Combats et métamorphoses d'une femme
  • Date de parution 01/04/2022
  • Nombre de pages 128
  • Poids de l’article 74 gr
  • ISBN-13 9782757894729
  • Editeur POINTS
  • Format 178 x 108 mm
  • Edition Livre de poche
Biographies, Mémoires

Combats et métamorphoses d'une femme

3.89 / 5 (889 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

« Edouard Louis est à l’avant-garde de la nouvelle génération d’écrivains politiques… »Evening StandardPendant une grande partie de sa vie ma mère a vécu dans la pauvreté et la nécessité, à l’écart de tout, écrasée et parfois même humiliée par la violence masculine. Son existence semblait délimitée pour toujours par cette double domination, la domination de classe et celle liée à sa condition de femme. Pourtant, un jour, à quarante-cinq ans, elle s’est révoltée contre cette vie, elle a fui et petit à petit elle a constitué sa liberté. Ce livre est l’histoire de cette métamorphose. É. L.Édouard Louis est écrivain. Ses trois premiers romans ont été traduits dans une trentaine de langues. Il a collaboré avec de nombreux metteurs en scène comme Stanislas Nordey ou Thomas Ostermeier. Il est également l’un des traducteurs de la poétesse canadienne Anne Carson. Depuis 2019, il enseigne à La Manufacture – Haute école des arts de la scène de Lausanne.

livré en 5 jours

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  • Date de parution 01/04/2022
  • Nombre de pages 128
  • Poids de l’article 74 gr
  • ISBN-13 9782757894729
  • Editeur POINTS
  • Format 178 x 108 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

D’un ouvrage à l’autre, Edouard Louis n'en finit pas d'explorer les traumatismes d’un passé familial qui se révèle aussi toxique que fondateur. Il me semble toutefois déceler ici les prémices d’un apaisement, et, pour utiliser un terme très en vogue, d’une certaine forme de résilience. Autant "En finir avec Eddy Bellegueule", son premier titre, révélait par moments une intensité hargneuse envers une enfance et une jeunesse dont il fallait, dans la douleur, exorciser les répugnants souvenirs, autant "Combats et métamorphoses d'une femme" finit par se dessiner comme un hommage à celle qu'il n'avait jamais vraiment regardée (et a fortiori qu’il n’avait jamais cherché à comprendre), son attention s’étant jusqu’alors focalisée sur ses propres gouffres…

Tout commence par une photo qu'il ne se souvenait pas posséder. Une photo de sa mère, prise par elle-même l'année de ses 20 ans. Une photo qui évoque la liberté, l'infinité des possibles, peut-être même le bonheur. Lui reviennent alors, en un sinistre contrepoint, la vie partagée avec son père, les humiliations subies, la pauvreté, vingt ans d’une vie presque détruite par la violence masculine, une violence dont il a peut-être été, parfois, l’un des acteurs.

Le récit est composé de courts paragraphes, d'anecdotes, de souvenirs, où il revoit la femme qu'a été sa mère, imagine celle qu’elle aurait pu être. Et c’est en même temps son enfance qu’il revoit aussi, vécue comme à l’envers car à travers le prisme de l’expérience maternelle, mettant ainsi en évidence le décalage entre ce qu’il vivait alors, et ce qu’elle en percevait. Car quand il a mis au jour la détresse de ses jeunes années, sa mère s’en est étonnée : l’enfant qu’il était souriait toujours, cachait qu’il n’avait pas d’amis, et que ses manières efféminées faisaient de lui un objet de moquerie et de harcèlement.

L’histoire est, sinon banale, sans doute celle de centaines de femmes invisibilisées par la médiocrité de leur vie et l’absence d’estime qu’on leur porte, par la rareté des perspectives qu’offre un milieu où les filles ont toujours fait la cuisine et servi les autres. Elle commence pourtant des études, à 16 ans, en école hôtelière, mais une grossesse, un an plus tard, porte un coup d’arrêt à tout projet professionnel. Elle se marie par convenance avec le père, un plombier alcoolique. A 20 ans, elle a deux enfants (une fille a suivi l’aîné), est déjà fatiguée de la vie et de devoir toujours être prête à se défendre. Elle finit par quitter le plombier pour s’engouffrer dans une autre union tout aussi toxique et liberticide, avec le futur père d’Edouard Louis. La famille passe de la pauvreté à la misère avec l’accident de travail qui laisse son mari paralysé, et porteur d’une souffrance qui le rend aigri et brutal. La mère fait les toilettes des vieux, tombe à nouveau enceinte malgré le stérilet, veut avorter, mais son mari l’en empêche. Ce sont des jumeaux…

Cinq enfants, aucun espoir d’amélioration à l’horizon, coupée de sa famille, la voilà prisonnière d’un espace domestique dont toutes les portes sont verrouillées.

Edouard lui, peu à peu se différencie, prépare son évasion, à coups de mots et d'instructions. Le fossé se creuse entre lui et les siens, il l'admet lui-même : il se croit alors mieux qu’eux. Les rapports avec cette mère dont il a honte deviennent conflictuels, il se distingue d’une fratrie plombée par le déterminisme social, l'échec scolaire, l'alcool, la répétition infernale des mécanismes qui ont écrasé la propre vie de leur mère, et finit par occulter sa famille de son esprit. 

