Diego et Frida
  • Date de parution 06/09/1995
  • Nombre de pages 320
  • Poids de l’article 170 gr
  • ISBN-13 9782070389445
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Biographies, Mémoires

Diego et Frida

3.78 / 5 (363 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Lorsque Frida annonce son intention d'épouser Diego Rivera, son père a ce commentaire acide : "ce seront les noces d'un éléphant et d'une colombe". Tout le monde reçoit avec scepticisme la nouvelle du mariage de cette fille turbulente mais de santé fragile avec le "génie" des muralistes mexicains, qui a le double de son âge, le triple de son poids, une réputation d'"ogre" et de séducteur, ce communiste athée qui ose peindre à la gloire des Indiens des fresques où il incite les ouvriers à prendre machettes et fusils pour jeter à bas la trinité démoniaque du Mexique - le prêtre, le bourgeois, l'homme de loi. Diego et Frida raconte l'histoire d'un couple hors du commun. Histoire de leur rencontre, le passé chargé de Diego et l'expérience de la douleur et de la solitude pour Frida. Leur foi dans la révolution, leur rencontre avec Trotski et Breton, l'aventure américaine et la surprenante fascination exercée par Henry Ford. Leur rôle enfin dans le renouvellement du monde de l'art.Étrange histoire d'amour, qui se construit et s'exprime par la peinture, tandis que Diego et Frida poursuivent une oeuvre à la fois dissemblable et complémentaire. L'art et la révolution sont les seuls points communs de ces deux êtres qui ont exploré toutes les formes de la déraison. Frida est, pour Diego, cette femme douée de magie entrevue chez sa nourrice indienne et, pour Frida, Diego est l'enfant tout-puissant que son ventre n'a pas pu porter. Ils forment donc un couple indestructible, mythique, aussi parfait et contradictoire que la dualité mexicaine originelle, Ometecuhtli et Omecihuatl.

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  • Date de parution 06/09/1995
  • Nombre de pages 320
  • Poids de l’article 170 gr
  • ISBN-13 9782070389445
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Diego Rivera et Frida Kahlo voient le jour, à 20 ans d’intervalle (1886 et 1907), à l’aube des grandes révolutions populaires du début du XXème : la révolution russe de 1917, et celle, bien sûr, de leur pays natal, le Mexique, où après des années d’oppression par les propriétaires terriens et les richissimes industriels, les paysans se révoltent. L’histoire de ce couple de peintres célèbres sera associée aux mutations de ce monde en évolution, et notamment aux mutations culturelles et artistiques dont ils seront des acteurs.


C’est la jeune Frida, alors étudiante, qui vient à la rencontre de ce peintre qui la fascine. Celui que l’on surnomme « l’ogre » est une véritable force de la nature, au caractère emporté, « terriblement séduisant malgré sa laideur (…), avec son visage de guerrier olmèque et sa corpulence de lutteur japonais ». Diego, lui, est aussitôt touché par la volonté farouche qui émane de cette frêle jeune femme, artiste elle aussi, et affligée d’une obsession de la souffrance liée aux malheurs qu’elle a subi (elle est frappée, enfant, d’une poliomyélite qui la laisse boiteuse, et subit quelques années plus tard un très grave accident d’autobus, à la suite duquel son corps restera définitivement meurtri). Leurs noces seront, aux dires du propre père de Frida, celles « d’un éléphant et d’une colombe ».

Aucun couple n’a jamais autant été uni dans la création, qu’ils vivent pourtant de manière différente, tout comme ils n’entretiennent pas le même rapport avec les événements qui bouleversent la société d’alors.


Diego se laisse facilement emporter par la passion et les intrigues politiques, et mêle de façon ambivalente son goût pour le pouvoir et sa foi révolutionnaire, son admiration à Staline comme à Henry Ford… A contrario, la vie de Frida est d’une lumineuse simplicité, mais c’est cela aussi que son époux admire chez elle : son refus des compromissions et des honneurs. Sa peinture ne reflète pas –à l’inverse de Diego- son engagement politique. Son combat à elle est surtout intérieur, dirigé contre sa solitude, ses souffrances, et la difficulté d’être une femme dans une société mexicaine dominée par les hommes.


 

En effet, le fossé qui sépare les personnalités des deux artistes n’est-il pas le reflet de celui qui sépare tout simplement les hommes des femmes, les premiers « tirant une certaine jouissance du mal et des larmes, conquérant par la violence, pendant que les secondes sont condamnées à la dépendance et la solitude, mais aussi à la clairvoyance par leur perception instinctive des dangers et des douleurs ? ».


Ils ont cependant au moins deux points communs : leur façon de vivre leur art, tout d’abord, qui leur est viscéral, nécessaire. Leurs pensées sont au bout de leurs doigts, dans leur regard ; Diego et Frida ne sont pas des intellectuels, ce sont des artistes, pour qui peindre est une pulsion naturelle, un besoin vital. Et c’est peut-être encore plus vrai pour elle, dont l’art lui permet d’exorciser ses démons, d’équilibrer son existence. C’est pourquoi son implication dans le communisme ne pourra jamais être totale : elle ne peut tolérer de limite à cet art, le soumettre à la ligne du parti… à vrai dire, Diego lui-même sera déçu, lors de son voyage en URSS, de constater que la révolution artistique n’y a pas de place. Pour lui, elle est aussi importante que la révolution sociale, et doit se faire elle aussi par et pour le peuple. Et c’est sur ce point également que le couple se rejoint : le sentiment de son appartenance à ce peuple, mexicain mais surtout indien. Ils considèrent que l’art est le seul moyen d’expression d’une masse vouée au silence par la force oppressante de la culture bourgeoise, et qu’il est aussi vecteur d’un langage universel, permettant ainsi de s’adresser à tous les opprimés du monde. L’art de Diego Rivera incarne d’ailleurs complètement cette vision : il sera l’un des premiers grands peintres muralistes, écrivant sur les murs l’histoire tragique et merveilleuse du continent amérindien. A sa façon plus discrète mais néanmoins très forte aussi, ce sont les symboles du monde indien que Frida insère dans ces toiles, exprimant son besoin d’harmonie avec ce peuple dont elle se sent issue et la sensuelle nature mexicaine.




Un essai qui se lit comme un roman, dans lequel Le Clézio, à la fois précis et sensible, historien et critique d’art, parvient à nous attacher à ces deux personnages hors du commun mais aussi à leurs œuvres, en même temps qu’il se fait le conteur d’une très belle histoire d’amour.


Une grande réussite!

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