
Symphonie atomique
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l’avis des lecteurs
J’avais partagé récemment les premières lignes de ce roman que j’avais acheté aux Utopiales. Très emballée par cet incipit, je me suis rapidement plongée dans le roman ensuite. Symphonie atomique est un bon pavé de plus de 400 pages, que j’ai beaucoup beaucoup apprécié. Sachez d’emblée que ce roman n’est franchement pas folichon, abordant un futur peu réjouissant. Si vous êtes très sensible à l’actualité ou au fait qu’on va dans le mur, je vous recommande la prudence… Pour ma part, j’ai plus qu’apprécié le tout et je vais vous expliquer pourquoi.
4e de couverture
« N’oubliez pas notre baseline : soyez écoresponsable, suicidez-vous. »
Le monde d’après s’effondre.
Malgré l’odeur de fin des temps, des restes de civilisations subsistent, au bord du chaos, et chacun lutte pour donner du sens à sa vie. Les quatre modèles des puissances atomiques, aux abois, dominent cette désolation et se confrontent, prêts à en découdre : ultra-capitalisme américain, écologisme européen, nationalisme russe et totalitarisme social chinois. Dans ce climat délétère, l’équilibre ne tient plus qu’à un fil, sur le point de rompre.
Parmi le concert des forces nucléaires spatiales, l’Europe en Transition fait figure de naine. Pour autant, alors qu’émerge une crise dans la crise, le sort de l’Humanité va peut-être dépendre des décisions de deux de ses membres, que rien ne prédisposait à cela : Juan et Agathe.
Dans cette nouvelle ère, à l’Europe reconfigurée et où l’espace constitue le terrain névralgique des conflits, leurs actes vont faire écho à l’étrange soulèvement en cours dans les steppes d’Asie centrale – sous le commandement du jeune Ashkat –, et les confronter à l’énigme qu’incarne Ulan Moltov, l’âme de la rébellion, le cœur du jeu de poker à grande échelle qui débute.
Une écriture qui reflète notre monde contemporain
On va commencer par ce que j’ai moins aimé, comme ça c’est dit et on n’y revient plus ensuite. La plume est fluide, percutante : ce faisant, elle accompagne à merveille ce qu’elle raconte, par mimétisme. Les phrases sont simples, directes, comme un uppercut reçu en pleine figure. Pas de vocabulaire ni de concepts compliqués, et du passé à la 3e personne du singulier. Tout est parfait (pour moi).
Presque parfait. Presque. Car de la même manière que Thinking Eternity, le roman regorge d’anglicismes et d’usages abusifs. Les mêmes, d’ailleurs. Notamment un qui est un tic de langage bien agaçant : « réaliser que ». Tous les 5 pages on y a droit. AHHHHH que c’est chiant. Une fois, bon. 30 000 fois dans le texte GNGNGN. Ouiiiiii, je sais, j’exagère et ouiiiiiii, je sais, vous vous en foutez. (Dans le genre, « la quinquagénaire » pour désigner Agathe de nombreuses fois dans le texte m’a paru bof bof à la longue).
Bref, tout ça pour dire que ça manque un peu de variété et de relecture, mais comme pour Thinking Eternity, je trouvais finalement que ça reflétait aussi notre langage contemporain. Comme Symphonie atomique dépeint notre futur potentiellement très proche (voire notre quotidien), ça a du sens.
Post-apo climatique ?
Notre futur, ou notre présent ?
On peut lire Symphonie atomique comme un post-apo qui se déroule dans le futur. Le roman commence en 2016 pour présenter l’un des acteurs du roman. Mais ensuite, il se déroule dans un monde futur, après plusieurs vagues de catastrophes (des Plaies comme en Egypte). Tsunamis, pandémie… Ça vous parle, hein ? Pas besoin de se projeter dans le futur, juste besoin d’allumer sa télé et de regarder les infos. Mais le calendrier du roman diffère ensuite, à partir d’une année charnière où tout bascule, et qui devient l’année 1 (sous-entendu année 1 du début de la fin). Le roman raconte donc des événements qui ont lieu en 54.
