Pas nés sous la même étoile

Je n’avais pas d’attentes particulières pour ce roman, car j’avoue que je ne savais pas à quoi m’attendre. Finalement, cette lecture a frôlé le coup de cœur et cela pour quelques raisons que je vais vous expliquer.

J’ai tout d’abord trouvé des longueurs sur le début, l’histoire s’installe assez lentement et la relation de Mike et Camille est pourtant plutôt épiloguée. Ainsi, nous avons des sauts de temps entre les chapitres, qui peuvent donner l’impression que leur couple commence très rapidement, mais j’ai plus vu le choix de l’auteure de ne pas tout détailler. J’ai donc eu l’impression que leur relation était un peu survolée et qu’il ne se passait pas grand-chose, sinon le début du succès de Mike. Mais à partir de 65 % du roman environ, tout s’emballe, je n’ai pas pu me détacher de ma lecture, mon cœur s’est serré et j’ai retenu ma respiration jusqu’à la fin et quelle fin ! Elle m’a mis les larmes aux yeux et j’aurais bien voulu connaître la suite.

J’aimerais aborder un point du roman, dont j’ai l’impression qu’il porte un peu à débat : c’est le vocabulaire employé, notamment celui de Mike. Dans son roman, l’auteure confronte deux mondes différents, deux « sociétés » et c’est vraiment le thème majeur de l’histoire, d’où son titre. Ainsi, nous avons Camille, une danseuse à l’Opéra de Paris, qui n’a jamais été dans le besoin, qui vit à Paris même, et Mike, qui vit dans les cités de la banlieue parisienne, dans un minuscule appartement délabré avec sa mère. Effectivement, Mike parle dans un langage vulgaire, avec des mots raccourcis, à l’envers, un langage de la cité, véritablement. Pour ma part, je n’ai pas été choquée une seule seconde, cela déroute, c’est vrai, mais est-ce qu’on peut cantonner la littérature au langage soutenu et courant seulement ? Je ne le pense pas et il suffit de lire certaines œuvres littéraires considérées comme des « classiques », écrites dans un registre populaire, argotique et vulgaire. De plus, j’aurais été d’autant plus choquée que Mike parle de manière châtiée, alors qu’il habite dans une cité d’Alfortville, encore plus vu la manière dont il la décrit. J’ai trouvé cela vraiment admirable de la part de l’auteure d’avoir osé et de casser comme cela les codes de la romance. Enfin, j’ai trouvé ce langage très représentatif de la façon dont certains jeunes parlent, donc je peux comprendre que cela déconcerte, voire dérange, mais pour ma part, c’est un point qui a renforcé la crédibilité et l’originalité du roman.

Pour tout avouer, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages. En effet, j’ai difficilement compris les réactions de Mike, avant de découvrir que c’était un jeune homme perdu, qui se cherche et apprend à faire sa place dans ce monde de colère. Même si certaines de ses réactions m’ont parfois laissée perplexe, il a su me briser de cœur à chaque moment où il laissait apparaître sa vulnérabilité. Quant à Camille, sa force m’a laissée admirative, je l’ai trouvé très attachante, passionnée, bien que parfois un peu immature.

J’ai vu ces deux personnages comme des amants maudits et cela m’a beaucoup touchée. Tout les opposent, ils se battent pour vivre leur amour, contre les jugements, tout en conciliant leurs passions. L’art, la beauté de la musique, du rap, de la danse sont exprimés à travers ces personnages et j’ai beaucoup les aimé découvrir.

Tout le long, l’auteure a su jouer avec mes émotions, c’était une lecture très intense, j’ai adoré sa plume. Elle est envoûtante et sait être « vraie », tranchante et franchement elle m’a fait d’autant plus aimer ma lecture. Un point que j’ai beaucoup apprécié est l’ancrage du lieu. En effet, l’auteure mentionne tout le long du roman des noms de villes, des stations de métro et de RER, si bien que je me suis d’autant plus imprégnée de l’ambiance, car, ayant habité comme Camille dans Paris et vivant dans le 94 (bien que pas tout à fait au même endroit) comme Mike, je n’ai eu aucun mal à m’imaginer l’ambiance, les décors.

Pour finir, une histoire émouvante qui brise les codes, qui ose. Malgré quelques points négatifs, j’ai dévoré cette histoire et eu le cœur brisé à cause des personnages, de leur histoire, de leur force, de leur combat. Un monde où le rap et la danse classique ne se côtoient pas, où Mike et Camille vont devoir forcer le destin pour s’aimer.

L’avez-vous lu ? Voulez-vous le lire ? Qu’en avez-vous pensé ?