L'abominable
  • Date de parution 01/10/2020
  • Nombre de pages 956
  • Poids de l’article 493 gr
  • ISBN-13 9782266297769
  • Editeur POCKET
  • Format 178 x 109 mm
  • Edition Livre de poche
Thriller Policier fantastique et supranaturel États-Unis

L'abominable

3.72 / 5 (287 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Juin 1924. La disparition inexpliquée des alpinistes Mallory et Irvine, au cours de leur ascension de l'Everest, fait la une de la presse. Mais qui se souvient de Lord Bromley, dit " Percy ", autre concurrent à la course au sommet, évaporé dans les mêmes conditions ? Manque d'oxygène ? Autour du camp de base, la rumeur fait état d'une mystérieuse créature des neiges alors qu'une nouvelle expédition s'élance à la recherche des disparus... voire d'une vérité bien plus abominable encore...

En stock

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  • Date de parution 01/10/2020
  • Nombre de pages 956
  • Poids de l’article 493 gr
  • ISBN-13 9782266297769
  • Editeur POCKET
  • Format 178 x 109 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Un tel livre m’était tout naturellement destiné : amateur de fantastique, de récit de montagne, et d’alpinisme, je ne pouvais effectivement pas passer à côté de cette production de l’auteur des cantos d’Hyperion. C’est même ma chérie qui me l’a offert pour Noël dernier… On entre très vite dans le livre par une préface qui semble nous raconter la démarche d’écriture de Dan Simmons pour son livre Terreur, dans les années 90, mais en fait elle fait partie de la fiction racontée dans le livre, et trouve sa conclusion dans une postface du même tenant. Dan Simmons serait ainsi entré en possession de cahiers de mémoire d’un certain Jacob – dit Jake – Perry, dont il présente le récit après l’avoir rencontré à la fin de sa vie.

Pour ressituer le contexte, le roman nous met face à une réalité alternative, en 1924-1925, dans laquelle l’expédition britannique pour conquérir le sommet de l’Everest de 1924 (et échouer, avec la disparition des alpinistes Mallory et Irvine au dessus de 8.500 mètres d’altitude) aurait été suivie de la disparition sur la face nord d’un jeune Lord anglais, Percival Bromley, et de son compagnon de cordée autrichien (un inconnu total…) sous les yeux d’alpinistes allemands. On se demande bien ce que tout ce petit monde pouvait bien faire sur le flanc nord de l’Everest juste après l’échec anglais… d’autant que les conditions de leur disparition semblent bien suspectes.

Au début du récit, le lecteur fait la connaissance de 3 alpinistes en pleine ascension du Cervin, sommet mythique des Alpes :

  • le fameux Jake Perry de la préface, jeune américain idéaliste
  • Richard Deacon dit « le diacre », gentleman anglais ayant passé la première guerre mondiale sur le front et participé à deux expéditions sur l’Everest (celle de reconnaissance en 1921 et la première expédition avec Mallory en 1922), bien introduit dans les instances de l’alpinisme britannique
  • Jean-Claude Clairoux, jeune guide français prometteur et bricoleur de génie

Ces 3 alpinistes apprennent durant leur saison d’ascension la disparition de Mallory et Irvine, et vont vite se retrouver au centre d’une expédition officieuse dans le massif de l’Everest ayant pour but de retrouver trace de Lord Bromley. Le premier tiers du roman décrit la préparation minutieuse de l’expédition, l’entrainement de ses membres, et l’enquête qui les mène jusqu’à Munich dans une taverne bondée de membres du jeune parti national-socialiste allemand, dont font visiblement partie les témoins de la disparition de Lord Bromley. On note pendant toute cette partie l’extrême précision de l’auteur quant au matériel, à la description des vêtements d’expédition notamment, et bien entendu des fameux dispositifs à oxygène de cette époque.

