Un hiver de glace
  • Date de parution 04/04/2024
  • Nombre de pages 256
  • Poids de l’article 1 gr
  • ISBN-13 9782404080017
  • Editeur GALLMEISTER
  • Format 180 x 120 mm
  • Edition Livre de poche
Thriller Romans noirs États-Unis

Un hiver de glace

3.68 / 5 (162 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Jessup Dolly, fabriquant et trafiquant de poudre blanche, est parti au volant de sa Capri bleue, abandonnant à leur sort ses trois enfants et une épouse qui n'a plus toute sa tête. Il a promis de revenir avec un sac bourré de billets. Mais on ne l'a pas revu et, dans la maison glaciale, les placards sont vides. Ree, la fille aînée, apprend que son père avait bénéficié d'une mise en liberté conditionnelle moyennant une hypothèque sur sa maison et son terrain. Le jour du jugement approche : si Jessup ne se présente pas au tribunal, les Dolly seront sans toit au coeur de l'hiver. Alors, telle une héroïne de Dickens, Ree prend la route, affronte le froid et les dangers, à la recherche de son père...Huitième roman de Daniel Woodrell, «Un hiver de glace» est le récit de l'odyssée poignante d'une j

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  • Date de parution 04/04/2024
  • Nombre de pages 256
  • Poids de l’article 1 gr
  • ISBN-13 9782404080017
  • Editeur GALLMEISTER
  • Format 180 x 120 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Les conséquences des crises économiques successives et de la misère sociale qui ont secoué les USA peuvent s'illustrer au travers de Winter's Bone de Daniel Woodrell où l'action se déroule dans un coin désolé de cet immense pays.

Les monts Ozark au Missouri c'est un de ces endroits de l'Amérique profonde où la dûreté de la vie n'épargne personne, pas même Ree Dolly, jeune adolescente de 17 ans au caractère âpre et rugueux à l'image de la région où elle vit. La jeune fille doit s'occuper de ses deux jeunes frères ainsi que de sa mère dépressive qui a perdu la raison. De surcroît, le père de Dee, petit fabriquant et trafiquant de meth, fait de fréquents séjours en prison et c'est lors de sa dernière interpellation qu'il a mis la maison familiale en gage afin d'être libéré sous caution avant de disparaître de la circulation. S'ils ne veulent pas être expulsés, Dee a moins d'une semaine pour retrouver son père. Pour y parvenir elle devra donc se mouvoir dans les réseaux de la pègre locale dont les membres n'aiment pas trop les questions, à commencer par son oncle Larme Dolly, personnage atypique, amateur de coke et dont une partie du visage a été défiguré suite à l'explosion d'un laboratoire de meth. Malgré l'affection qu'il porte à sa nièce, le personnage n'en demeure pas moins inquiétant et mystérieux. Les périnégrations de Ree la meneront du côté du clan Milton dirigé par un vieux despote aussi dangereux que silencieux et entouré d'une nuée de harpies au caractère bien trempé qui lui meneront la vie dure. Au fil des jours, l'espoir de retrouver son père vivant s'amenuise. Mais finalement, qu'il soit vivant ou mort, cela importe peu car Dee n'a pas le choix, elle doit accomplir la tâche qu'elle s'est fixée afin de conserver la maison. Mais acceptera-t-elle le prix terrible qu'il faudra payer pour y parvenir ?

Bien souvent, ce qu'il y a d'intéressant lorsqu'un auteur aborde un sujet se déroulant dans le cadre de son enfance, c'est l'émotion qui transparait au travers des pages comme c'est le cas avec ce récit de Daniel Woodreel qui a vécu dans cette région des Ozark avant de s'engager dans l'armée et de bourlinguer à travers tout le pays en effectuant divers métier pour finalement vivre de sa plume. Winter's Bone est son meilleur roman, même si certain lui reprocheront une certaine lenteur qui se cale pourtant sur le rythme de cette région anesthésiée par la froidure hivernale. Une prose lyrique pour nous décrire une vallée dévastée économiquement et dont les institutions étatiques sont quasiment à l'agonie. Les habitants, installés depuis plusieurs générations, y appliquent leurs propres règles et un code de conduite qui peut s'assimiler à celui d'une espèce de mafia. Un monde sans pitié qui contraste avec la fragilité de la jeune Ree, ceci malgré sa force de caractère, son courage et son entêtement. On appréciera la justesse de ton des dialogues qui jalonnent le roman le rendant encore plus percutant. On regrettera, par contre, la mauvaise traduction du titre qui, en anglais, prend tout son sens au regard du terrifiant final qui conclut ce récit.

Depuis quelques années, en collaboration avec Casterman, les éditions Rivages adaptent quelques un de leurs roman en BD. Vous pourrez donc découvrir ce roman illustré par Romain Renard. D'autre part l'adaption cinématographique du roman a reçu le grand prix du festival du film à Sundance et le prix du jury au festival de Deauville. Quel que soit le support que vous adopterez, vous serez conquis par l'émouvant périple de Ree dans cet univers implacable.

A l’occasion d’un prix, j’avais fait un point sur les romans de Daniel Woodrell. Que voici.

Ses romans traduits sont publiés chez Rivages, et n’ont malheureusement pas encore trouvé le public qu’ils méritent.

