L'héritage de l'esprit-roi

Critique

Claire Krust, ce nom me disait quelque chose

Effectivement, sa précédente duologie dont le premier tome s’intitule L’Envolée des Enges attend bien sagement dans ma PAL depuis quelque temps maintenant. Un craquage inopiné aux Halliennales, si je me souviens bien.

J’ai donc fait les choses à l’envers, puisque j’ai découvert la plume de l’auteure avec sa plus récente publication, L’Héritage de l’esprit-roi. Pas de regrets cependant, car j’ai passé un très bon moment de lecture. Je remercie bien évidemment les éditions ActuSF pour l’envoi !

Bienvenue dans le Japon féodal

J’aime de plus en plus les univers d’inspiration japonaise, probablement parce que mes précédentes découvertes ont été concluantes. Je pense notamment à La Guerre du Lotus de Jay Kristoff et Les Noces de la Renarde de Floriane Soulas qui m’avaient indéniablement conquise.

L’Héritage de l’esprit-roi n’a fait que confirmer ce nouveau penchant. Il ne m’a fallu que quelques pages pour entrer dans l’univers des yōkai et ne plus le quitter avant la fin. Pour qui n’est pas expert du folklore nippon, ce sera une formidable entrée en matière grâce à la jolie plume de Claire Krust qui nous dépeint avec suffisamment de détails (mais pas trop) ce monde onirique, pas si éloigné du nôtre finalement. Pour ceux qui n’en seraient pas à leur coup d’essai, ce sera un véritable plaisir que de le retrouver.

Le rythme n’est pas haletant, mais…

Même si j’ai tourné les pages du roman sans ressentir de lassitude, je dois admettre que le rythme est plutôt lent. Attention, l’intrigue ne manque ni d’action, ni de rebondissements, toutefois je n’ai pas ressenti d’urgence. Probablement parce que j’étais plus intéressée par les événements passés que présents.

Alors, c’est peut-être une faiblesse en soi, mais c’est aussi une force, car cela laisse toute latitude à Claire Krust pour explorer d’autres facettes de son histoire. J’ai déjà évoqué l’alternance passé / présent, et cela en fait sans aucun doute partie. Tout comme le soin qu’elle apporte à la construction de ses personnages, mais j’y reviendrai plus tard.

Mon seul regret est certainement de ne pas m’être passionnée pour la fin. En effet, le dénouement un brin surréaliste dénote complètement avec le côté relativement tragique de l’intrigue. D’autres lecteurs apprécieront certainement le changement, néanmoins ce ne fut pas mon cas.

Les héros, le véritable atout de cette histoire

C’est incontestable : sans Shinya et ses acolytes, ni l’intrigue ni l’univers n’auraient eu la même saveur. C’est en creusant ses personnages avec toute la sensibilité dont elle est capable que Claire Krust attire son lecteur dans ses filets. Pour ce faire, elle alterne présent et passé et je ne pense pas être la seule à avoir préféré cette dernière époque.

L’histoire de Shinya est véritablement passionnante. Difficile, aussi. Même s’il est aujourd’hui l’onmyoji impérial et qu’il possède bien des pouvoirs, il n’a pas oublié les épreuves d’autrefois. Des épreuves qui l’ont marqué et forgé. Malgré la puissance que lui confère sa position, il a conservé son humilité, et l’on comprend facilement pourquoi…

Ce qui m’a le plus touchée, c’est certainement son amitié pour Oroshi, un esprit qui revêt une importance particulière dans le récit (non, je ne vous dirai pas laquelle !). Pour une fois donc, pas de romance déplaisante, mais un attachement sincère entre deux héros que l’on ressent davantage par les actes que par les mots. Même en cas de trahison…

Plus qu’un scénario, L’Héritage de l’esprit-roi est une palette d’émotions qui ne tombent jamais dans l’exagération. Une série de personnages qui sonnent aussi vrai que leurs ressentis. Un régal sur ce point !

Quoi de mieux pour célébrer le Mois de l'Imaginaire que de continuer de parler de la rentrée de la fantasy. Ça tombe bien car après Le Sang des Parangons de Pierre Grimbert (éditions Mnémos) et La Famille de l'Hiver et le Roi-Fée d'Elisabeth Ebory (éditions Les Moutons électriques), il me restait à vous parler de celle des éditions ActuSF qui ont choisi la plume de Claire Krust pour arborer fièrement les couleurs de la fantasy. 

Avec L'Héritage de l'esprit-roi, elle renoue avec cette fantasy japonisante qui avait fait le succès de son premier roman, Les Neiges de l’Éternel. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Shinya est l'omnyoji impérial. Sa mission est de maintenir l'équilibre entre le monde des hommes et celui des esprits. Un jour, la fiancée de l'empereur est victime d'une terrible malédiction qui met sa vie en péril. Chargé de débusquer le ou les coupables, ses investigations semblent le conduire vers un lieu emblématique de son passé qu'il aurait préféré oublier. Mais peut-on réellement échapper à son destin ? 

Fasciné par ce Japon féodal, propice à un folklore opulent, Claire Krust l'a tout naturellement choisi comme cadre d'action pour son nouveau roman. Mieux encore, elle attache ses lecteurs aux pas d'un omnyoji, autrement dit un spécialiste en magie et en divination, dont les tâches variées incluaient de nombreux devoirs mystiques comme la protection de la capitale contre les mauvais esprits. Si elle lui a conservé sa capacité de convoquer et contrôler les Shikigami, des êtres surnaturels à l'aspect humain ou animal pouvant posséder ou enchanter les gens, elle lui concède aussi de bien plus grands pouvoirs. 

