Mort à crédit
  • Date de parution 04/12/2008
  • Nombre de pages 432
  • Poids de l’article 1981 gr
  • ISBN-13 9782754801881
  • Editeur FUTUROPOLIS
  • Format 294 x 220 mm
  • Edition Grand format
Ouvrage de référence de l'auteur Biographies, Mémoires

Mort à crédit Tome 0 Mort à crédit

4.29 / 5 (1891 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Un roman foisonnant où Céline raconte son enfance et sa jeunesse : "C'est sur ce quai-là, au 18, que mes bons parents firent de bien tristes affaires pendant l'hiver 92, ça nous remet loin.C'était un magasin de "Modes, fleurs et plumes". Y avait en tout comme modèles que trois chapeaux, dans une seule vitrine, on me l'a souvent raconté. La Seine a gelé cette année-là. Je suis né en mai. C'est moi le printemps.

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  • Date de parution 04/12/2008
  • Nombre de pages 432
  • Poids de l’article 1981 gr
  • ISBN-13 9782754801881
  • Editeur FUTUROPOLIS
  • Format 294 x 220 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Deuxième grand roman de Louis-Ferdinand Céline, « Mort à crédit », publié en 1936, raconte l’enfance du Bardamu de « Voyage au bout de la nuit », paru quatre ans auparavant. Après un prologue situant son présent, médecin dans les années trente, le héros narrateur, Ferdinand, se rappelle ses jeunes années, dans un milieu petit bourgeois, vers 1900. Il est fils unique, élevé dans un passage parisien entre une grand-mère éducatrice fine et intuitive, une mère sacrificielle propriétaire d’un petit magasin de dentelles et objets de curiosité et un père violent et acariâtre, employé dans une compagnie d’assurances. Il grandit maladroitement, sans cesse victime des reproches amers de ses parents, multiplie les apprentissages et les échecs sentimentaux et professionnels, séjourne dans un collège anglais avant de voir son destin basculer avec la rencontre d’un inventeur loufoque, Léonard de Vinci de la fumisterie scientifique, pour vivre des aventures toujours tragi-comiques…

Ma lecture

Je vous avais parlé dans le bilan de Novembre d’un documentaire que j’avais vu avec beaucoup d’intérêt sur Arte concernant Céline, documentaire qui avait retenu mon attention car je connaissais peu de choses sur ce « scandaleux » écrivain, connu et marqué du sceau de l’infamie pour ses propos et actions antisémites mais dont j’entendais de temps à autres également beaucoup d’éloges sur l’écriture entre autres par Patrice Lucchini, grand admirateur et, ce que j’ai découvert dans le documentaire, ami du couple Destouches (nom de ville de l’écrivain).

J’ai deux livres de Céline dans ma PAL : Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit. J’ai choisi ce dernier parce qu’il raconte l’enfance de Ferdinand Bardamu, « héros » du Voyage au bout de la nuit, roman qui fut couronné par le prix Renaudot et que j’aime bien prendre les choses chronologiquement partant du principe que l’enfance explique ou annonce beaucoup sur le devenir d’un humain.

Et là je découvre une écriture faite de courtes phrases, très rythmées qui vont construire pendant 623 pages un récit hallucinant. Tout commence par le délire de Ferdinand adulte, médecin, revenant sur son travail de médecin, de sauveur des pauvres et indigents, des rebus de la société. Je ne comprenais pas grand-chose à part qu’il semblait vouloir s’offrir le visage du défenseur des pauvres et opprimés. Puis Ferdinand enfant fait son entrée, au début du XXème siècle, avec la gouaille du poulbot parisien, au langage cru et imagé, racontant le milieu d’où il vient, ses parents, sa mère courage tenant un commerce de frivolités féminines (dentelles et fanfreluches) et son père, agent aux assurances La Coccinelle, en butte à l’arrivée du modernisme avec le passage de l’écrit à la frappe sur machine à écrire (d’où des soirées délirantes d’apprentissage dans le grenier et que je me suis amusée à transposer à notre époque avec la découverte de l’ordinateur ou d’internet…).

Après maints déboires et aventures à la fois parentales, professionnelles et personnelles de Ferdinand marquées par la déchéance et pauvreté progressives de chacun souvent sauvées in-extremis par la grand-mère maternelle ou l’oncle Edouard (le bon samaritain), Ferdinand est envoyé en Angleterre en pension pour apprendre une langue qui lui ouvrirait les portes d’un avenir florissant mais également pour l’éloigner d’une sombre histoire d’escroquerie dans laquelle il est impliqué et se dit innocent. Une fois de plus cela va tourner vinaigre et peu à peu la pension va sombrer dans la déchéance après l’arrivée d’un collège aux méthodes plus conventionnelles. Ferdinand porterait-il la poisse ?