Côté décor, c’est très simple et là aussi cela donne une impression de quotidien. Des régions inondées, d’autres en proie à de grandes sécheresses. Des réfugiés climatiques d’un côté, des richissimes qui profitent du système de l’autre. Effondrement de la biodiversité, épuisement des ressources. Une petite musique que l’on connait déjà bien.
En revanche, comme l’explique Étienne Cunge dans les remerciements à la fin du roman, celui-ci a été écrit entre 2018 et 2020, soit avant l’épidémie du Covid-19. Visionnaire, donc, au moment de l’écriture.
Survivre ou lutter ?
Ce roman ne raconte pas une série de catastrophes terribles en mettant en scène deux héros lambda qui doivent renverser les choses avant que ce soit la fin du monde tout court. Et ça, j’ai adoré. On suit plus particulièrement de près 3 personnages. Mais ils ne sont pas tous des héros, ou en tout cas considérés comme tels. Et puis ce sont des seconds couteaux. Ils ne sont pas James Bond ou les super-héros traditionnels. Ce sont des personnages qui gaffent, qui ont peur, qui traînent des casseroles, qui doutent. Des personnages dont on oublie le nom à la fin parce que l’Histoire ne les retient pas.
Et puis le roman prend le temps de peindre pas mal d’autres personnages très différents. Ils sont tous des copies de notre monde réel. On a ceux qui font l’autruche, ceux qui font passer leurs besoins individuels d’abord, les politiques et les lobbies, le richissime un peu dingue, les activistes et les alarmistes… et ceux qui tentent juste de s’adapter et de survivre. Mais rien de manichéen au contraire : beaucoup de nuance qui reflète toute la complexité de chaque personnage, de son rôle et de sa position.
J’ai trouvé ça très habile. Parce qu’on comprend que rien n’est simple dans cette affaire, et que le « y’a qu’à, faut que, c’est lui qui… » ne marche pas. La dégradation des conditions climatiques sur Terre n’est pas la faute d’un grand méchant en particulier. Et c’est encore moins ce grand méchant qui va résoudre le problème tout seul. C’est un système : et c’est ce système qui est superbement bien dépeint ici; avec lucidité.
Éco anxiété
Vous l’aurez compris, si vous êtes en proie à l’éco anxiété, si le monde politique et diplomatique est toxique pour vous, j’attire votre attention sur le fait que ce roman ne va pas arranger les choses. Au contraire : il va vous plonger la tête dans toute cette merde et la maintenir dedans. Si vous êtes déjà convaincus qu’on est dans la merde et que cela vous panique, peut-être abstenez-vous. Sinon, vous serez comme de nombreux personnages du roman, « solstalgiques » : c’est-à-dire touchés par une dépression profonde générée par la solastalgie.
Grande Histoire // petites histoires
Je parlais de système plus haut : pour moi, la réussite de Symphonie atomique tient à cela. A sa capacité à dépeindre un réseau de relations, de personnages, d’enjeux, d’intérêts… tous imbriqués ensemble. D’ailleurs, l’intrigue est elle-même imbriquée dans tout le tableau dépeint dont j’ai parlé plus haut. Elle est directement liée à celui-ci, mais débouche sur d’autres problèmes. Par ailleurs, la structuration du roman est elle-même un reflet de ce système. En effet, elle mêle habilement Grande Histoire et petites histoires.
Grande Histoire : un thriller resserré et haletant
Venons-en donc à l’intrigue du roman. Sur cette Terre à bout de souffle, l’heure est grave. 4 blocs dirigent la planète. Les USA capitalistes et individualistes, la Russie et la Chine totalitaires et l’Europe, au milieu, qui tente d’être la bonne élève raisonnable (affublée du joyeux titre d’«écommuniste» par ses copains). Autour gravitent les rejetés pas contents (Brésil, Inde), les pauvres oubliés mais positionnés sur un axe majeur (les peuples d’Asie Centrale) et l’Elon Musk du roman avec sa société rêvée pour riches. Ça m’a fait « sourire », parce que c’est exactement l’état du monde aujourd’hui. J’ai là encore fortement apprécié la nuance. Par exemple, l’Europe semble être le modèle à suivre, mais n’est pas la panacée non plus. Ça ressemble bien à l’état de notre Europe actuelle. Loin d’être parfaite mais la moins pire.
