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Mes vrais enfants
Résumé éditeur
livré en 4 jours
l’avis des lecteurs
Voici une autrice dont j’entends parler depuis très longtemps, avec beaucoup d’effusion. J’avais donc envie de commencer par Mes vrais enfants, qui intègre de l’uchronie. J’aime beaucoup ça, l’uchronie. Ce livre fait partie de ma pile à lire pour le ABC de l’imaginaire 2024 sur Livraddict. Je préfère prévenir tout de suite : pour moi ce roman est d’une banalité effarante et sa popularité une arnaque sans nom. Si vous avez adoré ce roman, sachez donc que ce billet risque de vous déplaire…
Un long récit de deux vies parallèles
Mécanique bien huilée
Mes vrais enfants est une uchronie, racontant la vie de Patricia. Celle-ci va prendre deux directions diamétralement opposées après un coup de téléphone. Dès lors, le roman alterne, de manière linéaire, les périodes dans la vie de l’une et dans la vie de l’autre. Le temps défile, années après années.
Je ne peux pas dire que j’ai trouvé cette structure très bien menée. En effet, l’alternance mécanique des deux récits jusqu’au bout du roman est lassante. Sauter d’une vie à l’autre dans un tel schéma répétitif ça va bien deux minutes mais à la longue je trouve le temps long, et ce même si les années ne se suivent pas toujours exactement.
Si seulement il y avait eu des effets de glissement ou de superposition entre les deux vies et les périodes. Des chevauchements, des sorte d’impressions de déjà-vu. Les tranches de vie se répondent et dialoguent parfois, certes, mais en miroir, sans jamais de croisement. Car les deux récits sont bien parallèles et étanches, en tout cas jusqu’à la vieillesse de Pat, qui perd la mémoire. Elle perd la mémoire mais se souvient de ses deux vies mélangées, on ne sait pas trop comment ni pourquoi. « Faut pas se poser de questions, faut juste y croire, rahhhhh et puis c’est l’amour de ses enfaaaaants ». Hmm…
Liste à puces
Mes vrais enfants m’a semblé alors n’être que l’histoire de la vie d’une femme, enfin de deux. Ce récit qui avance comme les années est celui de la routine de la vie, avec ses joies et ses malheurs. Preuve que l’autrice a dû sentir qu’à la longue on s’endormirait un peu : elle multiplie les ellipses. Ah tiens, gamin n° je ne sais plus combien a bien grandi depuis le dernier chapitre. Ah, machinette est au lycée, maintenant, d’accord. Malheureusement, le dernier tiers du roman ressemble davantage à un résumé catalogué de ce qui arrive dans la vie du personnage principal (et dans le monde). L’autrice aurait pu faire une liste à puces, ça aurait été plus efficace.
Le cœur de l’intrigue (enfin si on peut appeler ça une intrigue, parce que dans le fond, il n’y a pas vraiment de nœud ni de résolution) ne m’a donc franchement pas intéressée du tout.
Un manque de profondeur énorme
Une frise chronologique
Ce roman aurait pu être une traversée intelligente, active du XXe siècle. Mais ce qu’on a là, c’est un décor, un arrière-plan. La manière dont les sphères politiques, diplomatiques, sociales… se mélangent avec les personnages m’a paru particulièrement superficielle. Comme si l’autrice voulait démontrer qu’elle avait bien appris ses leçons et qu’elle ne faisait pas d’anachronismes. On a l’impression d’être devant une frise. Ah, tout y est. Ah, là, c’est la guerre. Check. Puis les blocs Est-Ouest, Kennedy, Cuba, la Lune : check. Les droits des femmes, la pilule, les droits des homosexuel/les : check. Ah les années 70, le Vietnam. Puis les années 80/90, le SIDA… : check.
Alors certains me diront qu’il y a un véritable discours engagé dans ce roman. Oui, mais je n’y ai pas été sensible. Parce que trop de choses sont abordées. Là aussi ça fait catalogue. On a le discours anti-nucléaire, féministe, pro-homosexuel/les, la critique de l’intolérance, du rigorisme anglo-saxon… Hop, check, hop, check… Trop scolaire pour que je sois sensible à ces propos.
