition, de réflexions sur la manière dont sa mutilation et son statut de patient l’ont changé, de ses incertitudes, c’est un peu comme s’il reconstituait sous nos yeux ce qu’il est, maintenant additionné de cette expérience qui a pourtant fait de lui une "soustraction" (en le privant non seulement d’une partie de son visage, mais aussi de ce qui le définissait), se composant dorénavant autant de ce qu’il a perdu que ce dont il a réussi à s’enrichir, ou de nouveaux poids à supporter : ceux de sa vulnérabilité et de la peur du monde, d’une intensité inédite, qu’a imprimée en lui l’attentat. Et puis il y a le ton, ces résurgences d’humour dans les moments les plus humiliants, cette auto-dérision vis-à-vis de lui-même, de certains de ses réflexes petits-bourgeois, de ses maladroits excès d’humilité ou a contrario de ses exigences vis-à-vis du personnel soignant, quand l’angoisse prend le dessus… tout cela donne à son témoignage une sincérité et une sensibilité qui lui confèrent une dimension universelle.


Lambeau, subst. masc.

1. Morceau d’étoffe, de papier, de matière souple, déchiré ou arraché, détaché du tout ou y attenant en partie.

2. Par analogie : morceau de chair ou de peau arrachée volontairement ou accidentellement. Lambeau sanglant ; lambeaux de chair et de sang. Juan, désespéré, le mordit à la joue, déchira un lambeau de chair qui découvrait sa mâchoire (Borel, Champavert, 1833, p. 55).

3. Chirurgie : segment de parties molles conservées lors de l’amputation d’un membre pour recouvrir les parties osseuses et obtenir une cicatrice souple. Il ne restait plus après l’amputation qu’à rabattre le lambeau de chair sur la plaie, ainsi qu’une épaulette à plat (Zola, Débâcle, 1892, p. 338).

Je ne me sens pas vraiment légitime pour chroniquer ce roman qui m’aura, pendant une semaine, happée. Philippe Lançon est l’un des rescapés de l’attentat contre Charlie Hebdo, survenu le 7 janvier 2015. Dans ce témoignage, il offre au lecteur sa douleur, ses peurs et ses après l’attentat.

Son écriture pudique, met à nu l’auteur qui raconte l’avant Charlie et l’après. On le suit dans les heures qui précèdent l’horreur; puis on le suit pendant l’attentat, ces bruits de pétard qui ne laissent pas imaginer qu’il s’agit de tirs de Kalachnikov. Chapitre terrifiant comme l’est tout autant sinon plus celui qui suit, lorsque Philippe Lançon réalise qu’il vient d’échapper à la mort mais dans quel état!

La mâchoire en partie détruite, Philippe sera hospitalisé à Paris. On suit alors un homme reconstruit par les chirurgiens. Il nous raconte son quotidien: les soins, les opérations, les visites, la protection policière nuit et jour. Les joies mais surtout les peines. Son récit rend hommage aux soignants: les médecins, les infirmières, les aide-soignants, tous ceux qui ont croisé sa route, qui l’ont aidé, soigné, massé, nourri, lavé.

C’est dur, c’est parfois cru. On souffre aux côtés de cet homme meurtri. Peu de place cependant au sensationnel dans ce livre. Pas de coup d’éclat contre les terroristes. C’est un livre de l’intime d’un homme qui se livre sans concessions, qui nous offre ses défauts et ses qualités sans retenue.

Je disais plus haut que je ne me sentais pas vraiment légitime pour chroniquer ce livre remarquablement bien écrit parce qu’il me semble dur d’émettre un jugement sur ce que raconte cet homme. Il a vécu une épreuve que personne n’ose imaginer. Il a perdu une partie de ses amis, de ses convictions, de son visage dans cette attentat terrible.

« Le Lambeau » est un livre poignant et exigeant qui ne joue pas mais qui se donne entièrement au lecteur.



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