
Le Loup des steppes
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Au premier abord, Harry Haller impressionne désagréablement le neveu de sa nouvelle logeuse, peut-être par le regard mi-satisfait mi-moqueur dont il examine les êtres, comme si le confort bourgeois de la maison lui semblait à la fois étranger, plaisant et dérisoire. Si Haller considère tout avec l’ironie d’un habitant de Sirius ou d’ailleurs, c’est qu’il appartient effectivement à un autre monde, celui de l’intellectualité pure. A force de renier ce qui constitue le bonheur quotidien des hommes, il se sent devenu un « loup des steppes » inapte à frayer avec ses semblables, de plus en plus solitaire et voué à l’isolement. Il n’entrevoit qu’une solution : se tuer, mais la peur de la mort l’empêche soudain de rentrer chez lui mettre son dessein à exécution. Il erre dans la ville. A l’Aigle noir, il rencontre Hermine, son homologue féminin qui a choisi la pratique de ces plaisirs que lui-même a fuis. Elle le contraint à en faire l’apprentissage : c’est une véritable initiation à la vie, une quête troublante pour découvrir le difficile équilibre entre le corps et l’esprit sans lequel l’homme ne peut atteindre sa plénitude.
Ma lecture
Qui es-tu Harry Haller : humain ou animal, Harry ou Loup des steppes ? Harry ou Hermann ? Récit fictionnel ou récit autobiographique ? Quand vous ouvrez ce roman vous êtes accueilli par Hermann Hesse lui-même, en tant qu’éditeur, qui dans une préface revient sur les conditions dans lesquelles l’ouvrage que vous allez découvrir est arrivé entre ses mains….. Mais Harry Haller existe-t-il ou n’est-ce pas Hermann Hesse lui-même (mêmes initiales, Harry évoque régulièrement son meilleur ami Hermann…) et n’est-il pas finalement dans chacun de nous ?
Ce roman, si l’on peut le définir ainsi, est une longue introspection de l’âme humaine, de sa dualité partagée entre ce qu’elle est et ce qu’elle voudrait être, de ce que notre milieu, notre éducation, nos préjugés font de nous, les barrières que l’on s’impose, le jugement que l’on porte sur ce qui nous entoure et sur les règles que l’on s’impose. Tout cela a conduit Harry au bord de la folie et du suicide ne trouvant plus aucun plaisir dans la vie qu’il mène.
Sur sa route il va faire de bien étranges rencontres, en premier lieu un homme qui va lui remettre un Traité du Loup des steppes, un ouvrage sur lui, Harry, sur ce qu’il est devenu et comment il en est arrivé là. Un traité philosophique implacable « réservé aux insensés ». Ensuite il y aura Hermine, la belle et douce Hermine, qui va lui faire découvrir le monde des plaisirs à condition qu’il la tue à la fin, Pablo, le saxophoniste, Maria, l’amante charmante, Gustave et Rosa, fantômes de son enfance. Tous vont lui permettre d’ouvrir des portes pour comprendre l’homme qu’il est : solitaire, pacifiste, sombre, taciturne, qui rêve du bonheur mais ne s’ouvre à aucun plaisir. Ils vont lui faire découvrir le lâcher-prise et il va devenir un de leurs semblables mais jusqu’à quel point ?
Harry oscille en permanence entre vie bourgeoise qu’il critique pour tout ce qu’elle engendre de négatif et vie dissolue dont il va découvrir tous les plaisirs : sensualité, rire, danse, musique moderne et même substances illicites qu’il critiquera dans un premier temps pour en savourer ensuite toute les saveurs.
Dans ce roman il est question d’identité mais d’identité psychologique, identité de l’âme, de qui nous sommes, nos dualités, nos mal-êtres. A travers Harry Haller nous plongeons dans ce que l’homme a de plus secret : lui, son fonctionnement, comment il devient celui qu’il est ou devient au fil du temps. Pour Harry il se reconnaît dans deux identités : Harry est l’image publique, 48 ans, divorcé, taiseux, sombre, solitaire. Mais rôde en lui celui qu’il nomme Le loup des steppes, sa part animale, violent, celui qui apparaît à chaque remise en question de son être. Il est arrivé à ce moment charnière où ne s’offre à lui que le changement ou le suicide avant ses 50 ans.