Lien trop ténu entre uchronie historique et uchronie personnelle
Chaque chapitre de Mes vrais enfants apporte son petit contexte, au détour de quelques phrases. Histoire de planter le décor. L’intrication de ce décor en papier mâché avec le récit manque cruellement de finesse. On reste en plus toujours en surface, rien n’étant jamais creusé : Patsy/Trish/Pat… avance. Rien ne semble vraiment l’ébranler. Parfois, on sent que les événements qui se déroulent dans le monde ne sont pas perçus par les personnages de la même façon. Par exemple, j’ai eu la sensation que la Pat-vie de merde était beaucoup plus touchée par ce qui se passait que la Pat-vie de rêve. Elle, a tendance à prendre les choses avec beaucoup plus de légèreté. Mais ça ne va jamais vraiment plus loin, il manque une articulation plus intime.
Déçue enfin pour l’uchronie. Les deux lignes font intervenir des éléments différents, jusqu’à la fin du roman qui se déroule dans une Histoire future et qui prend le large. Mais ça n’apporte jamais vraiment quoi que ce soit, puisque ça reste un décor. L’autrice expédie cela en deux temps trois mouvements, donne quelques éléments de contexte et hop passe à autre chose, comme si ça y est, le cahier des charges était rempli.
Un style plat
Un style plat et sans émotions
Je crois que c’est ce qui m’a le plus déçue. La plume est d’une banalité… Ca se lit bien, mais ça s’oublie aussi bien. Ce n’est pas mauvais, c’est juste commun. Déjà qu’on nous raconte la vie commune de deux personnages, il faut en plus que la plume soit un reflet de cet aspect. Booooring.
Je ne peux même pas dire que Mes vrais enfants a généré chez moi des émotions, ce n’est pas le cas. Sans doute à cause de tout ce que j’ai dit plus haut. Mais aussi parce que les personnages ne dégagent aucune émotion. Pat/Tricia/Trish avance, peu importe ce qu’elle vit ou perd. C’est-à-dire qu’on a un bouquin qui doit aller jusque 2015 donc faut pas traîner. Certains événements à la fin du roman auraient pu être bouleversants, mais comme on est dans le résumé catalogue de ce qu’il se passe, l’autrice passe dessus super vite. On n’a aucune idée de la manière dont Patsy/Trish vit et ressent ces événements.
Le problème est que l’autrice donne à chaque événement la même portée que les autres. De ce fait, aucun moment fort en particulier ne se dégage réellement. Parce que la temporalité de ce bouquin est la même, tout le temps. Mais pour générer des émotions, il faut une variabilité du temps, une alternance de légèreté et de pesanteur, du relief, du cœur, de la brutalité, bref quelque chose qui dévisse, sorte du schéma bien huilé et mécanique. Moi je veux des massifs à 3000 m avec des pentes raides et inégales à travers prés, rus, forêts et caillasse et on me donne des collines qui culminent à 300 m avec des sommets enherbés tellement usés qu’on dirait des ballons aplatis. Ben non, ça ne me convient pas.
Des personnages décor
Enfin, que dire de la grossièreté des portraits. Les deux vies de Patricia ne pourraient pas être plus éloignées l’une de l’autre. Vie de merde vs vie de rêve. Les choix de l’une comme de l’autre m’ont en plus semblé parfois manquer de crédibilité. Alors oui, il y a quelques cailloux qui gâchent le rêve d’un côté et quelques paillettes qui finissent par illuminer un peu l’autre. Mais c’est un tel écart systématique, que j’ai fini par trouver cela ridicule.
Ridicules aussi sont certains personnages. Comme Mark, odieux personnage. Lui, clairement, il n’a pas droit à la nuance, non. Alors oui, vous allez me dire « mais les gens ne sont pas tous nuancés ». Ouais, ouais, d’accord. Etrange que Bee la merveilleuse et la parfaite ne le soit pas non plus dans la vie de rêve, hein ? Et puis dommage que toute la foule des personnages secondaires ne fasse que coucou beuh de temps à autre, sans développement particulier. Mais, le roman aurait risqué avec cela d’être un peu plus consistant, ciel…
Un récit mécanique bien huilé, pile dans les temps toutes les 15 pages avec sa petite punaise sur la frise chronologique : Mes vrais enfants est mon premier gros gros flop de l’année. J’ai bien lu tous vos retours dithyrambiques. Vous le savez, j’aime bien analyser ce que je lis, je ne m’attache pas qu’aux émotions (inexistantes pour moi ici) et n’aime pas rester non plus campée sur mes idées. Mais là vraiment, il y a une incompréhension totale concernant ce livre et aucun de vos retours n’a su me convaincre. Autant vous dire que je n’ai aucune, mais alors aucune envie de lire d’autres textes de l’autrice. Sa plume banale ne me donne pas envie d’aller la retrouver ailleurs.
