Sorcier d'empire
  • Date de parution 15/03/2023
  • Nombre de pages 496
  • Poids de l’article 490 gr
  • ISBN-13 9782207165805
  • Editeur DENOEL
  • Format 204 x 140 mm
  • Edition Grand format
Dystopie et Uchronie Ouvrage de référence de l'auteur Fantasy

Sorcier d'empire Tome 1 Ars Obscura

4.01 / 5 (148 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

1815.Napoléon Iᵉʳ a conquis l'Europe grâce aux pouvoirs d'Élégast, un sorcier dont nul ne sait rien et qui est le seul capable de pratiquer l'Art Obscur : une forme de magie aussi puissante que terrifiante.En dépit de la force militaire de la France, la population vit dans la crainte des bulles noires, ces manifestations surnaturelles violentes qui engloutissent les gens et libèrent des hordes de monstres semant la mort dans les campagnes. Ludwig Arcerese, un mercenaire qui a tout oublié de son passé, s'est spécialisé dans la traque de ces créatures. Lorsqu'il croise la route d'Éthelinde Ordant, une étrange naturaliste recherchée par toutes les polices de l'Empire, celle-ci ne peut que constater l'impossible : Ludwig sait lui aussi faire appel aux forces de l'Art Obscur. Les deux marginaux vont unir leurs efforts afin de comprendre qui est cet effrayant sorcier, et quels sont ses noirs desseins.Antique confrérie de mages, espions à la solde de l'étranger, mystérieuses entités ésotériques, comploteurs travaillant à la chute de l'Empereur, secte russe d'adorateurs d'un dieu sanguinaire... Chacun joue son rôle dans ce récit épique, les uns pour empêcher le monde de sombrer dans les ténèbres, les autres pour l'y plonger.

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  • Date de parution 15/03/2023
  • Nombre de pages 496
  • Poids de l’article 490 gr
  • ISBN-13 9782207165805
  • Editeur DENOEL
  • Format 204 x 140 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Je connaissais jusqu’à présent François Baranger illustrateur grâce à ses magistrales adaptations visuelles des grands textes de Lovecraft (Les Montagnes Hallucinéesl’Appel de Cthulhu et l’Abomination de Dunwiitch) mais pas encore le François Baranger romancier. La période où se déroule le roman m’a intrigué et je me suis laissé tenter par Ars Obscura tome 1 Sorcier d’Empire publié chez Denoël dans la collection Lunes d’encre en mars. Ce roman est le premier tome d’une quadrilogie de dark fantasy, uchronie dans une ambiance premier Empire français alternatif.

Nous sommes en 1815, date dévaforablement décisive pour le Premier Empire d’après nos cours d’histoire. Pourtant ici les choses sont bien différentes et l’Empire est à un stade qui semble être son apogée. Napoléon a vaincu l’ensemble des pays d’Europe, y compris l’Angleterre, qui est occupée par les français (shocking !), mais la Russie se dresse encore contre la France. Pour réaliser toutes ses conquêtes, Napoléon a reçu l’aide précieuse d’un mystérieux sorcier appelé Élégast, rencontré lors de la campagne d’Egypte. Il a défait les ennemis de la France avec des sortilèges et autres processus magiques. Malheureusement, cette magie semble liée à un étrange phénomène non expliqué, les résurgences, qui ont commencé à frapper les terres de l’empire. Véritables bulles de magie noire vomissant son lot de créatures d’un autre monde, ces choses causent le malheur des populations. Malgré la puissance et la prospérité de l’empire, le mécontentement et la peur sont permanents dans la population.

L’auteur pose d’emblée une histoire avec une ambiance pesante et assez noire. Les personnages, les desseins des conspirateurs, le manque de compassion et d’empathie des personnages, souvent des militaires, font tout pour poser une atmosphère glauque. Même le climat s’en mêle régulièrement, avec de nombreuses scènes sous la pluie ou dans une froideur importante.

François Baranger a opté pour une narration chorale avec un nombre de protagonistes plutôt important. Le début est assez rythmé avec des chapitres courts qui nous font découvrir les enjeux du livre. Il y a d’une part un groupe d’officiers de l’armée impériale et autres administrateurs bien décidés à limiter l’influence d’Élégast auprès de l’empereur (potentiellement décidés à l’éliminer) et d’autre part la quête de réponses de 2 protagonistes bien singuliers, Ethelinde et Ludwig, et la traque des hommes d’Élégast pour les retrouver, et enfin les manigances secrètes et magiques des Russes pour contrer l’empereur.