Tout ce petit monde se regarde en chien de faïence, et chacun a son vaisseau spatial en orbite. Et son parc nucléaire sur Terre et en orbite. Tout tient à peu près comme ça, jusqu’à ce que les 4 vaisseaux se fassent quasiment écrabouiller. Qui est le coupable ? Pourquoi ? Est-ce un coup des Russes ? Ou bien ces foutus américains ? Et si c’étaient les Kazakhs ? En bas, chaque bloc accuse l’autre et chacun a des fourmis dans les doigts. Panique à bord.
L’essentiel de l’histoire tient sur quelques jours. Le nœud est hyper resserré. De ce fait, l’intrigue est menée tambour battant. En plus, on a le vertige. En effet, on voyage d’un bloc à l’autre, mais aussi entre les vaisseaux et la Terre. Il y a des espions, des complots, et de ce côté-là on est vraiment dans un roman d’aventures. Mais Étienne Cunge dépeint aussi les magouilles politiques, la position cul entre deux chaises des détenteurs du pouvoir (entre diplomatie, jeux de pouvoir et contraintes liées à la politique intérieure), les relations entre astronautes et celles qu’ils entretiennent avec leur pays, et le recul que leur position dans l’espace offre sur cet échiquier géant. C’est franchement captivant et totalement crédible.
Des petites histoires : Monsieur et Madame Tout le monde
Et pour éviter que Symphonie atomique ne soit qu’un post-apo climatique et un roman d’aventures (ce qui serait déjà super), il offre aussi des fenêtres sur un quotidien qui n’a aucun rapport direct avec l’intrigue. De quoi rendre épaissir encore le background.
Pour cela, l’auteur utilise un procédé très efficace : les chapeaux en tête de chapitre. Je vous avais mis le 1er entête dans les premières lignes. Ce sont en fait des extraits de l’émission L’Effondrement près de chez vous sur Radio Collapse. Y sont diffusées des histoires du quotidien de M. et Mme Tout le monde. Des gens des quatre coins du monde, riches ou pauvres, de statuts et d’âge différents. Ces extraits sont des sortes de témoignages sur le monde dans lequel ils vivent.
C’est comme cela que l’auteur apporte tout un background bien épais à son intrigue, l’ancrant davantage dans un monde solide.
C’est par ce biais qu’on connait les différentes plaies qui se sont abattues sur la planète. On apprend aussi, par exemple, qu’ici le suicide assisté est obligatoire à 60 ans. Là, qu’untel souffre de consolstalgie (une boulimie de consommation). Que certaines zones des océans sont tellement pauvres en oxygène qu’elles sont truffées de méduses. Que le handicap dans ce monde craint, et que les soins nouvelle génération (les nabiontiques) coûtent plusieurs millions de dollars.
Mais on suit aussi l’histoire de cette éleveuse de rennes en Laponie. De cet homme qui veut monter dans le bus mais se fait rabrouer par un drone qui l’enjoint de descendre en raison de sa violence. Ou encore de cette jeune femme qui organise un festival à Rome, pour que sa génération se vide un peu la tête…
J’ai adoré ces différentes histoires. Alors certes, en plein cœur de l’intrigue, ça peut faire sortir de l’histoire. Mais j’ai trouvé que ça permettait aussi de ralentir les choses. Une manière de dire qu’il faut aussi se poser pour analyser un problème avant de foncer bille en tête pour tenter de le résoudre. Ou de dire que les actes des uns pèsent sur la vie des autres, tout étant relié, connecté. Que les choix qu’on fait, surtout à un certain niveau de pouvoir, ont des conséquences sur une foule de gens anonymes. J’y ai en tout cas trouvé un sens.
