Série Le Passé défini - Journal Jean Cocteau

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Le Passé défini - Journal Tome 1 : 1951-1952

Résumé éditeur

Être à la fois célèbre et inconnu, voilà le paradoxal destin de Jean Cocteau. Nombre de ses écrits - notamment ses "journaux" de différentes périodes - s'efforcent de rétablir la vérité sur ce qu'il était : "J'aurai eu cet étrange privilège d'être le plus invisible des poètes et le plus visible des hommes. Il en résulte qu'on tire sur l'homme et que le poète n'est jamais atteint. Comme les poètes deviennent visibles à la longue et à la longue les hommes invisibles, peut-être les choses s'arrangeront-elles un jour. Par chance, je ne serai plus là pour assister au phénomène, s'il se produit." D'abord, ce fut un travailleur acharné. Le "journal" de cette période - premier volume d'une série qui nous conduira jusqu'en 1963, l'année de sa mort - nous le montre composant sa pièce Bacchus, qui lui vaudra une retentissante querelle avec François Mauriac et un triomphe outre-Rhin (cette pièce luthérienne "qui retourne à son idiome") ; publiant La Nappe du Catalan, Le Chiffre sept, Journal d'un inconnu, Appogiatures, son essai sur Apollinaire et ses souvenirs sur Gide ; rééditant Reines de la France, Opéra, Carte blanche ; illustrant Le Bal du comte d'Orgel ; imaginant des tableaux vivants et dessinant des masques pour la reprise d'Œdipus Rex avec Stravinski ; filmant La Villa Santo Sospir et sa partie de 8 x 8, bande collective de Hans Richter et Marcel Duchamp ; peignant La tentation du Christ et Ulysse et les Sirènes ; élaborant le carton de la tapisserie Judith et Holopherne, et projetant une Apocalypse pour Hindemith. Or il trouve encore le temps de participer à des réunions syndicales, de s'intéresser aux soucoupes volantes et de voyager (on l'accueille avec une grande chaleur à Hambourg, à Düsseldorf, à Vienne, à Munich), de naviguer en mer Égée (son journal de Grèce et de Crète est agrémenté de dessins prestes et mordants). Il relit Dumas ; il "rerelit" sans complaisance son ami Proust et lui consacre de longues pages où se pressent les souvenirs : "Cette oeuvre me hantera comme une morte". Il lit le Saint Genet de Sartre : autres réminiscences, autres impressions...

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Le Passé défini - Journal Tome 2 : 1953

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Couvert depuis trente ans d'éloges confidentiels et de sarcasmes publics", Jean Cocteau trouve refuge dans le calme du Cap-Ferrat. Il se mêle un peu à la vie niçoise, fréquente Picasso à Vallauris, où il s'étonne des "incroyables trônes où le sort le hausse toujours" (mais c'est l'époque de la rupture avec Françoise Gilot), préside le Festival de Cannes où triomphe Le salaire de la peur, voit Matisse malade... Il fait quelques grands voyages : une tournée de conférences en Italie, un séjour à Munich où l'on crée son ballet La Dame à la licorne, deux visites en Espagne qui lui laissent les plus vives impressions et où il aura été un voyageur inspiré - ainsi que le note Gregorio Marañon. "L'important, c'est d'être flamenco..." Les nouvelles du monde retentissent en lui. Il s'émerveille, en homme de théâtre, du couronnement de la reine d'Angleterre ; il souffre avec la Hollande inondée, avec les îles grecques dévastées par un séisme, avec la France paralysée par les grèves et par l'incurie politique, avec les Rosenberg que l'on exécute. C'est l'année de sa vie intérieure qui voit naître les poèmes de Clair-obscur (désormais la lecture de ce recueil est inséparable de l'éclairage que l'auteur en donne en son journal), ainsi que plusieurs peintures et tapisseries : "Plus l'époque est moche et plus il importe de la contredire avec des oeuvres de luxe.