Le récit se focalise sur deux personnages principaux, Ethelinde et Ludwig, que l’on va apprendre à connaître tout au long du roman. Elle est une scientifique de l’art obscur, et cherche à comprendre les choses. Élevée par son père disparu mystérieusement en Égypte pendant la campagne de Bonaparte, elle mène des recherches pour élucider ce mystère et venger la mort de son père. Ludwig est une force de la nature, personnage inquiétant car il a été marqué physiquement par une résurgence. Il est capable de produire des phénomènes magiques, et sauve Ethelinde des hommes d’Élégast au début du roman. A eux deux, ils vont mener des recherches sur leur passé, tout en essayant d’échapper à la garde Hermétique (l’armée particulière d’Élégast). La relation entre eux évolue nettement, et on sent bien qu’elle va certainement aller plus loin dans les tomes suivants.

De nombreux autres protagonistes gravitent autour d’eux. L’auteur arrive à leur donner une cohérence et des caractéristiques intéressantes. Peu de personnages sont vraiment caricaturaux ou trop superficiels, hormis les Russes qui fomentent un projet magique monstrueux et sont présents en France par le biais de leur espionne Irina (qui ressemble plus à une méchante James Bond Girl qu’à une personnage de fantasy).

Les membres de la garde hermétique agissent au nom d’Élégast, et on les craint d’emblée, car ils semblent exercer un contre-pouvoir impitoyable dans l’empire. Armés du meilleur matériel et agissant en toute impunité, cette armée secrète se présente comme un contre-pouvoir important dans l’Empire. Ravegeac, fidèle lieutenant de Élégast, est un personnage qui m’a beaucoup intéressé. Les conspirateurs de l’armée régulière sont aussi bien crédibles, cherchant à redonner à l’armée sa gloire passée.

L’histoire est prenante, on suit avec attention la traque et les complots dans cette France assez misérable malgré sa domination territoriale. Le style de François Baranger est direct, et les chapitres courts, ce qui facilite l’immersion et l’envie d’avancer dans la lecture. Le livre n’échappe pas à quelques facilités, et les surprises ne sont pas nombreuses, mais il ne s’agit que d’un premier tome. J’ai noté aussi un certain nombre de clins d’œil sympathiques à la culture pop.

Le livre est donc une bonne lecture, un contenu crédible et intelligent, avec des personnages attachants et des méchants diaboliques. Cela reste assez classique, mais pour un tome d’introduction on n’a qu’une envie, celle de se replonger dans cette histoire d’ici quelques mois, les suites étant prévues tous les 6 mois.

François Baranger est un écrivain dont je laisse traîner la découverte depuis bien trop longtemps, pour des raisons un peu nulles et lâches : je suis l’heureux détenteur de la sublime intégrale de son Dominium Mundi depuis un bon bout de temps, et je n’ai jamais osé passer le cap, simplement parce que c’est, tout de même, un très beau bébé. Il aura fallu que je sois l’hôte d’une table ronde aux Utopiales en son auguste compagnie et qu’on m’offre le livre du jour pour que je me décide enfin. C’est un peu minable, mais hey, au moins, c’est fait.

Et maintenant que c’est justement fait, la question qui se pose est autre : stop ou encore ? Parce que bon, c’est vrai que je commence à devenir un peu difficile, avec le temps et l’expérience.

La réponse ne sera pas stop. Elle sera « encore, mais prudemment ».

Expliquons ça.


1815. Napoléon a mis l’Europe à genoux, Angleterre comprise, sans souffrir le moindre revers, se permettant même le luxe de revenir de Russie en vainqueur, malgré une retraite stratégique. L’explication de sa puissance, au delà de son indéniable génie militaire, tient en un nom : Élégast, étrange personnalité dont les uniques dons pour ce qu’il appelle l’Art Obscur ont fait le surpuissant Sorcier d’Empire de Bonaparte. C’est sa puissance et ses sortilèges redoutables qui ont jusqu’ici garanti l’emprise de l’empereur sur son monde. Mais dans l’ombre de ces géants s’agitent des forces nouvelles, dont certaines s’ignorent, qui pourraient bien bouleverser cet équilibre.


