Bitna, sous le ciel de Séoul
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Bitna, 18 ans, invente des histoires pour Salomé, une jeune fille immobilisée par une maladie incurable. Lorsqu’elle s’arrête de raconter, Salomé la supplie de continuer ces contes qui lui permettent de vivre par procuration. Bitna découvre qu’elle exerce un pouvoir inédit sur un être humain, mais aussi qu’elle est observée et espionnée.
Ma lecture
J’ai découvert JMG Le Clézio avec le précédent livre ALMA que j’ai beaucoup aimé pour la délicatesse de son écriture, sa prise de position par rapport à la destruction de notre monde, de la nature, de ses questionnements etc…., par sa narration toujours très poétique, mais ancrée dans le présent, à la limite de la réalité et de l’irréel, pleine d’images, de bruits, d’émotions.
Donc lors de la sortie de ce nouveau récit, je n’ai pas hésité : je savais que l’écriture serait belle, que l’histoire d’une jeune femme aidant à travers ses narrations à vivre, à sortir de son enfermement allait m’intéresser.
JMG Le Clézio nous emmène à Séoul, ville qu’il connaît par coeur, qu’il aime, c’est indéniable. Il arpente les quartiers, les rues, au milieu de la foule, des petits commerces et universités. Il a l’art d’être un excellent guide, s’attardant sur les gens, leur caractère, leur attitude, qui sont finalement le reflet d’une ville, les bruits, la nature bien sûr, et puis quand je le lis je ne peux m’empêcher d’entendre sa voix, si douce, si calme, où chaque mot est pesé et réfléchi.
Bitna, si elle aide Salomé à supporter son quotidien (mais elle ne lui fait que très peu de visites) c’est elle l’héroïne de l’histoire : elle s’affirme, se cherche, se trouve, prend de l’assurance et grâce à ses petites histoires qui n’en feront qu’une, la sienne, devient adulte et qu’importe que celles-ci soient vraies ou fausses ce qui compte c’est le plaisir de les raconter, de sentir qu’elle aide Salomé à supporter son quotidien, à l’apaiser, elles sont ses rations de survie et qu’importe si elles sont vraies ou fausses :
Même la vérité peut être un mensonge si tu n’y crois pas, et même le mensonge peut sembler vrai si je le raconte bien. (p109)
C’est un voyage dans l’imaginaire de Bitna, de sa réalité qu’elle agrémente, modifie, embellit mais aussi de ses peurs : la suit-on, qui sont ses ombres qui rodent ? Et tous ces personnages ne font-ils pas partie de son quotidien, de son environnement, où est la frontière en réel et imaginaire….. Comme on aide un oiseau à franchir le pont arc-en-ciel pour un au-delà inconnu, Bitna aide Salomé à supporter sa vie.
On peut être un peu dérouté par ces petits contes au début car ils sont très éloignés les uns des autres, on ne comprend pas toujours où l’auteur veut nous emmener, mais ce n’est qu’une déambulation à Séoul, dans un pays divisé, par une frontière qui brise les familles, mais le lien se créée entre imaginaire et réalité, comme souvent c’est le cas dans un roman surtout quand il s’agit de JMG Le Clézio.
Il m’a manqué un petit je ne sais quoi pour totalement être conquise : peut-être que j’aurai aimé connaître un peu plus Salomé, Hana, Naomi et même si les différentes histoires sont pleine d’émotions, de messages je suis restée un peu à distance, comme une touriste dans Séoul.
Bitna, dix-neuf ans, fille de modestes pêcheurs, de nature solitaire, fait ses études à Séoul. Pour se soustraire à la méchanceté de la tante qui l'hébergeait depuis son arrivée dans la capitale coréenne, elle occupe dorénavant un misérable appartement en demi sous-sol, dont elle paie une partie du loyer grâce aux quelques heures de l'atypique mission qu'elle remplit auprès d'une quadragénaire gravement malade. Salomé, qui ne peut même plus sortir de chez elle, a un besoin assoiffé d'histoires, supplie qu'on lui raconte la vie à laquelle elle ne participe plus, qu'on lui décrive le dehors dont elle n'aperçoit plus qu'un carré depuis sa fenêtre...
Le roman alterne ainsi entre les histoires que lui invente Bitna, et le récit de l'adaptation de l'étudiante à cette grande ville aussi effrayante qu'excitante, à travers laquelle un mystérieux inconnu la suit à la trace.
Par l'intermédiaire des contes qu'elle soumet à Salomé, mélancoliques ou cruels, parfois fantaisistes, mais toujours inventifs, elle exprime la solitude des êtres, la douleur de la séparation et de l'éloignement des siens, sur fond d'histoire et de culture coréennes. Les conséquences pour les individus de la scission nord-sud sont ainsi évoquées. Nous découvrons aussi une société abreuvée d'influences occidentales, où traditions et modernité semblent se côtoyer sans heurts.
Les histoires de Bitna, entremêlement de réel et d'imaginaire, car empruntant à certaines de ses expériences personnelles, créent entre les deux héroïnes une forme d'interdépendance, l'étudiante jouissant inconsciemment du pouvoir qu'elle détient sur la malade, pour laquelle elle représente le dernier lien avec la vie.
Je n'ai malheureusement pas, contrairement à Salomé, été emportée par les fables de Bitna, et ses propres pérégrinations dans Séoul ne m'ont pas vraiment passionnée, en raison d'un mal fou à entrer dans le récit, gênée par un style sans fluidité, qui m'a presque donné l'impression d'avoir été -mal- traduit d'une langue étrangère. Je me suis même demandée s'il ne s'agissait pas là d'un subterfuge de l'auteur pour faire croire que son texte avait le coréen comme langue d'origine, et j'ai eu beaucoup de mal à me persuader que j'avais bien affaire, ici, à l'auteur de "Désert" ou du "Procès-verbal"...
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