Retour en France et grâce à l’oncle Edouard (celui-là il y a qu’à demander il a toujours une solution) il va être embauché (sans salaire) par un personnage facétieux, Roger-Marin Courtial Des Pereires (Courtial ou Des Pereires pour les intimes) un inventeur jamais en mal d’une invention, d’un projet ou d’un voyage en ballon pour sortir sa petite entreprise de la faillite, faillite en partie due à son goût des paris hippiques dans lesquels il dilapide le peu qu’il possède. Une fois de plus cela va tourner au vaudeville et même au drame, devant quitter Paris avec femme et apprenti pour éviter créanciers, inventeurs floués et se retrouver au vert pour se lancer dans la culture des pommes de terre avec une invention révolutionnaire : l’agriculture radio-tellurique et une pension pour enfants (idée géniale pour avoir de la main-d’œuvre gratuite) ayant besoin d’une vie au grand air ! Que ce soit à Paris ou à la campagne, les Des Pereires et Cie vont tomber de Charybde en Scylla pour finir dans un final dont on ne sait si on doit le considérer comme tragique ou ubuesque….

Les personnages féminins sont ceux pour lesquels il a le plus de respect : sa grand-mère qui les sauvera d’une faillite, sa mère-courage qui malgré sa boiterie traversera par tous les temps Paris et sa province pour trouver trois francs six sous, pour Irène Des Pereire qui trouvera toujours un moyen pour soutenir les entreprises désastreuses de son mari sans pour autant fermer les yeux sur ces vices sans oublier les prostituées qui apporteront réconfort dans les moments difficiles.

Je dois avouer que j’ai trouvé ma lecture assez vertigineuse dans le sens où dans un premier temps le style m’a déconcertée. Je pensais que cela allait évoluer au fil du temps, Ferdinand prenant de l’âge mais non jusqu’au bout l’écriture a gardé le même ton mêlant propos orduriers, délires et hallucinations mais également des propos (ou idées) que j’ai trouvés très actuels ou dans l’air du temps présent comme le retour à la terre. Mais j’ai tenu bon le gouvernail et j’ai réussi à suivre Ferdinand (Bardamu, Céline ou Destouches…. désolée mais on ne sait plus qui tient la plume finalement) jusqu’au bout dans son délire même si j’ai eu envie de l’abandonner à son triste destin à plusieurs reprises car son style fouillé me lassait par moments.

J’ai aimé finalement mais je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai beaucoup aimé car ce fut un peu laborieux pour les raisons indiquées ci-dessus. J’aurai préféré qu’il ne s’attarde pas dans les milles détails de son enfance qui offrent certes un panorama du Paris de l’époque, avec ses petits commerces, ses débrouilles et la vie misérable de certains de ses habitants, une écriture qui finalement fait jaillir les images? une écriture qui peut se révéler presque un scénario de film tellement tout y est. Mais j’ai eu du mal avec Ferdinand qui ne nous épargne aucun de ses troubles que ce soit la « merde » dans sa culotte, ses vomissements et nausées, son argot pas toujours compréhensible, ses activités nocturnes personnelles en solitaire ou avec ses compagnons d’infortune, ses idées farfelues et son rôle d’innocent brinquebalé par les mésaventures des autres. Mais je reconnais à l’auteur le mérite de tenir de bout en bout son récit, jusqu’à l’écœurement parfois, tant il n’épargne au lecteur aucun des détails de sa triste jeunesse.

On avait si hâte d’arriver que je faisais dans ma culotte… d’ailleurs j’ai eu de la merde au cul jusqu’au régiment tellement j’ai été pressé tout le long de ma jeunesse. (p48)

Je ne dirai pas que je vais devenir une inconditionnelle de Céline mais je lirai Voyage au bout de la nuit pour savoir comment Bardamu va se transformer (de ce que je sais) en être immonde et parce que je ne veux et peux juger un auteur qu’après avoir lu ses écrits et veux différencier l’écrivain et son œuvre, de l’homme et de ses idées. Je vous parlerai prochainement d’un très beau livre illustré revenant sur son exil au Danemark après la seconde guerre mondiale quand sa vie ne tenait qu’à un fil. Vous voyez le cas Céline m’intéresse….