Alors, pourquoi cette relative pusillanimité de ma part, quand bien même je n’aurais aucun mal à affirmer que ce premier tome d’Ars Obscura, il est franchement bon ? Ça tient, comme souvent avec moi, à des détails qui n’en sont pas vraiment. Le premier et le plus fragrant d’entre eux est probablement le fait que François Baranger a fait des recherches, et que ça se voit. Uchronie oblige, il a eu la compréhensible et fort louable ambition de faire en sorte que son histoire soit aussi ancrée que possible dans la réalité de son époque d’origine. Et si je comprends et soutiens la démarche, je n’ai pas pu m’empêcher de trouver qu’il en faisait sans doute un petit peu trop, par moments, au détriment de son rythme. Après, c’est sans doute moi, aussi : je n’ai jamais été particulièrement fan des descriptions trop exhaustives ; paradoxalement, ça me coupe un peu l’imagination. De la même manière, quand après une poursuite un peu tendue, un protagoniste prend le temps de faire un feu, je trouve que lire un paragraphe entier consacré à la méthode de l’allumage, ça casse un peu l’ambiance.

C’est à mettre sur le compte, je pense, de la part de François Baranger, d’une vision assez classiciste de sa narration, sans vouloir connoter le terme dans un sens ou dans l’autre. Il a clairement fait le choix d’un style lui aussi découlant directement de l’atmosphère de la période napoléonienne, un peu – voire pas mal – guindé, notamment dans les dialogues, mais comme l’ensemble se tient extrêmement bien en terme de cohérence, même moi je n’y vois absolument aucun inconvénient ou faute de goût. La seule concession qu’il fait à une certaine forme de modernité, oserais je, est son alternance des points de vue et perspectives au fil du roman, mais ça j’adore, et il le fait là aussi très bien, donc ça s’équilibre plutôt très bien.

Au fond, le souci, c’est peut-être juste que c’est un premier tome de tétralogie de dark fantasy uchronique, et que ça suggère beaucoup de mise en place avant qu’on puisse vraiment s’amuser. Et ça, qu’on soit un écrivain tout nul ou exceptionnel, on ne peut pas y couper. Fort heureusement, et pour dissiper tout malentendu malheureux, je pense que François Baranger penche plutôt clairement du bon côté de cette cruelle balance.


Parce que si je peux confesser sans trop de mal que j’ai trouvé ce premier tome par moments un peu trop bavard dans ses implications les plus techniques, notamment celles qui je pense auraient mérité ou nécessité d’attendre un peu plus longtemps avant d’être complètement explicitées, ça se lit quand même très bien, et mes 486 pages sont passé sans le moindre déplaisir. Pas avec un plaisir débordant non plus, vous l’aurez compris, mais c’est un menu sacrifice auquel je m’étais psychologiquement préparé en amont : on ne se lance pas dans un si gros et ambitieux projet littéraire sans devoir s’attendre à qu’on nous explique des trucs tout du long pour comprendre exactement de quoi il est question.

Et de fait, on a un casting et un univers à l’avenant de cette ambition. C’est sans doute là la plus grande réussite de François Baranger à mes yeux, en dépit de sa tendance à vouloir parfois trop tout nous expliquer dans le détail : c’est quand même remarquablement dense et resserré. Les enjeux sont clairs, là où il aurait je pense très aisé de se perdre dans le dédale des rancunes, ambitions, regrets, obsessions, recherches et craintes des différents personnages. Au contraire, c’est même assez fascinant de lire tous ces personnages se débattre avec toutes leurs émotions contradictoires, formidablement grises et complexes, là où pareillement, des conditions de départ relativement archétypales auraient pu mener à un cadrage autrement plus simpliste et regrettable.