Symphonie atomique
Alors, quand j’ai eu terminé de lire ce roman, je me suis dit que ce titre était parfait. Car c’est exactement de ça qu’il s’agit. Symphonie atomique est une pièce musicale. Un orchestre de plusieurs acteurs qui jouent ensemble, dialoguent, se répondent. Parfois, c’est calme, parfois c’est explosif et cacophonique. Chacun joue sa partition, tant bien que mal. A la fin, cela donne lieu à une pièce musicale complexe, pleine de sonorités, de tensions, d’accords… différents. Avec plusieurs mouvements qui racontent une histoire. Et j’ai sacrément apprécier écouter ce morceau.
Vous l’aurez compris, j’ai adoré Symphonie Atomique. Je ne vous cache pas que j’ai fait des cauchemars deux nuits de suite. La 1re sur la fin du monde et la 2e sur des bonhommes irradiés dont la peau se déchirait en lambeaux. Vous comprenez ce que je voulais vous dire par « prenez vos précautions avant de lire ce roman ». Moi j’ai l’habitude donc ça ne me gêne pas (sauf au réveil, un peu dur). En attendant, excellente lecture de mon côté, bluffée par la densité de ce texte, sa structuration franchement maligne et son intrigue menée tambour battant imbriquée dans un background sacrément étoffé. Évidemment, je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin, et je reviendrai de Ouest Hurlant avec Antarcticas, du même auteur !
Rien de nouveau si je vous dis que j’aime beaucoup le travail éditorial de CRITIC et donc rien d’étonnant non plus à ce que je vous dise que j’ai accepté avec un très grand plaisir un SP de leur dernier-né ; d’autant plus avec la couverture d’Aurélien Police – évidemment sublime – la réputation du précédent roman de l’auteur, et les quelques informations que je m’étais permis d’engranger à propos du présent ouvrage.
Une fois de plus, ma politique d’en apprendre le minimum sur les romans que je lis a priori m’a mis dans une position un peu délicate. Disons le clairement, j’avais mal interprété les éléments à ma disposition, et j’étais de fait mal préparé à lire ce que j’ai lu. Et de fait, il m’a fallu un peu plus de temps que d’habitude pour terminer un roman que j’aurais terminé en deux fois moins de temps, sans que sa qualité ne soit jamais un réel souci. Disons que malgré l’indéniable et impeccable alignement de ses ambitions et de son exécution, ce n’était absolument pas le bon moment pour moi de le lire ; tout comme si j’avais mieux su de quoi il était exactement question, je n’aurais peut-être pas pris le risque de lire ce roman.
Pour être clair, mon seul et unique problème avec Symphonie Atomique, c’est à quel point il est dur.
Mais j’y reviendrai dans la chronique. Allons-y.
Le futur proche, après que le monde entier ait dû faire face aux cinq Grandes Plaies successives dont le réchauffement climatique est la cause centrale, l’effondrement n’est plus une hypothèse, mais une réalité avec laquelle composer. Le monde s’est réorganisé tant bien que mal et se prépare à la suite, avec plus ou moins d’optimisme et de réussite. Puis les événements se précipitent une nouvelle fois, sans que personne n’arrive à identifier exactement la source des perturbations qui agitent cet étrange monde d’après. L’avenir de notre planète dépend maintenant des destins croisés de Juan, Agathe, Ashkat et tant d’autres de ces acteurs et actrices inconnu·e·s ou insoupconné·e·s.
Commençons par l’évidence, et ce qui m’a donné tant de mal, à savoir le cadre de cette histoire. Si je ne suis plus tout jeune, je subis quand même de plein fouet depuis des années l’accumulation de nouvelles terrifiantes sur l’état du monde, qui ne m’aident pas à demeurer optimiste quant à son devenir, et de fait, au mien. Et donc, forcément, lire un roman qui, dans son introduction en particulier puis tout le fil de son récit, fait la description détaillée et crédible de ce que l’effondrement pourrait donner, ça ne fait rien d’autre que nourrir mon éco-anxiété. Très sincèrement, j’ai dû encaisser la première moitié de ce roman plus durement que beaucoup d’autres séquences violentes dans d’autres romans avec des ambitions plus brutales ; tout simplement parce que je n’y ai trouvé aucun divertissement, aucune catharsis. C’était trop réel, et de fait terriblement angoissant, à l’image du monde que me décrivait Étienne Cunge, et je ne parle pas des implications des pans du roman qui versaient plus volontiers dans le techno-thriller géopolitique, parce que là aussi, j’ai senti ma gorge se serrer plus d’une fois.