Avec le recul, il en est désolé, mais c’était aussi le prix de sa propre libération : sa nouvelle vie est une vengeance contre son enfance, contre toutes les fois ou ses parents lui ont fait comprendre qu'il n'était pas le fils qu'ils auraient voulu avoir…

C’est quand sa mère, des années plus tard, se libère à son tour, qu’ils peuvent se rapprocher, un rapprochement qui change non seulement leur avenir de mère et fils, mais aussi leur passé, duquel il devient alors possible de faire renaître les lambeaux de tendresse perdus dans le chaos de leurs souvenirs… et de faire littérature puisqu’écrire, pour l’auteur, c’est tourner encore et toujours autour de la même histoire, la sienne, "aiguiser ses couteaux, creuser jusqu’à faire apparaître des fragments de vérité".

Paradoxalement, j’aurais justement aimé qu’il creuse davantage. Le récit est souvent touchant, car sobre et sincère, et la plume d’Edouard Louis toujours aussi agréable, mais l’ensemble manque à mon sens de profondeur. Peut-être est-ce dû à la brièveté des paragraphes et à leur succession qui finit par créer une sensation de coq-à-l’âne ? Toujours est-il que je n’ai gardé de cette lecture qu’une impression bien fugace.


Je ne connaissais pas du tout cet auteur, qui semble pourtant très célèbre, mais j’ai eu grand plaisir à le découvrir une fois de plus grâce à Audiolib, que je remercie pour sa confiance. Il s’agit d’un texte court (cent vingt pages, un peu plus d’une heure et demie) mais percutant et très touchant. Il est très bien lu par Irène Jacob, toutefois j’ai été surprise qu’il s’agisse d’une lectrice et pas d’un lecteur, vu que le texte comprend de nombreux passage en Je, écrit par un homme, même si l’auteur ne se définit pas comme tel. C’est plus surprenant que gênant et il s’écoute d’une traite avec plaisir .

Je ne connaissais pas du tout l’histoire de l’auteur, qui parle de sa famille. Il dresse ici un beau portrait de sa mère Monique. Ils se sont vraiment rencontrés sur le tard. Sa mère commence un apprentissage de cuisinière, mais tombe rapidement enceinte et doit arrêter sa formation pour se marier. A vingt ans, elle est mère au foyer avec 2 enfants, mais rapidement son mari devient alcoolique et elle le quitte pour s’installer chez sa soeur. Elle rencontre ensuite le père d’Eddy, se remarie et fonde une nouvelle famille. Là aussi, le prince charmant se mue rapidement en un mari alcoolique, violent et humiliant, Monique est coincée dans ses tâches ménagères, ses relations avec ses enfants sont difficiles, certains tournent mal, reproduisant le schéma de leurs pères et Eddy est différent, il est gay, ce qui ne passe pas dans son milieu. Il est le seul de sa famille à faire des études, ce qui accroit encore le fossé avec les autres, il a surtout honte de son milieu très pauvre, et honte d’avoir honte. Monique a l’impression de ne pas vivre sa vraie vie, que son destin est accidentel et que sa vie, nettement plus rose l’attend tout à côté. Elle subit des violences de son mari et aussi de ses enfants d’une certaine manière, mais quelques lueurs trouent sa nuit : un séjour à la montagne payé par les aides sociales, puis une amitié de quelques mois avec Angélique, l’assistante sociale. Après plus de vingt ans d’humiliation, alors qu’Eddy est parti étudier à Paris, elle met son mari à la porte, balance ses affaires dans un sac poubelle sur le trottoir et c’est le début d’une libération. Elle rencontre enfin un homme bien, un gardien d’immeuble parisien et trouve son coin de ciel bleu. Eddy peut enfin rencontrer vraiment sa mère.

L’auteur insiste lourdement sur l’oppression subie par sa mère, à la fois en tant que femme dans un milieu où les hommes semblent systématiquement violents envers leurs compagnes, les frappant ou les insultant en pleine rue, et surtout en tant que membre de la classe sociale la plus pauvre. Il se demande s’il est devenu un bourgeois, ce qui semble assez évident pour un intellectuel parisien, il insiste beaucoup sur la notion de transfuge de classe. J’avoue me demander si cette dichotomie entre bourgeois et ouvriers est encore vraiment pertinente de nos jours, on croirait lire un sociologue du début du vingtième siècle. Même s’il est évident que les milieux sociaux ne se mélangent pas, mais je pense que la société est plus nuancée que ce partage en deux classes, forcément opposées et en lutte. Il note aussi que la violence envers les femmes existe aussi dans le milieu bourgeois, même si c’est moins systématique et plus subtil.

La misère décrite par l’auteur m’a frappée, non pas tant le dénuement matériel, qui a été largement révélé par la pandémie, mais la pauvreté sociale, ces personnes n’ont aucune perspective autre que l’aide sociale. Et si la télévision ne tournait pas en continu dans leur foyer, on croirait être chez Zola, comme si rien n’avait changé depuis le dix-neuvième siècle dans le Nord de la France. En fouillant sur le net pour en savoir plus sur l’auteur, j’ai vu qu’il est né en 1992, sa mère est donc de ma génération et j’ai été choquée que des femmes puissent encore vivre une telle vie à notre époque. La pauvreté matérielle n’explique pas tout, il y a une soumission, un déterminisme effrayant dans cette histoire. On ne peut qu’admirer cette femme d’avoir quand même réussi à sortir de ce cercle vicieux, même si elle se sent toujours méprisée par les bourgeoises de son immeuble parisien.

J’ai beaucoup aimé ce livre très surprenant vu de la Suisse. Je ne pensais pas que des zones aussi ravagée par la misère sociale existait encore si près de chez nous. Je ne dis pas que la Suisse est parfaite, loin de là, la pandémie a révélé beaucoup de précarité, mais il me semble qu’on a quand même fait des progrès depuis L’assommoir de Zola ! Un grand merci à Netgalley et Audiolib pour cette découverte.

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