La plaisanterie
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Les retrouvailles avec certains auteurs font surgir des évidences, comme celles qu'ils vous ont profondément manqué, et que le plaisir que procure leur lecture est inextinguible...
Une fois refermé le premier roman de Milan Kundera, une autre évidence m'est encore apparue, celle de l'immense respect qu'il donne l'impression d'éprouver pour son lecteur (et qu'est-ce que ça fait du bien !). Sa prose est un subtil équilibre entre densité et fluidité, profondeur et simplicité. Sa démarche : sonder les méandres de l'âme humaine et transcrire la complexité des relations entre individus, ne s'encombre ni de fioritures stylistiques, ni de discours inutilement alambiqués.
L'acuité avec laquelle il dépeint les tourments dans lesquels se débattent ses héros démontre un intérêt teinté d'autant de bienveillance que d'objectivité pour l'individu.
"La plaisanterie" qui donne son titre au récit réside dans un épisode a priori anodin et pourtant lourd de conséquence : Ludvik, alors étudiant, écrit à l'une de ses camarades une carte postale, dans laquelle, pour faire une blague à sa destinataire un peu coincée, il prend un peu trop de liberté avec le dogme communiste... ce qui déplaît fortement aux autorités tchécoslovaques de cette fin des années 40...
Ludvik est exclus du parti, renvoyé de l'université, et échoue dans une caserne où il devient un "noir", militaire auquel, en tant qu'ennemi du régime, on interdit de porter des armes. Il passera ainsi plusieurs années à travailler dans les mines d'Ostrava. D'abord surtout meurtri que l'on remette en cause sa probité et sa fidélité au parti, il y affine progressivement, au contact de ses compagnons souvent rustres, et de gardiens parfois sadiques, sa perception du monde, face au constat que les idéologies perdent, entre les mains des hommes, leur pureté, voire leur sens.
Deux décennies plus tard, il est de retour dans sa Moravie natale, mû par un dessein que l'on découvre peu à peu.
Le roman oscille entre différents épisodes de la vie du héros, et entre les points de vue de plusieurs protagonistes. Tel un puzzle dont on ne perçoit pas d'emblée la cohérence, il acquiert au fil de la lecture son homogénéité, les interactions entre les personnages prenant enfin tout leur sens. En plaçant ces derniers dans une position de recul vis-à-vis de leur passé, et en donnant sur de mêmes événements l'interprétation de plusieurs d'entre eux, Milan Kundera met en évidence la difficulté à comprendre autrui et ses motivations, et à faire des choix justes et pertinents. Il démontre la complexité des dilemmes qui agitent les individus, à la fois enserrés dans les carcans de leurs certitudes, et prisonniers de l'image que les autres se font d'eux.
Vous l'aurez compris, "La plaisanterie" est un roman dense, intelligent, et pourtant à aucun moment sa lecture n'est fastidieuse, tant Milan Kundera sait être à la fois passionnant et accessible.
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