
Le Mur invisible
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Voici le roman le plus célèbre et le plus émouvant de Marlen Haushofer, journal de bord d’une femme ordinaire, confrontée à une expérience-limite. Après une catastrophe planétaire, l’héroïne se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s’être pétrifiée durant la nuit. Tel un moderne Robinson, elle organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers, prend en main son destin dans un combat quotidien contre la forêt, les intempéries et la maladie. Et ce qui aurait pu être un simple exercice de style sur un thème à la mode prend dès lors la dimension d’une aventure bouleversante où le labeur, la solitude et la peur constituent les conditions de l’expérience humaine
Ma lecture
On ne connaît ni son nom et rien de ce qui a provoqué son isolement derrière un mur transparent et invisible, derrière lequel le reste du monde est mort, pétrifié mais où la nature reste vivante. Elle se retrouve seule dans un chalet appartenant à Louise, s a cousine et Hugo son mari avec pour seul compagnon un chien, Lynx qui va devenir avec des chats, une vache et un taureau ses seuls compagnons.
A travers deux ans et demi de son journal qu’elle tient pour laisser un témoignage de sa vie dans les lieux, elle retrace son adaptation à la situation, sans chercher à en connaître les raisons même si en tout début il est évoqué la possibilité d’une guerre atomique. Elle écrira jusqu’à la dernière feuille de papier en sa possession, ce qui arrivera ensuite nul ne le sait….
Ne cherchez pas dans ce récit de l’action, il s’agit là uniquement de sa vie quotidienne partagée entre les soins aux animaux, journaliers, détaillés, des cultures pour sa survie et celles des bêtes mais aussi de ses états d’âme au fil des jours et des saisons. Pas d’action mais pourtant un réel plaisir de lecture à suivre cette femme chercher des solutions, s’adapter à son environnement et ne pas trop s’attarder sur ses sentiments. Elle les évoque mais elle se refuse à tout apitoiement.
Elle fait appel à ses souvenirs d’enfance pour retrouver les gestes de la vie rurale : traire, faucher, planter etc…. Il y a une relation très profonde qui la lie à la terre mais aussi aux animaux, ils sont pour la plupart dépendants d’elle et lui apportent l’affection, l’attachement et sûrement la volonté de ne pas se laisser aller au désespoir, ils deviennent d’ailleurs des personnages à part entière.
C’est une narration d’un seul tenant, reprenant dans une écriture féminine, douce, jamais angoissée, les étapes de sa vie. J’ai été touchée par la résignation dont elle fait preuve, elle n’affiche jamais une colère sauf lorsqu’on touchera à ce qu’elle a de plus précieux : ses animaux. Le temps n’est plus à la colère, le temps est à la survie.
C’est un roman dans lequel l’amour transpire malgré tout : amour de la nature, beauté des paysages, cycles des saisons mais aussi et surtout amour partagé avec les animaux qui partagent son quotidien. Tout est décrit avec précision mais sans lourdeur, sans ennui, on pose le livre, on le reprend et on est immédiatement replongé dans cet univers pastoral.
Comment ne pas penser à un Walden de H.D. Thoreau, au féminin, mais avec beaucoup plus de fluidité dans l’écriture et surtout une solitude totale, non voulue donc subie et totalement inexpliquée.
C’est une magnifique ôde à la vie, malgré tout, ce n’est ni triste, ni gai, c’est simplement la vie dans sa plus simple expression, dans la recherche permanente d’une survie, de l’instinct primaire mais avec une attention portée aux comportements des animaux, à leur signification mais aussi à l’attachement qu’elle leur porte :
J’en ai assez de savoir d’avance que tout me sera enlevé. Mais ce temps n’arrivera pas, car aussi longtemps qu’il y aura dans la forêt un seul être à aimer, je l’aimerai et si un jour il n’y en a plus, alors je cesserai de vivre. Si tous les homes m’avaient ressemblé, il n’y aurait jamais eu de mur (…) Aimer et prendre soin d’un être est une tâche très pénible et beaucoup plus difficile que tuer ou détruire. Elever un enfant représente vingt ans de travail, le tuer ne prend que dix secondes. (p187-188)
Elle évoque également la folie des hommes, du monde et j’ai parfois été surprise qu’elle ne soit pas plus anéantie, en particulier par l’éloignement de ses filles (ou peut-être leur mort). Il y a une sorte de douce résignation à accepter le présent tel qu’il est, à vivre le quotidien sans trop penser à hier ni à demain, même si parfois le doute s’installe. C’est presque une attitude philosophique, revenir à l’essentiel sans penser à ce qui ne peut être changé.
En une nuit, ma vie passée et tout ce à quoi je tenais m’avaient été volés de façon mystérieuse. Tout pouvait arriver puisqu’une telle chose était possible. Naturellement, on m’avait inculqué à temps assez de discipline et de raison pour que j’étouffe dans l’œuf des excès de ce genre. Mais je ne suis pas sûre que ce comportement soit normal ; peut-être que la seule réaction normale à ce qui est arrivé aurait été de sombrer dans la folie. (p217)
Il n’y a ni intrigue, ni dénouement et pourtant c’est une bulle d’humanité, d’éloge de la vie, pour toute vie même, un voyage dans l’inconnu et où pourtant tout est d’une beauté🧡Coup de 🧡 pour le roman graphique de Rebécca Dautremer chez Editions Tishina….. Adaptation du roman Des souris et des hommes de John Steinbeck….. Une splendeur. La chronique est sur le blog
absolue.