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Le Passé défini - Journal Tome 3 : 1954

Résumé éditeur

Jean Cocteau aurait cent ans en 1989. Il touche à ses soixante-cinq ans en cette année 1954 où un premier infarctus le terrasse pendant quelques semaines ("je vogue sur une épave de linges"), et où il donne pourtant l'habituel spectacle de son activité, de sa curiosité. L'atmosphère est lourde. Le froid a été vif et Cocteau a salué l'abbé Pierre qui portait secours aux pauvres. Guerre non moins froide : "On s'insulte avec politesse."Le gouvernement Laniel qui décommande les ballets soviétiques, c'est "l'école Villèle". Un "visage humain", celui de Mendès France. C'est l'année de Diên Biên Phu... La Machine infernale triomphe à Paris, mais aussi en tournée (Sud-Est, Suisse, Allemagne, Alsace), à la radio, à la télévision. Cocteau publie Clair-Obscur, qu'il place très haut (Mauriac y trouve des poèmes "obscènes"). Il peint son dernier tableau, la grande toile Œdipe et ses filles - ses filles "à l'âge où l'aveugle les voit". Il prépare aussi des Œuvres complètes, dont Claude Roy devrait être le préfacier : voir le dossier de leur malentendu. Il rencontre le président Coty, qui a lu de près ses poèmes ... II perd Yvonne de Bray, Cingria, Matisse, Colette. De la feria de Séville, il rapporte l'ébauche de La Corrida du 1ᵉʳ mai et de curieuses réflexions sur la tauromachie. Au festival de Cannes, qu'il préside, c'est une année "McCarthy", où tout est politique ; il aime le film japonais que l'on couronne, La Porte de l'enfer. Tout au long de 1954 court le thème des phénomènes paranormaux : soucoupes volantes d'Aimé Michel, catastrophes interstellaires à la Hoerbiger, géants de Denis Saurat. Retenons-en la part solide, une vue très personnelle de l'espace-temps poétique et une méthode du "plus vrai que le vrai" qui fait de lui, dit-il, un authentique surréaliste : "Personne plus que moi n'a porté scaphandre. Personne n'a pratiqué plus de fouilles dans l'inconscient.

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Le Passé défini - Journal Tome 4 : 1955

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L'absurde conformisme qui consiste à mépriser l'Académie et pour lequel ma candidature représente une déchéance. L'Académie est un cérémonial et le monde moderne se dessèche par disparition de cérémonial. Nos grands premiers scandales de théâtre étaient un cérémonial. Les scandales de ce genre ne se produisent plus." Le 3 mars 1955, Jean Cocteau est élu à l'Académie française par 17 voix contre 11 à Carcopino. Cette élection bouscule bien des convenances. Deux mois plus tôt, Cocteau était également élu au fauteuil de Colette à l'Académie royale de Belgique. Est-il à ce point épris de gloire ? - Non, précise-t-il. S'il est désenchanté, c'est qu'il a soif de reconnaissance, qu'il cherche la justice ou plus exactement la justesse, le nombre, l'équilibre. S'il s'en plaint, c'est qu'il souffre. C'est assez récurrent chez lui. On couronne l'homme public sans avoir lu le poète. TI faudrait donc lire ce journal comme une tentative de réhabilitation. En attendant, Cocteau voyage. II est à Bruxelles, à Saint-Moritz, à Rome, où il inaugure l'exposition "100 Cocteau" et visite le Vatican. En France, il séjourne à la villa Santo Sospir du cap Ferrat, rencontre Picasso à Cannes, se rend au festival du cinéma, assiste à des corridas à Nîmes et à Céret, et au Grand Prix automobile de Monaco. Il trouve encore le temps d'échanger des propos ou de correspondre avec Mauriac, le cinéaste Henri-Georges Clouzot, Sartre, Genet, Buffet, de lire Montaigne, de dénoncer le complot surréaliste et la fausse gauche tapie à la NRF. À la faveur de sa récente élection à l'Académie française, Jean Cocteau est amené à cette conclusion ironique : "Maintenant j'en suis certain, le monde est une énorme blague.

