Les enfants de la terreur
  • Date de parution 10/03/2022
  • Nombre de pages 304
  • Poids de l’article 374 gr
  • ISBN-13 9791036000874
  • Editeur ATALANTE
  • Format 200 x 143 mm
  • Edition Grand format
Dystopie et Uchronie 19em siècle

Les enfants de la terreur

3.79 / 5 (14 notes des lecteurs Babelio)

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  • Date de parution 10/03/2022
  • Nombre de pages 304
  • Poids de l’article 374 gr
  • ISBN-13 9791036000874
  • Editeur ATALANTE
  • Format 200 x 143 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

C’est le premier livre de Johan Heliot que je lis, et j’ai beaucoup apprécié ma lecture. Johan Heliot est connu pour ses récits uchroniques de fin du XIXème siècle et sur le règne de Louis XIV, mais j’ai eu envie de plonger dans la période plus sombre de la révolution française, époque qui m’intéressait beaucoup quand j’étais plus jeune mais sur laquelle je n’ai plus rien lu depuis longtemps.

Le récit est une uchronie, et l’on découvre assez vite le point de divergence avec l’histoire telle que nous la connaissons : Robespierre n’a pas été renversé puis guillotiné en 1794 (les fameux 8 et 9 thermidor de l’an II), et le régime de la Grande Terreur qu’il avait instauré s’en est même retrouvé renforcé. En parallèle, Bonaparte a pris la tête d’une armée du nord, et après des victoires sur tous les coalisés européens, se tourne maintenant vers l’invasion de l’Angleterre. On découvre ainsi une France sous la révolution toute tournée vers cette victoire contre Albion, qui justifie la misère du peuple, victime de privations et de famine, mais aussi une justice révolutionnaire particulièrement expéditive et brutale avec les fuyards, contre-révolutionnaires, voire vagabonds ou jeunes de peu de conditions qui se multiplient.

Dans ce tableau très noir, on apprend à connaître les deux personnages centraux du roman : d’une part le marquis de Sade, vieux et décrépi, qui vit d’articles de piètre intérêt pour un journal parisien, et entretient tant bien que mal sa compagne et son beau-fils. Et d’autre part le mystérieux chevalier d’Éon, qui s’en revient d’Angleterre après un exil. On l’imagine avec un lourd passé, et on découvre bien vite ses nombreuses capacités. Ces deux personnages très atypiques sont attachants, ils sont au crépuscule de la vie mais se battent pour leurs convictions, dans une soif de justice permanente. Les passages avant la rencontre inattendue de ces protagonistes sont l’occasion de découvrir toute la misère de l’époque, aussi bien dans la campagne dévastée que dans la capitale soumise au joug du Comité (de salut public), l’organe décisionnaire de la révolution. L’ambiance est très dictatoriale, avec ces dirigeants qui sont craints, invisibles, et brutaux. Leur bras armé, la police, est épaulé par une mystérieuse garde spéciale qui présente un attrait pour les jeunes. Au milieu de ce Paris, on découvre l’organisation et le fonctionnement d’un groupe de jeunes laissés pour compte, qui survivent de petits larcins et autres débrouillardises. Parmi eux, on va apprendre à connaître La Gigue, jeune fille au fort tempérament qui va servir à tisser des liens entre le marquis et le chevalier.

Le livre se lit très rapidement, on a envie de comprendre le mystère autour des disparitions d’enfants, autour des agissements du Comité. Les premiers chapitres mettent en place une situation, un peu confuse, mais elle se décante très vite et devient passionnante en prenant la forme d’une enquête. On apprend à connaître les inquiétants personnages qui gravitent, complotent, autour du Comité ou de Bonaparte. Mention spéciale à Fouché, l’homme de l’ombre de Napoléon dans la véritable histoire, mais qui prépare déjà bien le terrain dans ce tome. On atteint des sommets de l’horreur dans les pratiques de répression, qui n’ont rien à envier aux pires dictatures modernes, les descriptions n’en sont que plus glaçantes car elles résonnent facilement avec ce que l’on sait d’exécutions en masse ou du traitement des juifs par les allemands avec la solution finale. Heureusement, le livre est ponctué de notes d’espoir, et même de certains traits d’humours, avec la verve du marquis de Sade et la répartie du chevalier d’Eon. Les dialogues entre ces deux là valent le détour.

Johan Heliot nous propose donc avec Les enfants de la terreur une uchronie très réussie, avec des personnages attachants et inhabituels, ballottés dans les tracas d’une période encore pire que les pires heures de la révolution française. La plume de l’auteur nous fait redécouvrir les recoins sombres d’une histoire peu reluisante, et m’a aussi redonné envie de me replonger dans mes livres d’histoire.

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