Dans L'Héritage de l'esprit-roi, on plonge dans la cosmologie ésotérique traditionnelle japonaise dans laquelle Claire Krust laisse libre court à son imaginaire en jouant beaucoup sur les Yokai, les créatures majeures des mythes japonais. Qu'ils soient démons ou esprits, ces êtres mystérieux peuplent les pages de ce roman et nous ouvrent les portes d'un monde secret et hanté où l'on rencontre aussi bien des âmes errantes que des Kitsune, Tengu ou Oni. 

Pour un lectorat de fantasy francophone, essentiellement influencée par le mythe arthurien, lire L'Héritage de l'esprit-roi offre l'opportunité de s'intéresser au folklore asiatique tout en contribuant à percevoir le monde sous un autre paradigme. C'est indéniablement la grande force de ce récit qui bouscule nos habitudes de lecteurs pour nous propulser en pleine inconnue pour qui n'est pas familier des croyances du pays du Soleil-Levant. 

Dans son roman, Claire Krust a privilégié deux temps de narration où le présent et le passé s'alternent épisodiquement, brouillant parfois nos repères temporels au point de nous perdre. En tout cas, il m'est arrivée de perdre le fil de l'histoire au détour d'un chapitre au point de devoir faire un arrêt pour raccrocher avec la narration. 

Néanmoins, cette enquête mystique ne manque pas d'attraits, ne serait-ce que par les thèmes sous-jacents à l'intrigue. Ainsi, Claire Krust évoque le rapport à la mort, le culte des ancêtres ou encore le devoir de mémoire. Par l'entremise de ses personnages, elle parle également de la notion de pardon et des sacrifices qu'un être est prêt à faire pour une tierce. Finalement, ce récit s'intéresse avec beaucoup de subtilité aux fondamentaux que questionne l'humanité depuis la nuit des temps. 

Enfin, L'Héritage de l'esprit-roi repose sur une petite galerie de protagonistes où Shinya occupe le premier rôle. C'est un personnage mystérieux qui garde les secrets de son passé par-devers lui ne dévoilant les choses que par parcimonie. Pour cette raison, on met du temps à le cerner et donc à l'apprécier pleinement. Pourtant, il n'est pas l'homme distant qu'il laisse transparaître, au contraire, sa pudeur cache en réalité une certaine grandeur d'âme. Autre protagoniste majeur de ce livre est la shikigami Aï qui s'avère être une alliée de choix pour Shinya dans sa quête. Tous sont meurtris par des drames qui les ont façonnés, les rendant ainsi touchants et finalement proches des lecteurs. 

Avec L'Héritage de l'esprit-roi, Claire Krust nous offre un moment de lecture privilégié qui fait la part belle à un légendaire ensorcelant ne demandant qu'à être exploré. Et justement, son premier roman Les Neiges de l’Éternel m'attend toujours quelque part. A bon entendeur ! 

Shinya est l’onmyoji impérial. Maniant l’illusion et la divination, il est le garant de l’équilibre entre le monde des humains et celui des esprits, à la fois protecteur, juge et bourreau. Quand la fiancée de l’empereur est victime d’une étrange malédiction, c’est à lui de mener l’enquête. Shinya se lance sur les traces du coupable, mais celles-ci semblent conduire tout droit vers un lieu de son propre passé, qu’il pensait oublié…

D’où vient la longévité extraordinaire de Shinya et la marque noire qui apparaît parfois sur son front ? Quel prix l’onmyoji est-il prêt à payer pour maintenir l’équilibre ?

Shinya est l’onmyoji impérial. C’est une sorte de magicien qui est garant de l’équilibre entre le monde des esprits et celui des humains. Il traque les esprits malfaisants, apaisent ceux qui sont perdus. Lorsque la fiancée de l’empereur est victime d’une malédiction, Shinya est chargé d’enquêter. Il va aller jusqu’à la ville des esprits…

J’ai eu un vrai coup de cœur pour ce roman. J’avais découvert Claire Krust dans un de ses romans précédents Les neiges de l’éternel. C’est donc avec un grand plaisir que j’ai retrouvé ici sa très belle plume et son univers japonais.

J’ai tout aimé dans ce roman à commencer par le chapitre introductif qui nous fait découvrir Shinya et son pouvoir. L’autrice a su développer tout un univers traditionnel, celui des esprits, qu’elle a su parfaitement réinventer et moderniser. Elle allie le folklore japonais à une intrigue haletante dans laquelle le personnage principal va enquêter. La narration non linéaire nous permet d’entrevoir le passé des personnages. Shinya est un personnage énigmatique et envoûtant. C’est un personnage vraiment fascinant aux nombreuses facettes: tantôt cruel, tantôt protecteur, il reste ambigu et nuancé. Accompagné de ses esprits, il va devoir s’allier à sa pire ennemie.

L’autre talent de Claire Krust c’est de construire un univers dans le Japon féodal du XIVème siècle. J’ai adoré cette ambiance parfaitement retranscrite par la plume de l’autrice. Chaque détail compte. Les rites, le poids de l’Empire, les rituels donnent du relief à ce récit de fantasy. La découverte de la ville de l’Esprit-roi m’a fascinée. J’ai adoré déambuler avec Shinya dans cette cité mystérieuse interdite aux humains.

Vous l’avez compris, ce roman est un coup de cœur: j’ai aimé l’intrigue, les personnages et la plume sublime de l’autrice.