Jo Walton est une auteure galloise, elle a reçu de nombreux prix dont le prix Hugo pour son roman Morwenna paru en 2011. Ce roman a également obtenu le prix Nebula et British Fantasy. Ses romans en france sont publiés chez Denoël dans la collection Lunes d’encre.
Mes vrais enfants est considéré comme le chef-d’œuvre de Jo Walton et est un peu le livre à lire en ce moment sur les blogs de littérature de l’imaginaire. Je dois avouer que ce statut m’a un peu fait peur au moment d’entamer ma lecture car j’ai eu un peu peur de ne pas ressentir l’engouement général provoqué par ce roman. Et puis, je l’ai commencé et ai tout de suite été séduite par la plume de l’auteure très bien traduite également. Puis je me suis laissée porter par ce roman sans vraiment m’en rendre compte pour finalement pleurer à certains moments et me dire waouh quel roman! Peu de livres m’ont ému à ce point là et je vais le conseiller à beaucoup de monde. En effet, pour moi, il peut plaire à un large public pas forcément fan d’imaginaire d’ailleurs, il touche à tellement de sujets de société actuels qu’il parlera à beaucoup de personnes.
Quand le roman débute, l’auteure nous présente Patricia, une dame âgée habitant en maison médicalisée et souffrant de troubles de la mémoire. Mes vrais enfants raconte l’histoire de la vie de cette femme depuis sa naissance en 1926. Un moment dans la vie de cette dernière va être très important et changer le cours de sa vie et on bascule alors dans une uchronie personnelle. Les chapitres racontant la vie de Patricia selon le choix qu’elle fait se succèdent en utilisant un surnom différent pour que le lecteur s’y retrouve facilement : Trishia pour la vie où elle a choisi d’épouser Mark et Pat pour la vie où elle n’a pas fait ce choix. Cette utilisation des surnoms permet de se retrouver facilement dans la lecture et la rend fluide. Le seul problème c’est qu’il y a beaucoup de personnages dans chacune des deux vies, le récit se déroulant sur de nombreuses années et aussi il est parfois difficile de se rappeler qui est qui. Cependant, c’est un tout petit bémol car on s’y fait tout de même.
Un des gros points forts de ce roman est ses personnages. Ils sont énormément travaillés et on peut se reconnaître ou reconnaître ses proches facilement. Ils se dégagent énormément d’émotions grâce à ces personnages auxquels on s’identifie très vite. Patricia dans chacune de ses vies est un personnage plus qu’attachant, on ressent quasiment ce qu’elle ressent. C’est un personnage à la fois simple et fort qui subit de nombreuses épreuves mais qui fait front sans pour autant être une « surfemme ». De plus, les personnages qui gravitent autour d’elle sont également très intéressants et séduisants.
Une autre grande réussite pour moi du roman est l’utilisation de l’uchronie qui en est faite. Il ne s’agit pas de se demander comment serait le monde si tel ou tel événement historique avait eu lieu mais de s’interroger sur le destin et sur les choix personnels et sur les répercutions qu’ils peuvent avoir. Cependant, le roman ne se limite pas à une uchronie personnelle et les deux vies ont chacune un monde différent. Cela est amené par petites touches mais a une grande importance et est extrêmement bien fait de la part de Jo Walton.
Le roman pose aussi des questions sur le statut de la femme au cours de l’histoire. Il se déroule sur une grande partie du 20ème siècle et on peut ainsi voir comment le statut de la femme a pu évoluer au sein de nos sociétés. L’auteure nous amène ainsi à nous questionner sur plusieurs sujets de société qui touchent plus ou moins tout le monde: le rôle de la femme dans la famille, dans la société, la perte de mémoire et la vieillesse, l’armement, le nucléaire, les effets de l’homme sur le monde, la stigmatisation des homosexuel(le)s, et les difficultés de la vie de couple et surtout sur l’amour de sa famille au travers ses enfants et son conjoint. Tout cela est fait de façon très intelligente en utilisant des personnages formidables et une utilisation très habile de l’uchronie.