Je dois reconnaître que je ne m’attendais pas du tout à ce type de récit, une sorte de roman d’apprentissage mais quel apprentissage car après une telle jeunesse, de telles expériences comment voulez-vous devenir un homme sain de corps et d’esprit. Je sais que Voyage au bout de la nuit risque de m’emmener sur les rails de l’immonde dans ce que l’homme peut avoir de plus sombre et de plus noir. Alors j’attends le bon moment, dans quelques mois ou semaines mais une chose est sûre je ne suis pas prête d’oublier Ferdinand et sa Vie à crédit dont il paiera sûrement le capital et les intérêts toute sa vie !

Un aveu de dernière minute : je pensais avoir beaucoup de mal à rédiger ma chronique et finalement je m’aperçois que le ressenti a été facile à mettre en mots.

Pourquoi lire Céline ?


Sans doute la réponse semblera-t-elle évidente à ceux qui l’ont déjà lu, mais comment convaincre les autres ? Et comment définit-on -car c'est bien là qu'est la question- une œuvre comme étant majeure et indispensable ?


C’est comme pour la musique classique. J’avoue aisément ne pas y connaître grand-chose, mais lorsque je prends la voiture (l'un des rares moments où j’ai l’occasion d’écouter un peu de musique, puisque je ne peux pas lire en conduisant !), j’ai l’habitude de choisir des stations de radio qui en diffusent. Je ne me soucie guère d’élargir ma culture dans ce domaine, et peu m’importe le nom du compositeur ou le titre de l’œuvre qui passe ; ce qui compte, à ce moment précis, c’est le plaisir que me procure cette écoute. Il y a une évidence qui surgit, celle de l’art, du talent, et cette délicate alchimie qui mêle la maîtrise de cet art à une espèce de facilité dans l’excellence, comme si elle était naturelle, innée.

C'est probablement ce que l'on appelle le "don", ce pouvoir de transformer l'exigence et les difficultés inhérentes au savoir-faire en une œuvre complexe et pourtant accessible par l'évidence de sa beauté.


Et c'est ce que j’ai ressenti à la lecture de "Mort à crédit" (tout comme à celle du "Voyage..."). L’auteur donne l’impression de s’adonner à un long bavardage spontané, aux consonances populaires (et il est particulièrement loquace !), mais on devine aussi clairement sous ce "badinage" à l’apparence facile le virtuose du langage qu’est Céline. Chaque mot est à sa place, et associé aux autres de façon à donner à l'ensemble du texte ce rythme si particulier, qui nécessite presque un effort d'adaptation respiratoire de la part du lecteur ! Les phrases se suivent avec une sorte de précipitation, souvent séparées par trois points de suspension, et certains passages sont de véritables orgies de métaphores et d'expressions qui peuvent paraître de prime abord improbables, mais qui sont en réalité fort éloquentes.

En résumé, Céline déploie une verve infatigable !


Un exemple ? :


"Je me laissais pas embringuer... J'étais plus bon pour la parlote... J'avais qu'à me rappeler mes souvenirs... Le gueuloir de la maison !... les limonades à ma mère !... Toutes les vannes qu'on peut vous filer avec des paroles ! Merde ! Plus pour moi ! J'avais mon sac !... J'en étais gavé pour toujours des confidences et des salades !... Salut ! J'en gardais des pleines brouettes... Elles me remontaient sur l'estomac, rien qu'à essayer... Ils m'auraient plus..."


ou :


"...On le bafoue ! On me pourchasse ! On me glaviote ! En plein Paris ! Bien ! Bon ! Soit ! Qu'ils aillent tous se faire pustuler !... Que la lèpre les dissèque ! Qu'ils fricassent en cent mille cuves remplies de morve et de cancrelats ! J'irai les touiller moi-même ! Qu'ils macèrent ! Qu'ils tourbillonnent sous les gangrènes ! C'est pain bénit pour ces purulents !"


Vous voyez ? Et c'est qu'il est drôle, en plus ! Ce qui prouve qu'il n'est nul besoin d'être austère, rigide et de se prendre au sérieux pour réaliser des œuvres géniales... je dirais même : au contraire... Ce qui peut sembler surprenant, c'est que la truculence du ton n'empêche pas le fond du récit d'être particulièrement sombre. En suivant les pérégrinations du jeune Ferdinand, narrateur de "Mort à crédit", c'est avec toute la crasse de l'humanité que nous nous colletons. Et ce dans les deux sens du terme : l'humanité de Céline chie, vomit, pue, mais surtout elle est mauvaise, vile, égoïste (heureusement, il a aussi pris soin d'introduire dans son récit des personnages -même s'ils sont rares- qui redorent quelque peu l'image du genre humain...)

Il y a donc des tas de raisons pour lesquelles il faut lire Céline... parce que c'est drôle, intelligent, original, et, le plus important... parce ce qu'il y a de grandes chances pour que vous y preniez du PLAISIR !


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