C’est aussi ça qui fait que je suis quand même globalement content de cette lecture : elle promet beaucoup. Je me doute bien que certains des noms choisis par l’auteur ne sont pas anodins, tout en sachant pertinemment que mes lacunes en matière historique me font rater la majorité de leurs implications. De la même manière que j’ai quand même bien remarqué qu’au moins un nom me paraissant extrêmement important dans le contexte historique brillait par son absence. Et de fait, tous les choix de François Baranger dans ce premier volume, d’autant plus dans l’optique considérant qu’il prépare le terrain pour ses suites, me semblent être bons. Pour ce que j’ai pu sourciller intensément en lisant certaines révélations me paraissant assez majeures être balancées un peu nonchalamment au fil de l’intrigue, j’en suis très vite revenu en me disant que ce n’était sans doute rien à l’aune de ce qui allait suivre. Et puis j’avoue que c’est un peu rigolo d’être aussi surpris par la teneur de ces révélations que par leur avènements dans le récit : ça change. C’est rafraichissant, d’une certaine manière.

Et du coup, si je peux avec une certaine circonspection croire être en mesure d’anticiper quelques uns des retournements à venir dans les tomes suivants – parce qu’il me paraît acquis maintenant que je vais au moins en lire un – François Baranger a réussi à instiller un énorme doute dans le fond de mon esprit. Après tout, c’est une tétralogie uchronique ; je n’ai aucun moyen d’être sûr de la finalité vers laquelle il a décidé de se diriger. J’ai ma petite idée, certes, mais étant donnée la profondeur potentielle de son univers et certaines de ses caractéristiques… Rien n’est vraiment à exclure avec certitude. Et j’avoue que c’est un petit frisson pas désagréable.


Donc voilà. C’était chouette. C’est là le signe indéniable d’une qualité certifiée et maîtrisée dans un ouvrage littéraire : en dépit de quelques ponctuelles incompatibilités d’humeur, les ambitions et les moyens mis à leur disposition sont alignés. Et de fait, même si je ne suis pas forcément fan du style utilisé par François Baranger ici, je ne peux que reconnaître et apprécier la pertinence de ses choix. Alors j’avance et je profite en faisant fi de certains de mes pinaillages. Et le résultat est là : j’ai franchement envie de lire la suite, notamment parce que j’ai vraiment envie de savoir ce qui va se passer, notamment pour certains personnages ayant bénéficié d’un soin tout particulier les rendant réellement intrigants.

Et si je n’en dis pas plus, c’est uniquement pour ne pas gaspiller d’un coup toutes mes cartouches. C’est qu’il y a trois bouquins à lire et chroniquer derrière, si tout va bien, quand même.

Ai-je réellement besoin de vous présenter François Baranger ? C'est un célèbre illustrateur, à qui l'on doit notamment la version illustrée de deux nouvelles de H.P. Lovecraft, L'Appel de Cthulhu (2017) et Les Montagnes Hallucinées (2019). Il est également l'auteur de la duologie de science-fiction, Dominium Mundi (2013-2014), et de deux thrillers, L'Effet domino (2017) et Tepuy (2020). Or, cette année 2023 marque son retour en librairie avec la publication de Sorcier d'empire chez Denoël qui inaugure une nouvelle série littéraire. 

Résumé :

1815, alors que Napoléon est occupé à consolider ses positions en Europe, aidé de son sorcier Élégast qui utilise l'Art Obscur pour lui permettre de triompher lors des batailles, La France, elle, est soumise à la terreur depuis que d'étranges bulles noires apparaissent de nulle part pour engloutir les gens se trouvant malencontreusement au mauvais endroit tout en libérant des hordes de monstres démoniaques. Depuis que sa femme et sa fille ont été englouties par ces anomalies surnaturelles, Ludwig les traque dans l'espoir de trouver le moyen de libérer sa famille qu'il pense toujours en vie, coincée quelque part. Un jour, il croise la route de la naturaliste Éthelinde Ordant qu'il sauve des griffes de soldats chargés, par Élégast en personne, de l'éliminer. En cherchant à en comprendre les raisons, ils vont enquêter sur ce mystérieux sorcier, quitte à se jeter dans la gueule du loup. Pour autant, atteindront-ils le but qu'il se sont fixé ? 

