Ce que tient ta main droite t'appartient
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La vie de Karim s'arrête un doux soir de printemps... sa fiancée Charlotte, enceinte de leur fille, est abattue par un kamikaze se réclamant d'Allah à la terrasse d'un café parisien. Il est dès lors obsédé par la vengeance. Le comble, c'est que l'assassin de sa bien-aimé, Aurélien, a grandi dans la même cité que lui, a fréquenté la même école. Une enquête brève et facile sur les réseaux sociaux lui livre l'identité du recruteur d'Aurélien : Abou Ziad, chef obscur, insaisissable, de l'Etat islamique. Toujours par internet, Karim se fait enrôler, et une semaine après la mort de Charlotte, il part pour la Syrie... il y subit l'entraînement des combattants pour le djihad, puis pénètre les arcanes de la barbarie et de l'obscurantisme, assiste aux tortures, aux viols et aux massacres de toutes celles et ceux qui ont le malheur de ne pas souscrire à la folie fanatique des extrémistes, ou simplement de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment... Sa formation de monteur vidéo l'amène bientôt à participer à l'élaboration des films de propagande tournés sur les lieux de combats et de massacres, mises en scènes sophistiquées et exaltées des violences perpétrées dans une Syrie devenue pour ces déments l'équivalent d'un jeu vidéo géant, offrant sont lot de villages à brûler, de "traîtres" à tuer... à l'heure du buzz et des réseaux, Daech a bien saisi l'air du temps ...
Au fil de son parcours, il côtoie des jeunes hommes et des jeunes femmes qui ont fui une société où ils ne se pensaient pas d'avenir, où ils étaient méprisés, oubliés. Ils ont cru au rêve qu'on leur a vendu, celui d'un califat égalitaire et généreux, d'hôpitaux gratuits, de logements et d'éducation pour tous, d'une société débarrassée de la corruption et de la délinquance, dont les membres seraient soudés par une religion et des valeurs communes... la désillusion est cuisante lorsque, sur place, ils trouvent le chaos et la guerre, doivent se soumettre à des hommes sanguinaires et obtus, des fous pitoyables et pourtant investis du pouvoir de vie ou de mort sur quiconque croise leur route. Au contact de ces crédules qui se sont tragiquement fourvoyés, Karim réalise la vulnérabilité permanente des esprits fragiles, qui, faute d'une solide éducation, d'un foyer stable, d'une écoute, sont faciles à séduire, surtout lorsqu'on les invite à suivre un chemin tout tracé, vide de doute.
Le propos de Pascal Manoukian est certes louable... son récit exprime sa volonté de mettre en exergue les mécanismes qui font basculer dans le fanatisme, l'absurdité d'un extrémisme religieux qui se réclame de versets écrits il y a 3000 ans, interprétés au pied de la lettre alors qu'ils ne sont plus adaptés au monde d'aujourd'hui, et les dangers d'un islam perverti. Il pointe du doigt un système qui a "disjoncté", rendant inutiles ou inexistants les gardes fous (politiciens, parents, imams, professeurs) censés éduquer au discernement, à la tolérance. Il se montre particulièrement sévère avec l’atterrant appauvrissement culturel auquel les médias soumettent les individus, sapant leur capacité à l'analyse et à la réflexion.
Malheureusement, ces bonnes intentions, en transparaissant de manière trop évidente, font que le récit tourne par moments à la démonstration, une démonstration par ailleurs exprimée d'une manière parfois didactique qui la rend caricaturale. Les personnages, comme s'ils n'étaient mis en scène que pour étayer le point de vue de l'auteur, en perdent de leur consistance. De même, l’enchaînement souvent trop rapide des événements altère leur crédibilité.
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