Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire

Quatrième de couverture

Alors que tous dans la maison de retraite s'apprêtent à célébrer dignement son centième anniversaire, Allan Karlsson, qui déteste ce genre de pince-fesses, décide de fuguer. Chaussé de ses plus belles charentaises, il saute par la fenêtre de sa chambre et prend ses jambes à son cou. Débutent alors une improbable cavale à travers la Suède et un voyage décoiffant au cœur de l'histoire du XXe siècle.

Mon avis

Ma grand-mère ressemblait par certains côtés à ce petit vieux, héros de ce roman déjanté et jubilatoire malgré quelques longueurs….

Coriace l’ancien, il veut décider de sa vie et n’a pas le souhait de fêter son anniversaire. Donc, rebelle, il se fait la malle et va vivre, pour le plaisir ou pas des lecteurs, une série de situations toutes autant invraisemblables les unes que les autres. Parallèlement nous revisiterons son passé, faisant même un peu d’Histoire (avec un grand H) par la même occasion. Histoire qui sera, également réétudiée, transformée, au gré des rencontres de notre personnage principal.

Le style est « enlevé », vif, rapide. L’intérêt est assez fluctuant mais l’écriture (bravo pour la traduction !) vaut à elle seule, le détour. Citant Paasilinna (pour se dédouaner ?), l’auteur nous emmène lui aussi dans un registre décalé où le ridicule ne tue pas mais fait rire et détend les zygomatiques. Dans le monde morose que l’on côtoie parfois, ça fait du bien (et si besoin est, je rappelle que lorsqu’on rit, on gagne des années de vie ;-)

Je me méfie des grands best sellers internationaux dont tout le monde dit du bien et qui se vendent comme des petits pains dans le monde entier, mais ce roman a été une très bonne surprise. Il est très amusant, à la fois polar et road movie décalé.

Allan Karlsson a cent ans le premier mai 2005, il vit dans une maison de retraite et est mécontent de la fête organisée pour son anniversaire. Il s’échappe donc par la fenêtre en pantoufles. Il n’aime pas soeur Alice, la directrice qui interdit la consommation d’alcool dans son établissement. Il se dirige vers la gare routière, bien décidé à prendre le prochain car en partance pour n’importe où. Dans la gare se trouve aussi un jeune voyou qui demande à Allan de lui garder sa grosse valise pendant qu’il va aux toilettes, seulement le car va partir et du coup Allan emporte la valise avec lui. Il achète un billet à 50 couronnes et se retrouve en pleine forêt devant une gare désaffectée habitée par un vieil homme cleptomane. Les deux hommes sympathisent tout de suite. Le voyou est très fâché du vol de la valise qui contient cinquante millions de couronnes, ce que les deux vieillards ne savent pas encore. Après avoir violenté le guichetier et kidnappé le chauffeur du car, il retrouve les deux hommes en plein repas bien arrosé. Allan parvient à l’assommer et Julius l’enferme dans la chambre froide, ils l’oublient et le retrouvent mort le lendemain. Ils s’enfuient sur une vieille draisine et déposent le corps dans un conteneur en partance pour l’Afrique. Le voyage se poursuit avec un nouvel ami, Benny un vendeur de hot dog très instruit.

Pendant ce temps, la police et les journaliste recherchent Allan dans toute la ville, le procureur qui veut devenir célèbre échafaude la théorie de l’enlèvement du centenaire par Never Aagain l’organisation criminelle dont fait partie le voyou disparu lui aussi.

En alternance, on nous raconte la vie très remplie d’Allan, spécialiste des explosifs puis de la bombe atomique. Il aura des aventures cocasses dans le monde entier, rencontrera les hommes qui ont marqué le vingtième siècle comme Franco, Truman, Staline et quelques autres du même tonneau. Il sera physicien, agent secret, prisonnier du goulag etc.

Le raod movie continue à travers la Suède avec de nouveaux amis, dont Sonja l’éléphante, toujours en mode décalé et plein d’humour. Il y a de nombreux morts, mais rien de macabre. Il se dégage une grande tendresse de ce livre qui célèbre l’amitié, l’eau de vie et la joie de vivre. Allan voulait mourir dans la maison de retraite où il passé quelques mois très tristes, mais il a retrouvé sa joie et son énergie avec tous ses nouveaux amis dans leurs aventures un peu folles. J’ai beaucoup aimé la façon dont il a vengé la mort de son chat Molotov tué par un méchant renard.

Il y a quelques longueurs et répétitions, notamment dans les rencontres d’Allan avec les différents présidents, mais dans l’ensemble c’est un livre très frais et plein d’humour. Malgré les nombreux morts semés tout au long du livre, il ne se dégage aucun sentiment de violence mais plutôt une grande tendresse. Il y a aussi toute une réflexion sur les normes sociales et la place laissée aux personnes âgées et aux marginaux dans nos sociétés.

Une belle découverte.