Toute la violence des hommes
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l’avis des lecteurs
Traumatisme de guerre
Le pitch
Sur les murs de Bruxelles, Nikola Stankovic aka Le Funambule dessine des scènes de crimes. Le jour où une prostituée est assassinée, il devient le suspect idéal. Coupable ou innocent ? Responsable ou irresponsable ? Une poignée de personnages s’engage à comprendre cet artistique mutique, d’origine croate, accusé de meurtre, visiblement traumatisé par son passé. Un roman noir, original, par le Belge Paul Colize, qui gagne clairement à être (re)connu.
Pourquoi je vous le conseille ?
Pour la découverte d’un art aussi spectaculaire que clandestin, le street art. Car derrière la question artistique se dessine un tout autre propos, politique et mémoriel. Pour ses personnages, attachants, hors du commun, qui réfléchissent au-delà des apparences. Pour prendre la mesure des traumatismes aberrants que la guerre inflige aux populations, quand les hommes ont perdu toute notion d’humanité et vont jusqu’à rayer des pays de la carte du monde. Pour se souvenir des blessures qui résistent au temps, même quand tout le reste a disparu. Pour ne jamais oublier tous ceux que la guerre laisse sur le carreau, morts ou vifs. Et les tortionnaires s’en sortiraient ?
POUR EN SAVOIR PLUS SUR LE MONDE PARALLÈLE DU STREET ART. Paul Colize s’est inspiré de fresques réalisées à Bruxelles, qui ont été vues avant d’être recouvertes, du fait de leur extrême violence. Il a même rencontré l’artiste afin de mieux comprendre les dessous de cet art qui pique la curiosité. Qui ne s’est jamais interrogé sur les conditions de création de ces fresques murales spectaculaires, réalisées le plus souvent dans l’anonymat, sans autorisation, de nuit, par des artistes arrimés au bout d’une corde, au péril de leur vie s’imagine-t-on. L’un des intérêts évidents du roman réside dans l’exploration de ce travail artistique clandestin. Et à ce titre, ne ratez pas l’interview de l’auteur des fresques reprise dans le roman, en fin d’ouvrage. « Ça commence par une observation buissonnière. Avoir du temps, n’être obligé de rien. Je me balade dans la ville depuis des années. Il y a de beaux murs, là et là, et puis à plein d’endroits. C’est beau d’imaginer que tout est accessible, de voir la ville comme un paysage en deux dimensions, comme une photo sur laquelle on pourrait dessiner. Je flâne. » … « Ce mur-là, il est trop beau, mais je ne vois vraiment pas comment y monter, c’est un immeuble tout neuf avec des clefs et des bips dans tous les sens. Tiens, il y a quelqu’un qui rentre… je m’incruste. « Bonjour ». Je monte au dernier étage, il y a une porte qui donne sur le toit, elle est fermée. Il y a peut-être une fenêtre dans la cage d’escalier. Oui. Ah, je peux passer par là. O. K. Ce qui va être compliqué, c’est de pouvoir re-rentrer dans l’immeuble en pleine nuit avec tout le matos… Pff, y aurait moyen, mais c’est galère. On verra, un jour peut-être… et j’abandonne. Un jour je pense à un dessin. Ma vie prend un tournant. J’ai une émotion forte. Il faut que je me sorte les doigts du cul. Je n’ai rien à perdre. Je repense à ce mur. »
POUR LES PERSONNAGES, FORTS ET SINGULIERS. Arrêté, Nikola Stankovic se mure dans le silence. Mais pas un silence d’innocent outragé ou de coupable retors. Plutôt un silence venu du fond des âges, d’un temps où ce jeune homme à l’aspect chétif a dû vivre un traumatisme important. Des personnages bien campés, curieux, intrigués, vont vouloir percer le mystère de ce mutisme – « Ce n’est pas moi. Je n’ai rien fait.» – et mener l’enquête à partir de l’analyse de l’œuvre de ce graffeur de génie. Philippe Larivière, l’avocat de Nikola et Pauline Derval, la directrice de l’Établissement de défense sociale, qui va garder le jeune homme en observation pour quelques semaines. Au-delà de l’enquête policière, c’est ainsi le rapport qui se crée entre la psychiatre et le peintre qui va nous intéresser. Et l’analyse des immenses fresques murales que le suspect a laissées à travers toute la ville et qui racontent une autre histoire. Celle d’un petit garçon terrorisé, en fuite, traversant la Croatie dévastée. L’histoire de Nikola Stankovic et celle de tout un pays détruit par la guerre
PAR CE QUE C’EST LE RÉCIT D’UNE GUERRE. Pour comprendre, il faut parfois remonter très loin dans le passé. Ce polar fouille les recoins les plus sombres de la mémoire d’un artiste mutique, Nikola Stankovic, artiste-peintre de 35 ans originaire de Croatie, et exhume en conséquence les horreurs d’une guerre qui nous parait lointaine, et qu’il ne s’agirait pourtant pas d’oublier. La guerre en ex-Yougoslavie, et notamment le siège de Vukovar, quand certains hommes, du jour au lendemain, se sont transformés en monstres gorgés de haine. Une guerre qui en convoque bien d’autres…
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