Après ces préparatifs, l’expédition arrive en Inde, et rejoint la plantation de la famille Bromley à Darjelling où elle doit récupérer ses sherpas et le quatrième membre de l’expédition devant accompagner nos 3 occidentaux. Il se trouve que ce 4ème membre est une femme, cousine de feu Lord Bromley… ce qui n’est pas pour plaire à Richard Deacon, qui entendait gérer l’expédition sans autre leader. C’est à ce moment que l’expédition démarre véritablement, à travers le nord de l’Inde, puis au Tibet, avant d’arriver au pied de l’immense face nord de l’Everest. Les 3 compères alpinistes, associés à une lady qu’ils passent leur temps à sous-estimer avant qu’elle ne fasse ses preuves et démontre toute son utilité et expérience, vont se mettre à une double tache : celle d’escalader l’Everest pour en faire la première ascension, et de retrouver le corps de Lord Bromley. Difficile de trouver une trace sur une montagne aussi immense, 1 an après la disparition d’une personne. De plus, Lady Bromley semble ne pas tout dire sur ses motivations…

Le récit monte ainsi en intensité assez rapidement après l’établissement du camp de base, avec tous les classiques de la littérature de montagne – la tempête, les problèmes de santé, l’accident de porteur, les crevasses – mais c’est globalement bien crédible. On ne peut que reconnaître une documentation impressionnante de l’auteur, car en grand habitué des textes de montagne, j’ai trouvé le récit très réaliste. Les termes tombent toujours bien, alors qu’on a souvent dans ce genre de texte des coquilles de vocabulaire ou de pratique dès que l’on aborde les parties les plus techniques. On vit l’ascension avec l’expédition, dans ses difficultés, dans ses douleurs, dans ses accomplissements. Les personnages sont ainsi assez crédibles et attachants, bien qu’un peu trop stéréotypés : j’imagine que c’est un des effets de l’altitude de forcer les traits de caractère…

L’histoire en elle-même oscille entre le récit d’ascension, dont il reprend tous les codes, et le thriller, avec un côté inquiétant lié à l’environnement particulièrement inhumain, mais aussi à une menace que l’on sent tout au long du roman proche des protagonistes, et qui finit par leur tomber dessus. Pourquoi faut-il absolument retrouver le corps du Lord, quand le désir le plus profond de ces 3 alpinistes chevronnés et doués est de faire la première du toit du monde ?

Bien sûr, le roman soufre de quelques défauts : une relative longueur à se lancer, avec une première partie qui traîne un peu, et qui se perd parfois en détails techniques. Bien que très amateur moi-même, j’imagine le lecteur non initié qui doit se farcir ces passages décrivant les débits des machines à oxygène, ou les capacités calorifiques de certains tissus. Mode « regardez comme je me suis bien documenté » on ! Autre défaut, plus gênant, l’enchaînement des événements n’offre pas de réelle surprise, je m’attendais à la plupart des retournements de situation, et la bêtise / naïveté des héros est souvent là quand il ne faut pas. Enfin, les personnages sont un peu trop doués, à la limite des surhommes. Un exemple : l’ascension d’une traite depuis le camp de base 5500 mètres jusqu’au sommet en un peu plus de 30 heures non-stop après être redescendu d’un camp au milieu de la montagne en urgence, sous pression mentale, puis réaliser des prouesses techniques à plus de 8.000 mètres, ça fait beaucoup.

Au niveau technique alpine, Dan Simmons s’est bien documenté, mais visiblement il a autant potassé les livres techniques des années 1920 que des années 80-90… L’expédition initiale a 60 ans d’avance au niveau de sa conception (ascension en technique alpine d’un sommet de plus de 8.000 mètres), et le matériel mis au point par notre bon guide français avec les moyens de 1925 ferait pâlir les Herzog/Bonatti/Rébuffat et consort : piolet court de cascade de glace, crampons douze pointes avec pointes avant, corde résistance (même baptisée « corde miracle dans tout le récit de Perry) broches à glace, vestes en duvet dans lesquelles on n’a jamais froid, et le meilleur pour la fin : la poignée autobloquante Jumar, baptisée ainsi du nom du chien de Jean-Claude Clairoux… On a donc une certaine liberté prise par l’auteur au niveau matériel, c’est sympa à lire, mais dommage pour un récit qui colle tellement à l’histoire en général. L’ascension d’une paroi surplombante de glace en 1925… pas possible tout simplement. Idem pour certaines libertés géographiques : voir l’Ama Dablam depuis le col Nord de l’Everest n’est physiquement pas possible ! Mais je pinaille, peu de lecteurs noteront ces incohérences.

L’Abominable est donc un roman plaisant, proposant un récit fleuve d’expédition sur le plus haut sommet du monde, mais nimbé d’un mystère et d’une atmosphère pesante. On apprend beaucoup de choses dans ce récit très documenté, et on vit littéralement l’aventure avec les alpinistes. Malgré quelques défauts, le roman est une bonne surprise. Mais mon intérêt pour la montagne et l’histoire alpine biaise peut-être un peu mon jugement.

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