Je n’ai pas lu d’autres romans de Jo Walton et je ne peux donc pas dire si ce roman est son chef-d’œuvre mais c’est incontestablement pour moi une grande réussite et un magnifique roman qui nous bouleverse et nous fait réfléchir sur notre monde et nos choix. La plume de l’auteure est également un gros point fort de ce roman, elle à la fois immersive, fluide et agréable. Avec un point de départ simple, elle nous fait plonger dans son histoire au point qu’il est parfois dur de fermer le livre, on veut savoir au plus vite ce qui arrive aux différents protagonistes et aussi comprendre le fin mot de l’histoire. Mais c’est un livre qui se ressent afin de se faire sa propre opinion. C’est surtout un livre magique, unique, brillant et touchant que je ne peux que recommander.
Quand je referme un ouvrage, le sentiment que je déteste ressentir, par dessus tous les autres, c’est l’indécision. Cet espèce de temps de flottement bizarre, pendant lequel les interrogations se mêlent aux certitudes ; pendant lequel je combats mon angoisse d’avoir raté quelque chose ou de n’avoir pas compris l’intention. Et durant toute la période pendant laquelle je m’interroge sur la réalité de mon ressenti, j’hésite entre la tristesse et la résignation. Puisqu’il ne faut pas trop se leurrer, si on doit se demander si on a aimé un ouvrage, la réponse est rarement positive.
Mes Vrais Enfants traînait sur ma PàL depuis l’année dernière, sans que je n’arrive vraiment à me rappeler comment il était arrivé là. Je n’avais entendu que de belles choses à propos de Jo Walton, sans pour autant passer plus tôt le cap de la lecture ; il aura fallu un cri enthousiaste de Chut… Maman lit ! au hasard d’une discussion croisée sur Twitter pour que je remonte l’ouvrage dans l’ordre de mes priorités.
Evidemment, avec une introduction comme celle là, vous vous doutez probablement de ce qui va suivre. Et bien entendu, c’est compliqué. L’idée ne sera pas tant de vous livrer mon avis que de le découvrir ensemble, puisque là, maintenant, je ne sais toujours pas quoi penser de ce roman, fini il y a dix minutes. Si vous voulez bien vous donner la peine de me suivre…
2015, au crépuscule de sa vie, Patricia a des gros soucis de mémoire. Elle vit en établissement spécialisé, placée par ses enfants, où elle gère tant bien que mal sa démence sénile, dont elle souffre d’autant plus qu’elle en est pleinement consciente. Et alors qu’elle repense à sa vie, elle se rend compte qu’elles sont deux à cohabiter dans son esprit. Deux vies, deux parcours, qui partent tous deux de la même décision, d’un choix à faire, tout deux remplis de leurs joies et de leurs peines, dont elle ne sait pas lequel elle doit considérer comme le vrai.
Première chose, qui doit demeurer malgré toutes les réserves à venir : c’est beau. Jo Walton a une plume extrêmement élégante et délicate, capable d’aborder tous les sujets avec la même distance noble, mais pour autant sans naïveté. Alors que nous suivons les deux trajectoires de Pat et Tricia – habile démarcation parfaitement justifiée – elles vivent toutes les deux leurs lots d’épreuves et de bonheurs, touchant juste à chaque fois. Le discours est sobre, et gagne d’autant plus en sincérité, se contentant de raconter avec précision, mais pas sans chaleur. Les personnages, bien que nombreux, ont droit à une caractérisation relativement riche, ne serait-ce que par une belle construction des environnements et des histoires qui brossent de grands tableaux assez évocateurs.
Des grands tableaux dépendant justement d’un choix assez malin de l’autrice, puisque pour bien semer le doute sur la réalité de chacun des parcours de Patricia, ses deux vies se déroulent chacune dans deux uchronies spécifiques qui fourchent depuis notre réalité, à partir de ce choix qui un jour, s’est cruellement imposé à elle. Leurs spécificités sont autant de détails d’arrière-plan que d’événements ayant une influence directe sur les vies de Patricia, contribuant donc à la cohérence interne des deux ensembles, très distincts. Mais, puisqu’il faut bien commencer à parler de ce qui ne va pas, en tout cas à mes yeux, le format complètement chronologique, retraçant la, puis les vies de Patricia et de ses deux incarnations rend le tout un peu trop mécanique. On enchaîne de façon systématique entre les péripéties de Pat et Tricia, seules les plages temporelles et les personnages impliqués changent d’une histoire à l’autre. Et si je comprend la démarche, je dois bien dire qu’elle m’a un peu laissé indifférent. Quand bien même j’ai absolument dévoré le roman, sans le moindre ennui, à aucun moment je ne me suis senti passionné comme j’ai pu l’être tant d’autres fois. Et je ne me l’explique pas.