Mon avis :

Ars Obscura est une uchronie qui nous propulse au temps des guerres napoléoniennes. En effet, 1815 inaugure la période des Cent-Jours qui marquent le retour de Napoléon Bonaparte en France après sa première abdication. Déclaré "hors-la-loi" par le Congrès de Vienne, il espère détruire les forces britanniques et prussiennes présentes en Belgique avant qu'elles ne soient renforcées par les contingents autrichiens et russes. François Baranger insère donc son récit dans la période charnière de la septième coalition où l'empereur va tenter le tout pour le tout. Le cadre historique choisi donne au texte une dimension politique et militaire que François Baranger colore de notes ésotériques. Celles-ci se manifestent d'abord par l'Art Obscur dont use le sorcier Élégast pour notamment soutenir les contingents militaires de Napoléon sur le champs de bataille. De cette sombre magie, on ne sait que peu de choses si ce n'est qu'elle trouve son origine à l'ère d'une ancienne civilisation. En effet, François Baranger a l'ingénieuse idée de faire coïncider les expéditions scientifiques qui ont eu cours pendant la campagne d'Egypte avec l'apparition soudaine de ce sorcier aux côtés de l'empereur. Il faut également ajouter la survenue de ces bulles noires qui ravagent les campagnes françaises et sont la hantise des citoyens. Elles demeurent une énigme autant pour les protagonistes que pour les lecteurs. Sujet d'étude pour les uns, source d'effroi pour les autres, leur existence confère au mystique et nourrit le fil narratif de ce roman. Il ne s'agit pas tant de magie mais plutôt de science occulte entre ces lignes qui donne à ce texte une ambiance touchant à l'horrifique, dégageant d'ailleurs quelque chose de lovecraftien. 

En outre, François Baranger joue beaucoup sur la géopolitique de l'époque à travers la formation des coalitions européennes pour lutter contre l'hégémonie de la France. Sorcier d'empire est un roman choral qui met en scène aussi bien des patriotes que des ennemis d'Etat. Cela permet à l'auteur de ponctuer son récit de complots politiques rendant l'intrigue éminemment intéressante du point de vue des tractations internes des pouvoirs en place. Ainsi, avec Ars Obscura, François Baranger confronte un univers occulte mystérieux à une situation politique, géopolitique et stratégique sensible. Le tout formant un mélange audacieux et réussi qui tient le lecteur en haleine d'un bout à l'autre de ce premier volet. 

Enfin, pour rythmer son roman, l'auteur y multiplie les points de vue des personnages. Ainsi, on suit tantôt une érudite, un chasseur de monstres, un soldat, un mercenaire, une comtesse russe, un espion anglais et même le frère du Tsar. Une pluralité qui va nous permettre de prendre de la hauteur afin de mieux mesurer l'ensemble des enjeux narratifs de ce livre. De cette communauté, j'ai eu un vrai coup de cœur pour deux d'entre eux qui mêlent leur destin pour faire cause commune. Ainsi, Éthelinde Ordant incarne la figure de l'intellectuelle intrépide qui cherche à en apprendre plus sur l'Art Obscur afin de mener sa quête de vengeance à son terme. Elle souhaite faire la lumière sur les circonstances du décès de son père survenu en Egypte et dont elle tient le mage Élégast pour responsable. Or, elle veut se donner les moyens de l'affronter sur son terrain et pour cela elle n'hésite pas à se confronter aux bulles noires et aux créatures vomies par ces dernières. A ses côtés, survient de manière inattendue l'énigmatique Ludwig Arcerese qui porte une histoire touchante. Déjà, il est amnésique de tout un pan de son enfance. Il est donc amputé de son passé et ignore qui il est et d'où il vient. Ensuite, alors qu'ils s'était reconstruit une famille, le destin lui a à nouveau enlevé. De cette tragédie, il en a fait une force pour nourrir sa détermination à retrouver les siens et à défendre les plus démunis face à ces abominations venues d'ailleurs. C'est un personnage plein de zones d'ombre que l'on apprécie de suivre dans sa bouleversante quête. 

Pour conclure :

De François Baranger, je ne connaissais jusque là que sa merveilleuse patte artistique mais en lisant Sorcier d'empire, j'ai enfin goûté à sa plume incisive et à son imaginaire particulièrement fertile. Alors, vivement la suite !


France, 1815 : Napoléon règne sur toute l’Europe !


Soutenu par le sorcier Élégast, il a vaincu ses ennemis au fil des batailles. Mais les Anglais réfugiés au Caire espèrent un retournement, avec leurs alliés russes et tous ceux qui exècrent la France impériale trop puissante. Quand j’ai lu que l’Angleterre était sous domination française, mon sourire s’est élargi d’une oreille à l’autre. C’est mal ?