Pour être absolument clair, le déroulé de ce roman est impeccable, tant dans sa construction que dans ses articulations ; ce qu’il raconte sonne juste, bien au delà des hypothèses liées au réchauffement climatique. Il est autant question de montrer ce qu’on sait de ce qui va se passer que de faire des conjectures sur ce qui pourrait se passer après ça. Et c’est absolument déprimant à tous les étages, parce que terriblement réaliste et cohérent avec la réalité actuelle. Entre les séquences de jeux d’échecs diplomatiques en 5 dimensions, les petits récits d’introduction à chaque chapitre qui relatent des expériences individuelles en lien avec l’effondrement ou tous les éléments disséminés dans le récit faisant tapisserie globale de ce monde d’après, il y a pour moi surtout une idée qui surnage : on n’apprendra jamais. Alors peut-être que mon interprétation des événements actuels et mon pessimisme désabusé sont aussi à blâmer, mais j’ai quand même la forte impression qu’Étienne Cunge est encore plus désespéré que moi, que ce roman est avant tout une démonstration de l’idée que l’Humanité est accro à ses propres vices et ne saura jamais s’en détacher, quand bien même cela devrait logiquement la mener à sa perte définitive. Et bon bah… C’est pas ce que j’ai envie de lire, moi, j’avoue. Le monde réel me suffit pour être convaincu qu’on va tou·te·s crever dans d’atroces souffrances.
Alors bon, quand même, il y a eu du plaisir de lecture, hein, ne nous méprenons pas ; surtout dans la large partie centrale du roman, qui décrit par le menu tous les événements croisés qui mènent à sa conclusion, et où le techno-thriller prend une part beaucoup plus large que les réflexions autour de la perspective écologique, qui passe à l’arrière-plan. Les personnages étant profondément humains, pétris de paradoxes et de contradictions aussi compréhensibles que complexes, jouets de la fatalité, l’empathie est assez facile à ressentir (à l’exception d’une scène pour laquelle je réserve encore mon jugement), et on a envie de savoir où tout ça va les mener. De la même manière, par un reflexe d’identification plus large, malgré tous les éléments qui auraient tendance à prouver qu’on va collectivement mourir et qu’on l’a quand même bien cherché, on a un peu envie d’y croire, quand même. Alors on s’accroche. C’est sans doute ce qui m’a amené jusqu’au bout, finalement sans trop de peine, entre un réel plaisir à lire une architecture de récit très solide, les trajectoires de ces personnages convaincants et la curiosité – un peu morbide – de savoir quel conclusion Étienne Cunge allait donner à toute son histoire. Et aussi parce que souvent, pour moi, la fin justifie plus clairement que tout le déroulé la morale à retirer d’un récit, surtout de ce genre là. Sur cette dernière, je ne dirai rien, mais vous inviterai évidemment à vous faire votre avis par vous-mêmes.
Verdict… Oui, indubitablement, c’était très bien. Le message porte, avec ce que j’oserais appeler un excellent équilibre entre le choc et l’argumentation plus posée pour faire une démonstration assez implacable des idées d’Étienne Cunge. Après, plus subjectivement, je me verrais mal conseiller ce roman à qui que ce soit sans être absolument certain que l’éco-anxiété n’est pas un problème d’abord ; si j’ai pu assez vite passer à autre chose c’est aussi parce que j’ai du prendre mon temps de mon côté et que je dois de toute façon tellement compter avec mes propres problèmes que cette lecture n’était qu’une goutte d’eau dans la piscine de mes angoisses. Et puis oui, quand même, c’était très bien. Alors j’ai su passer outre sans trop de problème, finalement.
