Trouble
  • Date de parution 09/01/2019
  • Nombre de pages 448
  • Poids de l’article 460 gr
  • ISBN-13 9782234084247
  • Editeur STOCK
  • Format 215 x 135 mm
  • Edition Grand format
Biographies, Mémoires Pays-Bas Romans étrangers

Trouble

3.73 / 5 (105 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Anvers, 1940. Wilfried Wils, vingt-deux ans, a l’âme d’un poète et l’uniforme d’un policier. Tandis qu’Anvers résonne sous les bottes de l’occupant, il fréquente aussi bien Lode, farouche résistant et frère de la belle Yvette, que Barbiche Teigneuse, collaborateur de la première heure. Incapable de choisir un camp, il traverse la guerre mû par une seule ambition : survivre. Soixante ans plus tard, il devra en payer le prix.Récompensé par le plus prestigieux prix littéraire belge, Trouble interroge la frontière entre le bien et le mal et fait surgir un temps passé qui nous renvoie étrangement à notre présent.Impressionnant. Le Figaro littéraire.Un roman choc, à la narration dure et chahutée. Sans concession. Le Monde des livres.PRIX KANTL 2020.Traduit du néerlandais (Belgique) par Françoise Antoine.

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  • Date de parution 09/01/2019
  • Nombre de pages 448
  • Poids de l’article 460 gr
  • ISBN-13 9782234084247
  • Editeur STOCK
  • Format 215 x 135 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Wilfried Wils se raconte, à l’attention d’un arrière-petit-fils innommé de dix-sept ans qu’il n’a pas vu depuis longtemps, sa famille ne voulant plus entendre parler de lui. Il revient sur une partie précise de sa vie, peut-être en quête inconsciente d’absolution, comme on le soupçonne peu à peu, mais son histoire s’apparente surtout à un témoignage par lequel il tenterait de s’approcher de lui-même.


Anvers, 1940. Wilfried s’est engagé dans la police pour échapper au S.T.O. Une fois flic, il aide les occupants allemands à coffrer ceux qui veulent y échapper, mais ce n’est là qu’un de ses nombreux paradoxes. Tout au long du récit, il est en effet difficile de cerner les motivations, voire les pensées de cet homme, qui se positionne en froid spectateur des événements. Est-ce dû au coma dans lequel il fut plongé à cinq ans à la suite d’une méningite ? A son réveil, amnésique, il dut réapprendre son prénom, se familiariser avec ces inconnus se prétendant ses parents, et a depuis gardé le sentiment d’avoir été pris pour une dupe, éprouvant une méfiance systématique et généralisée envers le monde, et comme une incertitude quant à sa propre identité… Se découvrant par la suite poète, il se persuade abriter un double, "Angelo", à l’origine de son élan créateur et de la dimension sombre, sordide et inquiétante imprégnant ses œuvres. 


Amené, par la médiocrité de ses résultats scolaires, à suivre des cours particuliers de français, il fait ainsi la connaissance de Barbiche Teigneuse, professeur qui l’initie à Rimbaud et Lautréamont, puis l’introduit dans les milieux antisémites. En parallèle, par l’intermédiaire de Lode, le collègue dont il est le plus proche et dont il épousera la sœur, il côtoie vaguement un groupe de résistants communistes.


Mais qu’il seconde, en tant que représentant de la loi, les allemands dans leur chasse aux juifs -certains se prêtant à cette mission avec un zèle significatif-, qu’il assiste à des réunions de sympathisants nazis ou qu’il aide son futur beau-frère Lode à cacher un juif de sa connaissance, Wilfried participe à tout avec passivité, ne semble mû par aucun mobile, aucun idéal, et n’évoque jamais, même a posteriori, ses convictions profondes. Il porte en revanche sur tous ceux qui s’agitent autour de lui un regard cynique, distant, sans aucune exaltation, méprisant la niaiserie ridicule des discours de propagande, s’interrogeant sur les véritables mobiles de ceux qui ne viennent en aide qu’aux juifs pouvant les rétribuer d’une manière ou d’une autre… Il abhorre plus que tout "la soif de normalité (de ses semblables), l’hypocrisie qui l’accompagne et la morale d’esclave de tout un chacun", conscient que seul l’argent fait tourner ce monde d’ennui et de médiocrité. Cette attitude a pour conséquence de l’ostraciser ; il se sent d’ailleurs exclus de tout, et comme surveillé, avec l’impression constante qu’on cherche à le prendre en faute. Avec le recul, il n’est pas plus tendre avec lui-même, sans complaisance vis-à-vis de sa trop haute estime de ses talents de poète, ironique envers ses vieux rêves de célébrité et de reconnaissance.


"Trouble". Ainsi peut donc être qualifié cet anti-héros à la fois flic et poète, navigant d’un bord à l’autre sans jamais s’impliquer nulle part… 


Mais l’adjectif convient également parfaitement à la période, et au contexte qu’il décrit. Une période ambiguë, de trahison et de méfiance généralisée, d’arrangements non seulement avec l’ennemi, mais aussi avec soi-même et sa conscience. Il a en effet visiblement suffit de peu pour que les idéaux montrent leur fragilité, vaincus par l’opportunisme, la lâcheté et la haine de l’autre. L’occupation d’Anvers par les allemands s’est avérée facile, "la ville (s’étant) couchée, cuisses grandes ouvertes, devant ces surhommes". Elle a révélé un antisémitisme qui couvait déjà, envers cette "racaille" inadaptée, que l’on tolérait uniquement parce qu’elle assurait la fierté et la prospérité de la ville grâce au commerce de diamants. Nombreux sont ceux qui sont finalement bien contents qu’on les en débarrasse, et qui reprocherait presque aux allemands de ne pas "nettoyer" assez vite.