Revenons à l’histoire : dans une France uchronique, des bulles noires apparaissent parfois, ici et là. Elles se transforment en « résurgences » d’où s’échappent de terribles « résurgions », bêtes de diverses tailles et très dangereuses. Il est difficile de les éliminer : les voyageurs traversant les bois doivent être prudents.


Dans ce contexte, Ludwig gagne sa vie en traquant les résurgions. Personnage étrange et hors de la société qui ne se souvient plus de son enfance, il espère découvrir les secrets des bulles noires qui ont englouti sa femme et sa fille. Un jour, il secourt Éthelinge pourchassée par des Gardes Hérétiques, le corps d’armée du Sorcier Élégast qui constitue une armée dans l’armée. Éthelinge est la fille d’un savant mort pendant la campagne d’Égypte de Bonaparte, et elle est persuadée que son père a été tué. Son esprit scientifique la pousse à étudier la magie et à tenter de reproduire certains sorts. Or Ludwig se révèle avoir des dons qu’il ne comprend pas. Est-ce lié à son enfance ? Ce mystère se double d’un deuxième : ceux qui prétendent avoir des pouvoirs, en général des charlatans, sont assassinés les uns après les autres. Qui veut les éliminer ?


Ce roman choral donne la voix à de multiples narrateurs, offrant une vue d’ensemble des contextes et des actions : en France, en Angleterre, en Russie ; dans les campagnes, les casernes ou les palais impériaux ; parmi les soldats, les fugitifs ou les hommes de pouvoirs. On voyage beaucoup avec Sorcier d’Empire, on suit une scène à travers les yeux de divers personnages qui ont leur propre compréhension des événements, de l’espion anglais à la comtesse russe séductrice mais impitoyable avec les Bohémiens ; du frère du Tsar attiré par les sciences obscures au jeune serf effrayé par la barbarie d’une confrérie rêvant de la renaissance d’un dieu maléfique qui reposerait dans un sarcophage égyptien et renaîtrait grâce à un rituel sanglant ; du noble au service de Napoléon à l’officier de terrain ; et bien d’autres. Cette richesse de points de vue brosse un tableau vivant, en contrepartie d’une longue exposition qui dévoile les personnalités et les motivations de chacun. L’action ne manque pas à l’appel, bien au contraire, et chacun est mis en danger, d’autant plus que les dissensions dans chaque camp sont nombreuses.


Parlons de l’uchronie de fantasy : dans ce monde, la magie puissante avait disparu depuis des temps immémoriaux, même si certains se disaient dotés de pouvoirs. Ce n’était plus qu’un objet d’étude pour des lettrés et des superstitions diverses. Le point de départ de l’uchronie est l’apparition d’Élegast, présenté par Napoléon en 1803. L’empereur remporte alors des batailles grâce aux sorts et délaisse son génie militaire au grand dam des généraux qui se méfient de la Garde Hérétique et encore plus d’Élegast dont personne ne sait rien.


Plus le lecteur avance dans le roman, plus se dessine le schéma de l’Art Obscur, venant de temps oublié. Qui est exactement Élégast ? Que veut-il ? Napoléon a-t-il perdu son sens stratégique pour céder à la facilité d’un homme dont les motivations sont à craindre ? Quel danger viendra de la Russie ? Et quel sera le rôle de l’Angleterre ? La conspiration contre Élegast va-t-elle connaître le succès ? Et Élegast lui-même, jusqu’où va-t-il aller ?


De manière plus intimiste, on ne peut s’empêcher d’espérer pour quelques personnages attachants en mauvaise posture : le serf Pavel, Éthelinge à l’esprit scientifique, et Ludwig, qu’on devine le pilier de l’histoire.


Parlons un peu de l’univers : Élégast entrevoit l’avenir, ce qui lui permet de développer des outils et des armes utilisant sa magie et donnant une touche rétrofuturiste au roman. Grâce à une plume très travaillée et toujours fluide, l’auteur pose des ambiances prenantes et fait vivre un passé très proche de celui que nous connaissons, avec des parcelles de surnaturel — voire parfois d’horreur — bienvenues.


Le retournement de situation de la fin de ce tome, touchant certains des héros, donne très envie de continuer à découvrir la suite de la saga.

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