Nan, le seul problème, c’est que quelque part, Symphonie Atomique est trop vrai pour être beau, et qu’il a sans doute, avec moi, prêché un converti. J’aimerais vraiment qu’il trouve un public plus adapté que moi pour pouvoir en rendre compte avec des yeux un peu moins fatigués, ou plus enthousiastes quant à ses idées neuves, qui sont bien présentes en quantité comme en qualité, mais pas assez vibrantes et joyeuses pour qu’elles m’aient plus marqué que le reste. Ce n’était pas le roman dont j’avais personnellement besoin ou envie au moment de sa lecture, et je le regrette.
Synopsis
Vous êtes bien sur Radio Collapse. Si vous souhaitez survivre à l’apocalypse atomique et au monde de demain, ne zappez pas !
Fin du XXIe siècle. Le monde d’après n’en finit plus de s’effondrer. Mais une crise plus grande encore menace de signer la fin de l’humanité. L’équilibre de la terreur atomique se joue désormais dans l’espace et est tout entier entre les mains de quatre hyperpuissances : les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Europe devenue fédérale. Alors, lorsqu’une des stations orbitales chargées d’ogives nucléaires est visée par des tirs, le fil ténu de la paix est sur le point de se rompre.
Juan, Agathe et Ashkat, que rien ne prédestinait à faire partie de la grande histoire, se retrouvent à la croisée des chemins, et peut-être bien pour le pire…
Avis lecture
J’ai lu mon premier Étienne Cunge (et sûrement pas le dernier)
C’est l’une des étoiles montantes de l’imaginaire 2023 des éditions Pocket, et je ne peux qu’approuver ce choix, tout du moins en ce qui concerne Symphonie atomique.
Se déroulant à la fois sur terre (ravagée par le réchauffement climatique) et dans l’espace (où se situent les armes nucléaires des quatre plus grandes puissances mondiales), ce titre plaira à tous les amoureux de science-fiction. Il est addictif, bien ficelé et, surtout, glaçant de réalisme. J’ai notamment apprécié son petit coté thriller qui ajoute une véritable tension au récit. Alors, merci les éditions Pocket pour cet envoi !
Attention, une scène de viol pourrait heurter les plus sensibles d’entre vous.
Un scénario exempt de facilités
Ce qui fait le sel de Symphonie atomique, c’est probablement l’imbroglio de machinations politiques qui provoquent maints rebondissements. Chaque puissance (pays ou structure en quête d’indépendance, peu importe) redouble d’ingéniosité pour obtenir le maximum de pouvoir sur l’échiquier mondial. Certaines manœuvres paient, d’autres pas !
Cette richesse est aussi ce qui fait la complexité du livre, et je dois avouer que je me suis parfois perdue entre ses lignes. La majorité des protagonistes jouent un double, voire un triple jeu, alors pour dénouer les fils du scénario… Pas si simple !
J’ai toutefois choisi de me laisser porter, plutôt que de réfléchir au déroulé de l’action, et quelle bonne idée ce fut ! Si quelques subtilités ont dû m’échapper, l’histoire demeure parfaitement compréhensible, même pour les non-initiés de SF. L’essentiel pour moi, c’était donc de tourner les pages, de plus en plus vite, pour connaître le dénouement de cette intrigue qui va crescendo !
Connaissez-vous la collapsologie ?
Non ? Eh bien, moi non plus avant de commencer le roman. Pour l’anecdote, c’est une discipline qui s’intéresse à l’effondrement de la civilisation telle que nous la connaissons aujourd’hui, en conséquence de la destruction progressive des ressources de la planète. Ainsi, lorsque certains personnages prennent conscience des dégâts occasionnés, ils sombrent peu à peu dans la nostalgie du monde passé, voire dans une détresse profonde et irrémédiable.
Voilà une notion qu’Étienne Cunge aborde avec beaucoup de justesse dans Symphonie atomique. Biologiste spécialisé dans les alternatives liées au développement durable, il est bien placé pour nous expliquer les conséquences du réchauffement climatique. Et il ne s’en prive pas pour donner du crédit à son intrigue. J’ai donc eu un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler notre monde dans quelque temps et, croyez-moi, ça fait froid dans le dos !