Pat comme Tricia ont ce souffle que je réclame à corps et à cri, leurs vies, leurs histoires racontent des choses auxquelles je m’intéresse, qui devraient me parler ; plutôt dans le sous-texte que directement, j’en conviens, mais cela ne m’a jamais gêné ailleurs. Alors quoi ? Aucune foutue idée, et ça m’agace. Il y a, ou il n’y a pas, dans ce texte, quelque chose qui fait que je ne peux pas l’apprécier comme je le voudrais. Peut-être un manque d’approfondissement dans les uchronies, peut-être une trop grande distance entre les deux parcours qui les invaliderait mutuellement tant j’ai du mal à croire que Pat et Tricia puissent être si différentes, leurs vies si diamétralement opposées, peut-être un manque de mordant dans la narration de certaines problématiques, peut-être une conclusion un peu trop binaire, manquant de nuances… Je pense que je ne saurais jamais vraiment. Parce qu’à chaque remontrance que je pourrais formuler, un contre-argument me vient systématiquement en tête. Non, je ne saurais expliquer rationnellement pourquoi je n’ai pas été conquis par ce roman, alors que d’autres ont su le faire d’une façon similaire.
Ne reste donc qu’à en saluer le meilleur, dont je ne doute pas, malgré mon ressenti très mitigé. Je crois qu’en fait, j’ai lu ce roman comme je regarderais une oeuvre d’art ; comparaison qui nécessite une explication. L’art et moi, depuis quelques années, on s’éloigne. Sans animosité aucune, mais je ne ressens plus grand chose face à un tableau ou une sculpture, ou que sais-je. Mais souvent, si je me sens capable d’apprécier l’effort esthétique ou la qualité du travail, je ne ressens rien d’autre. Plus d’émerveillement, mais du respect. Et je crois que c’est exactement mon sentiment ici, si cela fait sens. Je comprends, je crois l’intention globale, je ne peux que la respecter, mais elle ne m’émeut pas. Sans doute une question de timing ou d’état d’esprit, peut-être juste de la malchance, une occasion ratée, rien d’autre.
Mes Vrais Enfants est indubitablement un bon roman, seulement pas pour moi, pas maintenant. Il est beau, il est doux, intelligent, mais il n’a, aujourd’hui, à l’homme que je suis, rien à apporter que je n’ai déjà lu ailleurs, sous une forme qui aurait su me séduire. J’en suis le premier attristé, mais il faut savoir énoncer ce genre d’évidences. Tant pis.
Mais laissez lui sa chance tout de même, je crois qu’il le mérite.
Née en 1926, Patricia Cowan finit ses jours dans une maison de retraite. Très âgée, très confuse, elle se souvient de ses deux vies. Dans l’une de ces existences, elle a épousé Mark, avec qui elle avait partagé une liaison épistolaire et platonique, un homme qui n’a pas tardé à montrer son véritable visage. Dans son autre vie, elle a enchaîné les succès professionnels, a rencontré Béatrice et a vécu heureuse avec cette dernière pendant plusieurs décennies. Dans chacune de ces vies, elle a eu des enfants. Elle les aime tous… Mais lesquels sont ses vrais enfants : ceux de l’âge nucléaire ou ceux de l’âge du progrès ? Car Patricia ne se souvient pas seulement de ses vies distinctes, elle se souvient de deux mondes où l’Histoire a bifurqué en même temps que son histoire personnelle
Ma lecture
Il y a un thème en littérature qui m’intéresse particulièrement c’est celui du choix de vie : et si….. Si je n’avais pas pris cette décision, si je n’avais pas poussé cette porte, rencontré cette personne, qu’elle serait ma vie ? Notre vie tient parfois a peu de choses.
Jo Walton exploite ce thème dans ce récit étonnant car au-delà d’une réponse à une question qui va déterminer la route de Patricia, ses choix de vie, de profession, d’orientation sexuelle etc…, elle le fait en utilisant également la science-fiction : certains événements historiques ont été modifiés, eux aussi ne se sont pas déroulés de la même façon.
