La Frontière des oubliés
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l’avis des lecteurs
J'ai découvert Aliyeh Ataei grâce à l'Intime Festival de Namur, cette jeune femme m'avait émue en nous racontant son premier livre traduit en français. Je viens enfin de le lire en prévision d'une nouvelle rencontre à la foire du livre de Bruxelles.
A travers neuf récits très personnels, elle nous brosse le portrait de ses compatriotes comme elle exilés. Elle est née à la frontière irano-afghane, entre deux terres, deux pays qui avaient le même territoire, qui étaient unis par la même langue. Difficile d'avoir une identité propre lorsque se mêlent l'amour et la haine, le sentiment d'avoir un corps Afghan qui est proscrit en Iran, l'âme Iranienne bannie en Afghanistan.
Difficile pour ce peuple meurtri par les guerres (les russes, les Moudjahdines, les américains, les talibans) de trouver leur identité. Difficile pour les exilés de trouver leur place, elle a quitté sa terre mais comme beaucoup d'exilés de la seconde génération se retrouve sans pays, beaucoup d'exilés ne maîtrisent même plus leur langue persane.
Partant de son vécu, elle nous raconte neuf récits de 1986 à 2017 (1365 à 1396 dans le calendrier persan) pour nous faire comprendre la réalité de ce peuple frontalier, leurs sacrifices, leurs souffrances, leurs réalités, leurs luttes et espoirs.
On comprend l'asservissement du peuple, des femmes en particulier, elle écrit pour la liberté des femmes. Un témoignage indispensable qui nous fait comprendre ce qui se passe réellement là-bas, le déchirement d'un peuple qui perd son identité.
Le récit est magnifiquement écrit, la langue est très belle, touchante, intense. A l'aide de métaphores, elle nous fait comprendre les conséquences de la guerre (particulièrement le chapitre relatant l'invasion de scorpions bruns). C'est intelligent, les mots sont vraiment bien choisis. Un témoignage essentiel intense qui secoue et bouleverse.
Ma note : ♥♥♥♥♥
TTT - Très Bien "La violence se glisse dans les jeux des petits qui chassent les scorpions, les enferment dans des bocaux et les regardent s’entretuer. « L’identité frontalière est-elle un non-sens », interroge Aliyeh Ataei tout en connaissant la réponse. Tout semble un « non-sens » dans l’univers qu’elle décrit sans pathos. Elle est une « écrivaine de l’observation » et recompose ainsi le regard de la fillette aux mains déformées, conservant les stigmates d’une enfance détruite et d’une vie condamnée à l’errance. Et c’est pourtant le mot « espoir » qu’elle prononce le plus souvent, gardant, comme ses héroïnes du quotidien, la tête droite sous une pluie de balles."
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