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Le Passé défini - Journal Tome 5 : 1956-1957

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Après 1955, l'année des deux Académies, la belge et la française, 1956 et 1957 sont placées sous le signe des murs : ceux d'une chapelle, à Villefranche-sur-Mer, et ceux d'une mairie, à Menton. Cocteau dépense une énergie considérable à ces tâches de fresquiste qui vont dévorer une grande partie de son temps pendant ces deux années, mais il s'y consacre avec une détermination sans faille malgré tous les obstacles - et ils sont nombreux ! - qui vont se dresser sur son chemin. Il tient d'ailleurs, à tort ou à raison, la chapelle Saint-Pierre pour le "couronnement de [son] travail" et envisage même d'écrire, parallèlement au Passé défini, "Le journal de la chapelle", projet finalement abandonné, les nombreuses notes prévues étant partiellement reprises dans le présent volume. Avec le recul, nul doute que le poète aurait trouvé excessive la relation détaillée des moindres difficultés, matérielles ou psychologiques, qu'il rencontre : ses rapports avec ses aides, ses différends dignes de Clochemerle avec les pêcheurs, avec la municipalité ou avec les ecclésiastiques. Il ne faudrait pourtant pas gommer d'un trait les innombrables anecdotes qui émaillent le récit d'une genèse difficile, complexe. Il conviendrait en revanche de déceler derrière les mesquineries, les jalousies, les intérêts contrariés des uns et des autres la détermination d'une conduite soucieuse de préserver sa singularité, d'affirmer sa présence envers et contre tout et tous. "Ces notes, je les voudrais vivantes et aptes à jouer mon rôle lorsque j'aurai quitté les planches.

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Le Passé défini - Journal Tome 6 : 1958-1959

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Jean Cocteau va avoir soixante-dix ans. C'est l'heure du bilan. Son journal pose alors un problème. Il veut laisser de lui l'image d'un homme bon. Et il ne veut pas choquer les bien-pensants par des propos sur la religion ou la politique. Jamais il n'a eu la dent dure : et pourtant, les poètes, les cinéastes, les chanteurs, personne n'est épargné. Fallait-il tailler dans ce jeu de massacre ? Mieux vaut sans doute en sourire avec indulgence. Sourire de l'autocélébration de l'artiste, qui en est la contrepartie. Mais Jean Cocteau retrouve souvent la veine des Portraits-souvenir et l'on voit revivre Anna de Noailles, Francis Jammes, Picasso, Edmond Rostand, Ezra Pound, Natalie Paley. La genèse du Testament d'Orphée est riche en surprises. On découvre un séjour à Rome, jusqu'ici ignoré. On apprend même que de Gaulle et Cocteau ont été changé une correspondance. Et l'on retiendra un dîner avec la princesse Margaret où, pour une fois, le poète semble avoir gaffé.

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Le Passé défini - Journal Tome 7 : 1960-1961

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En 1960 et 1961, Jean Cocteau a fort à faire : être attentif à l'achèvement et à la réception de ses oeuvres (Le Testament d'Orphée, L'Aigle à deux têtes, Cher menteur, Le Requiem, les deux chapelles décorées à Milly et à Londres) ; suivre la polémique autour du titre de prince des poètes ou encore l'histoire à rebondissement de la cravate ; de nombreux voyages (en Andalousie, en Suède et en Pologne) ; ses relations tendues avec Picasso, etc. Mais on ne veut retenir au terme de ces deux années que la volonté d'un poète d'être présent dans son siècle, qui s'insurge contre la montée de l'antisémitisme et du racisme, qui prend parti pour le oui au référendum lancé par le général de Gaulle et condamne le putsch d'Alger. "Le Passé défini ou à coeur ouvert", c'est bien ce sentiment d'un coeur ouvert qui domine à la lecture de ce journal où le poète parle, sans retenue, de sa santé, de ses goûts en matière artistique ou littéraire, de ses choix politiques et même de ses préférences dans le domaine sexuel. Il ouvre aussi largement son coeur parce qu'il sait que la publication posthume du passé défini lui assure l'impunité et le met à l'abri de critiques qui ne manqueraient pas de l'atteindre de son vivant.