Le plus effrayant, c’est peut-être de constater que les hommes n’ont pas vraiment changé. Certes, l’effort collectif pour limiter les dégâts est (heureusement) bien réel, cependant les grands politiciens à l’abri dans leur forteresse préservent avant tout leurs intérêts. Ah, et ceux de la nation of course !
Symphonie atomique, c’est aussi un roman choral rondement mené
Aurais-je oublié de le préciser ? Pas grave, vous voilà maintenant au courant ! Personnellement, j’aime toujours autant ce procédé qui me réussit bien et permet à l’intrigue de s’enrichir de points de vue multiples.
Qui de Juan, Agathe et Ashkat, ai-je préféré ? Difficile de choisir entre les deux premiers, tant ils m’ont paru attachants. Quant au troisième, il est plus ambivalent ; il dérange, met mal à l’aise et, finalement, questionne. Une juste cause peut-elle justifier les pires atrocités ? Pas sûr !
Seul bémol : les hommes de pouvoir sont un tantinet clichés, mais vu l’ampleur des enjeux, on leur pardonne bien volontiers !
Pour inaugurer ce mois de l'Imaginaire 2021, les éditions Critic nous propose avec Symphonie Atomique d'Etienne Cunge, un roman choc.
Expert sur la question écologique et le développement durable, Etienne Cunge se plaît à interroger ses thématiques dans ses romans. D'ailleurs, avec Symphonie Atomique il va même plus loin dans sa réflexion en y proposant un scénario crédible de notre futur.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric d'avoir insisté pour me faire découvrir ce roman passionnant.
Dans Symphonie Atomique, Etienne Cunge nous plonge dans le monde d'après, marqué par l'effondrement de la société. Entre bouleversements climatiques et épidémies, la planète et ses habitants ont été grandement éprouvés. Sur la scène géopolitique, l'Amérique capitaliste, la Chine totalitaire, la Russie communiste et l'Europe écologiste rivalisent pour étendre leur hégémonie respective sur cette planète moribonde. Au cœur de ce monde décadent et tendu, on suit les traces d'Agathe, une espionne qui travaille pour les renseignements américains et de Juan, un spationaute, chargé d'assurer la sécurité nucléaire spatiale à bord d'un vaisseau européen. Tous deux vont être au cœur d’événements qui vont bouleverser et menacer le futur de la planète et de ses habitants. Mais seront-ils à même de faire la différence ? Et à quel prix ?
Symphonie Atomique est une œuvre très riche qui aborde de nombreux aspects, aussi bien écologiques, sociétales que politiques. Sensibilisé à la cause environnementale de par son cursus professionnel, sans surprise, Etienne Cunge inscrit ici son récit dans du climate fiction. Aussi, il projette les lecteurs dans un avenir proche du nôtre après que la Terre ait subi de nombreux bouleversements climatiques entre la fonte des glaces, la montée des eaux, la sécheresse, les incendies à répétions ou encore l'infertilité des sols. Or, en dépit de toutes les stratégies mises en place par les différents modèles économiques, y compris les plus extrêmes comme celui de la Chine qui prône un "Soyez écoresponsable, suicidez-vous" obligeant les plus de 60 ans à mettre volontairement un terme à leur vie, l'impact carbone des activités humaines demeure forte, continuant ainsi à appauvrir toujours un peu plus la planète.
Pour donner du crédit à sa collapsologie, il nous immerge dans un monde toujours dominé par les quatre puissances nucléaires actuelles : l'Amérique, la Chine, l'Europe et la Russie. Il explore, avec beaucoup d'habileté, ces modèles sociaux-économiques dans leur fonctionnement en mettant en exergue leurs forces et leurs faiblesses tout en soulignant leurs dérives. On retrouve les mêmes rivalités de gouvernances étatiques avec un déplacement de la puissance nucléaire dans l'espace puisque chaque état dispose d'un vaisseau bardé d'ogives nucléaires mis en orbite gravitationnelle autour de la Terre. Voilà de quoi nous promettre un Armageddon en cas de désaccord. Justement en introduisant l'arme atomique, Etienne Cunge nous rappelle les dangers de posséder de telles armes et surtout de remettre son usage à un petit groupe de personnes grisées par leur ego et leur désir personnel. Le nucléaire, c'est l'arme ultime pour favoriser l'accélération de la destruction de la planète en provoquant des génocides et des écocides irréversibles. Ici, l'auteur en a fait un enjeu narratif transformant son rôle dissuasif en arme létale puisque Symphonie Atomique nous narre également une course contre la montre pour sauver la planète d'une guerre nucléaire, initiée par un magnat arriviste et mégalomane.