Tout en gardant des points communs : amour de la littérature, une fibre maternelle omniprésente, une femme volontaire malgré tout elle développe les possibilités d’orientation de la vie de cette femme. Se soumettre ou se battre.
Tout dans ce roman est entre deux mondes : Patricia, dès le début du récit, se trouve entre deux mondes : monde réel dans une maison de retraite médicalisée où ses pertes de mémoire lui suggère un autre monde, d’autres enfants. Qui sont les siens, qui est-elle, qu’a-t-elle réellement vécu, deux mondes dont les destins politiques sont différents, deux familles différentes, deux ambiances familiales.
Alternant habilement les deux narrations, celle de Pat (celle qui refuse la demande) femme libre, auteure de guides sur l’Italie et plus particulièrement Florence, indépendante et heureuse auprès de Bee dont elle partage la vie et celle de Tricia (celle qui l’accepte), l’une femme « mal » mariée, soumise, femme au foyer puis professeur de littérature, l’auteure sans jamais prendre parti pour l’une ou pour l’autre, retrace deux parcours pour une même femme. A quoi la vie tient parfois !
Ce que j’ai trouvé de particulièrement intéressant c’est que ni l’un ou l’autre des parcours n’est rose ou noir. Chacun a ses moments de joie, de drame, l’environnement social et politique jouant un rôle important car les conflits et rivalités peuvent faire basculer le destin de personnes (nous le voyons encore maintenant).
Il est également question de la place de la femme depuis les années 20 jusqu’à nos jours : ses droits, ses devoirs, la maternité, la contraception, ses contraintes à travers l’argent, les enfants, sa sexualité, le mariage etc…. mais aussi des événements qui ont traversé et modifié nos vies : sida, guerre, attentat etc..
Je ne suis pas férue de science-fiction mais là il s’agit d’une SF très douce, simplement Jo Walton modifie également parfois le sens de l’histoire mondiale : si JFK n’avait pas été assassiné, si son frère avait également présidé, les rivalités est/ouest, orient/occident qui vont jusqu’à l’utilisation de la bombe H…..
Avoir utilisé la sénilité et la perte de mémoire afin de relier les deux vies permet de se poser la question comme se la pose Patricia : qui suis-je, qui sont mes vrais enfants, où est ma vraie vie.
Il y a une réelle construction de roman, parfaitement maîtrisée et documentée car au-delà des deux vies de femmes, il fallait envisager deux destins de monde dans lequel évoluerait chaque femme.
On se plonge dans ces deux vies avec plaisir, l’écriture est fluide et restitue parfaitement leur sensibilité, au fil des pages on s’attache plus pour l’une ou l’autre de ces deux femmes, on ne se perd jamais, suivant notre caractère, notre vécu, et de temps en temps, dans les choix faits on se pose également pour soi la question. Et si ?
Aujourd'hui, je vais vous présenter un livre dont j’avais beaucoup entendu parler2 auprès d'autres blogueurs et qui m'intriguait beaucoup. J'ai lu des avis très positifs sur le livre mais aussi son auteur et j'avais très envie de me faire ma propre opinion. Cette chronique parle donc de Mes vrai enfants de Jo Walton paru aux éditions Denoël dans la collection Lune d'Encre.
Née en 1926, Patricia Cowan finit ses jours dans une maison de retraite. Très âgée, très confuse, elle se souvient de ses deux vies. Dans l’une de ces existences, elle a épousé Mark, avec qui elle avait partagé une liaison épistolaire et platonique, un homme qui n’a pas tardé à montrer son véritable visage. Dans son autre vie, elle a enchaîné les succès professionnels, a rencontré Béatrice et a vécu heureuse avec cette dernière pendant plusieurs décennies. Dans chacune de ces vies, elle a eu des enfants. Elle les aime tous… Mais lesquels sont ses vrais enfants : ceux de l’âge nucléaire ou ceux de l’âge du progrès? Car Patricia ne se souvient pas seulement de ses vies distinctes, elle se souvient de deux mondes où l’Histoire a bifurqué en même temps que son histoire personnelle.
Ce livre m'a tellement touché que j'ai du mal à savoir pas où commencer ma chronique. Je vous le dit tout de suite j'ai pleuré comme une madeleine à la fin du livre, pas qu'il soit particulièrement triste mais je l'ai trouvé extrêmement émouvant.
