Free queens

TTT - Très Bien "Marin Ledun a bien du talent pour construire des thrillers politiques bourrés de corruption mais portés par de grandes héroïnes bien décidées à dénoncer les abus. Comme dans son précédent roman, Leur âme au diable, qui s’attaquait au lobby du tabac, le romancier s’appuie sur une fiction précisément documentée mais toujours haletante, effrayante, autour d’une pratique commerciale devenue une institution. Derrière une « simple bière » se cachent, à peine, des groupes criminels exploitant la misère, l’immigration et la crise économique. Et si une jeune journaliste convaincue, quelques militantes de Free Queens, une ONG qui tente de protéger ces femmes, et un flic au cœur pur parviennent à mettre au jour la vérité, le chemin est périlleux pour échapper aux réseaux les plus glauques, à une police vérolée, à un monde politique toxique. Marin Ledun orchestre ce chaos avec subtilité, garde son lecteur attentif et réussit un roman noir d’une qualité indéniable, qui nous éclaire sur le monde sans jamais oublier la puissance de la fiction."

Marin Ledun est de retour à la série noire avec Free Queens.

Quelques mois avant que le COVID ne bouleverse le monde la journaliste Serena Monnier se trouve avec les membres d’une association qui recueillent une jeune prostituée nigériane Jasmine Dooyum. Marquée par son témoignage, elle décide d’aller sur place, enquêter auprès des associations féministes qui se battent dans le pays.

Son travail l’amène à s’intéresser au nord du pays où une marque de bière bien connue exploite de jeunes femmes et les prostitue pour promouvoir la consommation de ses produits. Elle va s’apercevoir que dans cette zone où la corruption règne, son statu de journaliste européenne blanche ne sera pas suffisant pour la protéger.

Un sacré bon polar solide, documenté et enragé comme sait bien nous en offrir Marin Ledun. Il est en colère et révolté, cela se sent, mais il n’oublie jamais qu’il est aussi un auteur de polar et s’attache à construire de vrais personnages et à soigner son intrigue.

Un peu à la manière d’une Dominique Manotti, il s’appuie de toute évidence sur une solide documentation, nous instruit, mais reste un romancier. Free Queens n’est pas un essai, ni un pamphlet, ni une enquête journalistique. C’est un bon gros roman noir, avec du suspense, de la tension, des scènes d’action convaincantes, aucun angélisme, un regard très critique à la fois sur la corruption, sur le clientélisme local et sur le rôle dans ce système des sociétés européennes. Et même sa journaliste, pourtant animée des meilleures intentions du monde se fait secouer.

Intelligent, salutaire et rageant.