Symphonie Atomique est le fruit d'une réflexion nourrie et argumentée par les connaissances actuelles pour nous modéliser un futur sombre et inéluctable. Non pas que l'auteur nous annonce la fin de l'humanité car il s'avère qu'elle est extrêmement résiliente mais il nous avertit, tout de même, sur les écueils à venir.
En outre, pour parfaire la totale immersion de ses lecteurs, l'auteur débute chacun de ses chapitres par un extrait de l'émission de Radio Collapse, la station dédiée à l'effondrement de la société. On y découvre des instants-clés de la vie de citoyens du monde qui sont rattrapés par ces bouleversements impactant durablement leur quotidien. Voici un détail qui met directement dans le bain tout en permettant de prendre la mesure de la situation de notre futur.
Pour contrebalancer ce cadre d'action lourd de sens, Etienne Cunge se fait également ici l'auteur d'un roman d'espionnage doublé d'un space opéra. En effet, on a, d'un côté, une menace que l'espionne Agathe est chargée d'identifier afin de la mettre hors d'état de nuire, et de l'autre côté, Juan, lui, est chargé de déjouer les plans ourdis en secret pour créer cette guerre atomique. Au fur et à mesure des pages, l'auteur met à jour une corruption qui court jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir. Il en ressort un récit passionnant que l'on a dû mal à lâcher.
L'action se déroule simultanément sur terre et dans l'espace, ce qui contribue à donner une vraie dynamique au récit. Les chapitres sont courts et bien rythmés. On se laisse complètement happer par ce roman. La plume d'Etienne Cunge est haletante. Finalement, point de fausses notes dans cette partition qui nous offre un roman de science-fiction coup de poing.
Comme l'histoire se cristallise essentiellement autour de deux héros, je ne vais pas vous passer en revue toute la galerie de personnages que l'auteur met en scène. Néanmoins, je me permets quelques mots sur ses deux protagonistes principaux qui sont très touchants par leur histoire respective. Etienne Cunge a donc choisi de s'appuyer sur deux personnages qui ne se connaissent pas. Il y a Agathe, une quinquagénaire, nostalgique du passé et perclus de douleurs arthritiques. On l'imagine donc mal en agent de renseignements car elle est clairement aux antipodes de l'image de la femme fatale que l'on pense trouver dans cette fonction. Et pourtant, sa pugnacité en fait un très bon agent qui n'hésite pas à affronter les dangers du terrain pour réussir sa mission. Quant à Juan, il a conscience d'être un pion utile à l'Etat, c'est sans doute la raison pour laquelle il n'obéit pas aveuglément aux ordres sans savoir de quoi il retourne. Sa position de père de famille joue un rôle majeur dans sa personnalité faisant de cet homme un être responsable et pondéré. Sa loyauté et son honnêteté lui vaudront d'être malmené dans ce roman. Mais la vérité n'est-elle pas à ce prix ? En perpétuelle remise en question, les deux héros d'Etienne Cunge sont pétris de contradictions et captivent d'emblée l'attention des lecteurs.
Pari réussi pour ce roman qui associe cohérence du propos à une tension narrative maîtrisée. Symphonie Atomique est donc le bon compromis entre la réflexion constructive et le divertissement.
Alors récit visionnaire ou pas, l'avenir nous le dira. En attendant, c'est un excellent roman de science-fiction qui envoie clairement du lourd. Alors, pour tout savoir du nouveau livre d'Etienne Cunge, il ne vous reste plus qu'à vous brancher sur Radio Collapse.
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