Les trois premiers, policiers relativement classiques, se passent dans une petite ville de Louisiane et mettent en scène un flic, René Shade, et toute sa famille. Si Sous la lumière cruelle, et Battement d’aile sont « juste » de bons polars, bien construits, autour d’une ambiance géographique et humaine bien rendue, le troisième Les ombres du passé, a déjà les qualités et le ton des romans à venir : Le vieux John X. Shade, disparu depuis longtemps, revient en ville, traqué par un tueur qu’il a arnaqué. Le récit, simple et dépouillé, laisse une large part à l’émotion et aux personnages, superbes et attachants. Le vieux Shade, cabot pathétique, est magnifique, et l’émouvant récit de son retour vers sa première famille est en permanence pimenté par la tension créée par la description de l’itinéraire du tueur qui se rapproche inexorablement.

Chevauchée avec le diable est une oeuvre à part dans sa bibliographie, et peut-être le plus connu grâce au film qu’Ang Lee en a tiré. Se déroulant pendant la guerre de sécession, c’est un roman d’une noirceur éprouvante, mais aussi d’une grande humanité, que devraient lire tous ceux qui osent encore parler de « guerre propre ». Un roman où la mort est une compagne de toutes les pages, où les hommes sombrent dans la folie, et où seuls quelques uns réussissent à garder une étincelle d’humanité qui leur permet de refuser de franchir certaines limites. Un roman sur la souffrance, la perte de toutes les illusions, mais aussi sur l’amitié et la loyauté.

Faites-nous la bise est également à part : il est plutôt drôle ! A la frontière entre le Missouri et l’Arkansas, les Ozarks. Un lieu rude, paumé, peuplé de gens rugueux. Parmi eux les Redmon, en délicatesse avec la loi, par tradition, à moins que ce ne soit génétique. Doyle croyait avoir échappé à ça : écrivain, professeur à la fac, marié, il vivait en Californie. Quand sa femme le plaque il prend sa voiture pour revenir à la maison. Il y retrouve son frère Smoke, qui, avec sa copine Big Annie, et la fille de celle-ci, l’ébouriffante Niagra, fait pousser quelques pieds de canabis. Tout irait bien s’il n’y avait les vieilles rancœurs, les haines tenaces, et une bande d’affreux, qui sévissent dans la région. Les quatre personnages principaux, passablement allumés débordent d’énergie, vivent à fond, rêvent, se démènent, et on ne peut s’empêcher de les aimer. Dans un décor qui peut faire penser à ceux de Chris OffutWoodrell installe ses quatre énergumènes, qui picolent, fument, baisent, rigolent … et jouent au golf au milieu de bouses de vaches. Comme les méchants sont particulièrement réussis, le lecteur se régale.

Les trois romans suivant de Woodrell sont de nouveau beaucoup plus sombres. La fille aux cheveux rouge tomate met en scène deux adolescents paumés dont la recherche d’un tout petit peu de bonheur est inévitablement vouée à l’échec, et dont la vie ne peut que finir dans la tragédie.

La mort du petit cœur est encore plus poignant : Shuggie 13 ans, gros lard ou gros cul pour son père, petit cœur pour sa mère. Un père violent et voleur, qui les bat et oblige Shuggie à aller voler des médicaments dans les maisons. Une mère alcoolique, mais encore très belle, qui allume son fils en permanence, tout en faisant semblant de ne pas s’en rendre compte. Quand apparaît Jimmy Vin au volant de sa superbe voiture qui semble flotter plus que rouler, le drame éclate. Woodrell décrit la vie des laissés pour compte du rêve américain. Pas vraiment des épaves, pas des gens totalement désespérés, juste ceux qui savent que le luxe, le beau, l’agréable, tout ce que la télé leur vante à longueur d’antenne n’est pas pour eux, et ne le sera jamais. Qu’ils mèneront toute leur vie une existence minable, sans joie ni couleur. Le tout dans le cadre atroce d’ennuie d’une petite ville. Les personnages sont décrits avec une grande tendresse, une grande humanité, même si on sent dès le départ que tout ça ne peut que mal finir. Ca fait penser à Thomson en plus tendre, ou à Goodis. C’est sombre et émouvant, c’est à lire.

Et voici enfin le dernier.

Un hiver de glace se déroule dans les Ozarks, comme Faites-nous la bise. Ree Dolly a seize ans et se retrouve responsable de la survie de sa famille depuis que son père Jessup a disparu au volant de sa voiture. Ses deux petits frères et sa mère qui a sombré dans la folie dépendent d’elle. La situation déjà précaire dans ces vallées perdues, empire quand la justice vient lui dire que son père ne s’est pas présenté au tribunal après avoir été libéré sous caution. Elle a un mois pour le retrouver, ou leur maison sera saisie. En quelques chapitres, Woodrell campe des personnages étonnamment attachants, dans un environnement que l’on a du mal à rattacher à la première puissance mondiale ! S’ils semblent vivre dans un autre pays et même une autre époque, Ree Dolly et ses voisins n’en provoquent pas pour autant la pitié. Durs au mal, d’une combativité incroyable, ils se battent avec une grande violence pour leur survie, contre une nature austère et souvent hostile (magnifiquement rendue par Woodrell), mais également entre eux, victimes de querelles de familles vieilles comme leur installation dans la région. Et gare à qui voudrait venir y mettre son nez. Dans cet univers très dur, les femmes sont loin d’être réduites au rôle de victimes consentantes : comme Ree elles font preuve d’encore plus de résistance, de courage, et parfois de cruauté que les hommes. Mais ce sont également elles qui apportent au roman ses rares rayons de soleil. Ree Dolly et sa copine Gail sont des personnages que l’on n’est pas prêt d’oublier.

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