Une lecture que je recommande vivement car elle est à la fois apaisante, douce, sans violence, elle amène aussi à beaucoup de questions sur nous, sur un monde qui pourrait basculer dans un effroyable cataclysme.
Se réveillant d'une nuit passée dans le chalet de chasse où elle est invitée par des amis partis la veille faire quelques courses en ville, la narratrice constate avec terreur qu'elle est prisonnière de la forêt, entourée d'un mur transparent et infranchissable. Au-delà de ce mur, seule la vie végétale perdure. Hommes et bêtes se sont éteints, figés pour l'éternité dans la posture où l'événement à l'origine de cette extermination les a surpris.
Quelle est l'origine de ce mur ? Comment et par qui a-t-il été installé ? Ces questions resteront, pour le lecteur comme pour la narratrice, sans réponse, cette dernière supposant simplement que sa propension à la haine a fini par avoir raison de l'humanité...
Le mur invisible" est le journal de bord qu'elle tient a posteriori, après deux années passées dans cette forêt où son enfermement l'a sauvée de la mort. Elle éprouve en effet le besoin de coucher par écrit le récit de son expérience, peut-être pour laisser un témoignage au futur, mais surtout pour elle-même, dans une ultime volonté de se raccrocher à son appartenance au genre humain, de repousser une animalité qu'elle ne saurait honorer.
Si l'héroïne est a priori l'unique survivante du cataclysme, elle n'est pas seule pour autant... Lynx, le chien de chasse de ses amis, est en effet resté avec elle, et elle se retrouve bientôt entourée d'une chatte et d'une vache. Assez rapidement, elle s'organise, poussée par la nécessité de soigner et de nourrir ses trois pensionnaires. Grâce aux connaissances salutaires acquises lors de sa jeunesse à la campagne, elle peut traire sa vache et entretenir son étable, planter des pommes de terre, faucher du foin... Au début, elle s'astreint à remonter chaque jour son réveil, à barrer les jours sur le calendrier.
Elle s'installe dans une routine laborieuse, les tâches qui rythment les journées étant elles-même dictées par les saisons et le climat. Elle doit contrer sa tendance à l'impatience pour s'adapter au temps de la nature, comprenant que la trépidation humaine n'a pas sa place ici. Les repas sont principalement composés de lait et de pommes de terre, parfois agrémentés d'une truite pêchée dans la rivière ou d'un chevreuil qu'elle a tué avec répugnance. La monotonie des repas lui pèse, la faim la tenaille souvent. Elle focalise l'espoir d'une survie à moyen terme sur le fait que sa vache semble attendre un veau...
Le lecteur s'installe, lui aussi, dans ce récit lent mais jamais ennuyeux. La narratrice y évoque certains événements dramatiques dont on ne sait ni quand ni comment ils adviendront, qui plombent son témoignage d'une certaine tristesse, qu'allègent cependant la force et la détermination qu'elle semble avoir acquises au fil de ces deux années.
Ses animaux, en formant une nouvelle famille dont elle est le chef, l'ont sauvée de la folie et de la mort, et lui ont permis d'accepter l'évolution, tant mentale que physiologique, que lui a imposée sa vie dans la forêt. Elle a perdu une féminité devenue inutile : son corps s'est adapté pour réduire au minimum les inconvénients de son état. Elle est dorénavant maigre mais solide. Ses mains, devenues ses principaux outils de travail, en portent les stigmates. A vrai dire, elle a perdu la conscience même d'être une femme. Ce n'est d'ailleurs pas comme une perte qu'elle le perçoit, évoquant avoir "gagné le droit d'oublier sa condition de femme"...
Elle apprivoise non pas la solitude, mais le fait de l'absence d'autres individus, jugeant finalement préférable d'être seule de son espèce, d'une part car cela annihile le risque de frictions et de domination, et d'autre part car il serait trop difficile de s'attacher à quelqu'un qui finirait forcément par mourir... Cette crainte, bien qu'exprimée fugacement, dévoile une part de la femme qu'elle fût avant son séjour dans la forêt. Elle évoque dans l'ensemble très peu son passé, mais laisse parfois deviner, par certaines allusions, à quel point la vie l'a déçue, comme elle s'est sentie démunie lorsque ses filles, devenues grandes, n'eurent plus eu besoin d'elle, et son sentiment d'être inadaptée à la société.
Arrive un moment où montre et réveil n'ont plus cours. Elle se détache progressivement des sentiments et des souvenirs qui la relie au monde des hommes, c'est sans doute la seule façon de survivre, mais elle en éprouve aussi une sorte de soulagement. En s'intégrant à son nouvel environnement animal et végétal, humble face à sa propre vulnérabilité, elle prend conscience de la vacuité des rites humains, dont la mémoire même mourra avec elle, quand la nature, elle, sera toujours là. Elle adhère peu à peu à la "logique" de ce milieu, finissant par admettre "l'inéluctabilité de la mort et l'inévitable imperfection de la vie". Bientôt, les animaux remplacent les humains même dans ses rêves... Elle ne regrette pas le monde des hommes, éprouve une tendre pitié pour cette humanité jetée dans le monde sans l'avoir voulu, et qui a fait fausse route, possédant juste assez de raison pour lutter contre le cours naturel des choses, conduisant les individus au désespoir et à la méchanceté. Avoir échoué dans cette forêt lui permet de se démarquer d'une existence misérable et ridicule -"un néant bouffi d'orgueil"- pour vivre sans mensonge, ni concession envers ce qu'elle est.
Un roman envoûtant, à la fois étrange et très touchant.
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