Majestic Murder

« Dans son chef-d’œuvre, le crime se contemple » William Shakespeare

William Shakespeare est terriblement moderne.

C’est un squat à fuir. C’est dans ce squat que Lillian rencontre Seamus, sorte d’ange gardien mystérieux et tourmenté.

Lillian rêve de faire une carrière d’actrice. Un désir qui devient réalité. Elle et Seamus se rendent aux auditions d’un étrange théâtre et rencontrent la Compagnie des fous.

Lillian va enfin brûler les planches.

Majestic Murder est construit comme une pièce de théâtre : en actes, scènes, entractes et rappels.

Dans ce roman, Shakespeare côtoie Mildred Bailey ou Peg Entwistle – un beau trio. Presque immortels !

Dans ce roman, le noir fait ami avec le rouge. Le noir des âmes et le rouge pour la folie.

Armelle Carbonel use d’une écriture poétique pour parfaire l’immersion dans cet univers en huis clos et psychotique.

L’ambiance et la description du squat et du théâtre sont très cinématographiques.

D’ailleurs, il est certain que le cinéma a fortement influencé l’auteure lors de la rédaction de cet ouvrage : l’influence de Terry Gilliam saute aux yeux ou encore l’imagerie des débuts de Jim Jarmusch.

Peg Entwistle est d’ailleurs une actrice des années 30, au destin tragique, suicidée à l’âge de 24 ans du haut du panneau Hollywoodland. Dans le roman, la ressusciter comme certains illuminés ressuscitent Chaplin sur Hollywood Boulevard.

Parler de cinéma dans un roman où l’intrigue prend place dans un théâtre, c’est étonnant. Effectivement, tous deux sont des formes d’art du spectacle vivant. Mais si le cinéma vient à disparaître, le théâtre lui, survivra.

L’art de l’oral est intemporel.

Intemporel tout comme les personnages qui fréquentent Le Majestic. Ces personnages semblent tous droit sortis d’une pièce de William Shakespeare : le dramaturge tel le Roi Lear ; Lillian en Hamlet. Tous semblent condamner à errer. Tous, comme chez Shakespeare, ont un destin tragique. Tous sont intimement liés au Majestic. Vivre uniquement pour le théâtre ou faire de leur vie une pièce de théâtre. C’est une question qui se pose dans ce roman : est-ce que la vie est théâtre ? D’où l’impression psychotique qui se dégage du roman.

Et c’est encore plus vrai lorsque le lecteur découvre les méthodes de travail du metteur en scène balafré : Allan. Est-ce un petit clin d’œil à l’actor-studio ? Une critique du souhait de toujours toucher au plus près de la réalité ? C’est la course au succès à Hollywoodland qui a tué Peg Entwitsle. C’est le dévouement que la compagnie des fous porte au théâtre qui les conduit à une réelle folie.

Qui les pousse à dépasser la limite du faux pour piquer à vif la chair du réel.

Mais attention, n’oubliez pas que le théâtre n’est que mensonge.

Majestic Murder, une expérience dont vous ne sortirez pas indemne !