Le roman est sorti en 1927 et l’auteur pressentait l’arrivée d’un nouveau conflit mondial, d’une guerre inévitable, violente et destructrice, l’évoque régulièrement tout au long du récit comme il évoque la face sombre de l’être humain, sa volonté de toujours avoir plus, trop, plus haut, plus fort, d’afficher sa suprématie. J’ai été surprise de lire a presque un siècle d’écart la manière qu’avait Hermann Hesse d’envisager le futur, qui est notre présent, et sa justesse :
Pour finir, je déclarai que, tout comme les débuts actuels de la radio, cela permettrait uniquement à l’humanité de fuir face à elle-même, face à ses buts ultimes, et de s’environner d’un réseau de plus en plus serré de distractions et d’occupations vaines.(p156)
Oui, la terre est vraiment surpeuplée. Autrefois, on ne le remarquait pas ainsi ; mais maintenant que les hommes, non contents de respirer, veulent également posséder une voiture, maintenant, on le remarque. Naturellement, ce que nous sommes en train de faire est déraisonnable ; c’est un enfantillage, à l’instar de la guerre qui en est un de dimension gigantesque. Un jour, l’humanité devra apprendre à contenir son accroissement par des moyens raisonnables. Pour le moment, notre réaction face à cette situation insupportable ne l’est pas vraiment, mais au fond , elle est juste : nous faisons diminuer la quantité. (p272)
Hermann Hesse à travers Harry Haller mais aussi Hermine (Hermine/Hermann) traite de sujets tels que les apparences et la représentativité des êtres (Goethe), ce que nous voulons être et ce que nous sommes, d’instinct ou devenus, du contrôle de nos vies par nous-mêmes, de la solitude, de la mélancolie pouvant aller jusqu’à la folie ou au désir de suicide. Il ne se cache d’ailleurs pas vraiment derrière ses personnages avouant lui-même (en parlant d’Hermine) :
(…) elle avait bien un visage de jeune garçon. Puis au bout d’une minute, ce visage se mit à me parler. Il me rappela ma propre jeunesse et mon ami d’alors qui se prénommait Hermann. L’espace d’un instant, il semble s’être entièrement transformé pour devenir celui de Hermann. – « Si tu étais un garçon, dis-je tout étonné, tu devrais t’appeler Hermann. (p161)
C’est une narration d’un seul tenant, une sorte d’épopée dans laquelle le héros va côtoyer ce qui peut faire penser à la douceur d’un paradis mais parfois plonger dans des abîmes, avec des rencontres réelles ou imaginaires : Maria, Mozart, Pablo jusqu’à Gustave, l’ami d’enfance jamais revu.
Ce roman est un voyage initiatique d’un être pour découvrir qui il est, découvrant des territoires jamais abordés qui vont le révéler à lui-même, pour un instant, un moment ou pour toujours. Comment ne pas se retrouver parfois dans ses questionnements, dans sa recherche, dans son regard sur lui-même et sur le monde qui l’entoure. Les questions qu’il se pose nous sommes parfois amenés à nous les poser, c’est un récit aux multiples facettes que l’on peut lire et relire et en découvrir à chaque fois un nouveau sens….
La vie, l’homme ont différents visages, l’auteur les aborde dans une écriture fiévreuse, presque dans l’urgence de trouver des réponses.
C’est exactement comme lorsqu’on est affligé à l’idée que la mort viendra un jour immanquable, malgré tous les efforts déployés pour la contrer. La lutte contre la mort, mon cher Harry, est toujours magnifique, noble, merveilleuse, respectable ; par conséquent, la lutte contre la guerre l’est aussi. Toutefois, c’est en même temps un éternel combat de Don Quichotte, qui n’a aucune chance d’être remporté. (p175-176)
Vous l’avez compris j’ai aimé cette lecture, par les thèmes évoqués, par le pouvoir qu’elle a eu de m’interroger sur moi-même mais aussi sur le monde qui nous entoure, sur l’image que nous reflétons mais aussi grâce à l’écriture, sur l’enchaînement des idées. Un récit mais aussi une réflexion philosophique.
C’est grâce à Mémoire des livres que j’ai découvert l’existence de ce roman et je l’en remercie.