A l’évocation de ces temps de guerre s’imbriquent des incursions dans un passé plus récent, et les allusions à un drame qui a profondément marqué le narrateur et sa famille : la disparition de Hilde, sa petite-fille révoltée et cynique, la seule qui l’ait jamais compris, qui partageait avec son grand-père sa clairvoyance pessimiste vis-à-vis du monde. La manière dont il revient sur cette tragédie révèle une douleur qu’il a soigneusement dissimulée à ses proches, notamment à sa femme Yvette, dont la profonde et démonstrative affliction, comme une preuve de faiblesse, lui "tapait sur le système". 


Les allers-retours entre présent et souvenirs de diverses époques peut au départ créer une certaine confusion, mais le récit se structure peu à peu, par bribes, au fil des éléments que nous livre Wils. Et cette chronologie bousculée est à l’image du héros, vieux, diminué, hanté par le souvenir de sa petite-fille Hilde et par son passé, plombé par une solitude aussi bien physique que psychologique, l’homme étant persuadé de ne pouvoir faire entendre, et encore moins comprendre, ce qu’il a vécu et ses choix douteux. Comment expliquer la proximité, l’immédiateté d’une violence généralisée à une génération qui perçoit tout à travers le filtre édulcorant des écrans ? Comment expliquer l’impuissance et ce qu’un homme est capable de faire à qui n’a jamais ressenti ce que ça fait d’être un salaud potentiel ? 


Récit marqué par un insondable cynisme et l’absence de toute foi en l’homme, "Trouble" est aussi un texte sur l’héritage de l’Histoire, sur les résonances, à travers le temps, des actes des aînés sur les générations suivantes, mais aussi sur le peu de leçons que les hommes tirent de leur passé, puisque l’Histoire, inlassablement, se répète…


A lire.


Wilfried Will est un très vieux monsieur qui écrit ses souvenirs pour son arrière-petit-fils. Il est né en 1920 à Anvers, il s’entend mal avec ses parents qu’il ne pense pas être ses vrais géniteurs. A l’adolescence, il éprouve de grandes difficultés scolaires et son père l’envoie prendre des leçons de français auprès d’un amateur de poésie décadent et marginal dont on ne connaîtra tout au long du livre que le surnom, Barbiche Teigneuse. Il devient vite son mentor. Cet homme admire Rimbaud, mais surtout l’Allemagne nazie et sera un collabo de la première heure. Wilfried devient rapidement son ami et le reste durant la guerre. Notre héros termine des études très moyennes en 1940 et s’engage comme policier surtout pour éviter le STO.

Le récit n’est pas chronologique, mais oscille entre le présent, dans lequel Wilfried est complètement rejeté par le peu de famille qui lui reste et surtout les années noires de la guerre, en particulier 1940 – 42. On ne sait pas trop si son récit est objectif ou s’il ne sert qu’à le justifier. Il nous raconte son quotidien de flic de base qui patrouille dans les rues d’Anvers, il participe à des actions ordonnées par les forces d’occupation, la police locale collaborant aux arrestations de Juifs. Lui même ne choisit pas son camp, il veut simplement survivre et devenir poète. Son ami Lode est résistant, avec son père, il cache un Juif dans les réserves de la boucheries familiale et Wilfried les aide. Par ailleurs, il continue à fréquenter Barbiche Teigneuse et ses amis tout au long de ces années noires, louvoyant entre les deux camps, il devient agent double presque à son insu. Finalement chacun le considère comme un traître réel ou potentiel. En 1944, il choisit enfin le bon camp, mais plus par opportunisme que par réel choix. Il a survécu et son premier recueil de poèmes est publié en 1946, l’avenir semble lui sourire, mais les conséquences de son ambivalence le rattraperont cruellement des décennies plus tard.

J’ai beaucoup aimé ce roman historique qui montre bien le climat qui régnait en ce temps-là, un climat bien trouble justement. Wilfried m’a fait penser à L’étranger de Camus. Il est comme en dehors de la vraie vie, il laisse les circonstances dicter sa conduite en essayant de s’impliquer le moins possible. Il ne devient vraiment violent que lorsque sa vie est en danger, et là il est capable du pire. En amour aussi, il laisse les choses se faire. Yvette la soeur de Lode le drague, il se laisse faire et finit par entrer dans une relation avec elle sans savoir s’il l’aime vraiment et l’épousera sans avoir résolu la question, son identité sexuelle n’est pas claire non plus et la relation avec Lode est parfois ambiguë.

Anvers est le personnage central du livre avec Wilfried. L’auteur parle de sa géographie, mais surtout de son ambiguïté vis à vis des Juifs, de sa lâcheté collective. Le doute plane sur les motivations des résistants, agissent-il par idéalisme ou par cupidité ? Et le père de Lode illustre bien cette problématique. Aucun des personnages n’est attachant, toutefois ils nous tendent un miroir : Aurait-on fait mieux qu’eux en ces années noires ? Wilfried a préféré son rêve de poésie à la vraie vie et il a échoué.

Ce roman est très documenté et tout à fait passionnant, de plus je connais très peu la littérature belge et j’ai eu grand plaisir à découvrir cet auteur. Un tout grand merci à Netgalley et aux éditions Stock pour ce partenariat très apprécié.

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