Patricia est une dame âgée, elle a "presque" 90 ans et se trouve en maison de retraite. Sur sa feuille de soin que les infirmières mettent quotidiennement à jour, il est marqué "Confuse". Oui Patricia se sent confuse mais elle se sent aussi partagée entre ses souvenirs. Des souvenirs qui semblent lui venir de deux vie différentes : dans l'une d'elle, elle a eu 4 enfants, dans l'autre seulement deux, dans l'une elle a été mariée alors que dans l'autre, elle a vécu en concubinage... C'est à partir de cet état de fait, que Patricia va commence à se rappeler son histoire, une histoire qui bifurque en 1949, à la suite d'un choix... une simple réponse à une question, sa vie a pris deux directions différentes, deux vies qu'elle se rappelle, deux vies aussi bien différentes pour elle que pour le monde qui l'entoure...
Ce livre est une uchronie. Personnellement, je n'en ai pas lu beaucoup, la plus connue étant, je pense, le maitre du haut château de Philip K. Dick. Les deux vies que notre personnage principal se rappellent, sont donc toutes les deux situées dans une réalité différente de la notre. C'est un livre de Science-Fiction tout en délicatesses et en références marquantes qui m'a littéralement transporté. La plume de Jo Walton est envoutante. Elle m'a conquise dès les premières pages et m'a littéralement fait voyagé aux cotés de Pat et de Tricia, de la fin de la 2nde Guerre Mondiale aux années 2000.
Ce récit, c'est avant tout une très belle histoire de femme. D'une femme qui à travers les remous de l'histoire, va traverser les époques : les batailles pour l'égalité, l'éducation mais aussi ces périodes difficiles : des privations à la fin de la 2nde GM à la guerre froide. C'est une femme qui verra se dérouler l'histoire et qui y participera à sa manière. L'auteur aborde frontalement ou de manière plus discrète, de nombreux problèmes de société : du droit de vote des femmes au divorce, de la contraception au mariage gay, de la montée du terrorisme à la conquête de l'espace.
A l'été 1969, toute la famille partit pour l'Italie juste après le lancement ultra-médiatisé de la première fusée spatiale européenne; "Nous aussi, on va sur la Lune ! gloussa Bee.
- Mais non, on va en Italie, maman ! " corrigea Flossie.
Pour les enfants, Bee était "maman" et Pat "mum".
Mais c'est aussi une histoire de mère. Jo Walton nous parle d'éducation, de soutien, d'aider ses enfants à trouver leur voix, de les encourager, de les rattraper lorsqu'ils chutent au cours de leur existence... de l'importance de cette famille élargi où les membres rajoutés au cours de la vie sont aussi importants que ceux qui y sont de droit. Ce sont des tableaux magnifiques, attendrissant mais également durs, car les vies de Patricia ne sont pas tendres chacune à leur façon.
Juste avant le départ de son amie pour Lancaster, Sylvia lui offrit La femme mystifiée, de Betty Friedan. Tricia accepta le livre d'un air dubitatif. " La libération de la femme, c'est ça ?
- Nous devons gagner notre liberté comme les esclaves avant nous, répliqua Sylvia.
- Mais de quoi devons-nous nous libérer ?
- des salaires trop bas, des enfants, de la cuisine, des exigences de nos maris. Tu as passé un diplôme, Tricia. Tu n'aimerais pas qu'il te serve à quelque chose ?"
Ce livre a été un gros coup de cœur. Difficile de faire partager dans cette chronique tous les sentiments que j'ai ressenti au cours de cette lecture. La plume de Jo Walton invite son lecteur au voyage dans les vies de Pat et Tricia, elle nous happe, nous envoute et nous émeut... j'ai eu énormément de mal à lâcher ma lecture une fois commencée. C'est un livre de SF tout en finesse et en délicatesse, un des plus beau que j'ai pu lire ces dernières années. Jo Walton décrit ces vies avec beaucoup d'amour et de pudeur. J'ai été impressionnée par la beauté qui ressort de ces deux vies, de la tristesse qui en émaille le récit également mais surtout des bonheurs très différents et de tous moments plein d’émotion que l'auteur nous fait partager. Un livre magnifique et envoutant que je ne peux que vous inviter à découvrir !
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