Le héros -et narrateur- de ce roman, Harry Haller, est en proie à un profond mal-être...
La nature du tourment qui l'habite prend sa source dans la lutte que mènent en lui des personnalités contraires. Sa retenue d'homme civilisé s'oppose à une sorte de sauvagerie instinctive, qui le pousse à revendiquer un besoin démesuré de solitude et d'indépendance.
Ayant en horreur l'idée de devoir se soumettre à des contraintes fixées par des individus médiocres, il se sent décalé dans une société dont il juge les plaisirs vains et futiles, dont il ne comprend ni les principes ni les priorités. En quête de sensations fortes, lui se complait dans une mélancolie et un romantisme poussés à l'extrême, flirte avec les affres de la folie...
Ayant obtenu cette solitude et cette indépendance qu'il prétend désirer par-dessus tout, elles deviennent en même temps la cause de sa condamnation, c'est-à-dire de son bannissement social.
Pourtant, Harry est issu d'un milieu petit-bourgeois dont dont il a gardé, ancrés en lui, certains principes moraux, et qui de plus lui permet de bénéficier d'une certaine aisance financière. Il vit certes seul, sans famille et sans emploi mais confortablement, et toujours en accord avec la loi.
Sa révolte, par conséquent -car Harry est avant tout un être révolté-, est surtout intellectuelle. Atterré par la misère morale de ses contemporains, il oppose à leur patriotisme borné et grégaire, à leur propension à la violence, à leur matérialisme, ses ambitions humanistes. Il déplore leur incapacité à faire face à leurs responsabilités individuelles, leur manque d'exigence vis-à-vis de leurs idéaux, bassement vulgaires et égoïstes...
Au cours d'une de ses errances nocturnes, il rencontre Hermine, une jeune femme qui se présente comme son alter ego. Également déçue par la médiocrité de ses semblables, elle s'étourdit de fêtes, de danse, et d'alcool, mais cet épicurisme dissimule de morbides projets, auxquels elle associe rapidement Harry...
"Le loup des steppes" est de ces romans qui intimident, parce qu'on les imagine complexes, et peut-être fastidieux.
Le début du roman a d'ailleurs, au départ, conforté mes craintes. La partie qui y est consacrée à la transcription du "Traité du Loup des steppes" (fascicule remis à Harry par un étrange individu croisé un soir dans la ville endormie) m'a paru assommante, et était à mon avis dispensable. Heureusement, le héros reprend ensuite la parole pour nous livrer ses torturants états d'âme et nous relater les événements insolites qui viennent troubler son existence. Car si Harry peut dans un premier temps agacer par sa grandiloquence, son sentimentalisme exacerbé, j'ai finalement été touchée par son humanisme, et conquise par son intelligence. Son malaise m'a paru, même, justifié, et de nature intemporelle. Lorsqu'il évoque son dégoût de la guerre, la difficulté de ses concitoyens à se détacher de leur environnement sociétal pour penser l'Homme dans sa globalité, lorsqu'il exprime son inadaptation à une modernité qui popularise mais dénature l'art, qui rend le quotidien plus confortable aux dépens de la faculté à s'indigner, se rebeller... ne sont-ce pas là des considérations qui sont toujours d'actualité ?
J'ai fini par croire que le malheur de Harry ne venait pas seulement de sa difficulté à faire cohabiter en lui ce qu'il nomme sa "dualité". Après tout, ainsi que nous le rappelle le "Traité du Loup des steppes", l'homme n'est pas seulement double mais multiple, complexe, mouvant, et abrite en lui à la fois les impulsions nées de ses instincts et la pondération inculquée par son environnement familial, culturel et social... sans que, la plupart du temps, cela ne pose problème.
Il me semble que le mal-être d'Harry provient surtout d'une désespérance liée au constat que l'homme a beau se croire de plus en plus civilisé, il n'en acquiert pas pour autant plus de sagesse ni plus de capacité à l'altruisme...
Finalement, mes craintes se sont donc avérées infondées. "Le Loup des steppes" est certes un roman ambitieux, mais accessible et même prenant. Et puis, de façon assez surprenante, l'auteur introduit parfois dans son récit une tonalité fantastique qui casse opportunément la morosité de son propos.
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