Ces femmes-là
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l’avis des lecteurs
TTTT - Bravo "La trame est classique. Un quartier à la ramasse dans le South Los Angeles, West Adams, électriquement mise en scène comme un territoire en sursis, incendies sur les collines, coulées de boue, menaces du tremblement de terre et de la montée des eaux. Un tueur en série dont les meurtres hantent les mémoires et qui se remet brusquement en activité comme un volcan faussement éteint. Des prostituées assassinées les unes après les autres et dont tout le monde se fout. Et enfin, figure récurrente de ce genre de récit, une femme flic qui comprend la première ce qui se passe, mais que personne n’écoute. On a lu ça cent fois, pourrait-on se dire, ce scénario est usé jusqu’à la corde. Sauf que l’histoire est ici racontée de manière inédite, à rebours des clichés et des ficelles habituelles par une autrice au formidable talent, remarquée notamment en 2018 pour son roman Route 62, paru chez Liana Levi : Ivy Pochoda, qui vit elle-même à L.A."
Quatrième de couverture
West Adams, un quartier délabré de Los Angeles divisé par l'autoroute qui mène à la mer et où persistent les traces des émeutes raciales de 1992. Dorian, Feelia, Essie, Julianna, Marella et Anneke vivent en marge, bâillonnées par le mépris et le souvenir d'un tueur en série qui, quinze ans plus tôt, a sauvagement assassiné treize prostituées dans l'indifférence générale. Mais voilà que les crimes recommencent.
Mon avis
Ivy Pochoda donne la parole à ceux qu’on oublie, dont on ne veut pas parler parce qu’ils ne sont pas dans la norme. Dans son dernier roman, il s’agit de prostituées que l’on retrouve la gorge tranchée. Plutôt que de nous faire suivre une enquête, elle nous entraîne dans le quotidien de ces femmes. Chaque partie sera le portrait de l’une d’elles. Le lecteur ira à sa rencontre, apprendra à la connaître et pourra comprendre ce qui l’a porté vers les choix qu’elle a fait. Ici, on ne s’intéresse pas au tueur mais aux victimes. Pourquoi et comment en sont-elles arrivées là ? Est-ce qu’elles sont rejetées, bafouées, ou considérées ? Sont-elles quantité négligeable ou existent-elles aux yeux de quelques-uns ?
Le passé c’est 1999 avec une voix qui s’élève. Le présent c’est 2014 à Los Angeles dans un quartier pas très attirant. Pourquoi l’assassin reprend-il du service ? Est-ce le même ? Probablement que oui car le modus operandi est identique. Pourquoi ces femmes sont-elles visées ?
Parmi les protagonistes, il y a Dorian, une femme qui cuisine le poisson dans une gargote. Elle nourrit « les filles » de temps à autre. Elle est parfois un peu perdue croyant voir sa fille, Lecia, assassinée dans des silhouettes qui lui ressemblent, elle se bat pour sauver celles qui restent et répète à qui veut l’entendre que Lecia n’était pas comme les autres et que sa mort n’a rien à voir. Bien sûr, personne ne l’écoute vraiment. De toute façon, vu la vie que menaient ces femmes, certains pensent qu’il n’y a pas lieu d’enquêter plus loin. Elles n’en valent pas la peine.
Chacune de celles qu’on va découvrir se bat pour faire sa place, que ce soit dans un métier, dans sa vie, dans l’art. Elles se sentent surveillées, en danger. C’est leur combat, leur insertion dans cette contrée, dans ce coin où rien n’est aisé que l’auteur nous présente. C’est encore plus compliqué quand on est de sexe féminin, c’est bien connu…
Et puis arrive Essie, une policière pas très grande, elle ne fait pas grosse impression quand on la voit mais elle ne raisonne pas comme ses collègues. Elle détricote ce qu’elle observe, elle écoute les plaintes des visiteurs au bureau, elle relit les documents, elle analyse, elle interroge. Elle repense aux événements de 1999, secoue ceux qui n’avaient pas assez cherché. Avec elle, un vent d’espoir arrive et le lecteur compte ses déductions, souhaitant qu’elle solutionne tout ça et que le calme revienne.
L’écriture de l’auteur est profonde, elle fait une fine analyse psychologique des individus mais également des situations. Sa façon d’aborder le sujet remue forcément le lecteur qu’elle pousse à la réflexion et c’est très bien.
J’ai beaucoup apprécié ce livre. J’ai trouvé intéressant la façon dont sont reliées les femmes qui sont évoquées. Elles ont chacune une approche différente face aux difficultés d’être femme, face à l’environnement qui peut être dangereux. Ivy Pochoda leur rend un peu d’humanité en leur donnant de la place, elles ne sont plus seulement une femme qui monnaie son corps et qui a été tuée, elles ont une histoire personnelle.
J’aime les lectures qui me bousculent, me surprennent et c’est le cas !
Voilà une très belle découverte pour moi, celle d’une écrivaine américaine, Ivy Pochoda, et de son nouveau roman Ces femmes-là.
Un quartier populaire de Los Angeles. En 1999 plusieurs jeunes femmes, surtout des prostituées, ont été égorgées. Puis les meurtres ont cessé. Et tout le monde a oublié. Pas Dorian. Sa fille Lecia qui revenait de garder une gamine fut la dernière victime. Ni Deelia, même si elle fait semblant, elle qui fut la seule à survivre au tueur.
Et aujourd’hui, en 2014, voilà qu’il y a un nouveau meurtre. Alors Essie, latina, flic aux mœurs, Julianna, Marella ou Anneke qui vivent dans le quartier vont, elles aussi, être prises dans le tourbillon.
Même si le résumé peut vous le laisser supposer, oubliez tout ce que vous avez déjà lu avec un tueur en série et des meurtres qui reprennent après des années de calme. Des bouquins comme ça il y en a des tas, souvent … disons pas très bons. Ici on est vraiment ailleurs.
On n’ira pas dans la tête du tueur. On ne sera pas stressé dans la peau d’une future victime (qui finit souvent par s’en tirer in extremis). Ici on est dans la peau de celles qui restent. De celles qui doivent vivre, tous les jours, avec la peine ou la trouille. Dans celle d’une femme flic qui n’est pas prise au sérieux parce qu’elle est femme, et d’origine latino. D’une « folle » que les flics ne croient pas et qu’ils se renvoient de l’un à l’autre. Ou de prostituées dont la vie ne vaut pas un clou, ni pour les hommes qui les achètent, ni pour les flics.
Et pourtant oui, mine de rien, en passant de l’une à l’autre au fil des différentes parties du roman, l’intrigue va avancer, et on finira par trouver le coupable. Et on plongera dans une autre forme de folie.
Un roman original et fort, à découvrir absolument, parce que, comme disent les critiques qui ne lisent jamais de polar : C’est beaucoup plus qu’un simple thriller ! C’est un grand roman noir.
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